DEE DEE RAMONE - Mort aux Ramones (Au diable Vauvert) - 20/09/2014 @ 15h15
Je me souviens parfaitement que ma découverte des RAMONES s'est d'abord faite via une interview. C'était au début des Nineties et le groupe n'était pas vraiment dans le cadre d'une promo "classique". Du coup, servis par des questions assez généralistes mais très intéressantes, le groupe s'exprimait sur des sujets divers, allant de leur "technique" musicale à la scène metal, et de leur ascension vers le succès à leur désamour pour le hip-hop. Outre leurs tenues et leurs coupes de cheveux que j'avais trouvé à l'époque assez extraordinaire, je me souviens que le groupe m'avait laissé une impression de coollitude que leurs homologues alterno/punks, eux tellement habitués à dégueuler sur tout ce qui bougeait qu'ils ne s'apercevaient même plus qu'ils le faisaient sur leurs propres "Vans"... on y reviendra.
Les RAMONES eux, conservaient leurs subversions en ne racontant pas la même chose que leurs copains et surtout, n'étaient pas ce que les médias ou la "légende" racontait d'eux. Eh oui, RAMONES ce n'est pas juste "Blitzkrieg bop", "Sheena is a punk Rocker", "Gabba gabba hey hey" et "I wanna be Sedated". Mais bon, se coller à la compile des 13 morceaux légendaires en disant "Ouais, les RAMONES s'est un peu comme MOTORHEAD, tout finit par se ressembler au bout d'un moment..." c'est tellement plus simple... mais bon, on parle entre gens sérieux ici, hein ?

Intéressé par le discours, j'ai donc ensuite découvert la musique...petit à petit, album après album. Tout en jonglant entre les albums légendaires et ceux plus franchement dispensables, j'ai réalisé que l'approche bourrine, énergique et mélodique des RAMONES n'était qu'une part de leur identité. Il y a aussi de jolies orchestrations, de belles harmonies et des douces mièvreries qui sont parfois plus qu'étonnantes pour un groupe de Punk Rock comme eux. Faut creuser, c'est tout. Et quand on à la patience de fouiner un peu, on tombe toujours sur des pépites.
Peut être un moment coincé dans certaines facilités de compositions, les RAMONES ont toujours su proposer des alternatives à ce qu'ils faisaient habituellement. Bizarrement cependant, c'est bien souvent autour des mêmes chansons que les fans se retrouvent... y compris les plus célèbres. De Lemmy à Kurt Cobain et de Bowie à Roger Miret, le panel de musiciens qui citent les RAMONES comme influence est super large. Et dans tout ce conglomérat de musiciens parfois improbables, on en trouve bien sur de sincères, mais aussi de nombreux guignols uniquement intéressés par l'aspect légende, et le look.
Est ce que lorsqu'au début de leur carrière (alors qu'ils se faisaient parfois virer de scènes tellement ils étaient mauvais) les RAMONES auraient pu imaginer que leur logo terminerait sur des T shirts "Fashion" à prix d'or chez H&M ? Peu importe si le groupe a chanté un jour "I wanna sniff some glue" et que Dee Dee parle de sordide prostitution dans "53rd ans 3rd", tant que ça vend, c'est bon pour le business... et ce n'est pas les sinistres One Direction qui me contrediront, eux qui ont honteusement pompé le logo du groupe en ayant pourtant autant en commun avec les New-Yorkais que la littérature avec Marc Levy (C'est dire...).
Les RAMONES appartiennent donc désormais à tout le monde, y compris aux plus sombres demeurés que la scène musical n'ai jamais porté. Alors quitte à s'intéresser à un des plus grands groupes de Punk ayant existé, autant le faire pour les bonnes raisons, et pourquoi pas en s'attaquant à l'auto biographie de son principal compositeur, Dee Dee Ramone ? Ça tombe bien, je l'ai justement sous la main ! Accrochez vous, c'est pas de la rigolade.

Alors pour ceux qui ne le connaissent pas, Douglas Glenn Colvin (dit "Dee Dee") est né aux États Unis en 1951 mais passera une grande partie de sa jeunesse en Allemagne. Malmené par un père violent et alcoolique et une mère en grande difficulté, le jeune Douglas ne reviendra aux USA qu en 1970, date à laquelle il fera la connaissance avec la rue, la musique et la consommation de drogues. Très limité au départ dans ses capacités d'expressions musicale, cela n’empêchera pas le teigneux dégingandé de former avec John William Cummings (aka Johnny Ramone) et Jeffrey Ross Hyman (Aka Joey Ramone) un groupe de rock n' roll direct et agressif "RAMONES".
Après quelques albums imparables et quelques concerts pour le moins "mouvementés", le groupe deviendra une des principales influences du punk tel que nous l'avons découvert ensuite via les albums des CLASH ou les SEX PISTOLS. La seule différence avec la plupart des grands groupes de punk élevés au rang de légendes, c'est que les RAMONES étaient des précurseurs et pas des suiveurs. Pas de technique, mais du talent à revendre.
Dans cette auto biographie, DEE DEE décrit avec une brutale franchise sa vie, de son enfance jusqu'en 1997 (il décèdera d'une overdose en 2002, alors que tout le monde le savait éloigné des drogues depuis plusieurs années).
Bien que le récit ne soit pas dénué de certaines touches d'humour et d'ironie, le ton est avant tout sombre et violent. Même lorsqu'il décrit les meilleures années musicales des RAMONES, DEE DEE est continuellement pris dans ses problèmes d'addiction et dans une dépression qui ne semble ne jamais l'avoir lâché tout au long de sa vie.Attendez vous donc à un livre lourd et pesant.
Dee Dee y parle majoritairement de ses addictions aux drogues et à l'alcool, ses démons étant si prégnants et imposants qu'ils finissent par noircir de leurs ombres quasi toute l'atmosphère du bouquin. Heureusement, le vécu et l histoire de Dee Dee sont tels que plusieurs histoires ahurissantes surnagent hors des eaux sombres de "Kill the Ramones" et laissent littéralement sur le cul. C'est presque ce qui est le plus triste, car on devine derrière quelques traits d'humour la vie qui bouillonnait à l'intérieur du coriace musicien.

Quand Dee Dee raconte par exemple qu'un jour en Angleterre il a refusé un fix que son ami Sid Vicious avait préalablement "désinfecté" dans un lavabo infâme d'un bar Londonien sature d'urine et de vomi... ça calme un brin ( Vicious terminera l’expérience en tombant inanimé sur le sol). Quand on lit également comment le cinglé Phil Spector menaçait les RAMONES avec son flingue avant de les forcer à l'écouter jouer "Baby I love you" pendant des heures au piano, on se dit que nos musiciens avaient toutes les raisons du monde de prendre des drogues en quantités industrielles (Plus étonnant encore, Dee Dee affirme ne pas savoir qui joue de la basse sur l'album "End of the Century... se demandant qui à bien pu jouer sur cet album à sa place).
De la "Danse du Poulet" de Tommy Ramones à son amour pour les "German Cat"et sa haine des interviews, Dee Dee avait quand même un sacré vécu... des histoires d'ailleurs dont les puceaux amateurs de logos feraient bien de lire... histoire de réaliser et de comprendre que les RAMONES, c'est pas la success story à l'américaine.

Court, incisif et direct comme un coup de "German Cat" dans le bide "Mort aux Ramones" est un livre qui mérite d'être lu, l'histoire de ce héros du Punk Rock méritant d'être connu de tous afin de ne pas être oubliée.




Rédigé par : Pamalach | 2002 | Nb de lectures : 1551


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