DUFF - Believe in Me (Geffen) - 12/01/2013 @ 22h11
L'évolution d'un point de vue au fil du temps et des circonstances peut réserver des surprises. En la matière, le cas Guns N' Roses reste imbattable, montagnes russes garanties. Inconditionnel de GNR au temps de leur gloire, je confesse avoir pondu un exposé de 2h en cours de musique au collège, larges extraits de ma VHS Use Your Illusion I à l'appui. Quelques années et l'enterrement du groupe plus tard, je peste contre notre presse qui s'acharne à pondre des articles de remplissage (ils l'ont tous fait jusqu'en 1995). "Putain, mais au lieu de gâcher 6 pages, laissez leur chance aux vrais groupes, c'est pas le choix qui manque, merde!" Le temps passe, un changement de millénaire s'effectue et me voilà à écrire sur mon 1er webzine. Sur le forum une conversation vrille et GNR se trouve évoqué. Débarque alors un jeune gars qui pose la question qui tue: "C'est quoi Guns N' Roses?" Et moi de réaliser qu'après avoir souhaité que les Américains tombent dans l'oubli je n'accepte pas la chose... "Rhaaa tous les pédiatres du monde devraient prescrire Appetite for Destruction aux gosses pour l'éveil des sens." C'était il y a 10 ans, et depuis je n'ai pas prété attention à la chose d'Axl, privilégiant l'intégrité des travaux des ex-Gunners. Dont acte.

Avant d'entrer dans le vif du sujet, un mot sur Duff. Issu de la classe ouvrière de Seattle, Michael Andrew McKagan baigne dans la musique dès son plus jeune âge. C'est son frère Bruce qui l'initie à la basse. Marqué par le punk, il fait ses débuts en 1979 avant d'émigrer à Los Angeles à 19 ans (en 1983) après le divorce de ses parents. Celui qu'on surnomme Duff aurait joué dans plus d'une trentaine de formations et ce à tous les rôles (basse, batterie, guitare), la plus connue étant sans doute The Fartz. 2 albums ont eu une influence déterminante dans sa carrière: Damaged de Black Flag (énergie et rébellion) et 1999 de Prince (autodidacte polyvalent). On le découvre, cette envie d'album solo, il se la trainait depuis l'adolescence. Les circonstances (son divorce) ont fait le reste.

Le vrai départ de Believe in Me a eu lieu pendant un day-off de la dernière tournée de Guns N' Roses. J'ai demandé l'assistance du producteur Mike Clink et nous avons commencé à travailler sur mes morceaux. Il faut dire que j'avais 75 titres en stock. (...) En tournée j'ai toujours une guitare à proximité de la main et je compose à mes heures perdues. C'est plus positif que de buller ou se faire du souci.
Duff McKagan dans le n° 15 d'octobre 1993 de Hard Force mag

La conception de l'album de reprises des Guns trainant en longueur, Duff en profite donc pour mettre le sien en boite. Believe in Me sort donc en septembre 1993, 2 mois avant "The Spaghetti Incident?". Si je n'ai pas croisé en bac le 1er Ju Ju Hounds d'Izzy Stradlin à l'époque, impossible de louper l'album de Duff. Entre l'artwork renvoyant à Appetite et la personnalité du grand blond, l'achat de Believe in Me s'imposait. Et qui dit album solo dit investissement optimal et liberté artistique totale. Duff va donc pouvoir chanter, jouer de tous les instruments, brasser les genres et inviter des tas de potes. Ce qu'il ne s'est pas privé de faire. On retrouve donc sur cet opus les Guns au grand complet (à l'exception d'Axl, tant mieux), le guitariste West Arkeen (co-auteur de titres comme It's so Easy ou Bad Obsession), des membres de Skid Row, Jeff Beck, Lenny Kravitz, le rappeur Doc Newman, ainsi que divers guests aux choeurs. On note aussi la présence d'un orchestre sur Could it Be U et de cuivres sur la conclusion Lonely Tonite. On s'en doute, y a à boire et à manger. Reste à tester le buffet.

Believe in Me est un album ouvert sur le monde. On le constate de par la diversité des genres abordés et le processus d'écriture, 5 des 13 compositions de Believe in Me ayant été coécrites. Côté interprétation, Duff se charge évidemment de toutes les parties de basse, ne délègue la batterie qu'à 2 reprises (Matt Sorum, Rob Affuso), assure une majorité des parties de guitares, notamment en rythmique, sans oublier certains arrangements. Dans l'ensemble c'est du bon boulot de sa part, très suffisant pour le genre. Par contre là où le bât blesse, c'est au niveau du chant. Si en live dans le cadre des Guns Duff représentait un plus indéniable, en studio sur un album complet c'est autre chose, et on ne peut que saluer son choix de faire appel à des invités pour le seconder (Gilby Clarke, les choristes) ou le remplacer le temps d'un morceau (Lenny Kravitz, Sebastian Bach, Doc Newman). Et en parlant de morceaux, track by track inévitable.

1/ Believe in Me: 1er single péchu passé inaperçu à sa sortie mais qui s'inscrit dans la continuité de Guns n' Roses. Slash et la choriste Bobbie Brown-Lane apportent un plus bienvenu.

2/ I Love You: Power-ballade un peu bateau dans laquelle Duff se charge de tout. De surcroit placée trop tôt.

3/ Man in the Meadow: Bon titre bluesy coécrit avec West Arkeen qui se charge de la plupart des parties de guitare. Participation de Ted Andrealis à l'orgue. Le refrain reste bien en tête.

4/ (Fucked Up) Beyond Belief: 1ère vraie surprise que ce morceau heavy aux arrangements astucieux coécrit avec Matt Sorum. Jeff Beck et Ted Andrealis sont de la partie. L'un des meilleurs titres de l'album.

5/ Could It Be U: Un bon coup de mou spleenesque post-divorce avec orchestrations. Inhabituel de la part de Duff. Participation de Dizzy Reed au piano.

6/ Just Not There: Nouveau titre de hard bluesy sur lequel Duff se charge de tout à l'exception des soli laissés à Slash.

7/ Punk Rock Song: Le cliché auquel tout le monde s'attend et qui clôture la 1ère face d'un vinyle ou d'une K7, à savoir la décharge Punk DIY du père Duff. 1 minute 30 et basta.

8/ The Majority: 2ème surprise que ce titre avec Lenny Kravitz au chant. Groov'n'funk babe.

9/ 10 Years: Ballade intimiste coécrite et chantée en duo avec Gilby Clarke. Duff se charge de la section rythmique et Gilby de toutes les parties de gratte. Super titre qui aurait tout aussi bien pu figurer sur Pawnshop Guitars (chroniqué ici même).

10/ Swamp Song: Peut-être le titre le plus heavy, avec effets sur le chant. Jeff Beck et West Arkeen se partagent les parties de guitare. Duff aurait du concéder le chant.

11/ Trouble: Ben voila un bon titre qui déménage, merci à Sebastian Bach et Snake de Skid Row pour le coup de fouet. Original, lancinant et dark.

12/ Fuck You: Retour du groove pour ce titre coécrit avec le rappeur Doc Newman au flow impeccable. Par contre le refrain avec piano façon Use Your Illusion s'insère mal et gâche un peu le potentiel de ce titre à mon sens. A noter Rob Affuso à la batterie et Dizzy Reed au piano.

13/ Lonely Tonite: Une conclusion piano-bar jazzy clairement inhabituelle pour Duff qui permet à Snake de faire valoir son feeling. La présence de cuivres et l'usage d'une talkbox nous renvoient aux albums d'Aerosmith période Bruce Fairbairn. Bien foutu.


Believe in Me est un patchwork musical qui démarre assez timidement alors qu'on l'attend 'in your face'. Duff redresse la barre au fil des morceaux en injectant diversité et énergie. Les réactions au sujet de cet album sont à son image: mitigées. Par contre entre "The Spaghetti Incident?" et Believe in Me, y a pas photo, mon choix est vite fait. Si le tribute a le mérite de nous inciter à parfaire nos connaissances musicales en allant dénicher les versions originales, ce 1er album solo de Duff nous montre des musiciens capables de spontanéité et parfois même de créativité au détour d'un passage ou d'un morceau. La suite c'est de l'histoire. Le marasme des Guns ne faisant que commencer, Duff bricolera une formation pour défendre son album live. 3 ans plus tard le grand blond participe à l'aventure Neurotic Outsiders (faute d'avoir pu participer au Snakepit de Slash), dont vincesnake vous parle ICI. Et vous de Believe in Me vous en pensez quoi?


Rédigé par : forlorn | 1993 | Nb de lectures : 2208


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Commentaire
vincesnake
Membre enregistré
Posté le: 12/01/2013 à 23h21 - (28747)

Chronique géniale pour un album qui l’est autant (et mention spéciale pour l’intro !).

Et oui, tout comme toi, j’ai peu à peu trouvé plus d’intérêt aux différents projets des ex-Guners face aux frasques pitoyables d’Axl !

J’ai découvert cet album bien plus tard mais je ne trouve pas vraiment de moments faibles à commencer par la voix d’un Duff en grande forme que j’ai souvent tendance à comparer à l’iguane et ce n’est pas rien ! Les titres avec Lenny Kravitz et Sebastian Bach sont aussi énormes évidement.

Ah oui apparemment Duff a enregistré il y a bien longtemps une suite qui n’a malheureusement jamais vue le jour pour je ne sais quelle raison.




begbie
Membre enregistré
Posté le: 13/01/2013 à 00h54 - (28750)
Album acheté à sa sortie. Un peu inégal, pas super positif, mais Duff a toujours été mon préféré dans GN'R. Un mec talentueux et intègre.
Par contre forlorn et vincesnake arrêtez d'insulter l'Empereur s'il vous plait.



Sagal
Membre enregistré
Posté le: 13/01/2013 à 05h53 - (28753)
Acheté à sa sortie également. En cassette, c'est pour dire ! :-)
J'avoue ne pas l'avoir ré-écouté depuis notre entrée dans le nouveau millénaire mais certains passages me sont restés dans la tête depuis cette époque: Les refrains de "I love you" et "The majority" sont ceux qui me reviennent spontanément pour être précis.
Concernant le chant, je suis plutôt en accord avec vincesnake: Un grain de voix excellent et un chant sincère qui n'ont que faire de la surproduction et des corrections de studio.
Bref, album bien meilleur que n'importe quelle sortie de Guns'n'Roses depuis les "Use Your Illusion" !
Je vais me le ré-écouter dès que possible du coup ! Merci forlorn !

ego
Membre enregistré
Posté le: 13/01/2013 à 07h06 - (28754)
Bravo pour la chro, encore du bon boulot ! J'ai aussi la K7 originale achetée à la sortie (c'est une secte !), toujours dans ma période Gunsmania. Un album maladroit mais sincère, tout n'y est pas top mais c'est peut-être aussi ce qui fait son charme, au moins le bonhomme est là et il joue sans fard ! Mes deux titres chouchous : 10 years me touche toujours et Fuck you groove bien ! ("Yo Duff let's get out of here, wait a minute where's my motherfuckin' house ?")



Floyderz
Membre enregistré
Posté le: 13/01/2013 à 08h48 - (28759)
Ah là là...j'ai hésité à le réécouter avant de lire la kro! Au final je me rends compte que j'ai encore la plupart des morceaux en tête même si ça fait peut être 5 ou 6 ans que je l'ai pas écouté!
Ca fait peur tellement j'aurais pu écrire cette kro! J'ai parfois l'impression que Forlorn a eu le même parcours musical que moi!
J'ai bondi sur cette album à sa sortie (et en 1993 à 16 ans, acheter un cd, c'était un investissement!) et j'ai adoré. Bon j'étais tellement à fond dans GNR et "novice" musicalement parlant, que j'étais pas très objectif! J'ai donc écouté cet album plusieurs mois en boucle, à défaut d'un nouveau GNR!
Bon, je vous laisse, j'ai un album à réécouter!



Youpimatin
Membre enregistré
Posté le: 13/01/2013 à 16h22 - (28767)
Découvert aussi en K7 à sa sortie. Tellement j'ai usé la bande que je l'ai racheté en CD.
Un album frais, authentique et attachant en plus d'être très bon au niveau des compos.

Belle chro qui me donne un soupçon de nostalgie du coup

pamalach
Membre enregistré
Posté le: 13/01/2013 à 23h11 - (28768)
Du trés bon boulot mon forlom !!!! D accord à 100% avec la chronique . Certains refrains sont restés gravés dans ma mémoire. Un très grand bonhomme pour un bon disque !

forlorn
Membre enregistré
Posté le: 18/01/2013 à 20h08 - (28773)
J'aime aussi beaucoup la voix de Duff, mais force est de reconnaître que dès qu'un invité s'empare du micro on passe à un autre niveau, ce qui relance l'intérêt.

Sagal "Un grain de voix excellent et un chant sincère qui n'ont que faire de la surproduction et des corrections de studio."

ego "Un album maladroit mais sincère, tout n'y est pas top mais c'est peut-être aussi ce qui fait son charme, au moins le bonhomme est là et il joue sans fard !"

C'est exactement ça et je réalise ce qui me chiffonnait le week-end dernier... j'ai oublié de rédiger la conclusion de cette kro héhé. Je comptais placer une autre citation de Duff. Du coup je la poste ici:

"Il n'y a pas de règles dans le rock n' roll et certainement aucune obligation en matière de son. En plus sur 'Believe in Me' je peux t'assurer qu'il y a quelques coquilles, mais ce sont elles qui rendent un disque 'humain'. Si j'aime 'Believe in Me', c'est parce que ce n'est pas un album parfait."
Duff dans le n° 15 d'octobre 1993 de Hard Force mag

forlorn
Membre enregistré
Posté le: 10/08/2015 à 09h51 - (31727)
Dans ma chronique j'ai délibérément omis de citer un certain Joie Mastrokalos apparaissant aux choeurs sur 2 morceaux: Swamp Song et Fuck You.

Je n'aurais pas du, car il s'avère qu'il s'agit du guitariste originel de Verbal Abuse (référence du hardcore/punk 80s). De plus après la sortie de Believe in Me, Duff l'a recruté au poste de guitariste soliste pour la tournée à suivre.

Eric "Joie" Mastrokalos est décédé le 20 juillet dernier.

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