ANGRA - 2 - Freedom Call (LMP/CNR) - 04/05/2013 @ 21h58
L'impact d'Angra en France a été considérable, à un point tel qu'une 2ème chronique n'est pas de trop afin de traiter le sujet en profondeur. Voici donc le récit des évènements survenus en 1996 après la sortie mondiale d'Holy Land le 22 mars. Notre presse, unanime, s'intéresse de très près à des Brésiliens au planning surchargé. Je vous donne 2 exemples. Hard n' Heavy fait de Holy Land son album du mois et accorde une interview de 4 pages au tandem André Matos/Kiko Loureiro, avec shooting photo réalisé au musée de la Marine à Paris. En fin d'année, le mag de James Petit offrira également un sampler comprenant des extraits de leur tournée avec Vanden Plas. De son côté, après avoir accordé sa couverture à Angra, Metallian diffuse le 5ème numéro du fan-club français: Reaching Horizons. Ajoutez diverses émissions TV/radio (Blah-blah metal consacré au groupe sur MCM ou encore André Matos invité de Coton-Tige sur TSF) ainsi que les fameux concours d'Olivier Garnier (Mr CNR), et vous aurez une assez bonne idée de l'ampleur de cette promo. Mais si les medias français font leur job, qu'en est-il du groupe?

Le tandem Matos/Loureiro profite d'être en promo en Europe pour donner fin avril 4 showcases acoustiques à Paris, Lyon, Marseille et Clermont-Ferrand. Une habitude prise l'année précédente (voir l'EP Acoustic ...and More évoqué dans ma chronique d'Holy Land) et qui devient récurrente. Une fois de plus le succès d'Angra va faire des émules, certains groupes s'essayant à leur tour à l'exercice unplugged (par exemple Headline en 1998). Mais revenons à nos moutons. Au printemps 1996 les Brésiliens sont sur tous les fronts. La vidéo pédagogique du bassiste Luis Mariutti suit les traces de celle de Kiko Loureiro et se voit éditée au Japon. Les musiciens multiplient les featurings, notamment le batteur Ricardo Confessori et Kiko Loureiro. CNR en profite pour rééditer les 2 albums de Viper, le premier groupe d'André Matos. Ces éléments périphériques mis à part, Angra tourne le clip de Make Believe. Ce single est édité en France en 4 versions différentes, chacun des visuels représentant une partie de la carte d'Holy Land. Sympa mais pour collectionneurs only. Par contre ce qui suit est nettement plus intéressant.

A peine la promo d'Holy Land achevée, Angra retourne en studio pour ce formidable EP, enregistré en mai au Brésil. Le groupe poursuit sa collaboration avec Charlie Bauerfeind, le mixage se déroulant à Hambourg durant l'été. Au programme de Freedom Call, 6 morceaux d'origines diverses pour une demi-heure d'excellence. On retrouve un visuel élégant dans la continuité de son glorieux prédécesseur, agrémenté d'une initiative comme seul CNR savait en proposer: une biographie en français par le journaliste Hervé SK Guégano (Hard Rock mag, Rock n' Folk, etc). Le morceau-titre ouvre les hostilités. Coécrit par Matos/Loureiro et écarté du tracklisting final d'Holy Land faute de place, Freedom Call fait office de remplaçant de luxe. Les Brésiliens ont encore progressé, ça s'entend. Si certains amateurs de heavy/speed avaient jugé Holy Land trop mou, avec des guitares sous-mixées, cette fois Angra est parvenu à un équilibre parfait dans l'écriture, plus fluide et maîtrisée, comme le mixage. La composante metal est renforcée sans que cela porte préjudice aux arrangements, certes moins envahissants mais toujours présents. Le percussionniste Tuto Ferraz est à nouveau de la partie.

Les morceaux suivants, Queen of the Night et Reaching Horizons, je les pensais inédits. Signées Rafael Bittencourt, ces compositions figuraient sur la Demo-album de 1992. Pour avoir écouté les versions d'origine, la différence est frappante, on peut même parler de métamorphose pour Queen of the Night. Très contrastés, ces morceaux témoignent des qualités de compositeur du cofondateur d'Angra dont j'apprécie beaucoup la polyvalence et le feeling. Queen of the Night comporte un riff absolument monstrueux ainsi que tous les éléments essentiels à un grand morceau d'Angra: grosse performance de Matos, super solo de Loureiro, section rythmique en béton, orchestrations, etc. Partagé entre tonalités acoustiques et électrique, entre introspection mélancolique et exubérance latine, Reaching Horizons fait aussi plaisir à entendre. Ces 2 excellents titres permettent d'identifier les composantes du style Bittencourt et on ne peut que féliciter les Brésiliens pour ce repêchage, car Queen of the Night et Reaching Horizons font clairement parti du haut du panier. Tout fan d'Angra se doit de les connaitre.

Le 4ème morceau n'est autre que Stand Away, classique extrait d'Angels Cry aussi composé par Rafael Bittencourt, dans une version orchestrale purgée des guitares électriques. Pour l'anecdote je n'ai découvert la version d'origine qu'après et cette relecture tient particulièrement bien la route. André Matos considérait cette démarche comme une première expérience avant un projet nettement plus ambitieux. C'est lui qui vous en parle: "J'espère que nous pourrons enregistrer un disque entier avec une sélection de titres réarrangés pour une formule orchestrale. Après le 3ème album, au lieu d'enregistrer un live, comme la plupart des groupes, je pense que nous proposerons plutôt un CD avec un grand orchestre. Stand Away était une sorte de test pour nous." (dans le n°29 de novembre 1996 Hard n' Heavy) On distingue déjà l'un des principaux motifs du split de la formation historique qui surviendra 4 ans plus tard.

Le 5ème titre de Freedom Call n'est autre que Painkiller, le classique de Judas Priest, dans une version remixée néanmoins assez proche de celle figurant sur le tribute consacré au légendaire groupe anglais paru à la même époque. Agressive et 100% metal, cette reprise trop fidèle à l'originale n'apporte rien au schmilblick, ne faisant que servir de caution metal auprès des puristes peu enclins au raffinement instrumental et aux expérimentations.
On retiendra quand même la performance d'André Matos dans une imitation assez convaincante de Rob Halford.
Le dernier titre de l'EP est une inutile version edit de Deep Blue. Entendons nous bien, ce morceau composé par André Matos et extrait d'Holy Land est excellent, mais le purger de son break lyrico-orchestral sous prétexte de possible passages radio c'est juste nawak. Ah si toutes les stations du monde pouvaient avoir leur John Peel...

2 choses à dire pour conclure. La première c'est que la version brésilienne de Freedom Call contient 2 titres supplémentaires, il s'agit des versions acoustiques d'Angels Cry et Never Understand enregistrées dans une FNAC parisienne en mai 1995 et que l'on retrouve dans l'EP Acoustic ...and more (disponible dans le boxed set limité d'Holy Land paru en 1998 et chroniqué ici). La réédition de Freedom Call par Century Media y ajoute Chega de Saudade, la reprise de Tom Jobim. La deuxième c'est que j'envisageais de parler de Freedom Call et Holy Live dans une même chronique. Mais mieux vaut être raisonnable et en rester là. Les années 90s ont donné naissance à pléthore d'EPs de qualité et Freedom Call fait parti de ces références à connaître et posséder. Satisfaction garantie.

Freedom Call (version brésilienne de l'EP)




Rédigé par : forlorn | 1996 | Nb de lectures : 2170


Auteur
Commentaire
Youpimatin
Membre enregistré
Posté le: 05/05/2013 à 19h18 - (29309)
J'adore le chant de Matos sur la reprise de Painkiller, surtout quand il dit "boulette" ;-)

6trouille
IP:83.155.209.175
Invité
Posté le: 11/05/2014 à 09h26 - (30907)
Une chro qui nous remet bien dans l'époque. Excellent !

Premier achat "Angrien" pour ma pomme.
J'ai viiiite enchaîné avec tout ce qu'ils ont sortis avant et après (avec MATOS only).
Edu ? jamais apprécié !

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