MOONLYGHT - Midwinter Melodies (Autoprod.) - 12/04/2014 @ 22h13
* Il est ici question du groupe québécois de doom épique, ne pas confondre avec les formations nommées Moonlight, comme les gothic metalleux polonais. *

Avoir le géant américain pour voisin a longtemps été préjudiciable à la scène canadienne. Pour un Européen découvrant le metal au début des années 90s, l'affaire se résumait souvent à une poignée de légendes (Rush, Voivod, Annihilator), de seconds couteaux et de chanteurs expatriés (Sebastian Bach, James LaBrie). A l'approche du nouveau millénaire, le génie hyperactif Devin Townsend et les disciples toujours plus nombreux de Gorguts ont contribué à changer la donne avant l'arrivée d'internet. La scène canadienne brille par sa richesse et sa diversité (les barrés Unexpect méritaient d'être cités), c'est désormais de notoriété publique. Replongeons-nous l'espace d'une chronique sur cette période précédant leur émancipation. Les groupes locaux se faisaient rares dans les pages de la presse française, qu'il s'agisse des mags généralistes (Obliveon par ci) ou plus spécialisés comme Metallian (Transcendence par là). Avide de découvertes en tous genres et de tous horizons, je parcourais inlassablement les pages des catalogues VPC (Holy records et Adipocere), jusqu'à jeter mon dévolu sur la Demo de Moonlyght. J'ai longtemps pris Midwinter Melodies pour un one-shot, avant d'être détrompé par metal-archives quelques années plus tard.

Achat à l'aveugle, format K7 (30 francs + fdp)... vous connaissez l'histoire, ça signifie aucune garantie sur la qualité des compositions et de la production. Typique de ce qui se faisait en Scandinavie à l'époque, le visuel de Midwinter Melodies présente l'habituel paysage enneigé. Quant au livret, il a pour particularité d'être en papier glacé. Les crédits y sont détaillés, remerciements compris. Les textes semblent volontairement absents, à l'exception d'une citation (avec une belle faute trahissant leurs origines québécoises). Au rayon détail qui n'intéresse que moi, cette Demo est datée de 1996 sur le net, date qui correspond en réalité à une rehearsal figurant sur youtube (voir extrait en bas de page). Le livret est très clair à ce sujet: "Midwinter Melodies was recorded at Onyx studio between January and February 1997." Voila pour l'anecdote. Moonlyght est né au printemps 1995 à l'initiative du guitariste/chanteur Sébastien Robitaille. Entouré de Luc Gaulin (batterie/claviers), du guitariste Vincent Gauvin (remplaçant l'éphémère Simon Rheaume-Goulet) et du bassiste Christian Jacques, il compose les 6 morceaux de cette Demo (3 par face). Voyons de quel bois se chauffent ces Québécois.

Versatile, Sébastien Robitaille s'essaye à presque tous les registres de chant, du rocailleux façon Martin Walkyier (Skyclad) au chant clair lyrique (les parties doublées m'évoquant l'album In Quest des Français d'Astral Rising), en passant par les vocaux black/death. La maitrise n'est pas toujours au rendez-vous, certains passages prêtant à sourire, mais sa performance authentique et enthousiaste remporte la mise. Point de vue grattes, le sieur Robitaille et Vincent Gauvin proposent un heavy/doom accrocheur allant des ambiances crépusculaires à la Katatonia période Dance of December Souls (le morceau titre) à d'autres plus enlevées (Shadow of Despair et son entame quasi-Maidenienne). La production met en valeur un ensemble assez dense auquel s'ajoute le groove de l'interprétation, permettant au bassiste Christian Jacques de tirer son épingle du jeu. Quant au batteur Luc Gaulin, il fait preuve de punch, se montrant parfois démonstratif (les breaks de Sunless Sky, ses fréquents tapis de double). Le point noir vient de son apport aux claviers, ces derniers étant kitscho-datés (l'outro Like A Starless Night).
Passons maintenant à la revue de détail, avec un mot sur chaque composition.

L'instrumental Ouverture dévoile un groupe à l'orientation musicale déjà affirmée, sachant construire des compositions cohérentes et efficaces. Sunless Sky voit l'intensité grimper d'un cran grâce à une batterie volubile. De son côté Sébastien Robitaille a bien du mal à canaliser ses idées, malgré un bon refrain. Torments possède une rythmique très solide, avec un contraste plus marqué entre passages doomy et accélérations. Mais pour ne rien vous cacher, la Face B a ma préférence. En particulier Shadow of Despair, grâce à un énorme refrain bénéficiant de supers leads, de parties de chant clair doublées en alternance avec les vocaux black/death. Le morceau-titre Midwinter Melodies remporte 2 palmes (durée et mélancolie), avec un bon travail de leads et d'harmonies. L'outro Like A Starless Night, uniquement joué aux claviers me provoque toujours le même effet: l'envie de zapper. Avec une autre palette sonore ou l'apport du reste des instruments, ce titre aurait probablement eu meilleure mine. Si certaines choses sont perfectibles et pas toujours du meilleur goût, le potentiel est bien réel. C'est le sentiment dominant à l'écoute de cette Demo, à condition bien sûr d'apprécier le genre et de savoir replacer les choses dans leur contexte (Demo mise en boite début 1997).

La suite de l'histoire? L'instabilité du line-up de Moonlyght a pour conséquence sa mise en stase en 1998. Mais alors que tout le monde pense l'affaire pliée, il s'agit simplement d'un break, le temps pour le duo Sébastien Robitaille / Luc Gaulin de lancer Sorcier des Glaces, un groupe de black metal qui devient leur projet principal (leur 5ème album est sorti en 2014). Au début des années 2000, Sébastien Robitaille relance Moonlyght avec un line-up entièrement remanié et un changement d'orientation musicale. L'acclamé Progressive Darkness (voir la kro VS) dévoile un sublime metal progressif porté sur les arrangements folk. Il sera suivi d'un 2ème opus en 2008: Shining. Depuis, Moonlyght a enregistré le retour de Luc Gaulin et planche sur un 3ème opus, Return to Desolation, qui devrait voir le jour d'ici 2015. Quant à l'objet de ma chronique, l'enregistrement se rapprochant le plus d'un successeur au doom épique de Midwinter Melodies (la maturité et le savoir-faire en plus) n'est autre que l'album éponyme de Passage (2005). Kessecé? Le 3ème projet commun de Sébastien Robitaille et Luc Gaulin, pardis. Créatifs et inspirés, ces Québécois méritent bien mieux que le relatif anonymat dans lequel ils se débattent depuis... Midwinter Melodies!

Shadow of Despair (version rehearsal 1996): https://www.youtube.com/watch?v=wBBd-RoLxAY

Torments (version studio 1997): https://www.youtube.com/watch?v=yIHExeVL8_w


Rédigé par : forlorn | 1997 | Nb de lectures : 1589


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Commentaire
Oliv
IP:92.141.241.236
Invité
Posté le: 13/04/2014 à 08h57 - (30856)
Je connaissais po cet album... mais je possède les 2 autres de la formation... ils sont vraiment très bon !!!!!

forlorn
Membre enregistré
Posté le: 14/04/2014 à 16h53 - (30862)
Midwinter Melodies n'est autre que leur unique Demo commercialisée.

En attendant la sortie du 3ème album Return to Desolation (on croise les doigts), je ne saurais que trop te conseiller de mettre la main sur l'unique album de leur side-project Passage.

L'album en écoute: www.youtube.com/watch?v=d3YZFRJB89E

Les infos: www.metal-archives.com/albums/Passage/Passage/46316

olivier64
Membre enregistré
Posté le: 25/05/2014 à 11h16 - (30939)
Demo achetée à sa sortie chez Holy Records (de mémoire, ça devait être leur demo du mois, un truc comme ça), ça ne m'a pas laissé une grosse impression, ni même le 1er album. Faudra que je les ressorte.

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