BAD RELIGION - Generator (Epitaph) - 22/11/2009 @ 11h16
La « crossbuster » de Bad Religion est un des logos les plus célèbres du punk rock, voire du rock n’roll.
Au départ, c’était un dessin des adolescents qu’ils étaient alors avant qu’il ne devienne le symbole de la philosophie du groupe : Lutter contre toutes les formes de totalitarismes intellectuels.

Bad Religion était réellement un groupe à part de la scène californienne. D’une part parce qu’ils étaient parmi les plus anciens et aussi parce qu’ils étaient parmi les plus crédibles.
L’humour n’était pas vraiment leur fonds de commerce, pas plus que les approximations et les sons policés.
« Generator » était le cinquième album de Bad Religion et il succédait aux très bons « Suffer » et « No control ».
De nombreux observateurs avisés admettent bien volontiers que « Suffer » est un des meilleurs albums de punk rock qui n’ait jamais été composé.
Les fans de BR aiment aussi à dire qu’à leurs débuts ils ont très certainement sauvé le punk rock californien à l’époque gangrené par de furieuses bouses.
Le groupe était donc déjà reconnu comme un pionnier de la scène voire et comme un de ses plus brillants exécutants.
A cette époque, le punk rock n’était pas encore bankable et pourtant l’album se vendra à près de 100 000 exemplaires. Le résultat d’un tel score s’expliquait par un background déjà impressionnant, une crédibilité évidente et un album de grande qualité.

La paire Graffin/Guerwitt était toujours aux manettes, chacun se répartissant les rôles (avec une nette prédominance du Greg sur cet album) de manière plus ou moins équitable.
Leur collaboration donnera encore lieu à des brûlots imparables, véritables bombes à la fois mélodiques et supersonique.
Le groupe était encore relativement jeune mais les deux têtes pensantes du groupe étaient déjà de véritables figures de l’underground alternatif.
Mr Brett était le guitariste et compositeur de BR et il était aussi le boss d’Epitaph, qui au fur et à mesure des années pesait de plus en plus lourd.
Au départ, ce n’était qu’une simple adresse postale qui signera avec les années NOFX, Wayne Kramer (MC5) ou encore Offspring (plus grosse vente jamais réalisé par un label indépendant).
Le gonze commençait à se faire connaître autrement qu’avec son groupe et se faisait une place de plus en plus importante dans le paysage alternatif américain.
Cependant, il n’était pas encore trop accaparé par son travail annexe (ni par les substances diverses) pour que la composition en pâtisse au regard de l’excellent travail qu’il fournira sur « Generator ».

A l’image de son logo, Bad Religion voulait avant tout faire passer un message : ne pas se laisser dicter sa façon de penser.
Si le groupe affichait une cohérence au niveau du message véhiculé il y avait un des membres qui en était le catalyseur, la tête chercheuse.
Si Bad Religion a eu autant de retentissement aux Etats-Unis nul doute que les lyrics ont eu une grande importance dans le phénomène.
Ailleurs, et particulièrement dans les pays non anglophones, c’est la puissance de la musique et la justesse de la voix qui firent mouche.
Et pourtant quand on traduisait les lyrics, on s’apercevait que Graffin était un brillant parolier et certainement un des meilleurs que le punk rock ait jamais vu.
L’éternel étudiant en biologie écrivait des textes revendicatifs, corrosifs mais jamais bas de plafond.
Dans le punk, la vulgarité et la grossièreté faisaient parfois office de passeport pour des revendications pas toujours très assumées, voire carrément usurpées pour certains.
Je vous passe les messages et idéologies débiles de certains groupes qui ne peinaient pas pour être de véritables terroristes intellectuels.
Graffin n’avait pas besoin de Fuck pour viser juste et de Cunt pour faire mouche.
A l’image de « Generator », « No direction » ou « Atomic Garden » Graffin usaient d’un style personnel parfois métaphorique et/ou sophistiqué.
Il était évident par contre que celui qui cherchait de la bourinnerie à base de « Fuk da society » y trouvait moins son compte.
BR n’est jamais cependant passé pour des intello du punk, coincé dans des considérations étrangère à la masse populaire.
Bad Religion ne se contentait pas de critiquer comme des politiciens en mal d’idées, ils amenaient des alternatives.

Mr. Brett quant à lui amenait sa vision du punk au travers de riffs rapides, relativement simples techniquement mais mélodiquement très réussis.
Plutôt que d’utiliser les traditionnels power chords classiques, le gus enrichissait ses mélodies grâce à des accords ouverts (traditionnellement plus employés dans le punk que le hardcore mélodique) usait de peu de palm muting et d’une petite dose de « Noise » bien sympathique.
De plus (et fait rare chez les pounks) les guitaristes avaient une vraie personnalité dans le son et se complétaient vraiment bien sans recourir aux artifices classiques.
Ne passons pas sous silence que Graffin jouait aussi de la guitare et a composé plusieurs titres de « Generator » (en fait Brett n’en a écrit que deux sur cet album).
Au final, la musique était vraiment pêchue et était un chaudron bien bouillonnant de l’esprit « alternatif » de ces années-là avec en prime de la personnalité.
Bref, bien qu’alors relativement jeune, Bad Religion était déjà papa. Et papa de beaucoup de groupes de par le monde.

L’album commençait avec le sublimissime « Generator ».
Titre très bien construit et surprenant dans sa structure, il possédait en plus d’une mélodie diabolique, une pêche d’enfer et se gravait dans la case mémoire immédiatement.
Tous ceux qui connaissaient cette chanson aimait l’écouter, la chanter. Le chef-d’œuvre de l’album (et à mon goût de toute la carrière du groupe).
« Too much too ask », chanson servie par un refrain excellent, continuait dans la veine du premier morceau avant que « No direction » ne vienne à son tour frapper très fort. Les lyrics semblent parfaitement résumer l’esprit BR et la musique colle incroyablement bien à l’ensemble (« Aucune chanson de Bad Religion ne pourra résumer toute ta vie. Prépare-toi pour le rejet : Je ne te donnerai aucune direction à suivre »).
Ca a l’air de rien, mais ici Graffin donnait un bon coup de pied dans la fourmilière, beaucoup de groupes n’étant pas avare des banalités affligeantes telles que « Les fans se reconnaissent dans nos paroles et nous disent que c’est leur vie que nous narrons ».
« Two babies in the dark » était aussi une superbe chanson. Assez lente par rapport aux chansons traditionnelles de BR elle évoquait aussi un sujet assez particulier par rapport à ce que l’on rencontrait habituellement dans le rock. Les solos de guitares étaient particulièrement réussis et démontraient tout la sensibilité et le touché du sieur Brett.
« Tomorrow », « Heaven is fallin » précédait le « clipé » « Atomic Garden » véritable bombe punkoïde particulièrement efficace.
« The answer » était un des morceaux les plus réussis de l’album. Superbe mélodie, texte encore une fois remarquable et inspiré tout était réuni pour faire une chanson mémorable.
Beaucoup de fans adoraient cette chanson et c’est bien légitime tant elle apparaissait solide. Tout comme « No direction » le groupe délivrait son message avec classe et rigueur. « Fertile crescent » et « Chimaera » revenaient à un tempo plus musclé que « The answer » précédaient « Only entertainement » dernier brûlot de l’album particulièrement jouissif.
Dernière petite baffe, celle-ci à destination des médias sans scrupule, terminait l’album en beauté comme de ces albums où la salve finale est aussi percutante que la première. La marque des grands en quelque sorte.
Si vous ne connaissez pas trop ce groupe et cette période, n’hésitez pas à jeter une oreille sur l’œuvre de Bad Religion, vous ne serez pas déçu.

Pour finir on se quitte bien sûr avec les lyrics de « Generator » qui ouvre ce fantastique album :
« Like a rock, like a planet,
Like a fucking atom bomb,
I'll remain unperturbed by the joy and the madness
That I encounter everywhere I turn,
I've seen it all before,
In books and magazines,
Like a twitch before dying,
Like a pornographic sea,
There's a flower behind the window,
There's an ugly laughing man,
Like a hummingbird in silence,
Like the blood on my door,
I'ts the generator »



Rédigé par : Pamalach 77 | 1992 | Nb de lectures : 1863


Auteur
Commentaire
Blind
Membre enregistré
Posté le: 22/11/2009 à 11h38 - (26898)
Excellent album de Bad religion, j'adore la discographie de ce groupe, et particulièrement la période qui s'étire de "Suffer" jusqu'à "The Gray Race" inclus. C'est vrai que les mélodies sur ce "Generator" sont imparables mais je trouve que les sieurs Graffin et Gurewitz frapperont encore plus fort sur l'album suivant, "Recipe for Hate".

Evidemment excellente chro de l'ami Pamalach comme d'hab'!



Cycocrew99
Invité
Posté le: 22/11/2009 à 12h30 - (26900)
Belle chronique. Petite erreur cependant : entre "No Control" et "Generator", il y a "Against the Grain". "Generator" est donc le 6ème album, et non le 5ème.

Youpimatin
Membre enregistré
Posté le: 22/11/2009 à 12h48 - (26901)
Excellente chro mais pourquoi l'emploi du passé. BR n'a pas splitté...



Le Druide
Invité
Posté le: 22/11/2009 à 12h53 - (26902)
Ahhh ... retour aux affaires de Pamalach77 ... et ça fait du bien, bordel !!!

Toujours passionnant de lire tes chroniques, du bon boulot m'sieur, merci à toi.

HELL-
Membre enregistré
Posté le: 22/11/2009 à 18h05 - (26913)
C'est surprenant une kro de Bad Religion sur VS, m'enfin, excellent album.

Sinon, je trouve con de kroniquer un album en 2009 sans mentionner le remaster de cet album de 2004, avec 2 bonus : Fertile Crescent et Heaven Is Falling.

Bref, si vous ne l'avez pas, faut l'avoir en remaster, c'est logique...




L_ami
Membre enregistré
Posté le: 23/11/2009 à 08h12 - (26916)
Excellent album, comme 90% des albums de Bad Religion, un groupe définitivement a part dans le Punk. J'ai commencé avec No Control, une baffe de 25 minutes pour 15 chansons, incontournable!!!
Against the grain, Suffer et Generator sont des monuments, la voix de Greg et sa gestuelle scénique inimitable!




jazz Metal
Membre enregistré
Posté le: 24/05/2010 à 16h18 - (27017)
"Fertile Crescent", "Only Entertainment" et "Two Babies In The Dark". J'adore.
J'ai découvert Bad Religion avec "The Grey Race" superbe album, ensuite se fut au tour de "Stranger Than Fiction" et depuis que j'me suis procuré "Generator", je ne m'en lasse pas, j'le préfère même encore au 2 autres albums en ma possession.




HolocaustInMyHead
Invité
Posté le: 07/02/2012 à 10h04 - (27179)
Personnellement je trouve que tout est bon de "How Could Hell Be Any Worse?" (bon y a la bizarerie "into the unknown" mais en fait ce n'est que du B.R. clzssique avec des claviers !?!?!?) avec suivant les moments des préférences comme le son hyper rooys du 1er ou la qualité incroyable des compos de la trilogie "suffer", "no control", "against the grain" ou encore la totale maitrise de "generator" ou "stranger than fiction"

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