Motörhead est de retour dans les bacs en ce jour du 15 octobre 1996 avec Overnight Sensation, l’actualité est très sportive en cette période où Damon Hill célèbre son premier et unique titre de champion du monde de formule 1 reçu deux jours auparavant. La veille de ce sacre un mousquetaire nous quitte, René Lacoste s’éteint à l’âge de 92 ans, enfin l’icône du cinéma muet Laura La Plante (qui a joué dans un des premiers films d’épouvante de l’histoire : « La volonté du Mort » sorti en 1927, et que je vous conseille au passage) disparait également, à croire que celle-ci n’a pas supporté la verrue de Lemmy ou le son surpuissant de sa basse.

Si Motörhead adore l’as de pique (suivez mon regard), le chiffre 13 est très présent dans la symbolique de ce nouvel opus, en effet il s’agit du treizième album du groupe et aussi le retour au mode trio après treize années en quatuor.

Les ayant découvert au collège grâce au très bon Sacrifice, j’attendais cet album de pied ferme, et le voilà qui sort et je fais figure d’ovni dans ma classe de BEP, entouré de … (non pas d’insultes svp) qui n’écoutent que 2 Pac et tous ces rappeurs dont le Yo fait office de vocabulaire …

Une promotion d’enfer dans Hard Force, une interview de Lemmy sans sa barbe (non ça n’est pas Corbier qui l’a remplacé mais ça surprend) et me voilà en possession de l’objet tant convoité.

Wurzel (R.I.P.) ayant quitté le navire, le retour en trio est une bénédiction, on se rend compte que c’est dans cette formule que réside LE son Motörhead, la basse de Lemmy n’a jamais sonné si fort, elle ronronne tel un chat heureux que l’on aurait branché sur un ampli Marshall.

Il faut dire que les livraisons en quatuor, hormis le fabuleux Orgasmatron (et dans une moindre mesure Sacrifice) n’ont jamais été vraiment à la hauteur des attentes, même s’il y a de très bons titres.

Ce qui surprend également c’est la pochette, où l’on voit les trois compères dessus, une première depuis le mythique Ace of Spades de 1980 et où nos trois héros du line-up historique faisaient penser au Bon, à la brute et au truand, avec sa pochette très « Léonesque », bref là pas de logo avec le monstre historique, à retour en trio retour à la sobriété, ce qui ne durera que pour cet album.

Parlons du disque, nouveau line-up et nouvelle production, celle-ci est bien plus lourde et compacte que les dernières livraisons, un son très « moderne » qui est le bienvenue, couplé avec des morceaux très rock’n roll un peu inspirés par l’album 1916.

Il s’ouvre sur le puissant « Civil War », tout de suite on sait qui joue, pas de surprise, 3 minutes imparables, « Crazy Like a Fox » reste dans le même esprit, et on arrive sur « I Don’t Believe a Word » long morceau où des chœurs surprenants mais bienvenue s’ajoutent pour créer une ambiance bizarre mais excellente. « Eat the Gun » retour à du court, classique et efficace.

« Overnight Sensation » plage 5 de l’album et un des chefs d’œuvre heavy composés par le groupe. Introduction avec ce son de basse incroyable qui en live vous hérisse les poils et les cheveux, batterie et riff typiquement heavy, Lemmy chante incroyablement bien et même si un petit passage acoustique inutile vient un peu le plomber il n’y a rien à dire.

D’ailleurs pour rester sur celui-ci je vous conseille de rechercher la prestation live du groupe à Nulle Part Ailleurs où ce titre fût joué, vous m’en direz des nouvelles.

« Love Can’t Buy your Money » morceau un peu remplissage et classique et on arrive sur « Broken » qui là encore est excellent, là aussi morceau très heavy, bien mené et efficace, toujours bon en live également.
« Them not Me », « Murder Show » et « Shake the world » montrent un groupe au top de sa forme avec des compositions simples et efficaces.

Comme souvent avec le groupe la dernière plage est assez surprenante, et c’est le cas avec ce « Listen to your Heart » où là encore la guitare acoustique est présente, mais elle rend bien cette fois-ci.

Le meilleur album du groupe durant la période 90’s, un disque posé, plus heavy, mais qui en perdant de la vitesse a gagné en puissance grâce à une inspiration retrouvée, une puissance de retour, et qui est le plus complet en terme de densité depuis Orgasmatron.

La machine est belle et bien à nouveau huilée, et après quelques albums décevants elle nous prouve que malgré son grand âge le poids des ans n’a aucun effet sur elle (Inferno, Kiss of Death, et The World is Ours, sont là pour le prouver).

Le chiffre 13 a donc été un porte-bonheur pour le groupe.


Rédigé par : GabinEastwood | 1996 | Nb de lectures : 2972