BRUTAL TRUTH - Extreme Conditions Demand Extreme Responses (Earache) - 13/07/2013 @ 22h54
En guise de préambule, je dirais que je ne sais pas trop à qui s'adresse cette chronique car avec Extreme Conditions Demand Extreme Responses, nous sommes face à un album incontournable de la scène death-grind du début des années 90 qui a été plusieurs fois réédité sous divers formats, facilement trouvable au fil des ans pour les retardataires et les petits jeunes qui ne l'ont pas découvert à sa sortie, premier album de l'un des groupes les plus connus dans le milieu : les américains de BRUTAL TRUTH. Bref, soit vous le connaissez par cœur et vous avez un avis sur la chose depuis bien des lustres, soit vous n'en avez jamais entendu parler et vous n'écoutez pas ce genre de musique. Mais ce n'est pas grave, on est ici pour se faire plaisir, alors c'est parti !

En 1992, le death metal pur jus régnait en maître sur la planète "extrême", c'était clairement le style à la mode dans l'underground alors que le thrash battait un peu de l'aile et que le grind... je ne savais pas ce qu'était le grind. J'avais bien posé mes oreilles sur quelques titres de Harmony Corruption de NAPALM DEATH mais personne ne m'avait dit que nos respectables britanniques officiaient potentiellement dans le grindcore (d'autant que ledit album présentait de nettes influences death metal). Bref, tout jeunot que j'étais, je me trouvais encore dans une phase de découverte où, tout comme mon comparse collégien de l'époque, je traquais les sorties de certains labels. Parmi eux, Earache, bien évidemment, mais pour une raison qui m'échappe encore aujourd'hui, j'avais jusqu'ici été épargné par toutes leurs sorties grind.

Je tombai un jour sur un minuscule encart publicitaire dans Hard Rock Magazine (ma bible de l'époque) annonçant la sortie imminente d'Extreme Conditions Demand Extreme Reponses assortie du logo du vénéré label. Ce fut, je crois, mon premier contact visuel avec le mot "grind". Pour le premier contact auditif, il me faudrait patienter encore quelques mois, le temps pour moi de me replonger dans mes archives et de retomber sur une news laconique dans le même magazine annonçant le départ de Dan Lilker de NUCLEAR ASSAULT (qualifié de "thrash gentillet") pour des horizons bien plus brutaux. De quoi me mettre un peu plus l'eau à la bouche... Et par un beau jour frissonnant, je posai enfin mes yeux sur une cassette solitaire dans les rayons de la FNAC. Achat immédiat : il ne fallait surtout pas que je laisse le précieux objet aux mains de mon acolyte tout aussi avide de découverte !

Après ma première écoute, je décidai de lui en faire une copie (et de réécouter cette merveille au passage) pour une simple et bonne raison : je me serais senti terriblement coupable de ne pas lui faire partager cet album dès le lendemain ! Car, comment dire... ? Passées les trente-cinq secondes de l'intro PSPI, je me suis pris l'une des plus belles tartes de ma courte vie de metalleux. Ça commence "tranquille" avec les premières mesures de Birth of Ignorance, bien grassouillettes, avec une voix death tout ce qu'il y a de plus classique de la part du frontman Kevin Sharp, et puis soudain, la machine s'emballe, le tempo s'accélère et apparaissent les premiers hurlements écorchés du bon Danny. Oh, ça picote ! Et pourtant, le meilleur est à venir : sur Stench of Prophet, le morceau suivant, je commence à entrevoir plus précisément ce que c'est que le grind : trente secondes pépères pour s'installer et endormir la vigilance de l'auditeur et tout à coup des PUTAINS DE BLAST comme je n'en avais encore jamais entendu, appuyés des mêmes hurlements de dégénéré sur des riffs différents de ce que je connaissais jusqu'ici... Une minute, vingt secondes, pas plus. Et pas le temps de ramasser ses dents, ça enchaîne avec Ill-Neglect, dans la même veine. En moins de dix minutes, les américains ont synthétisé l'identité de leur album : un cocktail diablement intelligent de gras, de blast, de groove, de puissance et de folie furieuse, bref, la rencontre parfaite entre death metal et grindcore. Car oui, il faut bien l'avouer, Extreme Conditions Demand Extreme Responses n'est pas un pur album de grind, la grande majorité des morceaux puisant sans vergogne dans tout ce que la scène dite extrême avait à offrir (on s'autorise même une sorte de "doom-death rapide" sur la plus grande partie de Time, et j'invente des noms de styles si je veux). On trouvera même des riffs typiquement thrash passés à la moulinette et trempés dans l'huile, c'est tout à fait délectable. Je pourrais aussi parler de petites touches indus/bruitistes par-ci, par-là. D'ailleurs, voilà, c'est fait, elles sont assez discrètes sur cet album et cet aspect serait bien plus développé par la suite, donc inutile de s'appesantir. Pour les puristes, il est bien évidemment indispensable de mentionner que Bill Yurkiewicz (co-fondateur de Relapse Records et poète engagé entre autres dans EXIT-13) fait plusieurs apparitions sur l'album en tant que guest aux vocaux, bruits divers et sons animaliers (je n'invente rien). Où et quand ? Je n'en sais rien, merci d'éclairer ma lanterne.

Que dire de plus ? Qu'à la sortie de l'album, certains fans de death metal l'ont boudé car pour eux, BRUTAL TRUTH faisait "du bruit" ? Vingt ans plus tard, je n'ai toujours pas compris. Certes, on est là face à un style musical un poil plus virulent que le death à mémé, mais tout de même... "du bruit" ? Ma foi ! D'autant que la production de sieur Richardson (si vous ne savez pas qui c'est, je vous conseille l'autolyse, vous verrez, c'est rigolo) apporte une grande clarté à l'ensemble, sans pour autant sacrifier la moindre once de brutalité des élucubrations du fringuant quatuor.

Extreme Conditions Demand Extreme Responses est donc un album absolument indispensable à tout fan de musique extrême, le genre d'album qui vous donne envie de secouer furieusement votre encéphale déjà bien amoché pour subitement vous inciter à sauter par la fenêtre en hurlant (d'autant plus si vous avez lu les paroles, pour le coup 100 % grind "social").
Pour l'anecdote (que tout le monde connaît, j'imagine), le batteur sur cet album, l'homme derrière les blasts qui ont causé mes premières chutes de cheveux, le dénommé Scott Lewis, officiait précédemment dans WINTER, un groupe de doom assez pachydermique (mais néanmoins recommandable)... trop de frustration, voilà ce que ça donne !

La suite, tout le monde la connaît, BRUTAL TRUTH expérimente, se renouvelle et se radicalise de façon plus ou moins heureuse selon les années, mais une chose est certaine : jamais plus la bande de Dan Lilker ne proposera la même musique que sur ce premier album. En un sens, c'est peut-être une bonne chose, cela le rend d'autant plus mythique.

Voilà, j'ai terminé ma chronique et je n'ai pas parlé une seule fois de Utopia Banished paru la même année (clin d’œil / bisou à TarGhost), je suis trop fier de moi !




Rédigé par : Nekobibu | 1992 | Nb de lectures : 2734


Auteur
Commentaire
TarGhost
Membre enregistré
Posté le: 13/07/2013 à 23h21 - (29511)
Superbe chronique, complète et ludique, pour un album intemporel et le meilleur de la bande à Dany !

Mais, tu sais la filiation avec l'une des grosses pastèques du frère d'arme NAPALM DEATH, en l'occurence "Utopia banished" est vraiment intrigante : même producteur, même année de sortie, même label, style très proche...ces deux là font la paire !

Allez, séquence hommage, je plug le koss sur la chaîne et je vais me balancer ça à fond les ballons ! Gruik !



hammerbattalion
Membre enregistré
Posté le: 13/07/2013 à 23h41 - (29513)
Super kro, tout pareil, à part Napalm Death et le Necroticim de Carcass (encore du grind?), je ne connaissais pas le style, quelle claque cet album!!! Je l'avais trouvé en occase chez Blue Records à NANTES quelques mois après sa sortie, surement revendu par un déçu. Depuis d'ailleurs à part du napalm toujours, et le Grind Finale de NASUM, je n'ai plus acheté d'album de grind, ce brutl Truth est inégalable.



AnusFraicheur
Membre enregistré
Posté le: 14/07/2013 à 00h06 - (29517)
Dans mon top grindcore, un album unique.



Murderworks
Membre enregistré
Posté le: 14/07/2013 à 00h12 - (29520)
Excellent album effectivement, j'avais moi aussi pris une claque mais c'était en tombant sur le clip de " Ill neglect" dans " Headbangers ball " (ou plutôt son 1/4 d'heure extrême nommé Into the pit). Le suivant " Need to control " est d'une violence et d'une méchanceté assez ahurissante, je me le passe régulièrement aussi et je me fais décrasser les oreilles à chaque fois.

Blind
Membre enregistré
Posté le: 14/07/2013 à 00h36 - (29522)
Comme les messages au-dessus, je ne dirai que du bien de cet album que j'ai découvert en gros 10 ans après sa sortie (j'ai faits mes premières armes dans le metal extrême vers 2002/2003) et qui reste 10 ans après sa découverte mon préféré du groupe. A la première écoute je n'ai pas tout compris (sauf "Birth of Ignorance" qui est le tube de l'album et "Collateral Damage" dans laquelle il n'y a pas grand chose à comprendre), seulement que je venais de découvrir un groupe à part qui jouait une musique assez particulière (Need to Control pour le coup est assez difficile à appréhender). Les derniers albums misent sur le 100% grindcore alors qu'à mes oreilles le death/grind de "Extreme Conditions Demand Extreme Responses" est ce que Brutal Truth a fait de mieux (je ne parle pas de "Sounds of Animal Kingdom" qui est vraiment barré, le titre "Prey" qui le clôture en est le meilleur exemple).



nocturnus1977
Membre enregistré
Posté le: 14/07/2013 à 09h06 - (29524)
Birth of Ignorance, terrible!!!!
mais album un peu trop grind pour moi


sur Napalm Death - Utopia Banished (dont on parle plus haut), écoutez "I Abstain" "Dementia Access" et "The World Keeps Turning"

ennemi juré
IP:93.14.83.119
Invité
Posté le: 14/07/2013 à 11h28 - (29527)
Culte. Mon premier CD acheté. A l'époque cette album était considéré comme un des plus extrêmes. Mes débuts dans le grind avec Napalm death, Terrorizer, Carcass...

heartwork
Membre enregistré
Posté le: 14/07/2013 à 14h08 - (29532)
une des pierres angulaires de ma CDthèque
Trop grind pour les fans de death,sans doute,à cette époque.
Fan de nuclear assault et de death/grind (carcass,napalm...) il ne m'en fallait pas plus pour me jeter sur cet album,dont j'avais découvert le titre Birth of ignorance sur la compile Masters of brutality



Styx
IP:88.161.78.7
Invité
Posté le: 14/07/2013 à 14h48 - (29533)
Le must du grindcore, premier album mythique et inégalé de Brutal Truth tout simplement !

Bazaa
IP:88.178.217.91
Invité
Posté le: 14/07/2013 à 15h08 - (29534)
Waouh, traquer les sorties d'Earache à la grande époque et avoir évité les albums grind faut le faire quand même!
Excellente chronique pour un album mythique (même s'ils feront mieux avec SOTAK pour moi).

vincesnake
Membre enregistré
Posté le: 14/07/2013 à 19h08 - (29537)
Je viens de le réécouter et c'est un sacré défouloir !

Pas fan du reste de leur disco mais celui-là est un must !

Morbid Tankard
Membre enregistré
Posté le: 14/07/2013 à 21h52 - (29538)
Leur meilleur avec le suivant. Et de loin.

hammerbattalion
Membre enregistré
Posté le: 15/07/2013 à 04h00 - (29540)
Nekobibu@ Bill Yurkiewicz fait des backings sur Ill Neglect et Collateral Damage, c'est indiqué avec les crédits sur la pochette arrière de mon édition. :)

GabinEastwood
Membre enregistré
Posté le: 15/07/2013 à 09h51 - (29541)
Excellente chronique !

Et pour moi également le meilleur album du groupe.



Nekobibu
Membre enregistré
Posté le: 15/07/2013 à 13h06 - (29543)
@TarGhost : oui, je sais que les deux albums présentent des similitudes assez troublantes, d'ailleurs, tu l'évoques bien dans ta propre chronique de Utopia Banished, mais je m'étais lancé comme défi d'éluder l'excellent album de NAPALM DEATH pour coller à la réalité des choses, vu que j'ai découvert cet album quelques années plus tard. D'ailleurs, les hurlements de Lilker qui m'avaient fait tant d'effet n'auraient pas eu le même impact sur moi si j'avais connu NAPALM DEATH avant. ;)

@Bazaa : je suis bien d'accord sur le fond, mais dans les faits, j'ai deux excuses.
1) J'étais jeune, naïf et mal informé et je découvrais tant bien que mal ce que la presse spécialisée (mais pas trop) voulait bien mettre sous le feu des projecteurs. Or, en 1992-93, la première vague grind était passée et c'était le death qui était "à la mode". Les interviews de MORBID ANGEL, DEICIDE, CANNIBAL CORPSE et compagnie, y en avait pratiquement dans chaque numéro de Hard Rock Magazine et consorts, mais pour NAPALM DEATH ou CARCASS (qui ne jouaient de toute façon plus de grind), c'était une autre paire de manche.
2) Trouver le back catalogue d'Earache en cassette à la FNAC du coin, ça tenait de la gageure, et j'étais encore frileux concernant la VPC (je me suis bien rattrapé depuis, héhé !).
;)

@Hammerbattalion : tu as tout à fait raison, je n'avais point pris la peine de revérifier. N'empêche que je ne sais toujours pas où et quand, exactement. ;)

Merci à tous pour vos commentaires, en tous cas, ça fait plaisir ! :)

hasmodees
IP:109.15.136.88
Invité
Posté le: 15/07/2013 à 17h55 - (29544)
Désolé, c'est pas que je veuilles lancer une polémique: J'ai écouté cette tuerie, découverte avec la cassette promo que mon disquaire de l'époque m'avait refilé, les yeux ébahis mais blasé: "tient! je suis sûr que ca va te plaire! c'est inécoutable!". Malgré les inspirations trés nettes de Carcass et Napalm death (écoutez ruptured in purulence,mentally murdered et même after world obliteration de Terrorizer juste avant cet album vous comprendrez de quoi je parles) cette galette est un savant mélange de death, de groove et de grind de l'époque, parfaitement digéré. Les influences indus de Need to Control font également mouches. Mais alors là, aprés tant de groove, de rage et d'efficacité je ne comprends pas leur revirement: une espèce de pseudo "core technique" chiant comme la pluie, ni trop groove, ni trop technique, j'ai beau essayer, franchement, j'y arrive pas. Cet album est pour moi de lojn le meilleur, et une référence dans le death/grind.

Youpimatin
Membre enregistré
Posté le: 16/07/2013 à 11h22 - (29547)
Un must !! Je n'ai jamais retrouvé ce sentiment unique dans les autres albums du groupe.
Et très bonne chronique

skyou
Membre enregistré
Posté le: 26/07/2013 à 00h50 - (29621)
Album découvert en 1994 pour ma part, ce fût un choc!!!!
Quelle tuerie....

RBD
Membre enregistré
Posté le: 02/04/2014 à 13h31 - (30807)
J'ai toujours eu un rapport particulier à ce groupe, en partie à cause de ses évolutions et de celle de mes goûts aussi. Je n'ai exploré Brutal Truth que vers 1997, alors que je connaissais déjà depuis quelques mois les autres pontes du Grind-Death de cette période qui étaient aussi leurs compagnons de label (moi non plus, je ne les ai pas nommés !)

Pour ce premier album, cette forte influence des voisins m'avait à la fois beaucoup facilité la découverte et aussi un peu déçu. Il y en avait tant déjà sur le marché à la fin des années 90, et par rapport à la carrière de Dan Lilker, déjà solide, ça faisait un peu modeste de reprendre les habits des autres : "collateral damage", par exemple, c'est culte mais c'était tellement déjà fait...
Et pourtant la saveur particulièrement déjantée qui se développera par la suite est déjà présente.

Avec le recul, la qualité des titres s'est imposée malgré une production dépassée. Ce n'est pas mon préféré pour ma part mais je l'apprécie sans problème et le range volontiers avec les disques référence du genre, au moins pour avoir montré que d'autres aussi pouvaient faire aussi bien en apportant déjà une petite touche.



ennemi juré
IP:93.14.83.10
Invité
Posté le: 24/08/2014 à 09h54 - (31112)
Ce premier album restera une référence dans la scène grindcore. Mon premier CD acheté. Le début de ma collection en commençant à remplacer les enregistrements cassettes par les originaux CD. Les tout débuts 90, nostalgie quand tu me rattrapes...

Dittohead
IP:2.2.203.105
Invité
Posté le: 24/08/2014 à 16h19 - (31114)
Album énorme. La grosse claque prise à la sortie.

Dragounet
Membre enregistré
Posté le: 09/10/2014 à 22h02 - (31260)
J'ai découvert le groupe avec la diffusion du clip d'Ill Neglect sur MTV et la sortie quasi-simultanée du volume n°2 de Masters of Brutality (sur lequel figurait Birth of Ignorance).
Cet album a été dans le registre death (ou death/grind) sans aucun doute celui qui a le plus tourné dans mes platines depuis sa sortie.
Un son ultra-violent, des paroles engagées, des cris comme je n'en avais jamais entendus avant (surtout l'alternance growls/hurlements), cet album est juste indémodable et a posé ce que j'estime être la pierre angulaire du genre.
Seul bémol, quand ça blaste ça devient un peu le bordel niveau prod et ça aurait mérité un peu plus de travail (la caisse claire est noyée dans les cymbales, si vous voyez ce que je veux dire).
Mais bon, entre cet album et Need To Control, y'a jamais eu rien de mieux dans leur discographie!



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