Un des principaux arguments qu'opposait les détracteurs du rap Metal aux "M.C metalleux", c'était qu'ils étaient pour la plupart interchangeables et sans réel talent manifeste. Après tout, parler sur de la musique, même avec un sens du rythme aiguisé, c'est plus simple que de chanter de complexes mélodies. Peu importe en réalité qu'il soit plus simple ou pas d'être un M.C ou un chanteur, dans le rap metal comme dans le heavy classique, il y avait frontman et frontman...
Écrire de bons lyrics, avoir de l'énergie et du dynamisme, un joli timbre et EN PLUS un authentique flow de taré... ça commençait à faire beaucoup pour un seul homme. En tout cas, avoir toutes ses qualités était déjà trop pour nombre de M.C du dimanche, certains se distinguant avec le débit d'un pachyderme anémique quand d'autres s'étaient mis à la culture hip hop quelques semaines avant de rentrer en studio (anecdote absolument véridique).
En bref, tout le monde n'est pas tchatcheur dans l’âme...et je vous citerais bien quelques exemples si ce n'était définitivement trop facile de tirer sur des ambulances. MOJO donc...
STUCK MOJO, groupe formé en 1989 par le musculeux guitariste Rich Ward, est un groupe originaire d'ATLANTA en Géorgie. Si une des principale caractéristique de leur identité est cet alliage de metal très carré au flow de leur chanteur Bonz, le groupe démontrera tout son efficacité grâce à ce troisième album "Rising", implacable collection de hits groovy et brutaux comme seuls les meilleurs groupes fusion savait en produire (En effet, pas de trace de néo sur cet opus).
Si "Rising" est de loin l'album le plus connu du groupe, les Américains s'étaient déjà fait remarquer au milieu des années 90 en tournant en Europe avec MACHINE HEAD et Slapshot. Si leurs deux premiers albums ne montraient pas encore un groupe sous son meilleur jour artistique (bien que ces derniers n'étaient pas non plus catastrophiques), ils préfiguraient à mon sens leur meilleur album, le bien nommé "Rising".

Bon, il est certain qu'au prime abord, la singularité de STUCK MOJO ne sautait pas aux oreilles. Mais il y avait tout de même ce petit coté "intriguant" qui interloquait dés les premières secondes de "Crooked Figurehead". Ce son de guitare très "Gibson" et très "southern" n'était pas en général utilisé pour jouer des rythmes très précis (et pour cause, essayer d'être rigoureux avec un son crade, c'est à peu prés aussi facile que de jouer au Mikado avec des gants de boxe).
Du coup, Rich Ward proposait une approche assez particulière du Rap Metal... toujours précis tout en restant gras, quitte à sacrifier de la clarté et de la définition à l'ensemble.
Ses gros riffs donc, posés sur une batterie au son de caisse claire très sec et aux grosses caisses très en avant, rappelait un peu la physionomie du son de PANTERA... STUCK MOJO n'évitant pas l’excès de testostérone sonore en misant trop sur un son ultra compressé qui les faisait sonner de manière un peu trop froide et pas très aérée (un comble pour un groupe qui incluait de l'orgue hammond et de l'harmonica dans certaines chansons de cet album !).
En gros, STUCK MOJO voulait apparaitre comme un groupe de Tough Guys mais en faisait un peu trop autant au niveau de la prod que l'image... c'était bien la peine quand on voit ce qu'ils feront par la suite. Mais bon, à cette époque, MOJO avait encore de l’appétit et on ne pouvait pas reprocher au groupe d'essayer de construire du GROS son.
Du coup, dés lors que le flow impeccable de Bonz venait se poser sur toute cette machinerie métallique rutilante, le résultat avait vraiment un petit plus sympathique... qui devenait vite irrésistible dés lors que des morceaux comme "Rising" ou "Back in the Saddle" retentissaient. En complétant le flow de Bonz, le bassiste Sean Delson venait avec sa voix mélodique parachever le dynamisme de certaines chansons. Hélas, ce qui est très cool sur cet album se transformera vite dans la futur en une insupportable soupe Néo puisque plus Delson prendra le micro, plus le bassiste précipitera STUCK MOJO dans une bouillasse largement moins digeste que ce "Rising".
Bien heureusement, on peut se délecter ici donc des chœurs Death de Ward sur l'excellente "Back In the Saddle", des déflagrations de doubles pédales sur "Throw the Switch" et bien sur des hurlements primitifs de "Suburban Ranger"

Impossible de parler de cet album sans parler du clip "Rising" où le célèbre catcheur "Diamond Dallas Page" jouait du biceps pour calmer quelques un de ses camarades un peu trop présomptueux et belliqueux. En misant à bloc sur cette image Wresling, STUCK MOJO montrait qu'en plus d'une grosse patate musicale, ils avaient aussi le sens de l'humour et un vrai attachement à l'entertainment "de base" Américain (cela leur permettait en outre de rentabiliser toutes les heures passées à soulever de la fonte... malin les gaziers).
Tout l'artwork et le livret de "Rising" sont basés sur le coté "Tought guy" du groupe, Bonz étant visiblement le seul à ne pas squatter les salles de muscu. Tous les autres posent torse en avant et haltères en main, chacun affichant une expression faciale différente... un peu too much à certain moments.
Leurs détracteurs les assimileront du coup bien vite à une grosse bande de beaufs, ce qui n’empêchera pas le groupe de briller sur pas mal de scènes du monde entier avec cet album.
Hélas, la suite sera un peu moins pêchue et Bonz finira par quitter le navire et malgré le sympathique Lord Nelson, STUCK MOJO perdra avec lui toute une partie de sa sève.
Raison de plus pour apprécier encore plus ce "Rising" fort en gueule, semblable à une bonne souplesse norvégienne des familles, lorsque le groupe servait des coups de la corde à linge comme d'autres triait les M&m's dans leur saladiers avant les concerts. Risiinnng !




Rédigé par : Pamalach | 1998 | Nb de lectures : 1785