SLASH'S SNAKEPIT - It's Five O'Clock Somewhere (Geffen) - 27/04/2013 @ 21h45
En 1994, et après "The Spaghetti Incident", GNR (où ce qu'il en restait), était au bord de l'implosion.
Les tournées des "Use Your Illusion" avaient laissé de très vilaines blessures dans les relations fragiles du groupe, et les membres fondateurs, éparpillés à droite et à gauche, étaient tous perdus dans les affres de leurs problématiques.
Axl s'emmurait peu à peu dans le silence, Slash et Duff étaient plus que jamais aux prises avec leurs addictions, Gilby Clarke n'était plus de la partie, Matt Sorum gérait comme il pouvait l'attente et Dizzy Reed devait certainement pianoter quelques vagues partitions composées par le rouquin en chef. En gros, ça commençait à vraiment sentir le roussi pour les pistoleros.

La tentative de recoller les morceaux en participant à la B.O de "Entretien avec un vampire" avait pu donner un peu d'espoir aux fans mais l'écoute de la "bête" ne laissait pas de doutes : La reprise était une véritable farce, un fiasco complet où le comble du mauvais gout musical était atteint quand Paul Tobias "répondait" au solo de Slash dans une véritable mascarade musicale plus triste que risible. C'est à partir de là que Slash ne cessera de dire combien il considérait Tobias comme un abruti et combien l'attitude d'Axl l'avait vexé et blessé.
Peut être fou à lier ou manipulateur de génie, le rouquin marteau commencera à cette époque un long travail de sape qui finira par écarter tous les membres originaux du groupe, lassés d'avoir à composer avec une personnalité aussi complexe et tyrannique.
Il réussira aussi le tour de force de se mettre à dos une bonne partie de son public original, las d'attendre un album qui sera très long à arriver...et pour un résultat de toute façon très en dessous de ce qu l'on pouvait espérer. Mais nous n'en sommes pas encore là et revenons plutôt à notre Mulâtre.

Sachant la facilité avec laquelle il pouvait tomber dans ses sombres travers, Slash n'avait rien trouvé de mieux, pour lutter contre ce qu'il appelait "La déprime post tour", de se remettre à la composition. Rapidement, il se retrouva avec plusieurs titres (maquettés dans son studio personnel tout fraichement construit) qu'il s'empressa d'aller faire écouter au sieur Axl.
Peu impressionné par le travail du guitariste, Rose rejettera tout en bloc en affirmant "souhaiter autre chose pour GNR" (et comble de l'ironie, Axl menacera Slash de lui intenter, après la sortie de Snakepit, un procès en bonne et due forme, puisqu'il avait utilisé pour son projet des chanson initialement prévue pour les Guns...).
Toujours très difficile à comprendre, rappelons aussi qu'a l'époque, le bandanné multipliait les appels du pied à Dave Navarro, disait adorer plus que tout MINISTRY, JANE'S ADDICTION et Mr BUNGLE et voulait mixer le coté rock traditionnel de GNR à des sonorités plus modernes et industrielles.
Slash, pour sa part, considérait que "les Guns font ce qu'ils savent faire mieux que n'importe quel autre groupe...et c'est tout ce que nous savions faire !". Quel intérêt selon lui de sonner comme n'importe lequel des "nouveaux" groupes ? Cela aurait été ridicule selon lui.
Mais au vu de la situation de GNR, ils n'en étaient plus à une près.
Entre les affres de la tournée "Use...", le comportement fantasque d'Axl et la polémique autour de "Look at your game Girl", il semblait difficile de tomber plus bas. Conscient qu'il était peut être temps de faire un break, Slash à donc récupéré ses morceaux et s'est mis en tête de leur donner vie avec un vrai groupe. Au vu de la qualité de ce premier SNAKEPIT, il a eu une sacrée bonne idée.

Comme Slash est un mec sympa, ramener des musiciens pour jouer sur son album n'a pas été difficile. Le plus compliqué à été apparemment de trouver un chanteur. Le chevelu aurait pu avoir (et selon ses dires) ses potes Iggy Pop, Lemmy ou Alice Cooper qui seraient venus lui filer un coup de patte avec plaisir.
Il aurait été cependant impossible de partir en tournée avec eux et c'était une part de l'aventure que Slash ne voulait surtout pas louper. Il voulait du club, du gros plan avec le public et un peu d'oxygène après la folie GNR. Il commença alors de laborieuses auditions qui durèrent plusieurs semaines.

C'est en la personne d'Eric Dover (ancien roucouleur Glam) que Slash trouvera son bonheur. Au vu de la musique relativement soft qu'il faisait avec les Jellyfish, Slash avait eu le nez sacrément creux pour le choisir...ou plutôt de le débaucher, car au départ, le bonhomme n'était pas méga chaud pour jouer avec des musiciens aussi notoires.
Le père Dover était cependant impeccable tout au long du disque et avec son timbre cru, sa voix musclée et sincère, il donnera du cachet aux belles compositions du chapeauté.
Entouré de Gilby Clarke, de Sorum et de la pointure Mike Inez à la basse (sacrées parties de basse sur cet album !) Slash était peinard pour se taper un bon long trip rock n'roll où le commercial n'était pas de rigueur.
Car même si on notait avec "Beggars and Hangers-on" et "Back and Forth Again" des pointes de mélodies dans des passages plus clairs et acoustiques, cet album était bien monté. On retrouve des traces d'"Appetite...", de très belles touches de blues ("Neihter can I")et une patate hard Rock à la limite du metal ("Be the Ball") qui donnait à ce premier album un coté super roots, parfait pour l'époque.

Aidé par une production classique et efficace, Slash offrait avec ce premier album exactement ce que l'on pouvait attendre d'un guitariste comme lui. De supers chansons, de bons gros riffs et bien sur quelques solos mémorables.
Dés lors en effet que commençait "Neihter can I" et sa superbe succession d'accords jazzy arrosés d'harmonica, on se retrouvait plongé dans un univers envoutant au feeling absolument remarquable. Accompagné de paroles assez sombres la chanson est certainement parmi les morceaux les plus inspiré de l'album.
Bien sur, on retrouvait aussi le tube "Beggars & Hangers-on", qui a dépassé les frontières de l'album pour avoir son petit succès d'estime sur MTV. A l'image du bootlneck que Slash utilisait avec brio sur cette chanson, le musicien faisait le tour de tout ce qu'il aimait faire musicalement parlant.

De la talk box sur l'inquiétant "Lower" à l'orgue de Beatllien sur "Back and Forth Again", il s'autorisait même un boogie instrumental avec "Jizz da Pit" et bien sur de grosses rock n'rollerie bien crasseuse comme "Soma City Ward", "Monkey Chow" et "Dime Store Rock".
Inspiré, Slash l'était assurément lorsqu'il livrait un solo supersonique sur "Dime Store Rock" ou quand il transposait en musique sa passion des Flippers avec le groovy et bien lourd "Be the Ball".
Mais il a su aussi surprendre avec le poisseux "Lower" et son texte pesant directement dédié à Kurt Cobain et l'ex actrice de X Savannah ou lorsqu’avec le solo de "Back and Forth Again" il retrouvait son meilleur niveau d'inspiration et de feeling guitaristique...digne des meilleurs solos de sa carrière, ce qui n'est pas peu dire.

Impeccable de la pochette (en fait une peinture géante de plusieurs mètres de haut sur un mur) à la mythologie du titre de l'album (une drôle d'histoire dans un bar qui ne servait de l'alcool qu'a cinq heure de l’après midi), cet album était extrêmement rafraichissant à l'époque mais tient toujours la route grâce à ses chansons définitivement bien écrites.
"It's Five O'Clock Somewhere" marquait aussi la fin d'une époque pour GNR, et aussi pour de nombreux fans qui ne devraient désormais plus se contenter que d'album solos en guise de souvenir de l'époque GNR.


Rédigé par : Pamalach | 1995 | Nb de lectures : 2362


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Commentaire
ego
Membre enregistré
Posté le: 28/04/2013 à 06h37 - (29266)
Beaucoup de bons souvenirs avec cet album : mon tout premier concert à l'Elysée Montmartre, le saut périlleux avant d'Eric Dover en arrivant sur scène et mon titre préféré de l'époque (Doin' fine) joué en premier. J'me rappelle aussi du reportage diffusé dans l'émission musicale qu'animait à l'époque Alex Devoise sur Canal (et dont j'ai oublié le nom) ainsi que du passage à Fun Radio de l'homme au Gibus que j'ai ainsi furtivement croisé pour la première fois.

Un album frais, direct, solide et sans temps mort. Le son est un régal (tu soulignes très justement l'excellent son de basse) et à mon avis, Slash n'a jamais fait mieux en terme de choix de chanteur et d'inspiration. Même si j'ai beaucoup aimé le suivant avec un très bon Rod Jackson au chant, celui-ci reste mon préféré sans l'ombre d'un doute. Je n'ai d'ailleurs que les deux Snakepit (Super nom de groupe au passage) dans ma discothèque. J'ai suivi de plus ou moins loin la carrière de Slash jusqu'à aujourd'hui espérant à chaque fois retrouver le frisson de ce premier album.

Merci, j'ai eu de nouveau 18 ans et un joli t-shirt avec un serpent sur fond rose pendant 5 minutes !





ego
Membre enregistré
Posté le: 28/04/2013 à 06h40 - (29267)
Ah oui j'oubliais, malgré des albums qui m'ont moins botté, Slash n'a jamais fait pire que la "chose" engendrée par Axl.

CaptainIgloo
Membre enregistré
Posté le: 28/04/2013 à 10h37 - (29274)
Très bon album, bourré d'excellents solos ("Be The Ball" en tête pour ma part). Seulement 2-3 morceaux dispensables sur 14 titres : pour un retour inespéré, c'était déjà pas mal.
Eric Dover est impérial et colle parfaitement aux diverses titres pondus pas Maitre Slash.
Je prends encore beaucoup de plaisir à l'écouter aujourd'hui !
Merci pour la chro !



Youpimatin
Membre enregistré
Posté le: 28/04/2013 à 11h01 - (29276)
Mais elle est très bien cette reprise des Stones m'enfin !
Sinon, excellent album même si j'avoue une préférence pour le suivant.
Et à cette époque que le Chinese Democracy a commencé à faire parler de lui (déjà)...

SKOM
Membre enregistré
Posté le: 28/04/2013 à 12h05 - (29278)
La vache, premier concert à l Elysee aussi...Juin 94 ! Juste avant le concert des stones à l'Hippodrome de Longchamps...
Quelle classe ! Je n'avais jamais pu voir Guns, j'avais vu Slash !
Très bon album mais qui a mal vieilli, je trouve.
Ses derniers albums sont encore un ton au dessus !



SKOM
Membre enregistré
Posté le: 28/04/2013 à 12h34 - (29279)
concrt en 95, pas 94 ! quel con !

pute
IP:78.124.0.151
Invité
Posté le: 28/04/2013 à 13h06 - (29280)
Une sacré époque. J'ai eu une adolescence dorée musicalement comme tous ceux qui étaient ados à cette époque et cet album en fait partie.
Vu mon budget réduit, j'avais hésité entre cet album et un jeu Megadrive. J'ai pas regretté.

SeyrArno
Membre enregistré
Posté le: 28/04/2013 à 18h18 - (29284)
de mémoire le titre vient effectivement d'un barman qui dit à un Slash dépité "t'inquiète pas il est 17 heures quelque part"

XavierDelon
IP:88.182.140.94
Invité
Posté le: 04/05/2013 à 09h35 - (29294)
Fine analyse, point de vue précis, sur cet album qui marque un tournant dans la carrière du grand Slash. Beaucoup de bon souvenirs dans une cabane à coté d'un barrage...
Un fois de plus Pamalach nous régale...

Jack
Membre enregistré
Posté le: 12/02/2016 à 15h04 - (31903)
Acheté à sa sortie en bon fan de GNR en manque.
Pas mal écouté à l'époque puis plus du tout depuis.

J'ai le souvenir d'une album moyen ou le cool cotoie le très bof. J'ai d'ailleurs toujours trouvé les paroles de "Be the ball" d'une bétise édifiante.
Mais à l'époque je pardonnais tout au métis chapeauté.

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