Malgré un nom pareil, Crucifix reste un groupe obscur, même si Sepultura a repris récemment "Annihilation", et Donald Rumsfeld a fortement médité sur "Stop the Torture for Profit and War" lors de ses entretiens avec Saddam Hussein (c'est ironique). Nos amis de Crucifix sont semble-t-il les plus Britanniques des hardcoreux américains, avec leurs crêtes, les collages rappelant Discharge, le label (Southern records) lié aux chantres de l'anarcho-punk CRASS, et leurs textes hédonistes, voire même épicuriens. Jugez plutôt: anti-militarisme ("How When And Where"), écologie ("Three Miles To Oblivion"), contestation gouvernementale ("Prejudice"), violence à l'intérieur de la scène punk ("Blind Destruction"). Rappelons que Ronald Reagan est au pouvoir, et avec des films comme "Rambo", par exemple, on essaie de réhabiliter ou justifier la pratique des opérations douteuses (Nicaragua, Afghanistan...), après la débâcle vietnamienne et la prise d'otages en Iran. Sothira (chant), originaire du Cambodge, est particulièrement concerné, et la musique de Crucifix s'avère aussi dure et sombre que les paroles. Si on excepte une incursion Oi genre Exploited des débuts ("Blind Destruction" est proche de "Sex And Violence" pour le refrain), nos iroquois de San Francisco évoluent dans le style GBH/ Discharge, 14 titres pour 23 minutes, et contrairement à HR, Sothira essaie de rattraper ses petits camarades, ce qui crée une sorte de chaos organisé ("Prejudice", "Annihilation", "How When And Where"), ou les double de justesse ("Indo China", "Three Miles To Oblivion"). Dans tous les cas, "Dehumanization" laisse une impression d'urgence et Crucifix se démarque de ses parrains anglais.


Rédigé par : Saul D | 1983 | Nb de lectures : 3646