ON THORNS I LAY - Crystal Tears (Holy) - 21/12/2013 @ 23h32
En 1999 la tendance était à l'épure musicale, au raffinage du propos. A l'image de la mutation inattendue de Nightfall et de l'évolution plus naturelle de Septic Flesh, la colonie grecque d'Holy records reflétait bien son époque. Quant à On Thorns I Lay, le groupe était sur le point de trouver sa voie après des années de navigation hasardeuse. Faisons un bref retour sur leurs états de service. Des débuts doom/death remuants (1992-1994) sous les patronymes de Paralysis puis Phlebotomy. Une période de transition adolescente (1995-1997) avec un 1er album expérimental Sound of Beautiful Experience, suivi d'un magnifique et aquatique Orama, digne du meilleur de Septic Flesh mais handicapé par une production décevante. En dépit des écueils et autres casseroles qu'il se traine, ce 2ème opus a été apprécié et OTIL est désormais attendu au tournant. C'est le moment où jamais pour les Grecs de corriger leurs erreurs et révéler leur potentiel.
Ce Crystal Tears doit être l'album de la maturité.
Entre un parcours inhabituel suscitant de nombreuses interrogations (y compris sur le plan extramusical) et des passionnés humbles et sincères portés sur les discussions à bâtons rompus, les interviews d'On Thorns I Lay à l'époque étaient enrichissantes. Que leur est-il arrivé depuis la sortie d'Orama en novembre 1997? Beaucoup de choses... "Il faut savoir que Chris et moi avons décidé de continuer le groupe en Roumanie parce qu'il était difficile de poursuivre nos études de médecine là-bas, tout en répétant et enregistrant en Grèce. Le seul problème était que le reste du groupe ne pouvait pas nous suivre en Roumanie. Roula, notre ancienne claviériste était la petite amie de Chris et quand ils se sont séparés, elle a décidé de quitter le groupe. Nous sommes toujours très amis avec Fotis et Georgia." Stefanos Kintzoglou (dans le Hard Rock mag n°46 de mai 1999) Avant de changer de style musical, le noyau dur d'OTIL, Stefanos (chant/basse) et Chris (guitares/claviers), a commencé par changer de style de vie en s'installant à l'étranger. Troquer la Méditerrannée pour les montagnes des Carpates, s'adapter à une autre culture et recruter de nouveaux membres... Que de changements.
La partie la plus intéressante de ces interviews reste à mon sens leur rencontre avec la scène roumaine à une époque où aucun fer de lance ne s'était encore imposé. Bien que déjà en activité (Zîrnindu-sa - 1996), Negura Bunget n'avait pas encore émergé des profondeurs de l'underground et tout ce que je connaissais du metal roumain se résumait alors à une poignée de Demos (Abigail, Interitus Dei) et à l'identité du 1er chanteur des black metalleux allemands d'Agathodaimon. Autrement dit, 3 fois rien. "Nous nous sommes mis en relation avec Lenti Chiriac, le manager metal de ce pays. Il a toutes les connections avec les radios, son propre magazine et son émission de télé. C'est hallucinant de voir le pouvoir de cet homme dans ce pays! (...) Il nous a présenté à la scène locale et très vite grâce à notre signature sur Holy records nous avons pu recruter les membres qui nous faisaient défaut." Chris Dragamestianos (dans le catalogue VPC Holy records du Printemps 1999) D'une certaine façon la conception de Crystal Tears m'a donné l'opportunité de m'intéresser au metal roumain. C'est good.
Concernant le line-up. Sur Orama les Grecs avaient un roster en béton et pour être honnête, apprendre que 4 des 6 artisans de la réussite d'Orama n'étaient plus du voyage m'a d'abord contrarié. Adieu donc Fotis Hondroudakis excellent batteur et membre fondateur d'OTIL, la claviériste Roula aux superbes ambiances mythologico-aquatique, la sensualité onirique de la chanteuse Georgia Grammaticos, et les excellents soli du guitariste de Sorrowful Winds Thanazis Hatzaiagapis. Pour palier à ces absences, le duo Stefanos/Chris a absorbé 2 membres du groupe GOD (doom/death basé en Moldavie). Il s'agit du batteur Andrew Olaru et de la violoniste Elena Doroftei. La soeur de cette dernière prénommée Ionna rejoint OTIL au poste de claviériste. A Bucarest (en Valachie) le duo grec repère une jeune chanteuse de 25 ans jouant dans un groupe de jazz (comme Anneke Van Giersbergen), il s'agit de Marcela Buruiana. Cette fois la nouvelle incarnation d'On Thorns I Lay est au complet. On n'a toujours pas abordé la musique qu'on constate déjà un changement important: la disparition des soli de guitare au profit du violon.
Autre point important à aborder la production. Pour le conceptuel Orama, les Grecs avaient abattu un énorme boulot préparatoire afin d'obtenir une identité sonore pour chaque instrument, notamment les claviers et soli de guitares. Travail en partie gâché par l'incompétence du producteur roumain George Gregos tant sur le plan de l'enregistrement que du mixage. Il était hors de question de commettre à nouveau une telle erreur. Cette fois le duo Stefanos/Chris a fait appel à Vlad Gorginski "Notre producteur s'est intéressé de très près à notre album, il nous a donné son savoir et du temps. Très professionnel et rempli d'expérience, il a décrypté ce que nous voulions à l'écoute de Theatre of Tragedy et Anathema. Ce mec est un magicien, avec un équipement moins performant qu'Orama il nous a fait un album 10 fois mieux. Notre production est très 70s, la batterie et les prises sont très naturelles, proches du live. Il n'y a aucune électronique, c'est un album 100% joué, 100% humain." Chris (dans le catalogue Holy). Quant au visuel, il s'agit d'une des 1ères oeuvres réalisées en dehors de Septic Flesh par Spiros Antoniou (plus tard désigné sous le pseudo de Seth Siro Anton). Bien, y a du progrès...
Venons-en aux faits. Que vaut Crystal Tears? Les premiers extraits diffusés sur les samplers le démontrent, il s'agit bien de l'album de la maturité. Si la patte atmosphérique OTIL est toujours reconnaissable, le style a été repensé en profondeur. La structure des morceaux s'est considérablement simplifiée. Sur le plan instrumental, le violon et le piano accaparent l'espace autrefois attribué aux soli de guitare. Quant au chant, Marcela Bruiana prend l'ascendant sur Stefanos. Ce dernier a abandonné ses growls (domaine dans lequel il excellait) pour retourner à cette espèce narration chantonnée qu'il utilisait avant Orama. Une marque de fabrique spécifique certes mais limitée. On devra attendre 2002 pour le voir déléguer le chant clair masculin. "Nous avons changé plusieurs fois de styles car ils ne représentaient pas ce que nous aimions en réalité. On s'est longtemps cherché. Quand nous avons signé sur Holy records nous n'avions que 16/17 ans! (...) Maintenant nous avons trouvé notre voie, il ne reste plus qu'à tracer son sillon. (...) On a voulu faire de vraies chansons, courtes et facilement mémorisables avec le sacro-saint couplet/refrain." Chris (dans le catalogue Holy)
Avouant sans réserve leur admiration pour les ténors du genre dit 'atmosphérique' [selon eux: Anathema, Theatre of Tragedy, Celestial Season, Katatonia, Tiamat...] le duo fondateur d'On Thorns I Lay semble s'être épanoui en Roumanie, délivrant des compositions mélancoliques au pouvoir de séduction certain. Du passé ils ont conservé cette rythmique épaisse, le chant clair ainsi que les interludes atmosphériques [voir Crystal Tears II (Loosing Her) et le dépressif Midnight Falling au goût de trop peu]. La nouveauté réside dans cette simplification des structures. Vu de loin ça semble casse-gueule, simplification rimant souvant avec linéarité. Mais c'est sans compter sur la dynamique mise en place (Crystal Tears a du punch, de même qu'Obsession ou Ophelia) et l'équilibre obtenu entre Chris et les soeurs Doroftei, le tout bien mis en valeur par la production de Vlad Gorginski. Si Chris a choisi de supprimer les soli, il n'en a pas moins ajouté à sa panoplie des parties acoustiques (My Angel, Obsession, Eden), qui s'entremèlent à merveille avec les parties de piano (Feelings par exemple) et un violon omniprésent. Quant à la rythmique formée par Stefanos et Andrew Olaru, elle est cette fois parfaitement en place, ce dernier apportant puissance ou subtilité aux moments opportuns. Le bémol vient du chant, Marcela Buruiana abusant parfois de 'lalala' irritant de mièvrerie (Enigma ou encore All is Silent, relecture d'un morceau du 1er album).
En conclusion pari réussi pour ce 3ème album d'On Thorns I Lay qui corrige de nombreux écueils et bénéficie en outre d'un boulot promotionnel optimal d'Holy records. C'est du bel ouvrage de la part des Greco-Roumains, impeccable sur le plan technique. Beaucoup considèrent Crystal Tears comme leur meilleur album. Je lui préfère l'audace et l'originalité d'Orama, mais il s'agit encore une fois d'une référence issue de la fertile association entre le metal grec et Holy records.
Chronique intéressante... :) Bien que je connaisse un peu ce groupe (j'avais déjà entendu l'extrais en fin de chronique), je ne me suis encore jamais vraiment penché sur ce groupe... Donc, direction YouTube pour plus de son(g) !
vincesnake Membre enregistré
Posté le: 22/12/2013 à 17h38 - (30346)
Moi qui ait découvert et adoré ce groupe avec Orama, j'ai toujours été frustré par son évolution. Entre les changements de line up incessants (ils n'avaient pas forcement le choix)et les changements de style à chaque album (le suivant c'est encore autre chose...)il était difficile de ne pas penser qu'ils se cherchaient. La suite a prouvée qu'ils n'ont jamais réussi à trouver leur voie en dépit de qualités évidentes.
Pour moi, c'est un beau gâchis car ils avaient vraiment quelque chose à eux, un truc en plus.
mydrin Membre enregistré
Posté le: 22/12/2013 à 17h54 - (30348)
la même chose pour moi je n'apprécie que "Orama"
grozeil Membre enregistré
Posté le: 23/12/2013 à 01h06 - (30355)
Réécouté aujourd'hui, je ne sais plus trop quoi en penser... Certains titres font carrément la blague, d'autres sont d'une mièvrerie sans pareille. Définitivement, je reste sur le tout premier album, sacrément original.
Strat Membre enregistré
Posté le: 23/12/2013 à 08h32 - (30357)
Encore sous les charmes et sous les flots d'"Oroma" je dois dire que la première écoute de "Crystal Tears" m'as paru amère au premier coup.
Je ne saurais dire pourquoi mais passer la première écoute, plutôt dérangeante et difficile, la conclusion fût sans appel : j'étais comblé.
Réellement touché par la voie sensuelle de Marcela Buruiana et les lead émouvant de violon, cet album m'as fais quelque peu décroché de la vague black sur laquelle j'étais ancrée.
Comme l'as résumé Forlorn, à écrire, chaque titre peu paraitre casse gueule, mais il n'en est rien, l'ensemble est homogène et respire la maturité.
Chaque titre à sa proche structure, sa propre âme, chaque titre exprime une émotion, un sentiment différent, voguant entre la mélancolie et la tristesse, ou une envie de chaleur, voir de douceur.
Certes la transition entre "Oroma" et cet album fût rude, l'un étant comme l'autre l'autre facette d'un diamant, mais chacun se complétant au final.
Cependant la production fébrile sur la batterie peu laisser à déplorer, mais selon moi, c'est bien le seul défaut de cet album.
Ni trop long ni trop court, chaque titre sait me faire rebondir et ne m'ennuie en aucun point. Chaque titre est agrée d'un lead ou d'un mid break qui m'attire, qui m’esquisse d'un sourire, même 14 années plus tard. Mon cœur s'étonne également à pencher entre une ouverture au piano ou un murmure de Marcela Buruiana, quelle surprise !
Il est évident que je ne saurais résumé, en quelques lignes, toutes les qualités de cet album, je ne saurais le lui rendre hommage, c'est pourquoi je ne saurais que fortement conseillé cet album à toute personne voulant s’offrir une expérience cristallinienne, aérienne et chaleureuse.
Cette année là, 1999, annonçait également un changement de style de taille, pour le groupe renommé qu'était DARK TRANQUILITY, avec leur étrange "Projector", dont il me fallu bien plus d'années à digérer, mais qui exprimait également un besoin de changement. Ces deux albums réunis en 1999 ont fortement changés ma vision de la musique dite "métal" et je pense que On Thorns I Lay est peut être passé dans la pénombre avec un album trop risqué pour l'époque, peut être avec une cassure trop similaire que celle annoncée et réalisée par DARK TRANQUILITY.
Oui ,nos grecques ont également pris des risques et le paris fût plus que risqué, mais pour moi c'est un sans faute.
Je remercie encore Holy Records de m'avoir fais découvrir cette formation avec en premier lieu la couverture de "Orama" puis de "Crystal Tears". Ces gars là ont su croire en des groupes quasi underground et nous les apporter en France.
Laissez vous donc tenter par cette expérience, laissez vous guider par la sublime voix de Marcela Buruiana, par ces leads de violon et ces powerchords crasseux, le voyage sera impérissable.
Un chef d’œuvre, tout simplement.
PS : je recherche désespérément d'autres albums de la même trempe, la suite d'OTIL fût trop fragile et ne m'as pas réellement convaincu.
Si une bonne oreille saurait me conseiller je bien évidemment preneur !
@Forlorn : aurais-tu des estimations concernant les ventes de ce chef d’œuvre ?
Merci pour ta kro !
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Ce Crystal Tears doit être l'album de la maturité.
Entre un parcours inhabituel suscitant de nombreuses interrogations (y compris sur le plan extramusical) et des passionnés humbles et sincères portés sur les discussions à bâtons rompus, les interviews d'On Thorns I Lay à l'époque étaient enrichissantes. Que leur est-il arrivé depuis la sortie d'Orama en novembre 1997? Beaucoup de choses... "Il faut savoir que Chris et moi avons décidé de continuer le groupe en Roumanie parce qu'il était difficile de poursuivre nos études de médecine là-bas, tout en répétant et enregistrant en Grèce. Le seul problème était que le reste du groupe ne pouvait pas nous suivre en Roumanie. Roula, notre ancienne claviériste était la petite amie de Chris et quand ils se sont séparés, elle a décidé de quitter le groupe. Nous sommes toujours très amis avec Fotis et Georgia." Stefanos Kintzoglou (dans le Hard Rock mag n°46 de mai 1999) Avant de changer de style musical, le noyau dur d'OTIL, Stefanos (chant/basse) et Chris (guitares/claviers), a commencé par changer de style de vie en s'installant à l'étranger. Troquer la Méditerrannée pour les montagnes des Carpates, s'adapter à une autre culture et recruter de nouveaux membres... Que de changements.
La partie la plus intéressante de ces interviews reste à mon sens leur rencontre avec la scène roumaine à une époque où aucun fer de lance ne s'était encore imposé. Bien que déjà en activité (Zîrnindu-sa - 1996), Negura Bunget n'avait pas encore émergé des profondeurs de l'underground et tout ce que je connaissais du metal roumain se résumait alors à une poignée de Demos (Abigail, Interitus Dei) et à l'identité du 1er chanteur des black metalleux allemands d'Agathodaimon. Autrement dit, 3 fois rien. "Nous nous sommes mis en relation avec Lenti Chiriac, le manager metal de ce pays. Il a toutes les connections avec les radios, son propre magazine et son émission de télé. C'est hallucinant de voir le pouvoir de cet homme dans ce pays! (...) Il nous a présenté à la scène locale et très vite grâce à notre signature sur Holy records nous avons pu recruter les membres qui nous faisaient défaut." Chris Dragamestianos (dans le catalogue VPC Holy records du Printemps 1999) D'une certaine façon la conception de Crystal Tears m'a donné l'opportunité de m'intéresser au metal roumain. C'est good.
Concernant le line-up. Sur Orama les Grecs avaient un roster en béton et pour être honnête, apprendre que 4 des 6 artisans de la réussite d'Orama n'étaient plus du voyage m'a d'abord contrarié. Adieu donc Fotis Hondroudakis excellent batteur et membre fondateur d'OTIL, la claviériste Roula aux superbes ambiances mythologico-aquatique, la sensualité onirique de la chanteuse Georgia Grammaticos, et les excellents soli du guitariste de Sorrowful Winds Thanazis Hatzaiagapis. Pour palier à ces absences, le duo Stefanos/Chris a absorbé 2 membres du groupe GOD (doom/death basé en Moldavie). Il s'agit du batteur Andrew Olaru et de la violoniste Elena Doroftei. La soeur de cette dernière prénommée Ionna rejoint OTIL au poste de claviériste. A Bucarest (en Valachie) le duo grec repère une jeune chanteuse de 25 ans jouant dans un groupe de jazz (comme Anneke Van Giersbergen), il s'agit de Marcela Buruiana. Cette fois la nouvelle incarnation d'On Thorns I Lay est au complet. On n'a toujours pas abordé la musique qu'on constate déjà un changement important: la disparition des soli de guitare au profit du violon.
Autre point important à aborder la production. Pour le conceptuel Orama, les Grecs avaient abattu un énorme boulot préparatoire afin d'obtenir une identité sonore pour chaque instrument, notamment les claviers et soli de guitares. Travail en partie gâché par l'incompétence du producteur roumain George Gregos tant sur le plan de l'enregistrement que du mixage. Il était hors de question de commettre à nouveau une telle erreur. Cette fois le duo Stefanos/Chris a fait appel à Vlad Gorginski "Notre producteur s'est intéressé de très près à notre album, il nous a donné son savoir et du temps. Très professionnel et rempli d'expérience, il a décrypté ce que nous voulions à l'écoute de Theatre of Tragedy et Anathema. Ce mec est un magicien, avec un équipement moins performant qu'Orama il nous a fait un album 10 fois mieux. Notre production est très 70s, la batterie et les prises sont très naturelles, proches du live. Il n'y a aucune électronique, c'est un album 100% joué, 100% humain." Chris (dans le catalogue Holy). Quant au visuel, il s'agit d'une des 1ères oeuvres réalisées en dehors de Septic Flesh par Spiros Antoniou (plus tard désigné sous le pseudo de Seth Siro Anton). Bien, y a du progrès...
Venons-en aux faits. Que vaut Crystal Tears? Les premiers extraits diffusés sur les samplers le démontrent, il s'agit bien de l'album de la maturité. Si la patte atmosphérique OTIL est toujours reconnaissable, le style a été repensé en profondeur. La structure des morceaux s'est considérablement simplifiée. Sur le plan instrumental, le violon et le piano accaparent l'espace autrefois attribué aux soli de guitare. Quant au chant, Marcela Bruiana prend l'ascendant sur Stefanos. Ce dernier a abandonné ses growls (domaine dans lequel il excellait) pour retourner à cette espèce narration chantonnée qu'il utilisait avant Orama. Une marque de fabrique spécifique certes mais limitée. On devra attendre 2002 pour le voir déléguer le chant clair masculin. "Nous avons changé plusieurs fois de styles car ils ne représentaient pas ce que nous aimions en réalité. On s'est longtemps cherché. Quand nous avons signé sur Holy records nous n'avions que 16/17 ans! (...) Maintenant nous avons trouvé notre voie, il ne reste plus qu'à tracer son sillon. (...) On a voulu faire de vraies chansons, courtes et facilement mémorisables avec le sacro-saint couplet/refrain." Chris (dans le catalogue Holy)
Avouant sans réserve leur admiration pour les ténors du genre dit 'atmosphérique' [selon eux: Anathema, Theatre of Tragedy, Celestial Season, Katatonia, Tiamat...] le duo fondateur d'On Thorns I Lay semble s'être épanoui en Roumanie, délivrant des compositions mélancoliques au pouvoir de séduction certain. Du passé ils ont conservé cette rythmique épaisse, le chant clair ainsi que les interludes atmosphériques [voir Crystal Tears II (Loosing Her) et le dépressif Midnight Falling au goût de trop peu]. La nouveauté réside dans cette simplification des structures. Vu de loin ça semble casse-gueule, simplification rimant souvant avec linéarité. Mais c'est sans compter sur la dynamique mise en place (Crystal Tears a du punch, de même qu'Obsession ou Ophelia) et l'équilibre obtenu entre Chris et les soeurs Doroftei, le tout bien mis en valeur par la production de Vlad Gorginski. Si Chris a choisi de supprimer les soli, il n'en a pas moins ajouté à sa panoplie des parties acoustiques (My Angel, Obsession, Eden), qui s'entremèlent à merveille avec les parties de piano (Feelings par exemple) et un violon omniprésent. Quant à la rythmique formée par Stefanos et Andrew Olaru, elle est cette fois parfaitement en place, ce dernier apportant puissance ou subtilité aux moments opportuns. Le bémol vient du chant, Marcela Buruiana abusant parfois de 'lalala' irritant de mièvrerie (Enigma ou encore All is Silent, relecture d'un morceau du 1er album).
En conclusion pari réussi pour ce 3ème album d'On Thorns I Lay qui corrige de nombreux écueils et bénéficie en outre d'un boulot promotionnel optimal d'Holy records. C'est du bel ouvrage de la part des Greco-Roumains, impeccable sur le plan technique. Beaucoup considèrent Crystal Tears comme leur meilleur album. Je lui préfère l'audace et l'originalité d'Orama, mais il s'agit encore une fois d'une référence issue de la fertile association entre le metal grec et Holy records.
Crystal Tears, le morceau: https://www.youtube.com/watch?v=F6QovG5h4JA
Rédigé par : forlorn | 1999 | Nb de lectures : 1693