Après le succès colossal de "Smash" en 1994, THE OFFSPRING n'avait pas beaucoup d'alternatives : Proposer une suite toute pourrie et sombrer dans l'anonymat... ou transformer l'essai des 16 millions d'exemplaires vendus du précédent opus. Un joli challenge donc pour ces Américains tantôt encensés par leur toute nouvelle cohorte de fans, tantôt conchiés par une masse de détracteurs tout aussi excités.
Niveau mauvaise presse, THE OFFSRPING commençait à se farcir une réputation de mauvais groupe de scène. Entre les couacs et les mises en places à la "One again", Dexter et ses ouailles ne pouvaient guère compter que sur leurs (nombreuses) bonnes chansons pour faire le show... heureusement qu'il y avait du "Come out and play" et du "Self Estheem" pour faire se défouler les adolescents en mal de sensations fortes... ces derniers venant de toute façon en nombre plus qu'honorable aux show des créteux d'Huntington Beach.

Fort de leur nouvelle assise, de leur notoriété toujours grandissante et de leur nouvelle signature chez Columbia, "Ixnay on the Hombre" avait mis tous les atouts de son coté pour faire un carton. Hélas, et malgré quelques hits d'une grande efficacité, "Ixnay on the hombre" ne se vendra qu'a cinq "petits" millions d'exemplaires....très loin du score obtenu par "Smash".
Distribué en Europe par Epitath, on ne peut pas dire que le succès ait celé de manière particulièrement forte les relations entre Mr Brett et THE OFFSPRING. Le succès de "Smash" fera se barrer en couille l'entente entre le boss du label et le groupe, et les désaccords, embrouilles et petites astérisques de bas de contrats alimenteront longtemps les discussions des fans du groupe et des journalistes de tout poil. La loose quoi...
Pourtant, "Ixnay on the hombre" est un album particulièrement apprécié des fans du groupe, certains n'hésitant pas à la qualifier de meilleur album de THE OFFSPRING. Personnellement, c'est aussi et clairement mon album préféré des Californiens, le plus puissant, le plus cohérent et le plus équilibré. Des influences latino aux morceaux dévastateurs comme "Mota" ou "The Meanning of life", pas moyen de s'ennuyer une seule seconde sur cette petite bombe.

Pourtant, il est vrai que lorsqu'on y regarde à deux fois, je comprend ceux qui trouvaient que THE OFFSPRING avait un peu cédé à la "compromission" sur certains points... notamment (et surtout) sonores. La prod' par exemple, était beaucoup plus claire et puissante que sur "Smash". Moins abrasif, plus rond et plus défini, le son concocté par Dave Jerden était assez loin de l'acidité de "Smash" où on entendait les médiators racler la mi grave et le bruit des doigts se déplaçant sur les cordes. Si ce coté amateur "calculé" ne renforçait pas le coté musical du groupe, il apportait en contrepartie une belle énergie et posait un cadre bien roots qui seyait particulièrement au punk rock.
Cependant, sur des bombes comme "All I want" ou "Change the World", THE OFFSPRING s'offrait une puissance de feu plus imposante qui collait particulièrement aux morceaux de cet album.
Niveau composition, le groupe semblait avoir fait un petit pas niveau technique, même si on retrouvait grosso modo les similaires recettes musicales qui avaient été utilisées sur l'album précédent. Si les riffs "mastocs" étaient mis à l'honneur, Noodles se sortait les doigts sur les solos de "Me and my Old Lady" et proposait quelques arpèges audacieux et mélodiques qui faisaient des merveilles sur un titre comme "Gone Away". Très audible et particulièrement mise en avant (Bonheur !) le bassiste Greg K proposait des lignes simples mais efficaces et vraiment en cohésion avec le jeu direct de Ron Welty.

Et puis bien sur, il y avait cet enfoiré de Dexter Holland, qui si il peinait parfois comme un bœuf famélique sur scène, semblait ici complétement possédé lors de l'over puissante "Mota" où il surfait sur les riffs comme un Kelly Slater qui aurait repris trois fois du Steak de Tofu au petit déjeuner. Vener sur "Cool To hate", groovy sur "Don't pick it up", le groupe offrait même une suite en reprenant l'outro de "Smash" pour en faire "Change the World".
Niveau paroles, THE OFFSPRING décidait de prendre ses distances avec la politique en variant un peu ses thèmes et en les écrivant de manière un poil plus moins personnelle. Cet aspect de l'écriture sera aussi critiqué par les "fins connaisseurs" de la culture alternative Américaine reprochant à Dexter de ne plus se mouiller autant dans ses paroles (comme si le gonze risquait l'attentat lorsqu'il braillait "I m not trendy Asshole !") et en traitant (insulte suprême pour un punk américain) THE OFFSRPING de groupe de Hard Rock ! Décidément, il y a des journalistes qui ont vraiment des couilles pour oser mettre en lumière des dossiers comme ça !

Bref, alors qu'on aurait pu croire que le groupe allait jouer la facilité, THE OFFSPRING proposait avec "Ixnay on the Hombre" un quatrième album plus subtil qu'il n'y paraissait au prime abord et qui avec ses nombreux passages lumineux (le ska de "Don't pick it up", la reprise de "Tea For Two" à la sauce ascenseur et l'ultra jouissive intro déclamée par Jello Biafra himself !) portait la marque du jeune adulte qui fait un doigt d'honneur à tout le monde avec un sourire barré sur le visage. Considéré par beaucoup comme le dernier bon album du groupe, "Ixnay..." mouillait la chemise mais n'oubliait pas de vous tatouer quelques bonnes vieilles mélodies des familles... qui n'allaient pas s'en aller comme ça.




Rédigé par : Pamalach | 1997 | Nb de lectures : 1927