S’il est un groupe dont l’évolution musicale est significative, c’est bien Samael. Certes, le dernier opus en date ("Above") se rappelle au bon souvenir des fans de la première heure et du black pratiqué à l’origine. Car entre-temps, nos amis helvétiques ont considérablement évolué vers une musique beaucoup plus industrielle. Album marquant de cette évolution : "Passage". Sur ce disque, la batterie est abandonnée au profit d’une boîte à rythme, et le son des claviers est particulièrement renforcé. Un album de rupture donc, mais qui paradoxalement ne provoquera pas de réel divorce avec sa fan base. "Passage" devenant même pour beaucoup l’album de référence de Samael.

Quid de "Eternal", son successeur publié trois ans plus tard ? Eh bien on peut dire que cet album s’inscrit dans la continuité de "Passage" : une musique aux lointaines inspirations black, fortement industrialisée, voire rammsteinisée. Pourtant "Eternal" aura semble-t-il moins de succès (je parle de succès d’estime, pour le succès commercial j’en sais rien…). La faute peut-être à une prod’ qui se veut plus épurée, moins crue, plus lisse peut-être. Oui, "Eternal" sonne sans doute moins metal. Un détail qui apparemment chagrinera de nombreux fans. Car hormis cela, il n’y a pas à mon sens de fossé réel dans le style pratiqué entre les deux albums. En live, les titres de "Eternal" tiennent largement la comparaison avec ceux de "Passage" (ce n’est que mon avis, certains y trouveront peut-être à redire). Ca martèle et ça bourrine sur un ton très martial ("Ailleurs", "Supra Karma", "I") ! La tonalité du disque est globalement assez froide, mais certains éléments viennent tout même apporter ici et là un soupçon de chaleur. Comme cette intro limite jazz/blues sur « Radiant Star », ou cette recherche mélodique prononcée sur le refrain de "Us". Malgré tous ces atouts, "Eternal" ne saura obtenir le statut de quasi culte de son prédécesseur.

Fait étonnant, l’album ne sera quasiment pas défendu sur scène à sa sortie. Il faudra attendre trois longues années pour qu’enfin une tournée digne de ce nom s’organise. Je me souviens d’ailleurs avec émotion de mon premier concert de Samael à la Loco où Vorph plâtré jouait assis sur une chaise de bar ! D’ailleurs si certains peuvent m’expliquer pourquoi le groupe a attendu trois ans pour tourner, je suis preneur de l’info !

Pour l’anecdote, Century Media a réédité l’album en 2007 proposant un artwork plus moderne, mais sans renier le visuel d’origine.

Quant à votre serviteur, qui vous le savez peut-être est un grand Samaelophile, il considère toujours "Eternal" comme l’un des meilleurs, si ce n’est le meilleur, album de la discographie de Samael.
Amen !


Rédigé par : Jean-Mi | 1999 | Nb de lectures : 1862