SLAPDASH - 240.25 Actual Reality (Nuclear Blast) - 16/03/2013 @ 21h27
Plus jeune, lors de mes fréquents séjours en Suisse (allemande je précise), je ne manquais jamais une occasion de racketter sans états d'âme mon père dès que nous passions à proximité d'une librairie. Appelez cela l’instinct, le sixième sens, le flair, mais le passage à proximité d’un "kiosk" engendrait une réaction immédiate frappant immédiatement le cortex cérébral, celui-ci transmettant sans ménagement à l’hémisphère gauche le message suivant, sobre et synthétique : "Metal Hammer" !
Oui, "Metal Hammer".

D’un pur point de vue librairistique (sic), c’est assez facile à expliquer. Nos voisins suisses et teutons, si rigides soient-ils, avaient un coup d'avance sur nous, pauvres latins que nous sommes. Ils embarquaient déjà depuis quelques temps un disque dans nombre de leurs magazines musicaux. Encartonnées dans une pochette stylée, les célèbres "Off Road Tracks" devenaient alors un accessoire complémentaire et ludique pour les locaux qui maîtrisaient cette langue sur le bout des papilles. Mais, pour les non-initiés aux subtilités du langage de Goethe, il devenait un objet indispensable.

[Flashback]
Oui, oui ou plutôt Ja, ja, je m’en souviens comme si c’était hier.
Elève motivé mais besogneux, il ne m’en fallait pas plus pour rejoindre les troupes d’élite qui choisissaient de suivre les cours d’allemand en seconde langue, et ce dès la quatrième ! Mais ces moments d’apprentissage, brefs et douloureux, s’apparentaient plus à une partie de Ringen und Schwingen avec ce qui me servait d’enseignante, obstinée et acariâtre (n’est-ce pas là un oxymore pour une prof d'allemand ?), qui déployait des trésors de fourberie pour nous décourager.
Manquait plus que la loupiote en pleine poire et votre humble serviteur était prêt à tout lui avouer, de son incompétence crasse à sa paresse incommensurable.
"Ich bin coupable, fraulein".
[/Flashback]

Bref, tout cela pour vous dire que mon bagage linguistique était à peu près aussi volumineux que celui que Ryanair vous impose en cabine.
Petit, tout petit.

Pour en revenir à cette fameuse rondelle (rien à voir avec ma prof, je vous rassure, la passion a ses limites que la morale réprouve), vous comprenez maintenant, au vu de mon niveau déplorable, pourquoi elle était essentielle. A défaut de pouvoir comprendre tout ce que je lisais, mes oreilles, elles, restaient à l’affût de nouveautés métalliques.

Elles furent ainsi récompensées au mois d’octobre 1996, puisqu’elles firent la connaissance de SLAPDASH sur la compilation "Off Road Tracks". Et quand j’expliquais un peu plus haut tout le bien que je pense de ces compilations, qui alliaient quantité et qualité, je ne peux résister à vous dévoiler un aperçu du tracklisting de cette édition : MY DYING BRIDE, SAMAEL, CATHEDRAL, HELMET, ATROCITY, CROWBAR, GODFLESH, THE BLOOD DIVINE, n’en jetez plus la coupe est pleine.

Quant à SLAPDASH, que dire ? Nos cinq suédois n’y allaient pas avec le dos de la cuillère en balançant un "Bound" bien senti, bon gros pavé de power-thrash qui laissait présager d’un album aux effluves d’aisselles de stage-diver en chaleur. Et je ne m’y trompais point en me ruant sur ladite galette dès mon retour en France.
Typiquement suédoise dans l’approche, dotée d’une production en béton armé et distribuant généreusement ses riffs Hilti de première classe, celle-ci dressait fièrement son majeur dans l’intimité étroite de ceux qui n’y voyaient d’un énième prétendant au trône de la panthère. Certes, l’originalité n’était pas le leitmotiv principal du groupe, mais pour l’efficacité, le contrat était parfaitement rempli.

Oui, je vous vois venir, rien ne sert d'entretenir plus longtemps le suspense, en effet SLAPDASH (composé d’ex-ROSICRUCIAN) fait partie de ces innombrables seconds couteaux qui se sont lancés dans le créneau porteur du power-thrash en plein milieu des années 90. Fermez-les yeux, ouvrez vos oreilles et rappelez-vous : FACE DOWN, LOST SOULS, DOG FACED GODS, KILLING CULTURE, RICHTHOFEN, KILL 2 THIS, INVOCATOR...tous s’étaient lancés à la poursuite de la sainte triarchie du métal dit "moderne" : PANTERA, FEAR FACTORY et MACHINE HEAD, certains privilégiant le plagiat méthodique et éhonté, d'autres abordant la chose avec plus de discernement.

SLAPDASH est à la croisée des deux mondes.
Oui, son adoration sans bornes pour PANTERA ne fait aucun doute, elle transpire d’ailleurs sur chaque morceau de cet album.
Non, le groupe ne s’en cache pas.
Mais comme cela est souvent le cas avec ce type de groupes, c’est lorsqu’il sort de l’exercice de style qu’il dévoile tout son potentiel. Et SLAPDASH ne déroge pas à la règle. Il n’y a qu’à écouter attentivement l’énorme "Dependance gone" froid et mécanique, lorgnant méchamment sur l’indus-métal, le tubesque "On my Own", heavy, mélodique, avec ses relents de METALLICA avérés ou l’entêtant "Free your mind" et ses tonalités hip-hop avec un featuring signé Patrick de MISERY LOVES CO.
Tout cela apporte un peu de fraîcheur dans cet étalage de riffs tous plus puissants et acérés les uns que les autres, trademark PANTERA oblige.
D’ailleurs, même s’il y a fort à parier que les deux formations ne se sont jamais rencontrées, l’histoire de SLAPDASH reste intimement mêlée à celle de PANTERA, à l’instar d’une relation disciple/maître. Un peu comme EKTOMORF avec SOULFLY (ou SEPULTURA époque « Roots »), CEMETARY dernière mouture avec PARADISE LOST ou que sais-je, dans un autre registre, TORTURE KILLER avec SIX FEET UNDER, SLAPDASH est un disciple appliqué, consciencieux et sérieux. Un disciple dévoué, qui excelle dans l’art de la réappropriation (les esprits chagrins parleront de contrefaçon, ce n’est pas mon cas) mais qui peine dans celui, plus exigeant, de la création.
Peut-on le blâmer pour autant ?

Entre nous, je me dois de vous l’avouer, au milieu de certains autres calibres chroniqués en cette rubrique Remember, "Actual reality " ne fait pas le poids, notamment si l’on en vient à le comparer aux œuvres des pères fondateurs du mouvement. Mais après tout, comme le nom de cette rubrique l’indique justement, elle fait appel aux souvenirs, aux émotions, à tous ces moments de bonheur ou de douleur, c’est selon, que cette musique nous a apporté. Et force est de reconnaître que SLAPDASH a contribué, à sa manière, à apporter sa pierre à mon édifice métallique (pas orifice, bande de sacripans !).
Et puis tiens, comme le disque est toujours facilement dénichable, je ne peux qu’inviter ceux et celles en quête de nostalgie power-thrash à y placer quelques euros, les sensations procurées seront à la hauteur de l’investissement.
Satisfaction guaranteed.

Retrouvez cet album en écoute intégrale sur youtube




Rédigé par : TarGhost | 1996 | Nb de lectures : 1953


Auteur
Commentaire
Youpimatin
Membre enregistré
Posté le: 17/03/2013 à 00h00 - (29059)
Découvert à l'époque sur une compil Nuclear Blast, j'avais adoré le titre en écoute ("Bound").
J'ai pu récupérer l'album chez un ami et sur la durée, j'ai été vachement déçu !!
Pourtant, ce titre je l'adorais... Et ce genre musical aussi ;-)

Bonne chro qui cible bien l'époque et l'ambiance.



RBD
Membre enregistré
Posté le: 08/06/2014 à 12h58 - (30981)
Exhumé il y a quelques jours, cet album reste l'un des meilleurs disciples de PanterA et Machine Head . Le résumé d'une époque. J'ignore si le groupe a poursuivi quelque temps après.

GabinEastwood
Membre enregistré
Posté le: 08/06/2014 à 13h06 - (30982)
RBD < Le groupe a splitté pas longtemps après ne laissant que cet unique album

forlorn
Membre enregistré
Posté le: 08/06/2014 à 14h04 - (30984)
Certains membres sont toujours actifs dans Carnal Forge et Leech.

Edit: Ajouts du clip de No Love Last et du streaming intégral de l'album.

TarGhost
Membre enregistré
Posté le: 08/06/2014 à 20h55 - (30988)
Que vois-je ? D'autres Vs-eurs ont connu Slapdash ? Mon coeur défaille !



hammerbattalion
Membre enregistré
Posté le: 08/06/2014 à 22h53 - (30990)
Merci pour ta kro. Un groupe dont je n'ai entendu q'un morceau, la reprise de Kill Yourself sur la compile Death Is Just The Beginning IV, puis j'ai oublié de m'y pencher sérieusement, je vais essayer de réparer cette erreur.

Ajouter un commentaire

Pseudo :
Enregistrement Connexion






Niveau de modération : Commentaires non modérés par l'administration du site

Ce commentaire est soumis à la lecture et à l'approbation des modérateurs. S'il ne suit pas les règles suivantes : Pas de pub, pas de lien web, pas d'annonces de concerts, il ne sera pas retenu. Plus d'infos

Proposez News | VS Story | F.A.Q. | Contact | Signaler un Bug | VS Recrute | Mentions Légales | VS-webzine.com

eXTReMe Tracker