Un soir de 1988. Comme tous les soirs de la semaine, j’écoute RMC et l’émission Doum Doum Wah Wah. J’attends fébrilement 23h30 et le morceau Thrash de l’émission (bon, à part le mardi et vendredi où on avait droit à une petite demi-heure de Metal extrême… et on parle bien de RMC là !).
Arrive à l’antenne le légendaire Phil Pestilence (journaleux entre autres au sein de Hard Rock Mag et Metal Hammer France) à qui est confié la rubrique. Ce soir-là, il souhaite faire découvrir aux auditeurs français un groupe encore inconnu chez nous : Sepultura (Sé-poul-tou-lla… Phil insiste bien).
Petit brief sur le groupe, pour nous dire d’ailleurs que c’est un groupe brésilien et qu’ils en sont à leur 2ème album.
Arrive enfin le morceau : c’est « Screams Behind The Shadows » de l’album « Schizophrenia ».
Même entendu qu’une seule fois, ce morceau me restera en tête longtemps et je n’aurai alors de cesse de chercher l’album… que je trouverai bien vite heureusement.

Bref, l’album est enregistré en 1987, et c’est le 1er album du line-up « classique » de Sepultura (Max et Igor Cavalera, Paulo Jr et Andreas Kisser).
L’album s’ouvre sur une brève intro, puis déboule « From The Past Comes The Storm ». Tout de suite on comprend que Sepultura ne fait pas dans la dentelle. C’est rapide, les riffs sont cinglants. « To The Wall » et « Escape To The Void » enchaînent et l’intensité ne baisse jamais. Le dernier titre nommé est devenu un vrai classique, et est toujours joué par le groupe en concert. La voix est agressive, rauque, mais bien posée. Assez « Death » finalement.
Puis arrive « Inquisition Symphony ». C’est une nouveauté pour le groupe puisque c’est un morceau exclusivement instrumental. C’est aussi à partir de là qu’on se rend compte que Sepultura a progressé techniquement et dans l’écriture des morceaux. Cet apport est aussi dû à la présence d’Andreas Kisser pour la 1ère fois avec le groupe. Le monsieur pose de vrais bons solos.
Fini aussi les paroles naïvement sataniques. Ici, Sepultura nous content quelques histoires-fictions d’horreur.
Puis vient le titre qui m’avait tant marqué : « Screams Behind The Shadows ». Début mid-tempo, riffs imparables et entêtants, grosse accélération en cours de route. C’est définitivement un des meilleurs titres de Sepultura, et on y trouve même régulièrement les breaks de batteries caractéristiques de Sepultura, avec ce son de congas (ou autre percussion latine).
Suivent « Sceptic Schizo », un intermède (« The Abyss »), et on finit sur un « Rest In Pain » meurtrier.
Sepultura fait dans la grosse agression et ne refera jamais plus méchant.
OK, la production n’est pas fantastique, et pas encore très propre, mais vu les moyens du groupe à l’époque, et la provenance du produit, on se dit que ce n’est pas si mal. Et le côté « brut », « rêche » colle très bien à l’ensemble.
En fait le groupe s’est démarqué de ses influences, à savoir Slayer et la 1ère vague des groupes Thrash allemands, et il confectionne son propre style, à la croisée du Thrash et de quelques premières touches de Death Metal (style qui prendra le pas sur « Beneath The Remains »), un peu à la manière d’un Pestilence (le groupe cette fois) sur « Malleus Maleficarum ».

Cet album représente pour certains l’album de l’avant-« Beneath The Remains ». Je suis même certain que les récents fans de Sepultura ne le connaissent pas. Mais c’est surtout, je pense, une pierre très importante de l’édifice Sepultura, un « must-have » pour tout fan de Metal Extrême et l’un des meilleurs albums de Thrash Metal.

L’album fut réédité par Roadrunner avec le titre « Troops Of Doom », tiré de l’album « Morbid Visions », réenregistré en 1990 (ce fut leur 1ère expérience studio avec LE producteur du Death Metal Scott Burns).


Rédigé par : thrashdeathblack | 1987 | Nb de lectures : 6966