ON THORNS I LAY - Orama (Holy) - 01/07/2012 @ 00h11
On Thorns I Lay est un groupe énervant. Versatile pour les amateurs, opportuniste pour ses détracteurs. Changements de patronyme, line-up en perpétuel remaniement (accentué par des allers-retours entre la Grèce et la Roumanie), évolution parfois radicale d'un album à l'autre, production aléatoire... rien ne nous est épargné. Cependant en dépit de ces difficultés, les Grecs ont su proposer de bons albums. Mais avant d'entrer dans le vif du sujet un peu d'histoire... En 1992 Stefanos Kintzoglou (vocaux et batterie) et Chris Dragamestianos (guitares et claviers) fondent le groupe de doom/death Paralysis qui devient Phlebotomy l'année suivante. A noter que le trio devient sextet et que Stefanos cède la batterie à Fotis Hondroudakis (Vorphalack). Après 3 Demos et 1 EP, les Grecs profitent de l'appel d'air provoqué par leurs compatriotes Nightfall et Septic Flesh pour signer en 1995 sur le label français Holy records. Phlebotomy devient On Thorns I Lay.
Avec Sounds of Beautiful Experience, On Thorns I Lay nous dévoile un doom/death atmosphérico-onirique assez particulier. Trop touffu (voire incongru) pour être efficace malgré de bonnes idées, ce 1er album s'inscrit néanmoins dans la lignée des productions grecques de l'époque. En ce qui me concerne, j'ai découvert OTIL avec l'inédit placé sur le Vol. 1 de la Holy Bible. Pour ce titre les Grecs ont tenté une approche différente qu'ils ont voulu dans l'esprit du Almost a Dance de The Gathering. En résulte un metal atmosphérique pas trop bien foutu dominé par les piano/claviers et un solo de basse slappé funky, sympa mais hors de propos. Hors-champ il est important de préciser que la plupart des musiciens impliqués dans OTIL sont des étudiants en médecine. C'est la raison majeure expliquant la plupart des mouvements de line-up. En effet Stefanos et Chris ont choisi de poursuivre leurs études en Roumanie, ce qui n'est pas sans conséquences sur leur musique.
Le contexte de l'époque, la maturation de leur style et une promo plus efficace vont permettre à OTIL de sortir du lot. Sur le papier c'est déjà le cas. Avec Orama les Grecs nous ont concocté un concept-album sur la mer, l'océan et plus particulièrement le mythe de l'Atlantide. Sorti en digipack en novembre 1997, Orama est noyé sous les teintes bleu-vert. Quant à leur musique, elle a, en 2 ans, mûri de façon étonnante, même si l'influence de Septic Flesh est flagrante. En effet les Grecs ont développé des structures épurées bien plus efficaces et cohérentes que par le passé, et surtout trouvé un son relativement unique pour les claviers et les soli de guitare. Pour leur 1er album OTIL avait enregistré au Storm studio sous la houlette de Magus Wampyr Daoloth (Necromantia) et Efthimis Karadimas (Nightfall), avec l'aide de Sotiris Vayenas (Septic Flesh). Alors certes la fermeture du Storm a contraint OTIL à tester un autre studio, mais bon sang c'est quoi cette prod et surtout ce mixage?
Cet opus possède des qualités incontestables qui se trouvent en partie gâchées par un espèce de filtre étouffant le son et un mixage bâclé. C'est la section rythmique qui pâtit le plus de ce traitement, en particulier les parties de batterie de l'excellent Fotis Hondroudakis dont le son est parfois indigne d'une BAR (intro d'Atlantis I). Georges Gregos n'était pas l'homme de la situation et les Grecs ne feront heureusement plus appel à ses services à l'avenir. Néanmoins la qualité de compositions est telle que même une production décevante n'a pas freiné mon enthousiasme à la sortie d'Orama, dont je n'attendais pourtant rien. Fan de la première heure de Septic Flesh, j'ai fait bon accueil à cet inattendu petit frère, que je considère un peu comme le chaînon manquant entre Esoptron et Ophidian Wheel (mais plus proche du 1er cité). Atmosphérique, nostalgique, onirique et bien sûr aquatique... tous ces qualificatifs conviennent parfaitement au doom/death d'OTIL.
J'en parlais précédemment, fini les compositions tarabiscotées et surchargées. Chris Dragamestianos, le guitariste et principal compositeur, apporte un soin tout particulier aux rythmiques qui sont plus dynamiques et carrées que par le passé (couplets d'Oceans, dernière partie d'In Heaven's Island, 2 morceaux disponibles sur les samplers de mags de l'époque). Quant au travail mélodique, il n'hésite pas à le déléguer à des musiciens de session. A ce titre les superbes interventions du soliste Thanazis Hatzaiagapis (Sorrowful Winds, ex-Vorphalack) contribuent très largement à affirmer la qualité de cet album et il est bien dommage que leur collaboration en soit restée là. Quant à la section rythmique, notez que Stefanos Kintzoglou a récupéré la basse à son compte, même si ses interventions sont généralement rendues inaudibles par la prod (exception faite du break d'Oceans). Feeling et technique caractérisent les parties de batterie de Fotis Hondroudakis, le meilleur batteur qu'OTIL ait employé.
Sur cet album, les claviers de Roula occupent une place vraiment primordiale. S'ils ne sont pas systématiques, ils sont très présents et passent parfois au 1er plan (les intermèdes instrumentaux The Song of the Sea et Atlantis III). Les divers arrangements et samples utilisés achèvent de lier les morceaux entre eux, de faire d'Orama un concept-album homogène. Quant aux parties de chant, OTIL inaugure la formule dite du 'beauty & the beast' qui se systématisera par la suite. Orama est l'unique album sur lequel Stefanos Kintzoglou délaisse son style si caractéristique, cette espèce de narration chantonnée, au profit de vocaux exclusivement death, de surcroît très gutturaux. Pour contrebalancer, les Grecs ont fait appel à Georgia Grammaticos, une chanteuse de session qui ajoute un cachet supplémentaire à Orama. Certains ont comparé sa performance angélique à Anneke van Giersbergen, je ne partage pas ce point de vue, même si le chant de Georgia est très bon.
Malgré ses imperfections Orama a confirmé le potentiel des Grecs et permis à On Thorns I Lay de franchir une étape supplémentaire en terme de reconnaissance (et donc de moyens). La suite c'est de l'histoire: l'installation permanente du duo fondateur en Roumanie et l'abandon du doom/death pour un metal mélancolique épuré aux prétentions de plus en plus rock. Si Orama n'est pas leur album le plus mature et maîtrisé, il reste pour moi leur plus inspiré, d'autant que la filiation avec Septic Flesh est plutôt flatteuse et m'a encouragé à les découvrir. J'ai longtemps espéré un remasters d'Orama, mais vu comme la relation entre On Thorns I Lay et Holy records s'est achevée, ça n'arrivera sans doute jamais. Dommage. Reste un bon album que les fondus de Septic Flesh 1ère époque devraient apprécier.
Rédigé par : forlorn | 1997 | Nb de lectures : 2212
Encore une très bonne chro, et quel soucis du detail !
J'ai tout lu sur cette album : Mauvais prod, pochette moche...
Mais moi je l'adore tel quel, c'était ça Holy records !
grozeil Membre enregistré
Posté le: 01/07/2012 à 01h00 - (27694)
C'est marrant cette filiation que tu fais avec Septic Flesh, je ne l'entends pas vraiment (en même temps, je connais mal le SF pré -Ophidian Wheel) et pour ma part, j'entends plus l'influence d'un Rotting Christ quand il fait du riff et des leads mélodiques (Triarchy of the Lost Lovers et Dead Poem). Bref.
Je l'ai écouté en boucle cet album et effectivement, il est assez attachant malgré les boulets quand même hallucinants qu'il traine : la production, le graphisme... Avec une prod' adéquate, il aurait peut être même pu devenir quasiment un chef d'oeuvre tant les parties de gratte sont bien foutues. Mais, pour ma part, j'ai une préférence pour le n'importe quoi du premier album.
dimmu77 Membre enregistré
Posté le: 01/07/2012 à 10h24 - (27699)
un album qui a tourné des semaines aux côtés de Septic Flesh, la Grèce se portait mieux à l'époque ^^
superbe album malgré une prod catastrophique
Youpimatin Membre enregistré
Posté le: 01/07/2012 à 20h53 - (27710)
J'adore toujours autant cet album et la prod y participe, c'est bourré de pépins techniques mais ça joue pour beaucoup sur l'atmosphère aquatique du rendu final.
Le titre de gloire du producteur était d'avoir bossé avec Deep Purple mais il avait dû être seulement stagiaire sur un session studio ;-)
J'aime beaucoup ce qu'ils ont fait ensuite.
Submeat pas co... IP:82.236.165.165 Invité
Posté le: 26/10/2012 à 00h58 - (28300)
A vendre en version digipack et donc collector sur Price Minister ! ;)
Zoliv Membre enregistré
Posté le: 15/11/2012 à 10h33 - (28396)
C'était sympa, mais ça casse pas la baraque, Orama.
(toudoum tsssss !!!)
TarGhost Membre enregistré
Posté le: 09/12/2012 à 16h55 - (28598)
Incroyable album d'un temps révolu, cet "Orama" défie les lois du bon sens doom/death : prod' aquatique, superbe grunteur, riffs venus d'ailleurs...il n'a aucun équivalent, il reste un must.
Je me souviens encore des kros de l'époque qui l'avaient assassiné, en ce qui me concerne, j'ai découvert cette galette au moment où j'étais à donf dans les prods Holy (le 2e Serenity "Breathing demons" en fait partie également) et il restera à jamais gravé dans mes esgourdes pour ces sublimes parties de claviers atmo et ces parties de grattes illuminées.
Masterpiece.
forlorn Membre enregistré
Posté le: 09/12/2012 à 17h55 - (28600)
J'ignore quelles chroniques tu as lu, mais celles que je possède sont enthousiastes.
Hard rock mag n°29 de décembre 97 (avec Angus Young en couv):
"leur death atmosphérique a considérablement gagné en maturité et on ressent que chaque composition a fait l'object d'une réflexion avancée (...) du death atmosphérique dans ses plus beaux apparats."
Metallian n°10 de janvier/février 98 (avec Venom en couv):
"ce 2ème album se révèle d'une grande qualité (...) un travail tout à leur honneur." note 5/6 (et avec une influence reconnue de Septic Flesh)
Strat Membre enregistré
Posté le: 16/05/2013 à 13h51 - (29383)
Cet album à une haute estime pour moi, autant dire qu'il est difficile de rester neutre en parlant de lui.
Bien des personnes reprochent le son de cet album, quelque peu "muet", flou, comme si un mauvais filtre avait été greffer au mixage.
Pour ma part cet effet ne me dérange pas du tout, au contraire, il contribue à l'ambiance "mystique/relative à la mer" qui donne une coloration toute particulière aux compositions.
Je ne savais pas que Sotiris avait aidé OTIL à l'époque mais je m'en doutais, autant de groupes grecques qui signent chez Holy Records (OTIL, Septic Flesh, Nightfall) ça doit forcement caché quelque chose..
Leur album suivant "Crystal Tears" est excellent, je l'adore, bien que différent.
Nostalgique je regrette que OTIL ont ensuite décider de prendre des décisions artistiques si différentes.
Si je ne commente cette chronique que maintenant c'est qu'après plusieurs semaines de recherche j'ai pu enfin trouver cet album, album que je possédais déjà mais ou le cd s'est relevé manquant... perdu à mon grand désarroi
C'est donc avec un frisson que j'ai réécouté hier l'intro de cet album d'exception.
Entendre les oiseaux chantés, avoir une mélodie d'une guitare venu d'ailleurs le tout suivi d'un chant presque angélique (presque car Marcela Buruiana qui suivra est pour moi une chanteuse d'exception qui m'as souvent fais planner et rêver) est un vrai délice.
Merci à Forlorn d'avoir pris le temps d'écrire cette chronique sur ce groupe d'étudiant qui à vraiment réaliser un chef d’œuvre pour moi (et je n'ai pas peur d'utiliser ce mot).
Merci On Thorns I Lay.
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Avec Sounds of Beautiful Experience, On Thorns I Lay nous dévoile un doom/death atmosphérico-onirique assez particulier. Trop touffu (voire incongru) pour être efficace malgré de bonnes idées, ce 1er album s'inscrit néanmoins dans la lignée des productions grecques de l'époque. En ce qui me concerne, j'ai découvert OTIL avec l'inédit placé sur le Vol. 1 de la Holy Bible. Pour ce titre les Grecs ont tenté une approche différente qu'ils ont voulu dans l'esprit du Almost a Dance de The Gathering. En résulte un metal atmosphérique pas trop bien foutu dominé par les piano/claviers et un solo de basse slappé funky, sympa mais hors de propos. Hors-champ il est important de préciser que la plupart des musiciens impliqués dans OTIL sont des étudiants en médecine. C'est la raison majeure expliquant la plupart des mouvements de line-up. En effet Stefanos et Chris ont choisi de poursuivre leurs études en Roumanie, ce qui n'est pas sans conséquences sur leur musique.
Le contexte de l'époque, la maturation de leur style et une promo plus efficace vont permettre à OTIL de sortir du lot. Sur le papier c'est déjà le cas. Avec Orama les Grecs nous ont concocté un concept-album sur la mer, l'océan et plus particulièrement le mythe de l'Atlantide. Sorti en digipack en novembre 1997, Orama est noyé sous les teintes bleu-vert. Quant à leur musique, elle a, en 2 ans, mûri de façon étonnante, même si l'influence de Septic Flesh est flagrante. En effet les Grecs ont développé des structures épurées bien plus efficaces et cohérentes que par le passé, et surtout trouvé un son relativement unique pour les claviers et les soli de guitare. Pour leur 1er album OTIL avait enregistré au Storm studio sous la houlette de Magus Wampyr Daoloth (Necromantia) et Efthimis Karadimas (Nightfall), avec l'aide de Sotiris Vayenas (Septic Flesh). Alors certes la fermeture du Storm a contraint OTIL à tester un autre studio, mais bon sang c'est quoi cette prod et surtout ce mixage?
Cet opus possède des qualités incontestables qui se trouvent en partie gâchées par un espèce de filtre étouffant le son et un mixage bâclé. C'est la section rythmique qui pâtit le plus de ce traitement, en particulier les parties de batterie de l'excellent Fotis Hondroudakis dont le son est parfois indigne d'une BAR (intro d'Atlantis I). Georges Gregos n'était pas l'homme de la situation et les Grecs ne feront heureusement plus appel à ses services à l'avenir. Néanmoins la qualité de compositions est telle que même une production décevante n'a pas freiné mon enthousiasme à la sortie d'Orama, dont je n'attendais pourtant rien. Fan de la première heure de Septic Flesh, j'ai fait bon accueil à cet inattendu petit frère, que je considère un peu comme le chaînon manquant entre Esoptron et Ophidian Wheel (mais plus proche du 1er cité). Atmosphérique, nostalgique, onirique et bien sûr aquatique... tous ces qualificatifs conviennent parfaitement au doom/death d'OTIL.
J'en parlais précédemment, fini les compositions tarabiscotées et surchargées. Chris Dragamestianos, le guitariste et principal compositeur, apporte un soin tout particulier aux rythmiques qui sont plus dynamiques et carrées que par le passé (couplets d'Oceans, dernière partie d'In Heaven's Island, 2 morceaux disponibles sur les samplers de mags de l'époque). Quant au travail mélodique, il n'hésite pas à le déléguer à des musiciens de session. A ce titre les superbes interventions du soliste Thanazis Hatzaiagapis (Sorrowful Winds, ex-Vorphalack) contribuent très largement à affirmer la qualité de cet album et il est bien dommage que leur collaboration en soit restée là. Quant à la section rythmique, notez que Stefanos Kintzoglou a récupéré la basse à son compte, même si ses interventions sont généralement rendues inaudibles par la prod (exception faite du break d'Oceans). Feeling et technique caractérisent les parties de batterie de Fotis Hondroudakis, le meilleur batteur qu'OTIL ait employé.
Sur cet album, les claviers de Roula occupent une place vraiment primordiale. S'ils ne sont pas systématiques, ils sont très présents et passent parfois au 1er plan (les intermèdes instrumentaux The Song of the Sea et Atlantis III). Les divers arrangements et samples utilisés achèvent de lier les morceaux entre eux, de faire d'Orama un concept-album homogène. Quant aux parties de chant, OTIL inaugure la formule dite du 'beauty & the beast' qui se systématisera par la suite. Orama est l'unique album sur lequel Stefanos Kintzoglou délaisse son style si caractéristique, cette espèce de narration chantonnée, au profit de vocaux exclusivement death, de surcroît très gutturaux. Pour contrebalancer, les Grecs ont fait appel à Georgia Grammaticos, une chanteuse de session qui ajoute un cachet supplémentaire à Orama. Certains ont comparé sa performance angélique à Anneke van Giersbergen, je ne partage pas ce point de vue, même si le chant de Georgia est très bon.
Malgré ses imperfections Orama a confirmé le potentiel des Grecs et permis à On Thorns I Lay de franchir une étape supplémentaire en terme de reconnaissance (et donc de moyens). La suite c'est de l'histoire: l'installation permanente du duo fondateur en Roumanie et l'abandon du doom/death pour un metal mélancolique épuré aux prétentions de plus en plus rock. Si Orama n'est pas leur album le plus mature et maîtrisé, il reste pour moi leur plus inspiré, d'autant que la filiation avec Septic Flesh est plutôt flatteuse et m'a encouragé à les découvrir. J'ai longtemps espéré un remasters d'Orama, mais vu comme la relation entre On Thorns I Lay et Holy records s'est achevée, ça n'arrivera sans doute jamais. Dommage. Reste un bon album que les fondus de Septic Flesh 1ère époque devraient apprécier.
Rédigé par : forlorn | 1997 | Nb de lectures : 2212