A l'aube de la sortie de ce "Toxicity", tout le monde sentait bien que SYSTEM OF A DOWN était aux portes du succès mondial.
La qualité du premier album, un nombre sans cesse croissant de fans et la confiance de label American Records (du père Rick Rubin qui décidément a le nez creux) étaient autant de facteurs pouvant motiver le groupe à faire mieux que sur le premier album....où leur foutre une pression monumentale leur faisant rater le coche.
Lors du "pré lancement" de l'album aux États Unis, le groupe voulait présenter son nouvel album en live, lors d'un concert gratuit. Annulé pour des raisons de sécurité en raison du trop grand nombre de personnes présentes, la fête a dégénéré et une émeute a éclaté.
Regrettable, cet événement montrait néanmoins que le groupe s’apprêtait à rejoindre les "grands", et que l'arrivée d'un nouveau "champion" était imminente. L'heure de "System" était venue.

Dés lors qu'on avait ce "Toxicity" entre les mains, on voyait bien que le groupe n'avait rien laissé au hasard. Une pochette simple mais percutante, des morceaux variés, redoutables et équilibrés, une production puissante et propre et trois titres qui se détachaient instantanément du lot et s'imposaient comme des futurs hits.
Assez intelligemment, le groupe a laissé le coté "crade" du premier album au placard pour proposer des chansons aux structures et aux schémas toujours agressifs mais au son plus accessible.
On trouve en effet des rythmes à la limite du Blast Beat, quelques growls, des riffs "à l'ancienne", et une violence sous-jacente qui ne s'efface jamais vraiment. Mais à ces vibes typiquement métalliques se mélangent les harmonies vocales incroyables de Serj et Daron, des mélodies envoutantes, des arpèges raffinés et un sens de la composition de très haut niveau.
Tout ce délicat équilibre propulsera le groupe dans les étoiles et les fera entrer dans le cercle très fermé des "gros" groupes de metal 2.0."Toxicity" a donc réussi à réunir un certain public amateur de rock mainstream avec des fans de metal pur jus (les fans de la première heure ne gouteront pas tous ce virage plus consensuel).

Si dés le départ, on remarque que le son à changé par rapport au premier opus, il y a comme un sentiment de claustrophobie qui émane des cinq premiers titres de l’album.
Nerveux et à la limite de la précipitation, les tempos sont soutenus, les riffs sont lourds et hachés et les chansons semblent toutes avoir le feu au cul. Il faut attendre "Chop Suey !" pour que SOAD calme le jeu... et amène de la plus belle des façon un de ses morceaux les plus emblématique.
Magique dés son introduction à la guitare sèche, "Chop Suey !" bastonne autant qu'elle propose une mélodie incroyable. Malgré sa faible durée, la chanson rentre immédiatement dans le crane grâce notamment à son final absolument magique, ses paroles révoltées et bien sur, son clip bien pensé qui fera le bonheur des fans du groupe.
En parlant de paroles, il faut préciser que cet album est sorti le 4 septembre 2001 soit bien entendu quelques jours avant les attentats de New York.
Les musiciens ne pouvaient évidement pas savoir que le caractère politiquement contestataire de plusieurs de leurs chansons se retrouveraient prise dans un environnement aussi tendu. Assez mal perçues par plusieurs "patriotes", ces derniers les accuseront d’à peu prés tout les maux des États Unis. Relation de cause à effet ou pas, le bassiste Shavo Odadijan se fera même insulter et agresser par des vigiles lors d'un concert à cause de ses origines ethniques.
Tout cela ne calmera pas le posse Arménien qui assumera toujours ses position politiques (Serj ira notamment plus loin dans le militantisme avec Morello dans l'association "Axis of justice") et enfoncera même le clou quelques années plus tard avec sa chanson "Boom !" et bien sur "B.Y.O.B".

Musicalement, outre les progrès techniques des musiciens, on remarque plusieurs gimmicks qui feront toute la sève de l'identité de SOAD. Les harmonies "orientales" étant désormais une fondamentale des mélodies du groupe, il faut désormais compter avec la voix de Daron, qui il faut le reconnaitre, se marie particulièrement bien avec celle de Serj. Le guitariste se distingue aussi par ses arpèges joués sur les cordes graves ("Aerials" par exemple) laissant souvent deux cordes sonner à "vide" et créant ainsi un effet assez particulier qu'il exploitera à d'autres reprises pour de futurs morceaux. Un peu plus effacé sur le précédent album, le guitariste s'imposera de plus en plus musicalement et scéniquement faisant ainsi découvrir au public un personnage moins "foufou" que ce qu'on l'on avait pu voir jusqu’à alors, Daron se décrivant comme une sorte d'ermite assez obsédé par la musique, volontiers tourné vers l'introspection et d'un caractère plutôt réservé. Mais il ne faut pas oublier ses collègues, et notamment l'impeccable Serj Tankian, de plus en plus à l'aise dans son registre plus mesuré et magnifiant avec son timbre grave et puissant chacune de mélodies du combo.

Propulsé par le magnifique "Aerials", le teigneux "Toxicity" et le poignant "Chop Suey !" SOAD se verra installé à la place qu'occupait les KORN et consorts, à présent détrôné par ce groupe pas tout à fait comme les autres coincé entre les ambitions de RATM, la fougue de DEAD KENNEDY'S et le talent d'un FNM. Irrésistible.


Rédigé par : Pamalach | 2001 | Nb de lectures : 2280