Une arnaque ! Voilà ce que certains doivent se dirent à propos d’un groupe qui pompaient sans vergogne, les riffs de Tony Iommi jusqu’au chant d’Eddie Vedder. Ils avaient tout pour être la plus grande escroquerie du Rock ‘n roll depuis les Sex Pistols et Dick Rivers !
Vous allez rire mais ces jeunes Australiens se sont fait connaître en gagnant un concours télé-crochet, la « nouvelle star » de l’époque en quelque sorte. Le 1er prix était le financement d’un album et donc « Frogstomp » fut enregistré sous la houlette du producteur Kevin Shirley et enfin commercialisé en 1995. La bonne blague !
Vrai faux groupe Grunge, Silverchair se retrouva rapidement mis sur un piédestal, par une presse « Rock » qui voyait en leur chanteur blondinet, David Johns, le nouveau symbole d’une jeunesse devenue orpheline, suite au drame que l’on connaît.

Ben alors, pourquoi cette chronique me direz-vous ?
Parce que cet album, c’est un peu comme les cartes de la NBA en cadeau du menu Maxi Best Of, les cassettes copiés à partir des bandes enregistrés par le copain d’un copain et la série australienne (décidément) « Hartley cœurs à vifs » : un souvenir intimement lié à l’adolescence !
Et puis ce disque est pas si mal que ça, voire même, osons le dire : génial.
Malgré la naïveté du propos, une maturité certaine est perceptible, difficile d’imaginer qu’il est l’œuvre de 3 « gamins » âgés d’à peine 16 ans lors de sa sortie. Comment ne pas se reconnaître en eux quand on est de la même génération ?

Du très émotionnel « Israel’s Son », au très Punk « Findaway », que des tubes sont au programme d’un album varié, dévoilant un vrai sens de la mélodie accrocheuse.
Le format couplet calme, refrain énervé popularisé par Nirvana est de rigueur sur bon nombre de morceaux (le single « Tomorrow » en tête). Le chanteur-guitariste excelle dans ce registre avec un ton sombre et nonchalant rappelant les plus belles heures du « Seattle sound », sans oublier la dépressive power ballad destinée à ceux qui sont mal dans leur peau (Suicidal Dream). Excusez-les, c’était la mode à l’époque…
La section rythmique assurée par Ben Gillies et Chris Joannou, respectivement batteur et bassiste, assure une exécution solide pour un aspect « garage » brute et sans temps morts.
Les racines métal sont bien présentes dans les compositions, les musiciens ont été élevés par Black Sabbath et Deep Purple dès le berceau et ça s’entend (l’instrumental Madman, Pure Massacre). Pas besoin de revenir aux fondamentaux ! Des chansons comme « Leave me out » et « Undecided » dévoilent un riffing très puissant dans la veine d’Helmet dont nos trois gaillards sont d’inconditionnels fans (et non, ça ne m’a pas échappé).

En clair, que du bon dans cette galette aussi touchante que sa pochette est débile.
La niaque de ces petits gars étaient tellement forte qu’en l’espace d’un album, le monde leur appartenait. Ils prouveront qu'ils pouvaient se faire un nom dans un paysage Grunge alors en pleine décomposition.
2 ans après l’album à la grenouille, le trio sortira un excellent « Freak Show » plus travaillé et personnel. Ensuite… Ben quoi, ça existe encore Silverchair ?


Rédigé par : vincesnake | 1995 | Nb de lectures : 2257