MAYHEM - Grand Declaration of War (Season of Mist) - 07/06/2014 @ 21h10
Est-il encore nécessaire de présenter Mayhem ? Personnellement j'en doute. Pour éviter toute redondance, je ne reviendrais pas sur les affaires qui ont contribué à bâtir sa légende. Néanmoins, si certains souhaitent approfondir la question, je ne peux que leur suggérer de consulter les nombreux articles disponibles sur la toile, à commencer par les chroniques de VS. D’aucuns ont sans doute remarqué que « Grand Déclaration of War » (2000) est l'unique album studio à manquer à l'appel. Au vu de l’actualité du groupe et de mon adoration sans borne pour cette œuvre, j'ai décidé de m'y coller.
Le line-up de Mayhem n'a cette fois pas changé depuis l’EP « Wolf Lair Abyss » (1997), cet enregistrement court mais intense qui marquait leur grand retour après des années de silence. 2 titres de cet opus (« Ancient Skin » et « I Am Thy Labyrinth ») découverts via des samplers de l’époque m’ont fortement impressionné. En effet, je n’avais jamais rien entendu d’aussi noir et effrayant, cependant, le format Mini Cd ne me branchant pas plus que ça, il me fallait un vrai album. Heureusement, le batteur Hellhammer, le bassiste Necrobutcher, le guitariste Blasphemer et le chanteur Maniac ont récidivé en cette année 2000 avec ce disque particulièrement attendu. Avec son titre évocateur, « Grand Déclaration of War » bouscula la scène Black, l'orientant dans une direction aussi surprenante que singulière, divisant les fans. Les uns attendaient un retour au Black Metal traditionnel ayant façonné sa réputation et dont il posa les bases. Les autres saluaient le choix d’un groupe refusant la stagnation et les errances dans un passé musical pourtant fort enviable.
Pourtant cette incarnation de Mayhem ne s’éloigne pas tant que ça de la précédente. Elle en est même une suite logique dans la mesure où « Wolf Lair Abyss » introduisait « Grand Déclaration of War » dans un concept divisé en 3 parties bien distinctes. Je vous rassure, le Black Metal est toujours de rigueur, dans un aspect toutefois plus complexe et élaboré. Si certains en sont restés perplexes, c’est sans doute par l’ajout d’expérimentations industrielles qui contribuant au caractère avant-gardiste de cette œuvre. La faute au compositeur Blasphemer, qui réussit brillamment à imposer sa marque sans trahir pour autant l’« aura noire » (huhu) caractérisant la musique du groupe. De toute évidence, c’est à cette époque qu’il a su gagner ses galons et s’accomplir en dépit des comparaisons inévitables avec son illustre prédécesseur (RIP).
En parlant d’accomplissement, notre guitariste se montre capable de combinaisons d’accords les plus torturées qui soient. Variant les rythmes au gré des compositions, ses riffs tour à tour vicieux et mécaniques délivrent une ambiance particulièrement froide et morbide. Autre héros de cette (ré) incarnation, le vocaliste Maniac éructe ses textes narrant l’âme d’un lieu où il ne fait pas bon vivre. Son chant, alternant un phrasé / parlé incantatoire avec des hurlements démentiels, marque les esprits. En outre, il est difficile d’ignorer son attitude complètement possédée sur scène. Bien entendu, les 2 vétérans Hellhammer et Necrobutcher ne sont pas en reste, loin de là. Quand le premier honore sa réputation en délivrant des parties hypnotiques ponctuant l’esprit futuriste des compositions, son acolyte, apporte ce qu’il faut de lourdeur et un certain relief.
Je vous parlais d’un concept divisé en 3 parties, la première se reportant au précédent méfait et les 2 suivantes formant l’intégralité de l’œuvre qui nous intéresse ici. Les textes sont, d’après l’auteur, difficiles à expliquer car ils dépendent de l’interprétation que chacun peut s’en faire. Fort d’un concept sur la guerre dont le fil conducteur est « la peur », cet album est à appréhender dans sa globalité. Ce n’est pas moins que 8 thèmes qui sont répartis sur les 13 pistes que compte le disque. A mon sens, le « track by track » est inutile ici, un bref survol est plus pertinent pour en décrire toute la teneur. « Grand Déclaration of War » n’est pas du genre à s’apprivoiser facilement - bien au contraire - il faut le passer encore et encore pour en extraire tout son venin. Et croyez-moi, l’expérience en vaut le détour.
Tout au long des 45 minutes, les nerfs de l’auditeur sont mis à rude épreuve. Le rythme se fait tantôt lancinant basé sur des dissonances, tantôt rugueux aidé par un son de tueur (« Grand Déclaration of War », « View From Nihil »). Quand ils ne déboulent pas comme un panzer sur son champ de bataille (le rageur « In The Lies Where Upon You Lay », ou le plus Punk et rapide du lot : « To Daemonion part 1 »), certains morceaux font preuve d’une grande complexité surtout dès que les riffs syncopés s’accélèrent de façon sournoise (« A Time To Die », « View From Nihil » ou l’on retrouve une diction autoritaire en réponse aux hurlements d’écorché vif). L’atmosphère froide - que dis-je glaciale - nous prend aux tripes renforçant le caractère inhumain de l’ensemble (le Cyber Black Doom de « Completion In Science Of Agony » reste le plus gros pavé (9min44) avec son final religieux). Notons la participation pour ce titre de 2 « guests » : Øyvind Hægeland vocaliste sur l’unique album du très technique Spiral Architect (« A Sceptic’s Universe » sorti la même année) et Tore Ylwizaker qui est non moins que le claviériste d’Ulver ! Citons également le travail titanesque du producteur Børge Finstad (Arcturus, Ulver,…) et les différents effets électro-indus qui parsèment le disque ici et là (l’étrange et hypnotisant « A Bloodsword And a Colder Sun »).
Après toutes ces années, il m’est impossible d’évoquer la genèse de cet album sans mettre en parallèle la montée en puissance de son label. Rappelez-vous, le fondateur de « Seasons of Mist » réussi, à l’époque, un coup de poker en signant le groupe pour sortir le très attendu « Grand Déclaration of War » (Cf : le dossier « label histoire »). Son succès a permis à la toute jeune structure marseillaise de grandir au point de figurer aujourd’hui parmi les plus importantes en Europe pour le Metal. Au final, « Grand Déclaration of War » s’impose comme une œuvre aboutie et essentielle dans l’évolution d’un groupe qui n’a eu de cesse de repousser ses limites. La tournée qui suivie, fut immortalisée par un live sorti en Cd puis en Vidéo (Live in Marseille) ensuite, plusieurs compilations dispensables ont vues le jour (« Européan / US Légion ») avant qu’une dernière création ne soit livrée avec ce même line-up (« Chimaira ») en 2004.
Et sinon, quel est votre sentiment concernant « Grand Déclaration of War » ?
Rédigé par : vincesnake | 2000 | Nb de lectures : 2422
C'est avec cet album que j'ai découvert Mayhem, et le black : ce fut une belle claque. Je ne m'en lasse pas, sa richesse lui assure une très bonne durée de vie.
Je trouve qu'encore une fois, Mayhem est très fort grace à son vocaliste : Maniac est fabuleux !
talk shit IP:77.129.254.67 Invité
Posté le: 08/06/2014 à 10h39 - (30976)
A chier
GabinEastwood Membre enregistré
Posté le: 08/06/2014 à 11h00 - (30977)
Assez divisé à l'époque, je trouve qu'aujourd'hui c'est un excellent disque à la fois froid et original, loin du black-metal des débuts le groupe a su évoluer pour atteindre le summum sur celui-ci.
A noter les prestations énormes de Hellhammer et Maniac
TyrannyForYou Membre enregistré
Posté le: 08/06/2014 à 11h49 - (30978)
Ils ont eu les couilles de faire un gros FUCK à toute la scène avec cet album, rien que pour ça respect !
Tout a été dit sinon, par contre les différents live plus ou moins officiels sortis juste après sont à oublier (Live in Marseille, European Legions, etc), préférez Mediolanium Capta Est.
ouioui IP:82.65.171.213 Invité
Posté le: 08/06/2014 à 12h16 - (30980)
on dirait fadadès!
Morbid Tankard Membre enregistré
Posté le: 08/06/2014 à 15h20 - (30985)
Quand on a découvert le groupe en achetant 'De mysteriis...' à sa sortie, on ne peut apprécier ce disque. Impossible, même s'il contient de bonnes idées. Et ce chant... J'en ris encore. A l'époque, cette reformation a fait grand-bruit. Elle fut qualifiée entre autre d'opportuniste, visant à se faire des thunes sur le dos de musiciens morts et de rumeurs, fondées ou pas. Je partage ce point de vue et je vous conchie.
Moshimosher Membre enregistré
Posté le: 08/06/2014 à 16h46 - (30986)
Ben, pour ma part, j'aime cet album ET De Mysteriis Dom Sathanas (et pourtant, j'ai découvert le black metal avec ce dernier et le Black Metal de Venom, achetés le même jour et au même endroit).
Et puis... cette pochette !!! :)
Ours Membre enregistré
Posté le: 08/06/2014 à 22h38 - (30989)
ahah ! il tourne en boucle en ce moment chez moi ^^ près de 15ans après il est toujours aussi efficace ! Et pourtant j'ai découvert Mayhem avec DMDS...que j'apprécie également, pour d'autres raisons ^^
grozeil Membre enregistré
Posté le: 09/06/2014 à 00h16 - (30991)
Mon préféré de Mayhem, et effectivement, un gros coup de pied au cul à toute cette scène qui tournait en rond à l'époque. Froid, précis, mécanique, parfois un peu punk. PARFAIT.
Sphincter Desecrator Membre enregistré
Posté le: 12/06/2014 à 21h10 - (30992)
Après un gros retour avec "Wolf's lair abyss" et un concert mémorable à Rennes, j'attendais beaucoup de cet album. Et malgré une magnifique pochette, il m'a déçu.
Il faudrait que je lui redonne une chance aujourd'hui, peut-être que je rentrerais mieux dedans...
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Le line-up de Mayhem n'a cette fois pas changé depuis l’EP « Wolf Lair Abyss » (1997), cet enregistrement court mais intense qui marquait leur grand retour après des années de silence. 2 titres de cet opus (« Ancient Skin » et « I Am Thy Labyrinth ») découverts via des samplers de l’époque m’ont fortement impressionné. En effet, je n’avais jamais rien entendu d’aussi noir et effrayant, cependant, le format Mini Cd ne me branchant pas plus que ça, il me fallait un vrai album. Heureusement, le batteur Hellhammer, le bassiste Necrobutcher, le guitariste Blasphemer et le chanteur Maniac ont récidivé en cette année 2000 avec ce disque particulièrement attendu. Avec son titre évocateur, « Grand Déclaration of War » bouscula la scène Black, l'orientant dans une direction aussi surprenante que singulière, divisant les fans. Les uns attendaient un retour au Black Metal traditionnel ayant façonné sa réputation et dont il posa les bases. Les autres saluaient le choix d’un groupe refusant la stagnation et les errances dans un passé musical pourtant fort enviable.
Pourtant cette incarnation de Mayhem ne s’éloigne pas tant que ça de la précédente. Elle en est même une suite logique dans la mesure où « Wolf Lair Abyss » introduisait « Grand Déclaration of War » dans un concept divisé en 3 parties bien distinctes. Je vous rassure, le Black Metal est toujours de rigueur, dans un aspect toutefois plus complexe et élaboré. Si certains en sont restés perplexes, c’est sans doute par l’ajout d’expérimentations industrielles qui contribuant au caractère avant-gardiste de cette œuvre. La faute au compositeur Blasphemer, qui réussit brillamment à imposer sa marque sans trahir pour autant l’« aura noire » (huhu) caractérisant la musique du groupe. De toute évidence, c’est à cette époque qu’il a su gagner ses galons et s’accomplir en dépit des comparaisons inévitables avec son illustre prédécesseur (RIP).
En parlant d’accomplissement, notre guitariste se montre capable de combinaisons d’accords les plus torturées qui soient. Variant les rythmes au gré des compositions, ses riffs tour à tour vicieux et mécaniques délivrent une ambiance particulièrement froide et morbide. Autre héros de cette (ré) incarnation, le vocaliste Maniac éructe ses textes narrant l’âme d’un lieu où il ne fait pas bon vivre. Son chant, alternant un phrasé / parlé incantatoire avec des hurlements démentiels, marque les esprits. En outre, il est difficile d’ignorer son attitude complètement possédée sur scène. Bien entendu, les 2 vétérans Hellhammer et Necrobutcher ne sont pas en reste, loin de là. Quand le premier honore sa réputation en délivrant des parties hypnotiques ponctuant l’esprit futuriste des compositions, son acolyte, apporte ce qu’il faut de lourdeur et un certain relief.
Je vous parlais d’un concept divisé en 3 parties, la première se reportant au précédent méfait et les 2 suivantes formant l’intégralité de l’œuvre qui nous intéresse ici. Les textes sont, d’après l’auteur, difficiles à expliquer car ils dépendent de l’interprétation que chacun peut s’en faire. Fort d’un concept sur la guerre dont le fil conducteur est « la peur », cet album est à appréhender dans sa globalité. Ce n’est pas moins que 8 thèmes qui sont répartis sur les 13 pistes que compte le disque. A mon sens, le « track by track » est inutile ici, un bref survol est plus pertinent pour en décrire toute la teneur. « Grand Déclaration of War » n’est pas du genre à s’apprivoiser facilement - bien au contraire - il faut le passer encore et encore pour en extraire tout son venin. Et croyez-moi, l’expérience en vaut le détour.
Tout au long des 45 minutes, les nerfs de l’auditeur sont mis à rude épreuve. Le rythme se fait tantôt lancinant basé sur des dissonances, tantôt rugueux aidé par un son de tueur (« Grand Déclaration of War », « View From Nihil »). Quand ils ne déboulent pas comme un panzer sur son champ de bataille (le rageur « In The Lies Where Upon You Lay », ou le plus Punk et rapide du lot : « To Daemonion part 1 »), certains morceaux font preuve d’une grande complexité surtout dès que les riffs syncopés s’accélèrent de façon sournoise (« A Time To Die », « View From Nihil » ou l’on retrouve une diction autoritaire en réponse aux hurlements d’écorché vif). L’atmosphère froide - que dis-je glaciale - nous prend aux tripes renforçant le caractère inhumain de l’ensemble (le Cyber Black Doom de « Completion In Science Of Agony » reste le plus gros pavé (9min44) avec son final religieux). Notons la participation pour ce titre de 2 « guests » : Øyvind Hægeland vocaliste sur l’unique album du très technique Spiral Architect (« A Sceptic’s Universe » sorti la même année) et Tore Ylwizaker qui est non moins que le claviériste d’Ulver ! Citons également le travail titanesque du producteur Børge Finstad (Arcturus, Ulver,…) et les différents effets électro-indus qui parsèment le disque ici et là (l’étrange et hypnotisant « A Bloodsword And a Colder Sun »).
Après toutes ces années, il m’est impossible d’évoquer la genèse de cet album sans mettre en parallèle la montée en puissance de son label. Rappelez-vous, le fondateur de « Seasons of Mist » réussi, à l’époque, un coup de poker en signant le groupe pour sortir le très attendu « Grand Déclaration of War » (Cf : le dossier « label histoire »). Son succès a permis à la toute jeune structure marseillaise de grandir au point de figurer aujourd’hui parmi les plus importantes en Europe pour le Metal. Au final, « Grand Déclaration of War » s’impose comme une œuvre aboutie et essentielle dans l’évolution d’un groupe qui n’a eu de cesse de repousser ses limites. La tournée qui suivie, fut immortalisée par un live sorti en Cd puis en Vidéo (Live in Marseille) ensuite, plusieurs compilations dispensables ont vues le jour (« Européan / US Légion ») avant qu’une dernière création ne soit livrée avec ce même line-up (« Chimaira ») en 2004.
Et sinon, quel est votre sentiment concernant « Grand Déclaration of War » ?
Rédigé par : vincesnake | 2000 | Nb de lectures : 2422