VERBAL ABUSE - Just An American Band (Fowl) - 16/02/2013 @ 21h10
Verbal Abuse, c'est une histoire simple, avec des gens simples. Rien que pour le chanteur, il faut considérer trois Etats, la Virginie, le Texas et la Californie. Nicki Sicki (chanteur), qui est d'ailleurs un citoyen très respectueux des lois, que certaines personnalités politiques seraient heureuses d'accueillir dans leurs comités de soutien, un peu comme Eric "Eazy E" Wright dans un autre domaine musical. Ajoutons à cela une histoire fractionnée en trois périodes, 1981-1984, 1984-1995 et 2005-nowadayz, et vous constaterez avec moi que Verbal Abuse, en effet ce n'est qu'un groupe américain de plus, ordinaire, banal (tout cela est ironique, pour ceux qui n'auraient pas saisi). Profitons-en pour une petite mise au point sur l'oeuf et la poule, le terme "thrash" est lié au milieu hardcore au départ, il qualifie les morceaux joués pied au plancher, morceaux qui parfois plaisent aux skaters, aux slammers, aux stage divers.
Ainsi des groupes comme Bad Brains, D.R.I., Verbal Abuse, Crucifix héritent de l'appellation, et on voit apparaître des magazines ou fanzines liés au skate qui se nomment... THRASHER. Il se trouve que certains métalleux californiens ont senti un vent de renouveau, et au contact de tous ces excités punk à planches à roulettes, ont musclé le jeu, n'est-ce pas Slayer, Exodus, Death Angel ? On y reviendra.

Verbal Abuse démarre à Houston en 1981, mais flashback (enfin pour ceux qui y étaient)... Nicki Sicki (au fait le pseudo d'un bassiste glam rock californien qui figure sur un album appelé "Filles, Filles, Filles" ou "Trop rapide pour l'amour", est-ce une coïncidence?) assiste à son premier concert punk en 77 ou 78 à Houston, il s'agit des LEGIONNARIES DISEASE, et il a 14 ans. Deux ans plus tard, on le retrouve à San Francisco, avec Dave Chavez (basse), Michael Fox (guitare) et Sal Paradise (batterie), dans le groupe SICK PLEASURE, un groupe culte qui jouera avec TSOL (True Sounds Of Liverty) et influencera Crucifix et D.R.I. Nicki Sicki quitte les SP en 81, va en Virginie, puis retourne à Houston où il fonde donc VERBAL ABUSE avec Brett Dodwell (basse, auteur des (principales) notes de pochette pour la réédition), Eric "Joie" Mastrolakos (guitare), et Gregg James (batterie). Et comme on pourrait s'y attendre, sous l'impulsion de "Nicki La Bougeotte", le groupe déménage fin 1981 dans la Bay Area, pour s'installer où ? Dans un lieu où aucun straight edge n'aurait mis les pieds, les Vats.

Les Vats, ce sont des entrepôts d'une brasserie (Hamm's Brewery) abandonnés depuis un moment ("Vat" signifie "cuve"), que les artistes transforment en salles de répétition, salles de concert, lieux de vie, bref des squats artistiques. Verbal Abuse sera rejoint par quelques émigrés texans comme MDC, The Dicks, puis DRI, ainsi qu'un certain Harley Flanagan (on rappelle, si vous n'avez pas lu la chronique Cro Mags, que le bassiste fait son tour américain, en autostop, pour montrer à tous que la NY Attitude peut s'exporter, un peu comme la dissémination des gangs Crips et Bloods, mais ceci est une autre histoire). Dire que le groupe galère est un euphémisme, ceci dit fin 82, ils signent chez Fowl Records et enregistrent "We're Just An American Band", qui sort début 83. Le groupe démarre alors une tournée nationale. Petite parenthèse sur les mouvements entre Houston et la Bay Area, selon les protagonistes de l'époque, la police de Houston ne rigole pas vraiment (apparemment la LAPD paraît laxiste à côté), alors tous ces citoyens modèles, Verbal Abuse, Millions Of Dead Cops, Really Red (premier groupe HxC de Houston, apparu en 1979), vous imaginez leur quotidien...

Retour à la tournée de Verbal Abuse, le groupe partage l'affiche avec Poison Idea, Cro Mags, Reagan Youth, Agnostic Front, Dead Kennedys, les Ramones, Die Kreuzen, SNFU, Slayer (tiens tiens), perd Brett Dodwell qui s'engage dans l'armée (remplacé par Dave Chavez), et perd le moteur, Nicki Sicki, qui part pour divergences musicales. V.A. se métallise, enregistre "V.A. Rocks Your Liver" en 1986, tourne en Europe en 1989 (remplace MDC), enregistre le live "Passport - Verbal Abuse Of America" en 1990, puis "Red, White and Violent" en 1995 avant de splitter en 1996. Pendant ce temps, un petit groupe thrash californien sort "Undisputed Attitude", hommage à la scène hardcore des 80ies, avec 5 titres de Verbal Abuse (il y a aussi des morceaux de TSOL, DI, Minor Threat (un peu tendancieux)), ce qui remet le groupe en selle. Nicki Sicki, qui entre-temps a joué dans After Birth, Humungus (un album, "I Hate Mother Fucking Cops" est sorti en 2002 avec Cheetah Chrome, ancien guitariste des Dead Boys), a reformé le groupe en 2005.

Ce qui fait 30 ans d'activisme punk américain tout de même, et comme le dit Brett Dodwell, VERBAL ABUSE c'est au-delà d'un groupe, d'un travail salarié ou d'un loisir (comme un groupe bordelais skunk des années 80 aux "espoirs déçus"...).
Ecoutons alors ce que Monsieur Sick Pleasure a à nous dire, c'est assez éloigné du "courrier des lecteurs de Penthouse" (selon un vieux Rock & Folk, l'inspiration de Nikki Sixx pour les textes de Mötley Crüe du début), pas très sociable en apparence, en colère contre divers protagonistes ("Powerplay", "Leeches"), électron libre/ élément dangereux, regard cynique sur la société ("Social Insect", "Disintegration" qui sent le John Lydon), on balaie les distractions d'un revers de main ("Boredom", les drogues et le sexe ennuient le narrateur), ou on réfléchit sur le mouvement punk (thème de l'unité sur "Unity", au sens de trouver l'ennemi commun au lieu de se taper dessus, rejet du cliché punk= défonce= violence sur "Verbal Abuse"). Et à côté de tant de maturité, une ode à la Budweiser (avant Gang Green ?), vraiment ces punks ne respectent rien, comme le père de Gérard, ils boivent du (complétez vous-mêmes).

Musicalement et oui, il faut bien en parler un jour, Verbal Abuse est plus proche de la "vieille garde" (Dead Kennedys, The Freeze, Misfits, Black Flag/ Circle Jerks...) que des jeunes loups hargneux du hardcore tels DRI, Minor Threat, Jerry's Kids. Chant criard de Nicki Sicki (les fans de "Suburbia" de Adrenalin OD ne seront pas dépaysés), son garage punk pour la guitare de Joie, et excès de vitesse quant à l'exécution. Indeed, tout est joué pied au plancher ("Free Money", "Leeches", "Disintegration", "Verbal Abuse"), avec quelques sorties d'autoroute ("I Hate You", "American Band" très cock rock). Au final, un album culte pour un groupe culte, n'est-ce pas Monsieur Rad Party ?

1983, Fowl records + réédition Beer City records, 2002.




Rédigé par : Saul D | 1983 | Nb de lectures : 3292


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Commentaire
Morbid Tankard
Membre enregistré
Posté le: 17/02/2013 à 09h41 - (28934)
D'enfer !!

forlorn
Membre enregistré
Posté le: 10/08/2015 à 09h39 - (31726)
Ajout du stream intégral de l'album en conclusion de la chronique.

Cette MAJ intervient suite au décès du guitariste Eric "Joie" Mastrokalos le 20 juillet dernier. Outre sa contribution à Verbal Abuse (1981-1987), ce dernier a également accompagné Duff McKagan en tournée pour la promo de l'album Believe in Me (également chroniqué sur VS).

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