Après avoir vécu son âge d’or au début des 90’s, le Death Métal connu une période creuse vers le milieu de la décennie. Ses détracteurs parlaient du déclin de cette scène, au moment ou le Black Métal explosait. Et quand tous les regards se tournaient vers la Norvège, le volcan du Métal de la mort attendait patiemment de repartir en ébullition.
L’année 1998 a marqué le retour en force de certaines grosses pointures du genre tels que Morbid Angel, l’emblématique Death, ou encore Bolt Thrower.
1998 connut aussi des sorties qui allaient bouleverser le Death métal, permettant à leurs géniteurs de devenir les Cadors de la décennie à venir. Nile, sortait son 1er album, quand Cryptopsy, et les brutes urbaines de Dying Fetus se surpassaient.
Cette même année, les vétérans Cannibal Corpse connurent eux aussi leur petite révolution.

Au cours de son parcours exemplaire, Cannibal Corpse eut bien du mal à stabiliser son line-up, chaque sortie du groupe le voyant amputé de l’un de ses membres.
Inutile de préciser les va-et-vient de ses musiciens, digne d’un revirement ministériel, il est préférable de s’intéresser à l’œuvre qui fait l’objet de cette chronique: Gallery of Suicide.
Cet album est marqué par l’arrivée du guitariste Pat O’Brien (ex-Nevermore) au poste laissé vacant par Rob Barret, retourné chez ses anciens frères d’armes (Malevolent Creation).
C’est plus motivé que jamais qu’il intègre l’équipe restée le plus longtemps inchangée de toute son histoire. La suite montrera à quel point son jeu apportera beaucoup dans l’orientation très technique de la musique du groupe.

Nullement affecté par la baisse de popularité de son style musical, Cannibal Corpse réussit à accroître sa « Fan base » en enchaînant les concerts et les sorties d’albums sans jamais faiblir.
Constamment à la recherche de son idéal et essayant continuellement d’améliorer sa technique, le groupe est retourné au Morrissound studio après 5 albums produits par Scott Burns pour ainsi confier cette lourde tâche à un certain Jim Morris.
Moins massif et compact, le nouveau son met en valeur chaque instrument, même si on est encore loin de l’excellence des productions plus récentes.
Gallery of Suicide est selon les membres du groupe eux même, l’album le plus atypique de leur carrière. Plus varié et plus long qu’à l’accoutumé, c’est une collection de 14 titres pour 44 minutes de musique barbare que les Floridiens nous ont concocté.

L’album débute sur un « I Will Kill You » devenu culte, alternants rythmes rapides et passages lourds écrasants. On est surpris par l’incroyable aisance du vocaliste Georges « Corpsegrinder » Fisher qui parvient à alterner growls monstrueux et hurlements déchirants, débités avec rapidité.
On trouve toujours des morceaux typiques du groupe, comme « Unite the Dead » et « Stabbed in the Throat » bien lourds où la basse d’Alex Webster claque toujours autant.
Les fans des albums plus anciens ne sont pas déboussolés, même si la grande force de ce disque est l’apport d’éléments inédits, car ils ne dénaturent pas leur style.
Dans les nouveautés, on peut déceler des ambiances plus travaillées que d’ordinaire.
Le mélange de « leads » mélodico-malsaines doublant les rythmiques, prouve une nouvelle fois son efficacité (« Sentenced to Burn » fera même l’objet d’un clip).
En parlant d’ambiances, comment rester de marbre devant la puissance de feu du morceau titre ? Jouant avec nos nerfs, des passages lents et malsains rencontrent des accélérations soudaines, dévastatrices.
Au rayon « ovni », la présence de l’instrumental « From Skin to Liquid » en surprendra plus d’un. Très lent et lugubre, au rythme lancinant, on pourrait quasiment l’affilier au Doom.
Des titres très rapides font aussi leur apparition (« Disposal of the Body » et « Dismembered and Molested ») d’un format presque « Grind » (moins de 2 minutes au compteur), qui balayent tout sur leur passage.
Parmi les réussites, « Centuries of Torment » est pour moi LA grosse tuerie de l’album.
Le refrain est sans doute, un des meilleurs qu’ils aient jamais fait. Je suis scotché sur place quand je l’écoute tellement il est prenant !
Il m’a fait le même effet que le titre « Orgasm Through Torture » sur le disque précédent, c’est dire ! On peut remarquer l’idée judicieuse de placer une bombe en avant dernière piste.

Comme d’habitude, 2 pochettes dessinées par Vincent Locke sont sorties en fonction des gardiens de la morale : une censurée représentant une forteresse digne d’un film d’horreur et l’autre très gore, dévoilant la galerie où des personnes s’adonnent à des actes suicidaires !
S’inscrivant dans une grande tradition des bandes dessinées « Comics » Américaines, c’est une fois de plus très provocateur.
Cette galerie du suicide est un tournant majeur dans l’histoire de Cannibal Corpse, qui est parvenu à se renouveler et à atteindre un succès bâtis sur un travail rigoureux et un incontestable savoir faire. Fruit d’une période de grande productivité, « Gallery of Suicide » verra son successeur, le terrible « Bloodthirst » sortir à peine 1 ans après.




Rédigé par : vincesnake | 1998 | Nb de lectures : 2971