En 1992, SUICIDAL TENDENCIES sortait "The Art of Rebellion", un album audacieux et courageux, salué par une grande partie de la presse spécialisé mais controversé aux oreilles de certains fans. En mouvement quasi perpétuel depuis sa naissance en 1981, ST prouvait avec cet album sa capacité à jouer un "metal" différent de celui qu'il jouait jusqu’à alors. Plus mélodique et posé à certains moments, le groupe délaissait un peu les bastonnades habituelles au profits d'une musicalité plus sophistiquée.
Le problème, c'est que les deux précédents albums "How will i Laugh..." et "Lights, Camera..." avaient installé le groupe dans un style qui semblait lui coller à la peau et du coup "décevra" certains fans....et laissera le "succès prévu" au groupe lui filer entre les doigts. Peut être trop metal pour les fans des RHCP ou RATM, plus assez méchant pour les fans de METALLICA et MEGADETH, "The Art of Rebellion" loupera la consécration mondiale de très peu malgré les ventes honorables de l'objet.
Une histoire de "moment" peut être où alors la grande gueule de Muir qui à force de tirer à boulets rouges sur tout ce qui bouge finissait par passer pour un vilain "jaloux" aux yeux du public.

1 an plus tard, en 1993, arrivait dans les bacs "Still Cyco After All These Years", un album "relecture" du premier album de SUICIDAL enregistré pendant les sessions de "Light...".
Aprés la "déception" "The Art...", cet album semblait tomber à point nommé pour montrer que S.T n'avait pas encore laissé ses couilles au vestiaire.
Muir disait à l'époque qu'il avait avant tout choisi de ré - enregistrer le premier album parce qu'il trouvait insupportable que les fans ne puissent pas trouver facilement le premier opus. Il ajoutait que "Suicidal Tendencies" n'avait pas été enregistré selon ses désirs car selon lui, les limites techniques des musiciens empêchaient les morceaux d'être interprété avec toute la fougue voulue. Et pour couronner le tout, la prod ne lui plaisait plus.
Ces points de vue ne seront pas partagé par les fans les plus punks du combo. Pour une frange du public de S.T, le premier album reste l'album le plus subversif et le plus enragé jamais enregistré par le groupe. Ces mêmes fans trouveront "Still Cyco..." trop éloigné de l'état d'esprit du premier album : trop propre, trop bien interprété et vidé de sa sève originelle.
Les fans les plus actuels, eux aussi déroutés par ce déluge de chansons incisives et rapides, trouveront l'album trop punk et trop "simple".
Du coup, S.T se trouvait taxé par certains d'opportunistes uniquement intéressé par l'argent (un comble quand même !) quand d'autres disaient attendre un nouvel "vrai" album avec de vraies chansons.

De mon coté, ayant des amis punks et Metalleux, je comprenais ces différents points de vue.
Ce que je ne comprenais pas par contre, c'était comment on pouvait aimer S.T et ne pas être terrassé par les nouvelles version de "War Inside my Head" ou "Subliminal" ?
De plus, cet alliage d'énergie typiquement punkoide et de technique toute métallique commençait sacrément à prendre à droite et à gauche et S.T se positionnait donc intelligemment d'une manière toute à fait légitime et crédible dans ce crédo carré, punk et méchant.
Les moments forts de cet album se repérait assez vite et si l'album s'écoutait de manière très cohérente, SUICIDAL montrait tout de même des facilités à jouer efficacement certains plans plus que d'autres.
Plus pertinents dans les tempos médium que dans les très rapides, la technique redoutable des musiciens peinait à se brider pour laisser place à la fureur qui émanait des premières versions de l'album "Suicidal Tendencies".
Cela n'enlevait pas cependant l'efficacité des morceaux et le lifting réussi de "Suicidal Failure", "Institutionalized" et "Little Each day" (A noter que plusieurs chansons reprises ici sont extraites de "Join the Army" et chutes de studio du dernier album plus un inédit "Don't give me your Nothin'".)
Le riffing de Mike Clark est beaucoup dans le succès de ces réussites puisque son coup de patte lourd et précis faisait des merveilles à de nombreux moments. Les monstres Trujillo et Georges émergaient de temps en temps pour intervenir de manière pertinentes et Muir, revisitait les cris et hurlements du premier album pour chanter davantage. Cela ne sera évidement pas du gout des fans de la première heure même si plusieurs chansons de la première version étaient ultra fausses au niveau du chant.

Impossible d'ailleurs de parler de l'impact de ses chansons sans parler des paroles. Si "Still Cyco..." avait logiquement fait couler moins d'encre que le premier (Normal pour un ré enregistrement), pour "Suicidal..." ce n'était pas la même mayonnaise.
Originellement appelé "I Shot Regan", "I shot the Devil" avait apparemment été ré baptisé de force, le F.B.I ayant pesé de tout son poids pour que le groupe change le titre de la chanson.
Moins "légendaire" mais tout aussi controversé, la terrible "Suicidal Failure" fera sensation avec ses paroles sombres, la gore "I Saw your mommy" fera frémir les ménagères et "Institutionnalized" rentrera directement au panthéon grâce à ses lyrics fleuve et son ultra célèbre phrase "All i want was a Pepsi...", reprise à tour de bras par pleins de groupes.
Pas vraiment copains avec le fameux P.M.R.C (Parental Music Ressource Center) à cause de ses prises de positions, Muir n'aura de cesse d'argumenter férocement contre ce groupe de pression Américain. Avec humour et violence, le bandanné deviendra grâce à ces chansons une référence de l'écriture dés lors qu'on aime les paroles relatant avec réalisme les travers d'une société Américaine à la dérive. Très "Street", le musculeux chanteur offrait dans ses paroles un premier pont entre l’effronterie du punk, le second degré du metal et le coté "haut parleur du bas peuple" du Hip Hop.

Toujours pertinent, ce "Still Cyco..." reste un album à posséder de SUICIDAL TENDENCIES. A mi chemin entre le punk, le metal, le hardcore et la rue, le Gang de Venice revenait se frotter aux bandanas et au bitume à grand renforts d’accélérations furibondes et de chemises uniquement attachées par le premier bouton. Se ramasser une fois de temps en temps une bonne rafale de mandales, n'a de toute façon, jamais fait de mal à personne. Surtout quand c'est SUICIDAL qui distribue.


Rédigé par : Pamalach | 1993 | Nb de lectures : 2481