Qui se souvient encore de WALLACHIA hausse la voix ! Bon évidemment y a pas grand monde... Et pour cause, ce groupe n’ayant jamais pu s’imposer en dépit de ses qualités. Originaire de Steinkjer en Norvège, WALLACHIA est fondé en 1992 par un duo composé de Lars Stavdal (guitares, basse et vocaux) et Esytein Bargeg (guitares, claviers et BAR). Ces 2 multi-instrumentistes vont s'attacher à développer leur propre vision du black metal symphonique, style dont j'ai toujours été friand. Wallachia (Valachie en français) était une principauté médiévale autonome. Son alliance avec la Moldavie au milieu du XIXème siècle débouche sur la création de la Roumanie (qui s'agrandit avec l'incorporation de la Transylvanie en 1918). Voila pour le quart d'heure culturel.

En 1997, la cultissime compilation « Encyclopedia Pestilentia », m'a permis de découvrir bon nombre de groupes, dont Wallachia avec le morceau « Arges – Riul Doamnei ». Maintenant un peu d'histoire. En novembre 1995, les Norvégiens enregistrent leur 1ère Demo en un temps records (3 jours au Mistral Lydstudio). Distribuée à 700 copies à partir de mars 1996, leur Demo trouve un échos positif en France, chez une structure basée dans la Drôme, Impure Creations Records (Blut Aus Nord, Mundanus Imperium) qui se renomme l'année suivante Velvet Music International (les side-projects de Vindsval, le 1er Yyrkoon ou encore Helgrindr). L'une des premières sorties estampillées V.M.I. a donc été la réédition de cette Demo au format CD.

Mon 1er contact avec le visuel a été plutôt austère, à l'instar de la plupart des productions underground de l'époque. Il s'agit d'une photo de Vamosi Tamas dévoilant une tour du célèbre château de Bran, associé à tort au non moins fameux Vlad III l'Empaleur (principale source d'inspiration de l'écrivain Bram Stocker pour la création du mythique personnage de Dracula). Cet EP éponyme comprend 4 longs titres frôlant les 30 minutes de musique. Lars Stavdal en est le principal compositeur, assisté par Grim Lindberg auteur des paroles de « Knus Den Hellige Ånd ». L'entame acoustique de « Fullmane Over Fagaras », où une guitare folk accompagnée d’un synthé laisse planer, note après note, une certaine ambiance de quiétude, assez éloignée des canons du black metal symphonique.

Mais cette tranquillité sera de courte durée car une rythmique lugubre prend le relais, épaulé par le synthé apportant une touche solennelle à l'ensemble. La cerise sur le gâteau vient des vocaux très caractéristiques de Lars Stadval. Quelque peu comparable à celle de Stefanos Kintzoglou sur le « Orama » d'ON THORNS I LAY ou Nick Holmes aux débuts de PARADISE LOST, cette voix grave est très largement trafiquée et mixée en avant, aura fait beaucoup parler... et marrer. On découvre peu à peu l’univers immersif de WALLACHIA, cette alternance de passages acoustiques et de riffs épais, encadré par les claviers et la BAR, le tout surplombé de ces vocaux si « particuliers ». Certes la composition est standard [ouverture en arpège acoustique ou par gros riff, ponts bien souvent acoustiques, enrobage atmosphérique], mais les Norvégiens parviennent à tirer leur épingle du jeu en développant leur personnalité.

Chaque composition se distingue de ses voisines grâce à des ajustements d’ambiance, comme l'instrumental « Arges riul doammei », débutant par une longue d’une nappe de synthé cosmico-monastique préparant le terrain à un final des plus folk avec guitares acoustiques et des claviers utilisant des sons de flutes. WALLACHIA semble dès ses débuts avoir trouvé un point d'équilibre entre violence et quiétude, prouvant qu’il n’est pas un groupe de black metal sans identité noyé dans la masse. Évidemment, tout n'est pas parfait, car malgré son potentiel, la formation se perd en tergiversations. Certains breaks peuvent paraitre trop longs, la production est assez rustique, quant à la BAR, si son usage était déjà assez courant à l’époque (voir TARTAROS ou GLOOMY GRIM) certains irréductibles y resteront allergiques. Mais le comble reste évidemment ces vocaux exagérés et surproduits, gimmick insupportablement parodique pour les uns, simple marque de fabrique pour d'autres, choisissez votre camp.

2 ans plus tard (en 1999), WALLACHIA sort son 1er album, From Behind the Light, comprenant 4 nouveaux titres ainsi que les 4 morceaux de l'EP retravaillés. En 2005 Dark Horizon Records a réédité From Behind the Light en y ajoutant le contenu de l'EP, permettant à ses acquéreurs de comparer l'évolution des morceaux concernés [Fullmåne Over Fagaras, Skjold Mot Guds Lys, Arges - Riul Doamnei, Knus Den Hellige Ånd]. Amateur de vieilles productions black atypique, WALLACHIA saura peut-être vous convaincre, 16 ans après sa sortie.

Wallachia - Fullmåne Over Fagaras: http://www.youtube.com/watch?v=oHmMSwjZ4Co


Rédigé par : Strat | 1997 | Nb de lectures : 1805