CREST OF DARKNESS - The Ogress (Listenable) - 08/02/2014 @ 23h23
Dans cette rubrique, on a souvent l'occasion d'évoquer les premières années d'activité de Metallian. Parmi les arguments justifiant cet attachement, on n'oubliera pas les choix de la rédaction qui n'hésitait pas à sélectionner comme référence trimestrielle le 1er album d'un groupe inconnu au nez et à la barbe des grosses cylindrées. Les exemples ne manquent pas, aussi je n'en citerais que 3: Golden Dawn dans le n°2, Anata dans le n°13 et Diablerie dans le n°24. Alors client assidu de la VPC, je suivais avec intérêt l'évolution des rosters nationaux. Encore peu familier du catalogue Listenable, je notais en 1998 sa montée en puissance. Des albums tels que Two Feet Stand (Gardenian), Steelbath Suicide (Soilwork) ou Nightspawn (Grief of Emerald) servant de bases solides à de nombreuses formations phares de la décennie à suivre (Scarve, Symbyosis, etc). C'est dans ce contexte que je me suis laissé tenter par ce qui s'est avéré être le plus gros plan marketing d'un label français pour l'année 1999:
Crest of Darkness et son fameux opus The Ogress.
Face à ce genre de sorties, notre raisonnement habituel était: 'c'est quoi ce truc sorti de nulle part?'. Sauf que dans le cas présent, on est clairement hors-sujet. Pour 2 raisons. La première, c'est qu'avant sa signature chez Listenable, Crest of Darkness avait préalablement sorti un EP et un album (chez Head Not Found). La seconde, c'est que son maitre à penser, Ingar Amlien, possédait déjà une solide expérience. Avant d'en venir aux faits, il est nécessaire d'évoquer Conception. En 9 années d'activité, ce groupe culte de metal prog (fondé en 1989, séparé en 1998) a enregistré 2 Demos et 4 albums, participant également à une split-VHS avec des collègues de label: Gamma Ray, Rage et Helicon. Fait inhabituel, Conception connaitra un regain d'intérêt à titre posthume. La raison? La suite donnée à leur carrière par 3 des 5 membres. Le chanteur Roy Khan est le premier à se signaler en s'engageant sur le long terme avec le groupe de power metal symphonique américain Kamelot. Quant à Tore Østby, le fantastique guitariste participe à l'unique album solo de D.C. Cooper (fraichement débarqué de Royal Hunt) avant de concrétiser un projet de longue date, ARK, dont les 2 albums sont absolument fabuleux. De cette dream-team a émergé un chanteur de premier ordre: Jørn Lande. Sur ce, voyons maintenant le cas Ingar Amlien.
"Conception a décidé de splitter parce que nous voulions tous faire autre chose. On en avait assez, mais en même temps nous sommes tous fiers de ce que nous avons réalisé avec ce groupe. Conception avait vraiment une âme et une personnalité. (...) J'ai crée Crest of Darkness pour exprimer un grand nombre d'idées inexploitables avec Conception. Je désirais faire une musique plus sombre et brutale." (dans le n°15 d'avril/mai 1999 de Metallian)
Le bassiste faisait figure d'intrus dans cette formation. Ce sataniste adepte d'Anton La Vey n'a d'ailleurs pas pris le train de l'extrême en marche, fondant Crest of Darkness assez tôt, dès 1993. Cumulant vocaux, guitares et basse, Ingar Amlien s'entoure du producteur Nils Harald Mæhlum (aussi en charge des parties de batterie) et du claviériste Lars Christian Narum pour enregistrer un EP, Quench My Thirst (1996), puis un 1er album, Sinister Scenario (1997), au visuel signé Asgeir Mickelson (batteur de Spiral Architect et futur/ex-Borknagar). Le Norvégien échafaude son style, une sorte de black metal emphatique alternant parties furieuses et plages atmosphériques futuristes dans la lignée d'un Samael alors très influent. Sa notoriété grandit, de même que ses ambitions. Ingar Amlien est alors sollicité par Satyricon. Le résultat de cette collaboration se trouve sur l'EP Intermezzo II, ce dernier tenant la basse sur 2 morceaux. C'est le moment où jamais pour Crest of Darkness de changer de division, de se révéler au premier plan de l'underground. Et Ingar Amlien ne va pas louper le coche en complétant sa panoplie d'arguments par un concept accrocheur et des guests suscitant la curiosité.
"The Ogress traite d'une femme appelée Belle Gunnes. Elle a vécu il y a une centaine d'années et termina brûlée sur un bûcher à Selbu, en Norvège. Elle émigra en Amérique en 1881, puis, pour raccourcir sa longue histoire, elle assassina près de 50 hommes dont les squelettes furent retrouvés enterrés sous la ferme qu'elle possédait. Elle tuait simplement pour l'argent. Belle Gunness a reçu quelques surnoms au cours du temps et un journal américain l'a une fois appelée The Ogress." (dans le hors série extrême n°9 du printemps 1999 de Hard Rock mag)
Pour les curieux, wikipedia apporte un autre éclairage: Belle Gunness .
Pour ce 2ème opus longue durée, Ingar Amlien a donc étoffé son casting. Le producteur Nils Harald Mæhlum et le claviériste Lars Christian Narum rempilent, mais cette fois le premier cède sa place derrière le kit au revenant Arve Heimdal (ex-Conception) alors que le second se partage les morceaux avec un nouveau venu: Jan Petter Ringvold. Mais le point d'orgue demeure les participations de Roy Khan et de Kristin Fjellseth, chanteuse de Pale Forest. Alors oui les morceaux sélectionnés sur les samplers de l'époque (Reference et The Inheritance) ont eu un impact certain. C'est quelque chose qu'on ne peut pas enlever au père Ingar. The Ogress possède une aura, une singularité qu'on reconnait très vite. Peu nombreux sont les groupes à pouvoir y prétendre. Mais une identité affirmée ne garantit pas de faire un bon album et plus grave, les réelles qualités audibles sur The Ogress se trouvent gâchées par un problème majeur. A la base le metal repose sur un élément essentiel: le riff. C'est triste à dire mais sur The Ogress on n'a pas grand chose à se mettre sous la dent. D'ailleurs volontairement ou pas, le mixage accentue l'aspect brouillon de l'ensemble. On déchante vite en découvrant l'album dans son intégralité.
Après avoir côtoyé un gratteux de la classe de Tore Østby, ça la fout vraiment mal d'assaisonner son album d'un riffing aussi plat et insipide. Ingar Amlien aurait du recruter un 6-cordiste capable d'apporter du relief à l'ensemble. Encore une fois il y a de bonnes choses sur The Ogress, mais aussi intéressantes soient-elles, idées et atmosphères doivent reposer sur des fondations solides pour que la sauce prenne. Eucharist est symptomatique de cet état de fait, démarrer un album par un morceau aussi confus n'étant pas la chose à faire. Quelques bonnes idées néanmoins sur le morceau-titre, le riffing typiquement thrash sur Sweet Scent of Death ou le passage à la wah-wah sur Her Crown. Le problème est avant tout rythmique, les arrangements disséminé sur l'album étant plutôt judicieux, comme les arpèges sur certains breaks ou le solo sur The Inheritance. Pour ce qui est de la basse, Ingar Amlien lui accorde de l'espace (les breaks de Two Thousand Years) voir carrément le 1er rôle (Euphoria). Souvent négligée voir oubliée, la performance du batteur Arve Heimdal est bonne, ce dernier apportant maitrise et rigueur, à l'image de sa prestation, très complète, sur The Inheritance.
Les claviéristes Lars Christian Narum et Jan Petter Ringvold s'en donnent à coeur joie. Ils ont une grande part de responsabilité dans l'identité de The Ogress, qui, pour rappel, est sorti en pleine vague horror (voir Diabolical Masquerade, Malignant Eternal, Morgul... ou les champions du genre, Ebonylake). Pour les connaisseurs le point d'orgue est évident, il s'agit de l'énorme break de Reference. Arrive le gros dossier: le chant. Ingar Amlien évolue dans un registre black plutôt criard, mais n'hésite pas à nuancer (quelques growls) ou carrément utiliser des effets. Quant aux guests, ils représentent eux-aussi une valeur ajoutée indispensable. Kristin Fjellseth propose une alternative acceptable à la choriste phare du genre, l'imposante Sarah Jezebel Deva (COF, Therion). Débutant par une présence fantomatique sur Eucharist, elle en vient à partager le chant avec Ingar Amlien sur le morceau-titre. On la retrouve également sur le refrain de The Inheritance. Les apparitions de Roy Khan sont mémorables. Il chante sur l'intégralité de Reference. Le break atmosphérique saupoudré de phrasés au vocoder est resté fameux. Sa prestation sur le nerveux Sweet Scent of Death est plus anecdotique mais toujours convaincante.
En 1999 Crest of Darkness réunissait presque tous les éléments permettant de réussir le hold-up de cette fin de siècle. Un passé attrayant (Conception), un label ayant le vent en poupe (Listenable), une importante promo, le coup de pouce opportun d'un ténor du genre (Satyricon), un concept motivant (la TV norvégienne ayant sollicité Ingar Amlien pour un reportage) et des guests compétents (Arve Heimdal, Kristin Fjellseth et surtout Roy Khan).
Au final The Ogress souffre de carences qu'on peut quasiment résumer à cette absence de véritable guitariste. Un vrai gâchis qu'on n'aura pas le loisir de beaucoup regretter, Ingar Amlien sombrant assez rapidement dans une véritable déchéance à base de black/thrash poussif et d'egotrip mâtiné de satanisme de supermarché. Aie.
The Ogress reste ce que le Norvégien a fait de mieux. Le potentiel était là mais n'a pas su être exploité. Dommage.
Groupe et album complètement surestimé. Acheté à l'époque après lecture de Metallian, et revendu assez vite.
Necrozob IP:77.198.209.219 Invité
Posté le: 09/02/2014 à 02h10 - (30541)
J'ai également acheté l'album à sa sortie, peu de souvenirs... Par contre, le concert du 6 mai 2000 à limoges, une vraie honte...
Dernière date de la tournée, c'était la soirée "photo" Ingmar a passé le set à se faire photographier en empruntant des poses satanistes toutes plus ridicules les unes que les autres.
Le set a duré 30 mn, mal joué & vite baclé...
Ayin IP:81.249.65.107 Invité
Posté le: 09/02/2014 à 04h30 - (30542)
Celui la figure dans mon worst of ... Une grosse daube
damikachu Membre enregistré
Posté le: 09/02/2014 à 09h35 - (30543)
Je vais réécouter les extraits "pour voir" mais je garde le souvenir d'un album plus que bof.
Moshimosher Membre enregistré
Posté le: 09/02/2014 à 10h38 - (30544)
Album que je trouve encore pas mal, mais pour moi,son intérêt principal, c'est vraiment le chant ! Enfin, Kristin et Roy y sont tout de même pour beaucoup ! Depuis, j'ai eu l'occasion d'écouter (un peu) ce que fait le groupe et c'est vraiment plat, plat, plat...
Comme je me réécoutais l'album en lisant la chronique, j'ai remarqué une chose... Le début de The Crown me fait vraiment penser à Nightwish ! Mais bon, Ingar n'est pas Tarja... :)
chouchou IP:91.88.177.138 Invité
Posté le: 09/02/2014 à 11h14 - (30545)
Overated indeed, j'ai pas compris à l'époque (et toujours pô)
WhiteNoise Membre enregistré
Posté le: 09/02/2014 à 15h00 - (30547)
Acheté à sa sortie, apres la chro de metallian également. Un disque qui n'a pas tourné depuis des années.... 2 ou 3 titres sont tres bons. Le reste....
forlorn Membre enregistré
Posté le: 09/02/2014 à 21h46 - (30551)
@ chouchou: Surtout quand on se souvient du choix de Metallian de le couronner album du trimestre face à des références telles que Spiritual Black Dimensions, At the Heart of Winter, Tuonela, Plaintive Scenes, IX Equilibrium... tous sortis à la même période. C'est assez incroyable.
mydrin Membre enregistré
Posté le: 10/02/2014 à 12h19 - (30555)
Je fais également partie de ceux "piégés" par Metallian à l'époque j'avais commandé l'album :-(
Nem Vapeur IP:2.3.48.7 Invité
Posté le: 12/02/2014 à 00h46 - (30560)
J'ai fait comme tout le monde !
Cet album a dû atteindre un record de vente (album du mois dans un trimestriel, ça n'en fait que 4 par an !) et de revente illico (il est plus que moyen).
Il était très chiant à écouter d'une traite, la faute à un chant de base (celui d'Ingmar) très très naze et des morceaux trop répétitifs.
J'ai essayé et je n'ai aucun plaisir à le réécouter 15 ans après.
forlorn Membre enregistré
Posté le: 12/02/2014 à 01h22 - (30561)
@ Necrozob et Nem Vapeur: Les gars c'est Ingar, pas Ingmar.
GabinEastwood Membre enregistré
Posté le: 13/02/2014 à 13h48 - (30563)
J'avais complètement oublié ce disque, pourtant j'ai encore une copie cassette faite à l'époque car je ne le trouvais pas génial (hormis le titre du sampler).
Je me suis repassé ça hier soir et le constat est le même ... toujours aussi chiant et peu inspiré !
hammerbattalion Membre enregistré
Posté le: 13/02/2014 à 16h41 - (30564)
C'est marrant çà, un album remember qui fait l'unanimité contre lui. Je me souviens du matraquage fait autour de cette sortie mais je ne l'ai jamais écouté, et puis là, ta kro et les komms ne donnent pas franchement envie de s'y mettre.
forlorn Membre enregistré
Posté le: 13/02/2014 à 18h14 - (30565)
J'étais certain qu'il ferait l'unanimité contre lui (grozeil peut en témoigner). Qu'un album underground cumule autant d'arguments sur le papier et bénéficie d'un soutien promotionnel aussi important pour au final être une infâme bouse, c'était du jamais vu. Avec internet c'est quelque chose qu'on peut désormais éviter. Toutefois ce cas particulier était intéressant à traiter (lisez ma kro).
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Crest of Darkness et son fameux opus The Ogress.
Face à ce genre de sorties, notre raisonnement habituel était: 'c'est quoi ce truc sorti de nulle part?'. Sauf que dans le cas présent, on est clairement hors-sujet. Pour 2 raisons. La première, c'est qu'avant sa signature chez Listenable, Crest of Darkness avait préalablement sorti un EP et un album (chez Head Not Found). La seconde, c'est que son maitre à penser, Ingar Amlien, possédait déjà une solide expérience. Avant d'en venir aux faits, il est nécessaire d'évoquer Conception. En 9 années d'activité, ce groupe culte de metal prog (fondé en 1989, séparé en 1998) a enregistré 2 Demos et 4 albums, participant également à une split-VHS avec des collègues de label: Gamma Ray, Rage et Helicon. Fait inhabituel, Conception connaitra un regain d'intérêt à titre posthume. La raison? La suite donnée à leur carrière par 3 des 5 membres. Le chanteur Roy Khan est le premier à se signaler en s'engageant sur le long terme avec le groupe de power metal symphonique américain Kamelot. Quant à Tore Østby, le fantastique guitariste participe à l'unique album solo de D.C. Cooper (fraichement débarqué de Royal Hunt) avant de concrétiser un projet de longue date, ARK, dont les 2 albums sont absolument fabuleux. De cette dream-team a émergé un chanteur de premier ordre: Jørn Lande. Sur ce, voyons maintenant le cas Ingar Amlien.
"Conception a décidé de splitter parce que nous voulions tous faire autre chose. On en avait assez, mais en même temps nous sommes tous fiers de ce que nous avons réalisé avec ce groupe. Conception avait vraiment une âme et une personnalité. (...) J'ai crée Crest of Darkness pour exprimer un grand nombre d'idées inexploitables avec Conception. Je désirais faire une musique plus sombre et brutale." (dans le n°15 d'avril/mai 1999 de Metallian)
Le bassiste faisait figure d'intrus dans cette formation. Ce sataniste adepte d'Anton La Vey n'a d'ailleurs pas pris le train de l'extrême en marche, fondant Crest of Darkness assez tôt, dès 1993. Cumulant vocaux, guitares et basse, Ingar Amlien s'entoure du producteur Nils Harald Mæhlum (aussi en charge des parties de batterie) et du claviériste Lars Christian Narum pour enregistrer un EP, Quench My Thirst (1996), puis un 1er album, Sinister Scenario (1997), au visuel signé Asgeir Mickelson (batteur de Spiral Architect et futur/ex-Borknagar). Le Norvégien échafaude son style, une sorte de black metal emphatique alternant parties furieuses et plages atmosphériques futuristes dans la lignée d'un Samael alors très influent. Sa notoriété grandit, de même que ses ambitions. Ingar Amlien est alors sollicité par Satyricon. Le résultat de cette collaboration se trouve sur l'EP Intermezzo II, ce dernier tenant la basse sur 2 morceaux. C'est le moment où jamais pour Crest of Darkness de changer de division, de se révéler au premier plan de l'underground. Et Ingar Amlien ne va pas louper le coche en complétant sa panoplie d'arguments par un concept accrocheur et des guests suscitant la curiosité.
"The Ogress traite d'une femme appelée Belle Gunnes. Elle a vécu il y a une centaine d'années et termina brûlée sur un bûcher à Selbu, en Norvège. Elle émigra en Amérique en 1881, puis, pour raccourcir sa longue histoire, elle assassina près de 50 hommes dont les squelettes furent retrouvés enterrés sous la ferme qu'elle possédait. Elle tuait simplement pour l'argent. Belle Gunness a reçu quelques surnoms au cours du temps et un journal américain l'a une fois appelée The Ogress." (dans le hors série extrême n°9 du printemps 1999 de Hard Rock mag)
Pour les curieux, wikipedia apporte un autre éclairage: Belle Gunness .
Pour ce 2ème opus longue durée, Ingar Amlien a donc étoffé son casting. Le producteur Nils Harald Mæhlum et le claviériste Lars Christian Narum rempilent, mais cette fois le premier cède sa place derrière le kit au revenant Arve Heimdal (ex-Conception) alors que le second se partage les morceaux avec un nouveau venu: Jan Petter Ringvold. Mais le point d'orgue demeure les participations de Roy Khan et de Kristin Fjellseth, chanteuse de
Pale Forest. Alors oui les morceaux sélectionnés sur les samplers de l'époque (Reference et The Inheritance) ont eu un impact certain. C'est quelque chose qu'on ne peut pas enlever au père Ingar. The Ogress possède une aura, une singularité qu'on reconnait très vite. Peu nombreux sont les groupes à pouvoir y prétendre. Mais une identité affirmée ne garantit pas de faire un bon album et plus grave, les réelles qualités audibles sur The Ogress se trouvent gâchées par un problème majeur. A la base le metal repose sur un élément essentiel: le riff. C'est triste à dire mais sur The Ogress on n'a pas grand chose à se mettre sous la dent. D'ailleurs volontairement ou pas, le mixage accentue l'aspect brouillon de l'ensemble. On déchante vite en découvrant l'album dans son intégralité.
Après avoir côtoyé un gratteux de la classe de Tore Østby, ça la fout vraiment mal d'assaisonner son album d'un riffing aussi plat et insipide. Ingar Amlien aurait du recruter un 6-cordiste capable d'apporter du relief à l'ensemble. Encore une fois il y a de bonnes choses sur The Ogress, mais aussi intéressantes soient-elles, idées et atmosphères doivent reposer sur des fondations solides pour que la sauce prenne. Eucharist est symptomatique de cet état de fait, démarrer un album par un morceau aussi confus n'étant pas la chose à faire. Quelques bonnes idées néanmoins sur le morceau-titre, le riffing typiquement thrash sur Sweet Scent of Death ou le passage à la wah-wah sur Her Crown. Le problème est avant tout rythmique, les arrangements disséminé sur l'album étant plutôt judicieux, comme les arpèges sur certains breaks ou le solo sur The Inheritance. Pour ce qui est de la basse, Ingar Amlien lui accorde de l'espace (les breaks de Two Thousand Years) voir carrément le 1er rôle (Euphoria). Souvent négligée voir oubliée, la performance du batteur Arve Heimdal est bonne, ce dernier apportant maitrise et rigueur, à l'image de sa prestation, très complète, sur The Inheritance.
Les claviéristes Lars Christian Narum et Jan Petter Ringvold s'en donnent à coeur joie. Ils ont une grande part de responsabilité dans l'identité de The Ogress, qui, pour rappel, est sorti en pleine vague horror (voir Diabolical Masquerade, Malignant Eternal, Morgul... ou les champions du genre, Ebonylake). Pour les connaisseurs le point d'orgue est évident, il s'agit de l'énorme break de Reference. Arrive le gros dossier: le chant. Ingar Amlien évolue dans un registre black plutôt criard, mais n'hésite pas à nuancer (quelques growls) ou carrément utiliser des effets. Quant aux guests, ils représentent eux-aussi une valeur ajoutée indispensable. Kristin Fjellseth propose une alternative acceptable à la choriste phare du genre, l'imposante Sarah Jezebel Deva (COF, Therion). Débutant par une présence fantomatique sur Eucharist, elle en vient à partager le chant avec Ingar Amlien sur le morceau-titre. On la retrouve également sur le refrain de The Inheritance. Les apparitions de Roy Khan sont mémorables. Il chante sur l'intégralité de Reference. Le break atmosphérique saupoudré de phrasés au vocoder est resté fameux. Sa prestation sur le nerveux Sweet Scent of Death est plus anecdotique mais toujours convaincante.
En 1999 Crest of Darkness réunissait presque tous les éléments permettant de réussir le hold-up de cette fin de siècle. Un passé attrayant (Conception), un label ayant le vent en poupe (Listenable), une importante promo, le coup de pouce opportun d'un ténor du genre (Satyricon), un concept motivant (la TV norvégienne ayant sollicité Ingar Amlien pour un reportage) et des guests compétents (Arve Heimdal, Kristin Fjellseth et surtout Roy Khan).
Au final The Ogress souffre de carences qu'on peut quasiment résumer à cette absence de véritable guitariste.
Un vrai gâchis qu'on n'aura pas le loisir de beaucoup regretter, Ingar Amlien sombrant assez rapidement dans une véritable déchéance à base de black/thrash poussif et d'egotrip mâtiné de satanisme de supermarché. Aie.
The Ogress reste ce que le Norvégien a fait de mieux. Le potentiel était là mais n'a pas su être exploité. Dommage.
Reference: https://www.youtube.com/watch?v=CO0KziWNSp0
The Inheritance: https://www.youtube.com/watch?v=Z4bhRJGMn20
Rédigé par : forlorn | 1999 | Nb de lectures : 2280