L’année 1995, Hard, Metal et Heavy vivent tout trois des heures difficiles… les temps sont durs pour les leaders de l’époque : Maiden se remet mal du départ de Dickinson et tombe en désuétude, G’n’R eux partent carrément en sucette, Metallica se fait attendre, tout comme AC/DC. Quant à la déferlante grunge menée par Nirvana et censée « incarner le futur » nous disait-on, eh bien on sait ce qu’il en est advenu…
Il n’y a guère que du côté le plus extrême de la planète métal que les choses bougent avec la montée en puissance de groupes majeurs et la parution d'albums cultes (At The Gates, Morbid Angel, Immortal, Marduk, Dissection, j’en passe et des meilleurs).
Et puis quand même il y a cette tripotée de groupe d’outre-Atlantique qui arrive, certains présents depuis un moment (Pantera, Sepultura) d’autres depuis plus récemment (Fear Factory, Machine Head, Korn). Chacun y va de son grognement pour relancer la machine et hurler bien fort, que non ! le métal n’est pas mort, il se renouvelle, c’est tout !
Et à ce petit jeu, c’est Pantera que l’on entendra le mieux avec son carton de 1994, « Far Beyond Driven », qui met tout le monde d’accord.
Mais le Philou est aussi et avant tout un gars du Sud, de la Louisiane. Et d’avoir trainé dans le Bayou, ça laisse des traces qui doivent bien ressortir un jour ou l’autre ! Alors depuis 1991, avec ses potes de la Nouvelle Orléans (du Crowbar, du Eyehategod, du Corrosion Of Conformity… bref, que du light !) Phil gratouille, chante, compose, écrit et laisse infuser tout ça pendant qu’il éructe avec Pantera. Et puis un jour le fruit de ce travail, que l’on estime mûr, atterrit sur un album, sobrement intitulé "NOLA", histoire de bien faire comprendre qu’il ne s’agit pas ici de NYC Hardcore ou de Bay Area Thrash ou encore de Swedish Metal !
La pochette est elle aussi sans détour, noire, classe, pas de chichi, pas de couleurs… Même la sortie se fait discrètement, on en parle, mais sans plus.
Je traîne un peu sur ces détails mais pour moi ils sont tellement liés à la musique que je ne peux pas ne pas en parler. La musique justement… une baffe monumentale ! fin du suspens, cet album est une tuerie et constitue un album majeur de l’histoire du rock. Car oui, on parle ici de rock. Du gras, du couillu, du lourd bien velu ! et c’est là tout le génie de ces compos : pratiquer l’osmose parfaite entre le blues, le rock sudiste, le métal, le stoner. C’est puissant ("Temptation’s Wing") , riche d’émotion ("Stone the Crow !!", "Jail"), inspiré (Losing All, Underneath everything), enragé, psychédélique (Rehab, Hail the Leaf)…là où l’on aurait pu craindre un beau bordel, on se retrouve avec un truc d’une cohésion hallucinante, servi par un son dantesque (essayez juste l’intro de "Bury Me In Smoke" !) et une ambiance unique.
Personnellement, ce disque m’a fait un bien fou à l’époque ! Phil était déjà God, mais là c’est carrément en haut de l’Olympe avec des éclairs dans les mains qu’il s’est retrouvé.
Sans oublier, bien sûr, le coup de patte génial de Kirk Windstein, Pepper Keenan, Jimmy Bower et Todd Strange qui ont tous contribué à l’élaboration de ce chef-d’œuvre Made In USA…
Réservée justement au seul territoire américain, la tournée qui suivit l’album fut l’occasion de voir sur scène ce « all-star-band » ravager les esgourdes de l’oncle Sam, alors que nous, pauvres petits Frenchies, devions attendre 10 ans pour enfin ramasser, ce jour de juin 2006, la mandale tant espérée ! et qu’est-ce qu’on a mangé…


Rédigé par : Floyderz | 1995 | Nb de lectures : 2483