GOTHMINISTER est l’un de ces groupes qu'on imagine né sur un dancefloor allemand. Et pourtant ce serait faire fausse route. L'histoire démarre à la fin des années 90s à Oslo où un certain Bjorn Alexander Brem fait ses premières armes au sein de Conceptor (Thrash Metal) et Disco Judas. Multi-instrumentiste autodidacte et artiste touche à tout, Bjorn s'essaye à de nombreux instruments (guitares, basse, claviers, batterie) et au chant. Amateur de comics (en particulier Batman), ce futur avocat se rebaptise GOTHMINISTER et profite du nouveau millénaire pour changer radicalement d'orientation musicale. Nous sommes en 1999 et GOTHMINISTER (le groupe) est né.

Le reste de la formation se compose du pianiste Hallface, du guitariste Machine et de Dementia, photographe chargée de développer leur univer visuel. Les Norvégiens accouchent en 2001 d' « Angel », un premier EP autoproduit qui pose les bases de leur style. Suivrons 2 singles, « Devil » et « Angel » précédant la sortie d'un premier album à l'intitulé explicite: « Gothic Electronic Anthems ». Son visuel semble s'inspirer de l'affiche du film « Orange Mecanique » de Stanley Kubrick. GOTHMINISTER a souvent été comparé à RAMMSTEIN, en dépit d'influences pourtant sensiblement différentes, les Norvégiens puisant autant à la source de l'EBM que des musiques gothiques, avec une thématique plutôt horrifique. En effet, GOTHMINISTER emploie des rythmiques electro dansantes (la BAR est évidemment de sortie), jouant sur les contrastes entre des guitares saturées et des mélodies synthétiques fleurtant avec la pop.

« Gothic Anthem » ouvre les hostilités, dévoilant la maitrise du groupe et la qualité de sa production, riche en fréquences basses. Ce morceau met en place le schéma évoqué plus haut, jouant sur l'alternance entre la puissance des guitares et les mélodies synthétiques. Le chant reprend cette dualité à son compte, le sieur Bjorn jonglant entre les tessitures, passant de vocaux scandés à des murmures malsains, sans oublier les inévitables phrasés gothiques popularisés par Andrew Eldritch (The Sisters of Mercy) et consorts. L'homogénéité et la simplicité structurelle de « Gothic Electronic Anthems » sont à double tranchant. Les amateurs de ce genre extrêmement codifié apprécieront sans doute l'efficace des compositions, mais cet engouement risque de ne pas être partagé du plus grand nombre, peu habitué à des structures aussi dépouillées. A vous de voir où vous vous situez. Notez d'ailleurs que les 5 titres de l'EP « Angel » figurent sur ce premier album. Au rayon des plus appréciables, on remarque un interlude symphonique (« Shadow The Evil Sins ») et la participation sur « Wish » de la chanteuse Nell Sigland, alors membre de THE CREST, future/ex-chanteuse de THEATRE OF TRAGEDY.

Outre la scène allemande, particulièrement friande du genre (prenez les débuts de OOMPH! et mélangez les avec des influences comme L'AME IMMORTELLE ou BLUTENGEL comme points de repère), les critiques feront bon accueil à GOTHMINISTER, le magazine anglais Metal Hammer les baptisant « The Undead Are Reborn ». La même année (2003) les Norvégiens se produisent dans plusieurs festivals notables tels que le M’Era Luna. Présent sur place, j'ai pu constater la puissance scénique de cette formation. De gros powerchords, quelques palm muting, rythmique « dancefloor » et ambiance soignée ont permis à GOTHMINISTER de conquérir le public, en dépit d'un look plutôt déconcertant à l’époque. Certes on pourra leur reprocher de jouer avec les codes du genre sans nuances ni innovations, mais on ne peut que leur reconnaitre une force de conviction qui a séduit de nombreux adeptes, à l'instar des Suédois de DEATHSTARS.

Entre gothic metal et EBM, ce « Gothic Electronic Anthems » a pris quelques rides, mais cet opus sans prétention reste agréable à l'écoute. Je conseille GOTHMINISTER aux amateurs de la scène allemande.

Devil : http://www.youtube.com/watch?v=g6EgC5vVvOg
March of the dead : http://www.youtube.com/watch?v=vBSWdaese3w


Rédigé par : Strat | 2003 | Nb de lectures : 1714