RAGE AGAINST THE MACHINE - Evil Empire (Epic) - 29/09/2012 @ 20h51
L’autre jour, je fouillais dans mon stock de K7 audio à la recherche d’une perle à chroniquer, lorsque je suis tombé sur cet album de Rage Against The Machine, bien planqué dans une vielle boîte à gâteaux de la maison Delacre. Le premier album du groupe étant déjà honoré dans cette rubrique, il m’a paru évident qu’« Evil Empire » méritait lui aussi quelques notes dans ces pages. 4 ans se sont écoulés depuis ce fameux album éponyme qui défrayait la chronique en 1992 avec son mélange Rap / Metal détonnant. Son impact s’est ressenti plus tard en France me permettant de découvrir le groupe via les ondes FM. Pas la peine de froncer les sourcils, les radios étaient vraiment « libres » à l’époque et n’hésitaient pas à diffuser en boucle « Killing in the Name » l’hymne de toute une génération. La diffusion de plusieurs morceaux lors d’émissions spéciales sur Fun Radio et Skyrock (aussi incroyable que cela puisse paraître) peu avant la sortie de son successeur, « Evil Empire », m’ont permis d’en connaître plus et de me motiver pour acheter les albums originaux. Le 1er single « Bulls on parade » était diffusé en avant-première, je n’avais aucune excuse !

En l’espace de quelques années, le quatuor était devenu un des chefs de file du mouvement Fusion. Un courant qui était d’ailleurs en très bonne santé vers 1996, vu l’actualité chargée de ses principaux acteurs. Les vieux de la vielle (Red Hot, Faith No More), cartonnaient à grands coups d’albums essentiels et de tournées triomphales. En même temps, la scène française explosait (Silmarils, No One) quand la vague Néo pointait déjà le bout de son nez. Au milieu de tout cela, les RATM faisaient office de porte-parole, scandant leurs discours engagés avec la volonté ferme de bousculer l’ordre établi. En s’illustrant par des prises de positions politiques très violentes, ils crachaient à la gueule des autorités leur combat contre les injustices. C’est pour cela qu’« Evil Empire » continue sur la lancée du tonitruant 1er album en appuyant toujours là où ça fait mal, quitte à s’attirer les foudres de la censure et multiplier les scandales dans l’Amérique des 90’s ! Cependant, « Evil Empire » a bien failli ne jamais voir le jour. Les tensions accumulées pendant le rythme épuisant des tournées ont altéré l’harmonie au sein du groupe. A 2 doigts de la rupture, ils s’accordèrent une pause salvatrice avant d’intégrer les studios en compagnie du producteur Brendan O’Brien (Pearl Jam et Stone Temple Pilots pour n’en citer que 2).

Le titre de l'album « Evil Empire » est une allusion à un discours du président Reagan, narré en pleine guerre froide pour désigner, en ces termes, l’Union Soviétique. L’ironie exprimée par le titre et la pochette dévoilant la représentation idéaliste d’un enfant issue du régime communiste et habillé d’un costume de super héros (le symbole américain), vise directement le système US. Le message exprimé critique ouvertement une Amérique puritaine et donneuse de leçons, face au paradoxe lié à sa politique répressive et violente. Dans l’écriture des textes, l’auteur / interprète Zack De La Rocha, n’y est pas allé de main morte et prône toujours la révolution sur le ton agressif qui le caractérise. La sincérité de son verbe dénonce le sort du peuple mexicain depuis l’invasion espagnole (1516) jusqu’à la domination récente des Américains, sur « People of the Sun » où le chanteur y trouve une forme d’exutoire à sa révolte (sa famille est d’origine mexicaine). Le single « Bulls on Parade » s’annonce comme un nouvel hymne anticapitaliste, en pointant du doigt une Amérique préoccupée à armer ses forces en négligeant l’éducation de la masse. En outre, le sujet délicat de l’inégalité sociale est traité sur « Down Rodeo » et « Vietnow » parle de l’influence des médias sur l’opinion publique.

Au niveau musical, le groupe réunit tous les ingrédients pour une réussite incontestable au travers des riffs incroyables de Tom Morello. Son approche singulière de l’instrument le place parmi les guitaristes les plus respectés et affirme l’identité de RATM. Le percutant « Bulls on Parade », « Revolver » et ses parties dignes de Jimmy Page ou encore le hors-normes « Vietnow » sont autant de brûlots révélant un talent certain pour placer ses attaques mortelles et ses effets toujours plus surprenants. Le grondement lourd et menaçant de la basse de Tim Commeford dévoile un instrument placé au premier plan pour un dialogue hallucinant avec les prouesses du génial guitariste (« Tire Me », « Down Rodeo » et son atmosphère à couper au couteau). Le bassiste tatoué ajoute à son groove d’inspiration Jazz et ses influences Funk, un feeling malsain et agressif qui installe une impression de guérilla urbaine, dès les premières notes (« Without a Face », « Roll Right »…). La frappe virulente de Brad Wilk sert solidement de base au dynamisme des chansons et rythme la diction sévère du rappeur teigneux De La Rocha ( l'incisif « People of the Sun », « Year of tha Boomerang »).

Bien qu’il soit condamné à rester dans l’ombre de son glorieux prédécesseur, « Evil Empire » se fond parfaitement dans la courte discographie du groupe en apportant son lot de classiques intemporels. D’apparence moins « Heavy », la musique conserve néanmoins toute sa fougue sur des compositions directes, nuancées et très inventives. La production de Brendan O’Brien instaure un son sale et agressif proche du rendu « Live » où les morceaux prennent toute leur dimension. N’ayons pas peur des mots, « Evil Empire » reste un incontournable du mouvement fusion, plus qu’un simple disque, un bâton de dynamite !


Rédigé par : vincesnake | 1996 | Nb de lectures : 2656


Auteur
Commentaire
choupikou
IP:91.88.217.167
Invité
Posté le: 30/09/2012 à 02h28 - (28161)
mon préféré, plus bordélique, moins metal, quel son!!! naturel et puissant

Le Druide
IP:82.67.29.241
Invité
Posté le: 30/09/2012 à 08h22 - (28163)
Arf ... le moins bon RATM pour moi.
"Bulls on parade" & "People of the sun" sortent du lot mais le reste n'est pas très inspiré je trouve.


evil
Membre enregistré
Posté le: 30/09/2012 à 08h47 - (28164)
Album simple, mais efficace, ça reste top !



GabinEastwood
Membre enregistré
Posté le: 30/09/2012 à 10h34 - (28165)
Excellente chronique, qui m'a rappelé de bons souvenirs. Je me rappelle avoir découvert le titre en exclu sur Fun Radio avant la sortie de l'album, Max & Genie le passait régulièrement.

L'album en lui-même est bon, moins que l'éponyme cependant, il n'a pas cette folie. Bulls on parade, Vietnow, People of the sun permettent au disque de rester au top malgré du remplissage visible.

Bref assez timoré mais je vais le réecouter ;)



Blind
Membre enregistré
Posté le: 30/09/2012 à 11h41 - (28166)
J'ai longtemps considéré cet album comme le "maillon faible" de la discographie de RATM, de plus c'est un album que j'écoute assez peu souvent. Et puis comme souvent à la lecture des chroniques "remember" (très bonne chro au passage, Vincesnake), je me le suis réécouté hier soir et je dois dire qu'avec quelques années de recul en plus, il passe beaucoup mieux. Car à vouloir toujours le comparer avec le S/T, j'en arrivais toujours à la conclusion qu'il était moins bon (ce qui est le cas effectivement) mais je crois surtout qu'il est différent avec des singles "simples" ("People of the Sun" et "Bulls on Parade" pour ne citer que les deux premiers titres de l'album) et d'autres titres moins immédiats qui demandent un peu plus d'écoutes. Je suis également d'accord avec le fait qu'il est plus dans un esprit "rock" que "metal".



vincesnake
Membre enregistré
Posté le: 30/09/2012 à 19h19 - (28173)
Merci pour ces retours, c'est encourageant !

On est bien d'accord, l'éponyme reste leur meilleur album, mais redonnez une chance à cet Evil Empire qui regorge lui aussi de très bon morceaux. L'alchimie entre les instruments est hors du commun, c'est flagrant sur "Down rodeo" (par exemple), à mon avis le meilleur titre du disque !

Malfas
IP:212.195.212.177
Invité
Posté le: 30/09/2012 à 22h19 - (28174)
Je me le réécoute du coup, et je me demande... c'est vrai que j'avais préféré le premier, et que j'étais resté sur cette impression.

Mais il ne faut pas sous estimer l'impact de l'effet de surprise que le premier générait. Putain, la découverte de Killing in the name quoi, je m'en rappelle encore, ce titre, comme Root des deftones, ou quelques rares autres morceaux qui réussissaient à personnifier un nouveau son.
Je ne dis pas qu'ils ont réinventer la musique bien sûr, mais il y a quelque chose dans ces morceaux et ces groupes qui les rends totalement uniques, inimitables.

Du coup, quand Evil Empire est sorti, on savait a quoi s'attendre, on en attendait même beaucoup, ya pas eu cette claque de la découverte.

Sur ce... je repars jumper sur bulls on parade, parceque ce putain de riff ne me laisse pas le choix !

fedaykyn
IP:213.41.214.41
Invité
Posté le: 01/10/2012 à 10h22 - (28175)
Pour moi c'est vraiment leur meilleur.

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