NECROPHAGIA - Season Of The Dead (New Renaissance) - 02/02/2013 @ 21h36
Encore un ancêtre de ce que l'on nomme death metal, un groupe qui n'apparaîtra jamais en interview dans Hard Rock Magazine ou Metal Attack (c'est-à-dire entre 84 et 87), du "souterrain de chez souterrain". Certes en 2005 Necrophagia est signé sur Season Of Mist figure en tête de gondole dans certains magasins axés sur la culture (bon d'accord, aux côtés d'autres nouveautés "metal"), ceci dit sans notre ami Phil Anselmo alias Anton Lavey, on n'en serait pas là. En effet le chanteur de Pantera, féru de metal extrême, a redonné un coup de fouet à la carrière (somnolente) de Necrophagia.

Commençons par le commencement, un certain Franc Pucci se débaptise Killjoy et fonde fin 83 NECROPHAGIA, dans l'Ohio (il y aura un Necrophagia californien... avis aux amateurs), avec Larry Madison (guitare), Bill James (basse) et Joe Blazer (batterie). On notera que plus au Sud, un certain Chuck Schuldiner forme Mantas (Floride) et plus à l'Ouest, un certain Mike Torrao crée l'entité Possessed, sans parler des idées d'un certain Trey Azagthoth à la même époque. Notre ami Killjoy est particulièrement captivé par Venom et Hellhammer (musicalement), ainsi que par les films d'horreur à petit budget (slasher movies etc.), donc, comme Kam Lee, il essaie de transposer sa passion pour la chair (plus très fraîche) dans la chanson. Et oui à cette époque la Star Academy n'existait pas, sinon il aurait été recalé, mais je m'égare sans Hélène....
Necrophagia sort la démo "Death Is Fun" en 1985, se fait remarquer par New Renaissance Records et enregistre son premier album, "Seaon Of The Dead", en 1987. Malheureusement les petits camarades de Killjoy voudraient recentrer l'entité necrophage vers moins de démesure, d'où le split du groupe. Killjoy continue avec le groupe KILLJOY, puis CABAL, avant de ressusciter Necrophagia sous l'impulsion de Phil Anselmo en 1994. Suivront "Holocausto De La Morte" en 1998, d'autres opus et projets (Killjoy prétend vouloir maintenir l'entité Necrophagia pure, redoutant une contamination black metal ou death) comme WURDULAK (black metal old school), RAVENOUS (death metal all stars avec Chris Reifert, Danny Lilker), ENOCH. Necrophagia actuel serait un Agressor américain, mais revenons en 1987.

1987, année de la sortie de "Scream Bloody Gore" d'un certain DEATH, si je ne me trompe pas on a aussi une démo de NECROVORE, le "Join The Army" de SUICIDAL TENDENCIES, le split LP paru chez Jungle Hop (label spécialisé punk/ hardcore, fondé par des membres de FLITOX, clin d'oeil à Rad Party) "Licenced To Thrash", et aussi "Yo Bumrush The Show" de Public Enemy, cherchez les intrus.
Alors, la Saison Des Morts, un best of posthume de Notorious Big et Tupac Shakur? Une date unique de Johnny Thunders accompagné de Phil Lynott, Marc Bolan, John Bonham ? La suite du vidéoclip de Michael Jackson (1983 pour les novices) ? Je pense qu'il faut plutôt regarder dans la direction de Nuclear Death, vous verrez pourquoi. Au niveau des thèmes, le zouk love sur la plage avec Lorie, pardon, le cinéma bis (ou la série B, il faut demander l'avis des experts) des années 70 et 80, de préférence poisseux, rougeâtre et assez animé. Un zeste de vampirisme ("Insane For Blood", hommage à Bela Lugosi), une pincée de mort-vivant, et oui, le mal-être du zombie, un thème très prisé par nos sociologues, vous relirez les ouvrages de Lucio Fulci, George Romero pour la peine ("Reincarnation", les morts reviennent, "Mental Decay", ils ont faim... d'humains), une dose (létale ?) de mort en direct selon la victime ("Forbidden Pleasure", on se vide de son sang, "Beyond And Back", vision du suicide et du destin post mortem, si on peut dire), ou selon l'exécuteur (le tueur sadique évoqué dans "Bleeding Torment" ou "Painful Discharge", allusion au giallo ?). Deux autres sous-genres sont évoqués, le "post nuke" c'est-à-dire les films inspirés de Mad Max, où les Italiens ont excellé, enfin à chacun de voir, on citera "les Guerriers Du Bronx" ou "2072 Les Mercenaires Du Futur" avec un certain Fred Williamson, mais pour Necrophagia cela correspond à "Abomination" (mutations entraînées par un holocauste nucléaire, environnement hostile, retour à la barbarie, n'est-ce pas Mr Enzo Castellari...). Et enfin l'épouvante mêlée d'occultisme, symbolisée ici par "Ancient Slumber", hommage au "Evil Dead" de Sam Raimi.
Bien avant Cannibal Corpse et la légion de bouchers qui suivra, la tripaille se répand dans l'Ohio (est-ce là-bas qu'un certain Hershell Gordon Lewis a tourné "Blood Feast"?)

Musicalement c'est aussi le drive-in, pas de place assise numérotée ni de tenue de soirée exigée (ceci dit un tablier un peu taché est recommandé), "Season Of The Dead" est un objet musical à peine identifié, un album concept un peu particulier, ou un mauvais trip aux champignons comme diraient les adeptes du Pouvoir Des Fleurs.
Un peu comme Lori Bravo (Nuclear Death), "chanter" est le cadet des soucis de Killjoy, "suivre la musique" est le benjamin. Ce qui compte, c'est raconter une histoire, créer une atmosphère, Killjoy plaquera ses textes là où il peut. Le "chant" de notre ami évoque le croassement plutôt que des vocalises gutturales chrisbarnesques. Quant à ceux qui l'accompagnent comme dirait Benny B, ils oeuvrent dans un speed/thrash qui doit beaucoup à Dark Angel (époque Don Doty), pour résumer. On est loin, très loin, de Watchtower ou Atheist mais c'est efficace, notamment "Ancient Slumber", "Beyond And Back" ou "Bleeding Torment", où Necrophagia réussit à construire une atmosphère oppressante, on pourrait presque visualiser la victime tentant d'échapper à un destin funeste, dans les dédales d'une cave, ou une entité maléfique en train de s'éveiller. Ce que Metallica a plutôt raté avec "The Thing That Should Not Be" (ou bien était-ce un message pour Dave Mustaine?)
"Season Of The Dead" contient également quelques morceaux dispensables comme "Terminal Vision", "Painful Discharge" (plutôt slayerien et exodusien, respectivement), mais saluons les efforts de Killjoy et Cie pour s'extirper de la masse (surtout au sein de New Renaissance Records) speed/thrash underground, avec leur concept "B movie metal" et surtout une intro ("Season Of The Dead") et une outro (fin de "Beyond And Back", titre qui dure tout de même six minutes quarante) remarquables.

New Renaissance Records, et réédition Red Stream records


Rédigé par : Saul D | 1987 | Nb de lectures : 5078


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Commentaire
Desekrate
IP:5.48.92.160
Invité
Posté le: 02/02/2013 à 22h59 - (28840)
Pour moi ce qu'ils ont fait de mieux...

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