DEFTONES est un de ces groupes qui, pour l'instant, n'a sorti aucun mauvais album. Et comme souvent, pour chaque discographie de légende, il y a toujours un premier album de ouf.
"Adrenaline", si il est plutôt rugueux dans sa production et dans son approche, possède un charme indéniable grâce à la qualité des chansons qu'il comporte, mais aussi grâce à la variété des ambiances qu'il propose.
Il est à mon avis, une erreur de ne considérer ce premier album uniquement a travers les "hits" qui squattent depuis cette époque les setlist du groupe.
Beaucoup d'autres chansons et de multiples passages offrent des moments variés et montrent déjà un groupe aventureux, inspirés et avec bien plus de personnalité que sa timide technique ne laisse le supposer. Car oui, DEFTONES joue de manière plutôt simple, mais agrémente toutes ses chansons de ce petit supplément d’âme qui fait toute la différence. Et après toutes ses années, je trouve que l'album tient toujours la route.

DEFTONES est bien sur considéré par de nombreuses personnes comme les parrains (avec Korn) du mouvement Néo. J'avoue bien volontiers qu'en ce qui me concerne lorsque je pense Néo, c'est pas forcément le nom de DEFTONES qui me vient en premier. Le groupe a en effet toujours eu son style, et a dès ce "Adrenaline" suivit sa voie en proposant même à certains moments des albums assez décalés par rapport aux "attentes" de leur public.
Ils ont certes su profiter de la vague de succès qu'a connu le Néo et de la publicité qu'on pu leur faire KORN sur leur deuxième album avec le morceau "Chi" ou avec le featuring de Chino sur la reprise "Wicked" ...mais ils ont aussi eu le nez de ne pas rester figés pour proposer très vite des chemins alternatifs à leur musique.
On trouve déjà sur ce premier opus diverses (et légères) traces de toute la musique qu'ils aiment, du gros metal à la New Wave et du Hip Hop aux expérimentations plus noisy et mélancoliques. Un coup de maitre en somme.
Ils ont développé au fur et à mesure des albums une véritable progression musicale qui fait qu'ils n'étaient jamais vraiment où on les attendait.


Dés "Bored", le groupe pose les bases de sa personnalité. Des riffs lourds, une batterie efficace et très rythmée, une basse très présente et un chant très particulier apportant une dimension à la fois puissante et vulnérable qui interpelle immédiatement.
Impeccablement interprété, ce titre marque pour de nombreux fans, les débuts de l'aventure qu'ils vivront avec DEFTONES, un univers où les coups et les caresses se mélangent au point de se confondre.
L'écoute des 10 titres révèle chez le groupe une capacité à pouvoir jouer sur plusieurs terrains avec la même crédibilité.
Que cela soit lorsque Chino rappe dans "7 words" (le bougre à d'ailleurs un sacré bon flow) ou lorsque Stephen défouraille sur "Engine N°9", tout fonctionne à merveille.
Le six-cordiste propose d'ailleurs une première approche de ce que deviendra son jeu par la suite. Encore assez rêche dans ses interventions (même si on note quelques arpèges raffinés et quelques notes dissonantes) Stephen est suffisamment créatif pour montrer qu'il possède peut être un petit peu plus de personnalité que le guitariste metalleux "de base". Par la suite, il ne cessera d'explorer son champ d'expression, en alternant les nappes sonores puis les coups de poings.
Chi peut dés lors imposer sa patte très efficace et Abe son groove imparable, tout est assuré de passer sans accro. J'en profite d'ailleurs pour relever l’excellent travail du batteur, cogneur à la frappe énorme mais musicien aimant les accents raffinés et la subtilité des "ghost notes".
Semblant au prime abord uniquement focalisé sur l'efficacité, il est le cœur de DEFTONES et sa personnalité mélangeant force et subtilité ne tarderont pas à donner ses lettres de noblesses au groupe.
Et puis il y a Chino bien sur, avec ce timbre unique et ce style mélangeant avec grâce force, rythme et volupté. Tout dreadloké qu'il était à l'époque, le chanteur avait sur scène une énergie tout simplement pharaonique et alimentait déjà son charisme d'une bonne dose de folie à la limite de l’incontrôlable (en effet, à force de mettre la zone sur les différentes scène qu'il foulait, le tour manager à trouvé intéressant de détacher un roadie afin qu'il surveille Chino sur scène).
La France ne s'y trompera d'ailleurs pas car dés les premières dates du groupe à Paris (avec Far en première partie, mais je me rappelle plus la salle...Divan du monde?) un lien fort se tisse entre le groupe et le public.
Fort, ce lien résistera même à la "branchitude" d'un certain public élitiste qui portera le groupe aux nues dés le deuxième album (et qui lui fera bourrer des zéniths) mais qui le lâchera pour partir vers d'autres groupes toujours plus en vogue. Qu'importe d'ailleurs, j'imagine qu'on se porte toujours mieux sans une méchante bande de hipsters collée à nos basques et que si ces tristes sires ne sont plus dans la place, personne ne s'en plaindra. Leur venin n'aura pas atteint les DEFTONES et c'est tant mieux.
Bref, "Adrénaline" album magique, DEFTONES groupe unique. Indispensable.




Rédigé par : Pamalach | 1995 | Nb de lectures : 2231