Alors que vient de ressortir sous forme de vinyl l’excellent « De Aeternitate Commando » l’heure est venue de se (re)pencher sur l’énorme « Diktat Omega » qui marquait la fin d’une ère et le début d’une nouvelle pour les lyonnais. En effet c’est à la fois le dernier disque où le clavier apparaît (avant un « Doxa O Revelation » bien plus primaire et brutal) et à nouveau un passage à l’Andromede Studio qui leur a si bien réussi. Pourtant ne nous trompons pas et ne nous fions pas à la pochette quasi-conforme à celle de son grand-frère, car si la production reste sablonneuse et voilée, le pas en avant franchi est digne d’un géant. Justement l’artwork est probablement le plus beau réalisé dans la carrière de la formation, et rarement en France celui-ci aura été autant en accord avec la musique et les paroles. Entre les bas-reliefs particulièrement travaillés, les couleurs mélangeant habilement le noir, le gris et le vert sombre s’ajoutent à cette ambiance presque dictatoriale et militariste qui nous montre bien que l’oppression et la guerre ne sont pas loin.

En même temps comment ne pas succomber à « Analyse du Digne Vulgaire » qui s’ouvre sur des nappes de synthé et enchaînant de suite avec des blasts ravageurs, une rythmique martiale et une ambiance apocalyptique, aidés en cela par le chant totalement possédé et haineux et qui en 8,30 minutes pose les bases de ce que sera le chaos à venir. La suite sera d’ailleurs tout aussi rutilante avec l’énorme « Fanatisme en Apogée » qui contient à la fois des parties symphoniques plus présentes, des passages parlés, le tout ponctué de nombreux breaks et ralentissements, ce qui montre que le groupe ne fait pas que bourriner mais sait aussi poser son jeu quand il le faut. D’ailleurs AZK.6 (qui officie également dans ARKHON INFAUSTUS) pourrait être surnommé AK 47 car derrière son kit de batterie il est tout bonnement époustouflant de vitesse, de régularité et de précision.

Puis viennent ensuite ce que je considère comme les deux chef-d’œuvre de cet opus, tout d’abord « Mon Intime Génocide » (présent dans le sampler Metallian de l’époque) avec ce solo d’entrée qui fait très très mal et puis la rythmique implacable, les cassures et breaks au sommet, ainsi que le phrasé malsain au possible sur cette fin bien plus lente. Justement le côté malsain ressort sur le presque industriel « Je » avec seulement quelques riffs lents, du synthé très léger et surtout cette caisse claire lancinante et hypnotique, le tout agrémenté de paroles parlées qui haranguent les troupes et sont dignes d’un discours de général avant la bataille ou lors d’une sentence d’exécution (tel qu’on peut le voir lors de la scène mythique des « Sentiers de la gloire » de Stanley Kubrick).

Après ces deux monuments, difficile pour « Unifiez les Chairs, mes Frères » et « Saigne et Honore mon Triomphe par le Feu » d’arriver à un tel niveau même si la vitesse ne débande pratiquement pas une seconde et sont là aussi d’un haut niveau, cependant la dernière rasade de brutalité fait son effet avec « Dans la Splendeur de notre Irrévérence » avec aussi une partie centrale planante et mélancolique et un solo incroyable de fureur pour terminer les hostilités. Le combat est terminé et l’instrumental « Empires et Méritocratie » est bien là pour nous le faire comprendre avec ses ambiances post-apocalyptique.

Une œuvre dantesque, d’une solidité et d’une homogénéité sans faille, aux ambiances incroyables et à la puissance addictive, rarement un album de black metal hexagonal n’aura été si haineux, si froid et si brutal (même si son successeur « Doxa O Revelation » trouvera le moyen d’être encore plus radical), un déferlement de violence et de rage dont on ne ressort pas indemne tant les 49 minutes de ce déluge guerrier sont difficiles à supporter d’une seule traite, et pourtant on en redemande c’est ça la marque des grands disques !


Rédigé par : GabinEastwood | 2003 | Nb de lectures : 1686