Et si le Christ n'était pas un sujet sérieux, pour paraphraser notre ami Gogol 1er ? On remarquera que quatre albums, sur six, ont des titres faisant allusion à la sphère religieuse. Pourtant Blood n'est pas un groupe de true black metal (malgré ses liens avec Impaled Nazarene ou le split EP avec Mystic Circle, j'attends les commentaires vengeurs à ce sujet...), Eisen (guitare), Taki (basse), Greier et Radkte décident en mars 86, dans leur village de Speyer, de former un groupe de fun/ noisecore (je suppose dans la lignée des Nuclear Yoghourt, Gloobiboulga Of Death, Putrid Cadaver, VNA, aber de l'autre côté du Rhin). Ces chers Allemands enregistrent une floppée de démos, dont "Heinous Noise" en octobre 87 (Ventilator les a rejoints à la batterie), "Spasmo Paralytic Dreams" en février 88 et "No Regret" en août de la même année, avant d'être signés sur Wild Rags Records début 89. Blood sort son premier album, "Impulse To Destroy", en juillet, ainsi qu'un EP, "Recognise Yourself" en 90, avant de quitter le label de Richard Campos pour des raisons bien connues (rip off). Eisen et ses amis sortent quelques split EP en autoproduction (avec Impetigo, Agathocles...) avant de signer avec 1MF Records, et c'est ainsi que sortent "Christbait" en 1992, et "O Agios Pethane" ("le saint homme est mort" en grec) en 1993. On retrouve ensuite Blood sur Morbid Records, en autoprod, sur le label Ars Metalli et de retour sur Morbid Records, pour faire court avec l'album "Dysangelium" sorti en 2003. Un bond de treize ans en arrière, que trouve-t-on chez nos bouchers de Speyer? De la variété (dans les sujets évoqués, ni Vincent Dellerm, ni Benabar ni même Michal ne les ont rejoints, je vous rassure), quelques textes anti-chrétiens ("The Last Words", "Harass", "Past Belief Cessions"), un peu d'horror/ gore ("Self Immolation" et sa femme enceinte carbonisée, "Down To The Swamp" et ses créatures marécageuses), de la violence rampante ("Terroraize", "Scares Of Souls"). Mais Blood aborde également l'indifférence pour son prochain ("And No One Cries"), l'impuissance future de l'humain face à la machine ("Technical Abortion"), l'institution médicale ("Bought Beauty", "Dogmatize") et le libéralisme ("Join Stock Company"). Musicalement on est loin du grind usuel(enfin usuel pour moi, ce qui correspondrait au ND de "From Enslavement To Obliteration" par exemple), "Christbait" serait à Blood ce que "Harmony Corruption" est à Napalm Death, ceci dit on a tout de même 20 morceaux pour 38 minutes et un son plutôt gras (sans atteindre Rottrevore) pour les guitares. Blood oscille entre le death lourd, mid tempo ("Mass Distortion", "The Last Words", "The Greed") à la Sepultura/ Obituary, et le death/ grind ("And No One Cries", "Past Belief Cessions") gavé de blastbeats. Avec quelques écarts vers le punk ("Bought Beauty" très moyen), le crust ("Dogmatize", imaginez GBH ou Chaos UK, avec Chris Barnes au chant), ou le "early death" (Master, Hellhammer) avec "Self Immolation" et "Damnations". Les morceaux sont très courts (de 50 secondes comme "Final Chasm" à 3 minutes), avantage, les "fillers" se voient moins ("Bought Beauty" ou les cinq secondes de "The Head Of A Dead Cat"). Néanmoins, "Christbait" s'avère un album sympathique.


Rédigé par : Saul D | 1992 | Nb de lectures : 5118