HITLER METAL SIEG HEIL

Voila quelque chose qui doit intriguer, voire irriter, certains d'entre vous, c'est pourquoi je ne commencerai pas par vous dire ce que cela fait en introduction, histoire de vous obliger à lire cette kronik pour en savoir plus.

Nouvelle Zélande, 1999, si pour la plupart d'entre vous cette association évoque la magnifique victoire des bleus face au All Blacks en demi finale de la coupe du monde de rugby, pour moi cela évoque tout autre chose, à savoir "The Fire and the Wind" des néo-zélandais de DEMONIAC. Ces derniers étaient déjà connus pour leur précédents méfaits, deux albums de black metal, "Stormblade" (1996) mais aussi "Prepare for War" (1994) et nous auront d'ailleurs très prochainement l'occasion de revenir sur ce premier opus dans les colonnes de VS puisqu'il vient d'être réédité par Listenable.

Mais pour l'heure concentrons nous sur "The Fire and the Wind", ultime album du quatuor démoniaque qui avait la particularité de nous présenter un combo résolument décidé à se faire plaisir, soit en mettant de côté ses racines black metal, tout en conservant un chant extrême, pour s'orienter vers une musique profondément ancrée dans le heavy/speed des années 80. Exit donc le metal noir et place à des cavalcades interminables, des soli à profusion, de la pure branlette de manche, tout aussi démonstrative que jouissive.

D'ordinaire réfractaire aux guitars heros et shredders en tout genre, je dois reconnaître que DEMONIAC a su éviter avec brio tous les poncifs du genre, "The Fire and the Wind" a beau posséder un jeu de guitares extrêmement techniques, il n'en reste pas moins catchy et encore, le mot est faible tant cet album recèle de pépites à l'image de "The eagle spreads its wings", "Demoniac spell" et surtout le combo "Night demons/Demons of the night" qui fleure bon le IRON MAIDEN d'antan. Ce sont ces morceaux en particulier qui nous démontrent que ce que font aujourd'hui Sam Totman et Herman Li dans DRAGONFORCE, ils le faisaient déjà l'époque dans DEMONIAC, si ce n'est que tout est absolument grandiose sur "The Fire and the Wind", alors qu'en ce qui me concerne, je trouve cela absolument chiant dans DRAGONFORCE.

Mais pourquoi ne pas avoir continué sous le patronyme DEMONIAC ? Je pense que la question est légitime tant "The Fire and the Wind" posait les bases de DRAGONHEART devenu par la suite DRAGONFORCE. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, cela n'a rien à voir avec le changement de chanteur ou ce basculement définitif dans un power metal rébarbatif. Non, pour moi la raison est tout autre, DEMONIAC était devenu tricard, limite infréquentable avec une interdiction de vente de "The Fire and the Wind" dans plusieurs pays dont l'Allemagne. La raison ? Elle se résume en un titre : "Myths of metal". Tout en étant l'un des meilleurs morceaux de l'album, musicalement parlant, ce titre fut aussi celui de la discorde. Il faut dire que de balancer en refrain ce fameux "Hitler Metal, Sieg Heil" n'était peu être pas du goût de tout le monde. Le groupe s'en excusa dans un communiqué, repris à l'époque dans un hors série Hard'N Heavy, justifiant cette provocation comme un simple hommage à la scène metal allemande dont ils étaient férus. "On ne pensait pas que cela poserait de problème", disaient-ils, bon d'accord, Herman Li n'a pas vraiment une tête de bon aryen, mais forcément, quand on joue avec le feu…

Cela témoigne également de l'esprit provoc de cet opus, dont la cover possède aussi sa propre anecdote. Dans un papier signé par notre zozo national, on apprenait donc à l'époque ce qui se cache derrière cette fameuse pochette, je cite: "L'un de nos guitaristes avait une idée bien précise: il cherchait à poser pour la pochette en train de baiser la fille la plus immonde qu'on pouvait trouver, une bouteille de picole à la main! On a réussi à trouver une victime consentante mais les distributeurs ont menacé de ne pas vendre les disques si on mettait nos plans à exécution". Cover bien évidement rejetée par Osmose mais je vous l'ai quand même mise en sus de celle qui fut acceptée.

Malgré tout cela "The Fire and the Wind" n'aura pas vraiment marqué les esprits, il faut dire qu'il y a quatorze ans les stars du heavy/speed extrême s'appelaient déjà CHILDREN OF BODOM, les autres étant relégués au rôle de suiveurs. Pour moi cela reste un chef d'œuvre du genre. Pour les curieux cet album est en écoute intégrale sur Deezer.


Rédigé par : wasted | 1999 | Nb de lectures : 2437