Si quasiment tous les fans de SKINDRED connaissent DUB WAR, il reste dommage que les albums du précédent groupe de Benji Webbe aient si peu d'écho parmi le public. "Je m'en fous, de toute façon, j'aime pas SKINDRED !" me direz vous... mais je vous rétorquerai qu'il n'est nul besoin d'être un fan hardcore de SKINDRED pour aimer DUB WAR, la musique accompagnant la voix du hurleur raggamufin étant assez éloigné de ce que SKINDRED fait en général. Eh oui camarade, DUB WAR c'est de la balle et je t'invite fortement à aller découvrir leur musique et leurs rythmes fous fous fous !
DUB WAR s'est formé en 1993 à Newport, au pays de Galles et s'est séparé en 1999. Durant leur "relative" courte carrière les gaziers sortiront trois albums et une bonne poignée de Maxi bien virils. Désirant certainement diversifier leur catalogue (ou peut être tout simplement signer un groupe de grand talent) Earache accompagnera le groupe sur la route des studios, leur permettant de sortir, entre autres, le superbe "Pain" dont nous allons parler aujourd'hui.

Alors pour tout ceux qui ne connaissent pas le groupe et qui ont un brin d'appréhension à cliquer sur le clip plus bas sachez que la musique de Dub War ne comporte absolument rien de néo ou de Emo machin. On est ici en plein territoire fusion et même si le groupe pratique toujours ce ragga metal mâtiné de sample et d'électro, la musique est beaucoup plus sombre, dure et agressive que ne le fera jamais SKINDRED.
Évidement très groovy et entrainant, cet album puise sa force et son inspiration dans des les meilleurs groupes qui ont jour fusionné les styles. Le premier auquel on pense tout de suite est bien évidement BAD BRAINS. On retrouve dans plusieurs chansons cette violence punk/metal matinée de rythmes et de mélodies tout droit de la Jamaïque (même si BAD BRAINS est beaucoup plus axé Reggae que DUB WAR). Écoutez "Mad zone"... cette chanson allie à une énergie quasi Hardcore un chant mélodique très dynamique et des riffs super méchants. En moins de quatre minutes, DUB WAR démontre toute sa puissance de feu et se place sans problème au rang des potentiels successeurs du gang des mauvais cerveaux. Le sort en décidera autrement mais le talent était là.
Car limiter DUB WAR à son influence BAD BRAINS serait quasiment insultant tant il a à offrir sur cet album. En effet c'est tout tranquillement avec "Why" que DUB WAR vient poser les bases musicales de ce que va être "Pain". Une basse très présente, sensuelle et menaçante qui répond à une batterie rythmiquement irréprochable et à des riffs après mais clairs...et visiblement pas joué sur une guitare accordé en La. Peut être pas le meilleur morceau l'album, "Why" permet cependant de mettre en orbite l'excellent "Mental" (Raaah ce sample légendaire...)et de coller au groupe un barreau qui ne commencera qu'a faiblir que vers... ah non, ça faiblit pas pardon .
Tout s'enchaine avec une fluidité absolument incroyable, le groupe semblant comme possédé par son inspiration. De la furie de "Mad Zone" au dance hall de "Pain", DUB WAR fait même preuve d'une géniale sensibilité rythmique sur "Strike it", le groupe arrivant à dynamiter leur musique de la jungle avec un groove jazzy particulièrement efficace.
Raaah on succombe, on en redemande hein, et le groupe en ressert une louche avec l'étonnant "Nations", morceau humaniste (à l'image complète de leurs lyrics d'alors) au refrain imparable et aux chœurs me faisant penser... à ce que fait AEROSMITH lorsqu'il est au meilleur de sa forme. Et alors qu'on croit que le groupe prêt à marquer une pause, ils enquillent sur "Gorrits", morceau rapide au refrain très (trop ?) mélodique, annonçant de manière presque préhistorique ce que je ferais le père Benji plus d'une décennie plus tard lorsqu'il serait pris de mélodiopathie. "Spiritual Warfare" marque aussi les écueils d'une mélodie un peu trop appuyée quand "Fools Good" revient jouer sur des terres largement plus funky/ska lors d'un titre qui colle immédiatement aux neurones et n'en sort plus (Incroyable refrain qui semble tout droit sortit d'une chaude soirée jamaïquaines).

Bref, très peu de temps mort sur cet album, seulement des baisses de régimes par rapport à l'excellence des morceaux les plus efficaces. De manière assez discrète, on voit que le groupe n'est pas insensible au courant qui remplacera à l'époque la fusion, quelques sonorités guitaristiques montrant par exemple que DEFTONES a déjà commencé son travail de sape sur le reste du monde. L'influence "moderne" n'entache cependant pas ce "Pain" qui reste du début à la fin d'une cohérence absolument majestueuse. De la superbe pochette colorée aux lyrics engagés, rien ne dépareille dans ce subtil assemblage de revendication humanistes et de riffs de gorets. Tout comme les CLASH à leur époque, DUB WAR venait porter haut l'étendard du metissage musical, faisant s'assoir à la même table BLACK FLAG, LIVING COLOUR, DEATH (pas celui de Chuck...), THE GLADIATOR, CLIFF BURTON et PETER TOSH. Putain de belle réunion de famille non ?




Rédigé par : Pamalach | 1995 | Nb de lectures : 1810