Le troisième album de SUICIDAL TENDENCIES est celui de la transition. Sur le plan purement business et grâce à la razzia lancée par les majors suite à la réussite commerciale de « Master Of Puppets », il marque d’abord la première collaboration du groupe avec EPIC. Celle-ci durera six ans, comptera huit disques (plus trois avec INFECTIOUS GROOVES) et sera (du moins en France aux débuts des années 90) l’un des rares cas de synergie entre le groupe et son label. C’est ensuite et surtout le premier album strictement « metal » de la bande bandanée de Venice… Grâce notamment à un producteur (Mark Dodson) expert en la matière. Et surtout, il marque l’avènement de guitare solo de Rocky Georges, pourtant quasi-muet sur « Join The Army » l’année précédente, mais qui ici éclabousse de ses interventions tout ce nouvel album. Ses nombreux solos aussi riches sur le plan harmonique que brillants sur le plan technique marquent une nette séparation avec le passé purement punk (quatre accords, uniformité du tempo) de leurs débuts. Loin d’être un élément incongru, cette évolution sur la forme en suit une autre encore plus importante sur le fond : on ne va pas oser utiliser le mot « progressif » dans ce contexte mais disons que plus de la moitié de « How Will I Laugh Tomorrow ? » est constitué de morceaux complexes et étonnement tortueux. Le meilleur exemple reste bien sûr le morceau-titre (et son clip permettant de visiter le lieu de vie de Mike Muir !) avec sa montée en puissance rappelant étrangement celle de « Sanitarium » de METALLICA ! Et pour la première fois, le concept un peu limité « gang/skate » a été pratiquement abandonné au profit de quelque chose de plus subtil au niveau des textes. Et surtout le fait que (le justement futur METALLICA) Robert Trujillo n’ait pas encore intégré le groupe (et qui il n’ait donc pas encore apporté avec lui cet élément funky qui deviendra la marque de fabrique de SUICIDAL TENDENCIES aux débuts des années 90) renforce le côté 100% metal du truc. Peut-être plus uniforme mais pas pour autant efficace. Le martial « Pledge Your Allegiance » ou « Surf & Slam » (parfait générique pour une émission de radio metal, croyez-en mon expérience personnelle !) en rajoutant encore plusieurs couches… Malgré le chant assez particulier de Muir qui départagera toujours autant les gens et un disque qui s'essouffle sur sa seconde partie, SUICIDAL TENDENCIES signe donc en 1988 son acte d'indépendance.


Rédigé par : Zoltar | 1988 | Nb de lectures : 3949