NIGHT IN GALES - Sylphlike + Towards The Twilight (Nuclear Blast) - 16/03/2013 @ 21h27
Y a des fans du death mélodique dit de Göteborg sur VS? Good, tant mieux.
Et les seconds couteaux vous aimez? Un peu moins évidemment. Mais tant pis, aujourd'hui on va en parler. En incorporant leurs racines heavy à leur death metal, At the Gates, Dark Tranquillity et In Flames ont développé une inédite et irrésistible alchimie dont on mesure encore l'impact aujourd'hui. Dire que cette formule a fait des émules relève de l'euphémisme. A compter du printemps 1996, la Suède va nous enterrer sous un nombre impressionnant de formations, aux qualités aussi variables que leurs destinées. Amusons-nous à en citer quelques unes, mais point d'exhaustivité, c'est le rôle des bases de données. Les premiers à se signaler? Amon Amarth, Arch Enemy, Godgory, Gates of Ishtar... rapidement suivis par, dans le désordre, Gardenian, Ebony Tears, Anata, Soilwork, Sins of Omission, Darkane... On pourrait continuer comme ça longtemps, mais le virus ne s'est pas limité aux frontières suédoises. Sans parler de l'école finlandaise (Children of Bodom & cie), d'autres pays d'Europe ont apporté leur tribu au genre. On aura notamment une pensée pour les Grecs d'Exhumation (dont le leader fondera ensuite Nightrage) ou le groupe allemand ici présent.
Night in Gales (à ne pas confondre avec le groupe de Dan Swanö) se compose à ses débuts des guitaristes Jens et Frank Basten, du vocaliste Christian Müller, du bassiste/grunter Tobias Bruchmann et du batteur Christian Bass. Bénéficiant du coup de pouce d'une structure locale émergeante, le quintet ne perd pas de temps et propose au printemps 1996 un single au format vinyle. Comprenant leurs 2 premiers morceaux (dispo sur youtube pour les curieux) ainsi qu'une reprise live du Raining Blood de Slayer, cet enregistrement passe évidemment inaperçu mais a le mérite de jeter les bases de 'leur' style. Suivant le conseil du catalogue VPC Holy records de l'été 1997, j'ai donné sa chance à Sylphlike, leur 1er EP paru l'année précédente (plusieurs fois réédité depuis). Au programme, 6 titres de death mélodique calqué sur les pionniers du genre. Les traiter de plagieurs et en rester là serait injuste car ces Allemands font preuve d'un réel savoir-faire, tant sur le plan instrumental que de la composition. Sylphlike dispose d'une production relativement brute qui contrebalance son aspect mélodique et chaque morceau possède sa propre structure, son petit truc qui le distingue du suivant.
Bleed Afresh lance les hostilités à un rythme soutenu et les frères Basten prouvent qu'ils sont aussi complémentaires qu'inspirés, ce que confirme le morceau-titre encore plus compact et frénétique, mais toujours mélodique. Avoid Secret Vanity débute au piano (signé par la guest Silke Rychlikowski) et se distingue par les vocaux gutturaux du bassiste Tobias Bruchmann répondant à ceux plus écorchés (façon Anders Frieden) de Christian Müller. Mindspawn bourre et possède les riffs les plus massifs du lot. When the Lightning Starts est un instrumental planant avec guitares en son clair, basse, claviers et samples de vent. Sylphlike se conclut par Flowing Spring (mon préféré de l'EP), avec son break central emmené par un arpège et le bassiste Tobias Bruchmann aux vocaux. Quant au batteur Christian Bass, il fait preuve d'une bonne dextérité. L'après Sylphlike est synonyme de progression pour Night in Gales. Exit le vocaliste Christian Müller (futur In Blackest Velvet) au profit du nouveau venu Björn Gooßes. De plus Nuclear Blast reconnaît leur potentiel et les signe pour 3 albums.
Les choses sérieuses commencent.
Entrés en studio en janvier 1997, les Allemands en ressortent avec le séduisant Towards the Twilight. Chez nous ce 1er album va bénéficier d'une sacrée opportunité en étant chroniqué dans le n°25 de Hard Rock mag (avec Nick 'patate' Holmes en couv'). Mais c'est surtout la présence de l'excellent Towards a Twilight Kiss sur le sampler qui va faire parler de lui. On a ainsi pu constater les dires de Nicolas Radiguet évoquant une synthèse de Dark Tranquillity et In Flames, le tout saupoudré de références à Running Wild. Quelle tuerie, je serais surpris d'avoir été le seul à être impressionné par ce morceau à l'époque. Avec une telle carte de visite, il était permis de penser que si tout le reste était du même acabit, les Allemands avaient de quoi inquiéter les Suédois sur leur propre terrain. Fraîcheur, énergie, superbes mélodies, en clair du beau boulot qui m'a conduit à acheter cet album. Le visuel signé Andreas Marschall (presque tout le heavy/speed et le thrash teuton) confirme cette 1ère impression favorable. On note d'ailleurs que le vocaliste Björn Gooßes s'est investi dans la direction artistique. Il entamera quelques années plus tard une carrière de graphiste (voir Dew-Scented).
Avec Towards the Twilight, Night in Gales nous propose 7 nouveaux morceaux et 2 anciens titres réenregistrés: Razor, issu du single du même nom, et Avoid Secret Vanity, paru sur Sylphlike. La lecture des crédits nous apprend que le processus de composition relève de l'effort de groupe et que le batteur Christian Bass a signé la moitié des textes. Quant à la production de Wolfgang Stach (Elegy, Virgin Steele mais aussi Sodom, Sinister et Massacra), sans être du niveau de celles de Fredrik Nordström, elle se situe dans le haut du panier pour l'époque, même si vu de 2013 on la trouvera facilement perfectible et datée. D'ailleurs sur le papier Towards the Twilight c'est typiquement le genre d'album qu'on s'attend à voir fortement dévalué au fil des ans. Mais ce 1er Night in Gales, de qualité homogène, a réussi à conserver une certaine fraîcheur. Les Allemands n'ont rien inventé, mais on ne peut que s'incliner face à la passion sincère qui émane de leurs morceaux. Ça ne les dispense pas de critiques pour autant, mais des arguments aussi légitimes qu’un manque de basse ou de profondeur pour Björn Gooßes (qui n'a pas le niveau d'un Mikael Stanne) ne suffisent pas à en faire un mauvais album, loin de là.
Côté compos, on guette une baisse de régime qui n'arrive finalement jamais. Of Beauty's Embrace, Autumn Winter, Through Ashen Meadows et Tragedians comportent leur lot de changements de rythmes et de guitares harmonisées qui sauront contenter les fans du genre. Je mets néanmoins un bémol sur la relecture d'Avoid Secret Vanity. Une somme de détails (la tonalité, l'intro, les tempos lents qui le sont désormais trop) m'incite à préférer la version sur Sylphlike. D'ailleurs j'aurais apprécié que Bleed Afresh ou Flowing Spring figurent sur Towards the Twilight. Histoire de finir sur une note positive, la relecture de Razor est une réussite, avec toujours cette alliance de puissance et de mélodies. A ce propos, le morceau Slavesun tutoie la mélancolie dans les dernières mesures. Les Allemands nous offrent aussi une aération bienvenue, le très réussi From Ebony Skies, tout en guitares acoustiques, soutenues par la basse de Tobias Bruchmann. Outre les qualités des frères Basten, c'est le seul moment de l'album où Björn Gooßes nous surprend, ses murmures évoluant en une sorte d'agressivité intimiste. Les discrets arrangements percus/claviers achèvent d'en faire l'un des points d'orgue de l'album.
Night in Gales changera son fusil d'épaule dès son 2ème album en tentant une évolution thrash/groove plus personnelle mais guère convaincante qui aura pour conséquence l'éparpillement de ses membres dans divers side-projects: Deadsoil pour Jens Basten et Christian Bass, In Blackest Velvet pour Tobias Bruchmann, Infliction puis The Very End pour Björn Gooßes. En ce qui concerne Towards the Twilight, il s'adresse aux nostalgiques de cette époque révolue. Un cousin germain de The Gallery et Whoracle ça ne vous tente pas?
Rédigé par : forlorn | 1997 | Nb de lectures : 2521
Tu as raison : j'ai été aussi impressionné par ce morceau paru sur la dite compil.
Faut dire qu'à l'époque, je cherchais tout ce qui sonnait comme ça (et encore aujourd'hui d'ailleurs).
Donc album parfait au niveau compo et prod pour l'époque. Une suite beaucoup moins intéressante qui m'a fait décrocher direct.
Sinon, et comme d'habitude, belle chro l'ami ;-)
Strat Membre enregistré
Posté le: 20/03/2013 à 22h16 - (29075)
Cela me fais plaisir de voir que je ne suis pas le seul à encore aimer ce premier opus de Night In Gales, découvert au hasard par un ami qui m'as chuchoté à l'oreille " Tu vas voir c'est un peu entre In Flames et Dark Tranquility".
Je l'écoute encore, quelques fois, lorsque le CD veut bien se lancer sans sauter à tout va !
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Et les seconds couteaux vous aimez? Un peu moins évidemment. Mais tant pis, aujourd'hui on va en parler. En incorporant leurs racines heavy à leur death metal, At the Gates, Dark Tranquillity et In Flames ont développé une inédite et irrésistible alchimie dont on mesure encore l'impact aujourd'hui. Dire que cette formule a fait des émules relève de l'euphémisme. A compter du printemps 1996, la Suède va nous enterrer sous un nombre impressionnant de formations, aux qualités aussi variables que leurs destinées. Amusons-nous à en citer quelques unes, mais point d'exhaustivité, c'est le rôle des bases de données. Les premiers à se signaler? Amon Amarth, Arch Enemy, Godgory, Gates of Ishtar... rapidement suivis par, dans le désordre, Gardenian, Ebony Tears, Anata, Soilwork, Sins of Omission, Darkane... On pourrait continuer comme ça longtemps, mais le virus ne s'est pas limité aux frontières suédoises. Sans parler de l'école finlandaise (Children of Bodom & cie), d'autres pays d'Europe ont apporté leur tribu au genre. On aura notamment une pensée pour les Grecs d'Exhumation (dont le leader fondera ensuite Nightrage) ou le groupe allemand ici présent.
Night in Gales (à ne pas confondre avec le groupe de Dan Swanö) se compose à ses débuts des guitaristes Jens et Frank Basten, du vocaliste Christian Müller, du bassiste/grunter Tobias Bruchmann et du batteur Christian Bass. Bénéficiant du coup de pouce d'une structure locale émergeante, le quintet ne perd pas de temps et propose au printemps 1996 un single au format vinyle. Comprenant leurs 2 premiers morceaux (dispo sur youtube pour les curieux) ainsi qu'une reprise live du Raining Blood de Slayer, cet enregistrement passe évidemment inaperçu mais a le mérite de jeter les bases de 'leur' style. Suivant le conseil du catalogue VPC Holy records de l'été 1997, j'ai donné sa chance à Sylphlike, leur 1er EP paru l'année précédente (plusieurs fois réédité depuis). Au programme, 6 titres de death mélodique calqué sur les pionniers du genre. Les traiter de plagieurs et en rester là serait injuste car ces Allemands font preuve d'un réel savoir-faire, tant sur le plan instrumental que de la composition. Sylphlike dispose d'une production relativement brute qui contrebalance son aspect mélodique et chaque morceau possède sa propre structure, son petit truc qui le distingue du suivant.
Bleed Afresh lance les hostilités à un rythme soutenu et les frères Basten prouvent qu'ils sont aussi complémentaires qu'inspirés, ce que confirme le morceau-titre encore plus compact et frénétique, mais toujours mélodique. Avoid Secret Vanity débute au piano (signé par la guest Silke Rychlikowski) et se distingue par les vocaux gutturaux du bassiste Tobias Bruchmann répondant à ceux plus écorchés (façon Anders Frieden) de Christian Müller. Mindspawn bourre et possède les riffs les plus massifs du lot. When the Lightning Starts est un instrumental planant avec guitares en son clair, basse, claviers et samples de vent. Sylphlike se conclut par Flowing Spring (mon préféré de l'EP), avec son break central emmené par un arpège et le bassiste Tobias Bruchmann aux vocaux. Quant au batteur Christian Bass, il fait preuve d'une bonne dextérité. L'après Sylphlike est synonyme de progression pour Night in Gales. Exit le vocaliste Christian Müller (futur In Blackest Velvet) au profit du nouveau venu Björn Gooßes. De plus Nuclear Blast reconnaît leur potentiel et les signe pour 3 albums.
Les choses sérieuses commencent.
Entrés en studio en janvier 1997, les Allemands en ressortent avec le séduisant Towards the Twilight. Chez nous ce 1er album va bénéficier d'une sacrée opportunité en étant chroniqué dans le n°25 de Hard Rock mag (avec Nick 'patate' Holmes en couv'). Mais c'est surtout la présence de l'excellent Towards a Twilight Kiss sur le sampler qui va faire parler de lui. On a ainsi pu constater les dires de Nicolas Radiguet évoquant une synthèse de Dark Tranquillity et In Flames, le tout saupoudré de références à Running Wild. Quelle tuerie, je serais surpris d'avoir été le seul à être impressionné par ce morceau à l'époque. Avec une telle carte de visite, il était permis de penser que si tout le reste était du même acabit, les Allemands avaient de quoi inquiéter les Suédois sur leur propre terrain. Fraîcheur, énergie, superbes mélodies, en clair du beau boulot qui m'a conduit à acheter cet album. Le visuel signé Andreas Marschall (presque tout le heavy/speed et le thrash teuton) confirme cette 1ère impression favorable. On note d'ailleurs que le vocaliste Björn Gooßes s'est investi dans la direction artistique. Il entamera quelques années plus tard une carrière de graphiste (voir Dew-Scented).
Avec Towards the Twilight, Night in Gales nous propose 7 nouveaux morceaux et 2 anciens titres réenregistrés: Razor, issu du single du même nom, et Avoid Secret Vanity, paru sur Sylphlike. La lecture des crédits nous apprend que le processus de composition relève de l'effort de groupe et que le batteur Christian Bass a signé la moitié des textes. Quant à la production de Wolfgang Stach (Elegy, Virgin Steele mais aussi Sodom, Sinister et Massacra), sans être du niveau de celles de Fredrik Nordström, elle se situe dans le haut du panier pour l'époque, même si vu de 2013 on la trouvera facilement perfectible et datée. D'ailleurs sur le papier Towards the Twilight c'est typiquement le genre d'album qu'on s'attend à voir fortement dévalué au fil des ans. Mais ce 1er Night in Gales, de qualité homogène, a réussi à conserver une certaine fraîcheur. Les Allemands n'ont rien inventé, mais on ne peut que s'incliner face à la passion sincère qui émane de leurs morceaux. Ça ne les dispense pas de critiques pour autant, mais des arguments aussi légitimes qu’un manque de basse ou de profondeur pour Björn Gooßes (qui n'a pas le niveau d'un Mikael Stanne) ne suffisent pas à en faire un mauvais album, loin de là.
Côté compos, on guette une baisse de régime qui n'arrive finalement jamais. Of Beauty's Embrace, Autumn Winter, Through Ashen Meadows et Tragedians comportent leur lot de changements de rythmes et de guitares harmonisées qui sauront contenter les fans du genre. Je mets néanmoins un bémol sur la relecture d'Avoid Secret Vanity. Une somme de détails (la tonalité, l'intro, les tempos lents qui le sont désormais trop) m'incite à préférer la version sur Sylphlike. D'ailleurs j'aurais apprécié que Bleed Afresh ou Flowing Spring figurent sur Towards the Twilight. Histoire de finir sur une note positive, la relecture de Razor est une réussite, avec toujours cette alliance de puissance et de mélodies. A ce propos, le morceau Slavesun tutoie la mélancolie dans les dernières mesures. Les Allemands nous offrent aussi une aération bienvenue, le très réussi From Ebony Skies, tout en guitares acoustiques, soutenues par la basse de Tobias Bruchmann. Outre les qualités des frères Basten, c'est le seul moment de l'album où Björn Gooßes nous surprend, ses murmures évoluant en une sorte d'agressivité intimiste. Les discrets arrangements percus/claviers achèvent d'en faire l'un des points d'orgue de l'album.
Night in Gales changera son fusil d'épaule dès son 2ème album en tentant une évolution thrash/groove plus personnelle mais guère convaincante qui aura pour conséquence l'éparpillement de ses membres dans divers side-projects: Deadsoil pour Jens Basten et Christian Bass, In Blackest Velvet pour Tobias Bruchmann, Infliction puis The Very End pour Björn Gooßes. En ce qui concerne Towards the Twilight, il s'adresse aux nostalgiques de cette époque révolue. Un cousin germain de The Gallery et Whoracle ça ne vous tente pas?
Rédigé par : forlorn | 1997 | Nb de lectures : 2521