MORDRED - In This Life (Noise) - 17/08/2013 @ 20h24
Des cartons entiers. Des boites à chaussures surtout. Blindé(e)s de K7 originales et copiées. Albums, Demos, Compils faites maison... Ouais j'ai tout gardé, pas vous? Evoquer Mordred me renvoie invariablement à la belle époque du tape-trading et des chaines portables double-lecteurs. Au bahut un pote m'avait passé une K7 sur laquelle figuraient Testament, Van Halen, Wolfsbane et d'autres trucs. Avec le morceau Falling Away, ce groupe californien m'a fait forte impression... Mais avant d'aller plus loin, je me permets une digression. Mordred (Medrawt en Gallois) est un personnage issu des légendes arthuriennes. Fils incestueux du roi Arthur et de sa demi-soeur Morgause, sa naissance a été prédit par Merlin. Après qu'on se soit débarrassé de lui, il fut élevé par un brave homme avant de finalement devenir chevalier. Sa beauté et son air ténébreux firent des ravages parmi les dames de la cour. De caractère fourbe et sournois, il était détesté des autres chevaliers. Après moult traitrises, un combat entre Arthur et lui n'eut pas de vainqueur... Intéressant mais pourtant sans rapport avec les Américains, leurs textes étant ancrés dans le présent. Sur ce, fin de la parenthèse.

On reste quand même dans les anecdotes avec une source d'infos rarement mise à l'honneur: les fiches Hard n' Heavy. Pour les plus jeunes, une sorte d'ancêtre papier de wikipedia. Réalisées pendant les premières années de parution du mag, elles m'ont été bien utiles (et continuent de l'être). C'est Dominique Dujean qui s'est chargé de celle de Mordred. Ce pur produit de la Bay Area a débuté en 1984, année de formation de Heathen et Sadus. Issu de San Francisco même, ce quintet connait un début de parcours classique avec alternance de Demos, de petits concerts et de changements de zicos. En 1988 le line-up de Mordred se stabilise et les Allemands de Noise records remarquent enfin le groupe. Fool's Game sort l'année suivante. Ce 1er album se distingue grâce à son super visuel signé Andreas Marschall, ainsi que son caractère aventureux et pionnier. En effet le style Mordred consiste à intégrer des influences funk et hip-hop à son thrash. Bonne prod, maîtrise instrumentale, chant nasillard typique de l'époque (voir Mike Patton sur The Real Thing paru la même année), beaucoup de choeurs, sans oublier l'apport d'un DJ, Aaron 'Pause' Vaughn (ex-MCM and the Monster) et la reprise d'un tube de Rick James: Super Freak. Mordred a des arguments à faire valoir et l'Europe va répondre présent.

L'année 1990 est déterminante pour le gang de Frisco. Niveau line-up, le guitariste originel Jim Taffer cède sa place à James Sanguinetti (ex-Heathen) et Aaron 'Pause' Vaughn devient leur 6ème membre permanent. Noise case son poulain sur plusieurs festivals européens dont le fameux Dynamo Open Air. Mordred partage ainsi la scène avec, excusez du peu, Death Angel, Sacred Reich, Sepultura, Trouble et Vicious Rumors. Les Californiens sont donc sur la pente ascendante et leur 2ème opus attendu au tournant. In This Life parait en 1991. Le concept visuel, plus moderne (et plus moche) est cette fois l'oeuvre du batteur Gannon Hall. Véritable référence de la Bay Area, Michael Rosen (Death Angel, Forbidden, Sadus, Testament) devient leur producteur attitré. Il est ici assisté par un futur grand: Vincent Vojno (Burn my Eyes, Cause for Conflict, The Gathering...). Les crédits nous apprennent que le processus de composition est démocratique chez Mordred. L'ensemble du groupe signe la musique, Gannon Hall et le guitariste Danny White écrivant la majorité des textes. Ceci étant dit, voyons ce que l'experifunkymetal d'In This Life a dans le ventre. Car oui c'est ainsi que le sextet définit son crossover désormais.


On le sentait venir, tout nous y préparait, le groupe a poursuivi son évolution et de thrash il n'est plus tout à fait question. Mordred joue à l'apprenti sorcier en mélangeant les ingrédients à sa guise. In This Life est donc nettement plus varié que son prédécesseur. Entre le single Esse Quam Videri que les Beastie Boys ont surement apprécié et un Process qui n'aurait pas dépareillé sur un album d'Anthrax (avec un supplément technique, écoutez les changements de rythmes), il y a tout un monde! Les zicos maîtrisent bien leur sujet, à l'exception de Scott Holderby. Si j'apprécie les refrains de Falling Away ou Killing Time, ses expérimentations tombent parfois à plat, comme son flow aussi mollasson que monocorde sur le morceau-titre. Son cabotinage pattonien sur Downtown passe déjà mieux, même si on est à des années lumières de l'original à tous points de vue. Les crédits ne le précisent pas, mais je doute qu'il soit l'auteur du rap ultra speed sur le déjà cité Esse Quam Videri (ce que corrobore le clip). Plus couillus que sur Fool's Game, les choeurs sonnent clairement HxC (Larger Than Life).
Voyez si vous encaissez le chant, c'est la difficulté pour apprécier cet album à sa juste valeur.

Débarrassés de ce bémol, on peut passer aux réjouissances. J'en parle en premier, l'atout majeur de Danny White et James Sanguinetti, c'est la qualité de leurs soli. Ces gratteux font des merveilles et se tirent la bourre sur tout l'album. Le single Falling Away le prouve (voir vidéo), ils soutiennent sans problème la comparaison avec leurs illustres collègues de la Bay Area. Pour le reste ils démontrent leur polyvalence, passant du funk au thrash, ou plutôt à la fusion des 2 genres. Pas de demi-mesures, ils y vont franco à chaque fois. Curieusement nommé A Beginning, l'instrumental de milieu d'album est sympathique avec ses guitares acoustiques, mais bien trop court. La section rythmique n'est pas en reste loin de là. Dernier membre du Mordred originel, le bassiste Arthur Liboon n'a rien à envier à Robert Trujillo & cie. Ecoutez son solo en entame de The Strain ou sa performance sur la dernière partie de Window, vous verrez si je délire. Omniprésent, il est tout simplement indispensable. Sans être aussi démonstratif, le batteur Gannon Hall ne compte pas pour des nèfles. Il propose un jeu intéressant et subtil, voir l'intro de High Potency, le break aux cymbales sur Esse Quam Videri ou l'agressif Process. Quant à Aaron 'Pause' Vaughn, il apporte l'enrobage nécessaire au développement du style Mordred. La démarche est encore timide, mais le potentiel est là. En résumé, tout n'est pas parfait, mais ça n'empêche pas In This Life d'être un bon album.

La suite de l'histoire? Apprécié des critiques et du public européen, Mordred sort 2 singles et se fend d'une tournée européenne de 45 dates (France comprise) s'achevant par un second passage au Dynamo au printemps 1992 (avec Paradise Lost, Pestilence, Prong, Rolling Band et Skyclad à l'affiche). Noise records en profite pour battre le fer pendant qu'il est chaud et édite une VHS longue durée de leurs performances scéniques. De retour au pays mais épuisé par cette tournée, Scott Holderby est brièvement interné. Cet épisode va servir de base à l'écriture du single West County Hospital à paraître sur Vision, le nouvel EP du groupe et dernier enregistrement avec lui... Ce n'est pas encore la fin de Mordred (voir le 3ème album The Next Room paru en 1994 avec un autre chanteur), mais faute de contrat digne de ce nom aux States, ces précurseurs du funk metal n'auront jamais l'opportunité de faire valoir leurs qualités à domicile, écrabouillés par la concurrence des Faith No More, Red Hot Chili Peppers et autre Infectious Grooves. Pourtant si vous aimez Anthrax, Death Angel (période Act III) et les groupes précités, vous êtes susceptibles d'apprécier Mordred. Les vidéos vous convaincront peut-être. Réponse dans les commentaires?

Take me away from here
Falling away
Falling away from the fear
It seems too near it feels too real
Have to find out why
And cut this cancer from my life





Rédigé par : forlorn | 1991 | Nb de lectures : 2068


Auteur
Commentaire
AnusFraicheur
Membre enregistré
Posté le: 17/08/2013 à 23h15 - (29724)
Les morceaux que j'avais écouté me faisaient penser à une sorte de Suicidal Tendencies du pauvre, et je trouvais le chant assez horripilant... Mon avis n'a pas changé aujourd'hui.

MADTRASH
Membre enregistré
Posté le: 18/08/2013 à 03h32 - (29729)
Un groupe original pour son époque .Découvert grâce à la compile Thrash and speed et le morceau Falling away .
j'ai beaucoup aimé les 3 albums , ainsi que le EP , In this life ayant ma préférence .


Dittohead
IP:90.32.158.239
Invité
Posté le: 18/08/2013 à 08h02 - (29730)
Le chant insupportable. J'avais pris le premier album et franchement c'était médiocre. Un mélange indigeste pour moi.

//
IP:78.230.80.17
Invité
Posté le: 18/08/2013 à 10h09 - (29731)
album énorme ! groupe sous estimé . du très bon

TarGhost
Membre enregistré
Posté le: 18/08/2013 à 18h57 - (29732)
Fantastique album d'un groupe méconnu...

Pas grand chose à ajouter, je me retrouve à 100% dans ta kro forlorn.

Perso, je comparerai bien le chant avec celui de Mike Patton sur certains morceaux de "The real thing", ce n'est d'ailleurs pas le seul parallèle que je ferai entre les 2 groupes car le style pratiqué comporte de nombreuses similitudes.

Itou, découvert par le biais de la compil kvlt "Thrash and speed"...

Tiens et si une bonne âme passe par là et souhaite se défausser de cette merveille en cs, je suis preneur !



mydrin
Membre enregistré
Posté le: 18/08/2013 à 20h35 - (29735)
Merci pour la chronique j'écoutais cette K7 en boucle :-)



Burn
IP:82.66.214.120
Invité
Posté le: 18/08/2013 à 21h33 - (29736)
Excellent album, excellent groupe, le chant passe très bien je trouve...

Krif Krof
Membre enregistré
Posté le: 21/08/2013 à 22h32 - (29739)
Album bien sympa que je possède en Vinyl.

Le morceau "Falling Away" est vraiment excellent.

souvenirs, souvenirs....



EvilDevil
IP:70.52.206.125
Invité
Posté le: 24/08/2013 à 01h05 - (29743)
mon dieu! j`avais oublié combien cet album était à chier!! À l`époque,j`avais adoré le 1er album du groupe (que je possède toujours en cd, d`ailleurs) et à l`achat(internet n`existait malheureusement pas et on ne pouvait pas écouter avant d`acheter) de ce "in this life", je m`étais senti presque trahi par l`insignifiance de cet album!!! J`ai cessé de suivre le groupe par la suite...! Encore avec le recule, c`est très mauvais et ils font réellement pitié aux côtés d`un Faith no More!!

hammerbattalion
Membre enregistré
Posté le: 20/05/2014 à 08h21 - (30937)
J'ai encore appris des trucs forlorn :). En ce moment (merci amazon et compagnie), je m'empresse d'acheter tous les albums que j'avais zappés à cette période, par manque de moyens ou faute d'une distribution défaillante.

J'avais adoré Esse Quam Videri (vu sur M6) et je voulais absolument l'album...que je n'ai pas trouvé. Puis un pote me l'a fait écouter, et là c'était sans regret. Comme tu le fais remarquer, le chant nasillard fait effet d'un Mike Patton du pauvre, et je n'aime pas le son non plus, pourtant c'est Wojno. Dommage! Je suis revenu sur plein de groupes qui ne me plaisaient pas à l'époque (dont Heathen tiens), mais là non.





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