AC/DC - Live (Sony) - 03/05/2009 @ 12h16
Il y a certains albums lives qui sont incontournables.
Face au torrent de « Live at the… » et de « Alive in… » qui sont sur le marché, on ne sait plus où donner de la tête.
La plupart des lives sont dispensables, et particulièrement dans le metal, où les chansons sont souvent jouées à l’identique que sur disque. On n'a pas souvent l’occasion de tomber sur une galette qui sorte vraiment de l’ordinaire.

« On ne pourra jamais retranscrire sur disque l’intensité d’un concert live. On ne peut pas graver la chaleur, la sueur, les décibels et les corps qui volent… hein Jeff ? »
Kerry King « Slayer »

« Et le risque permanent d’être blessé, hein Kerry ? »
Jeff Hanneman « Slayer »

AC/DC possède de nombreux très bons albums et des albums mythiques. Et dans ses très bons albums il y a deux lives absolument fantastiques : le fabuleux « If you want blood… you’ve got it » et le très populaire « AC/DC live » enregistré lors de la tournée « The razor’s edge » et capté lors de plusieurs shows.

La plupart des musiciens disent que c’est sur scène que leur musique prend vraiment son ampleur et qu’ils sont avant tout un groupe live.

Dans la réalité, on s’aperçoit qu’il y a en fait assez peu de groupes qui transfigurent leur musique en live. Bien sûr, quand on assiste « en vrai » à un concert il y a toujours le « plus » qui apporte la « touch » supplémentaire parfois salvatrice.
Sur disque, c’est plus compliqué.
Du coup, les lives sont parfois chiants et n’amènent pas grand-chose d’intéressant par rapport aux albums studio. D’ailleurs, il existe de grands groupes qui n’ont jamais vraiment réussi à sortir un live audio réussi (voire correct pour certains). D’autres sont particulièrement forts à ce petit jeu-là et AC/DC est bien entendu un des plus brillants représentants de la discipline.

Pour les die hard fans, rien ne pourra égaler « If you want blood… » qui est le live définitif d’AC/DC et pour certains le live définitif…tout court.

« If you want Blood… » a un côté sauvage, cru et rock n’roll que l’autre n’a pas. On va donc clore le débat direct : « AC/DC live » n’est pas aussi bon que son glorieux prédécesseur.

Cependant, « AC/DC live » n’est pas dépourvu de qualités. En ce qui me concerne, j’ai écouté cet album des millions de fois et il possède des caractéristiques très particulières.
Tout d’abord le son général est très puissant.
C’est un peu une définition de ce que l’on pourrait appeler le « gros son » au sens « hard rock » du terme.
La guitare sonnait plus métal que rock n’roll et il était évident que les frères Young avaient poussé les potars des Marshalls à 11 pour en tirer le plus de gras possible.
Ce n’a pas toujours été le cas et cela ne le restera pas d’ailleurs puisque le groupe reviendra plus tard à des sons moins distordus.
Ensuite il y a le batteur, Chris Slade, un véritable sadique à la face fort peu engageante et au jeu particulièrement percutant. Très puissant dans sa frappe, le bougre accélérait les tempos d’une manière significative.
« Let there be rock » par exemple, était accéléré et sonnait un peu comme du punk metal (d’ailleurs en 1977, AC/DC était présenté comme un groupe de punks venu d’Australie).
Les chansons sonnaient donc très velues et sans être dénaturées pour autant, avaient une pêche incroyable.
Un autre élément important du live (qui au départ était un simple puis est devenu un double) c’était la set list. 23 chansons dont les trois quart étaient (et sont toujours) des incontournables de la musique rock. Donc bon évidemment, un tel florilège de hits ça aide à faire un bon live.

Et pour finir, il y avait le groupe, ce qu’il envoyait au travers des amplis et ce qu’il représentait.
Personne ne pouvait nier (et ne le peut toujours pas d’ailleurs) que les gars étaient totalement dévoués au rock n’roll.

« A la fin des années 70 tout le monde parlait de punk… nous, on jouait du rock n’roll.
Quelques années plus tard on nous parlait de Heavy metal… et on jouait toujours du rock n’roll.
Plus de trente ans après nos débuts… on joue toujours du rock n’roll. »

Angus Young

Certainement doué à la base, les garçons ont avec les années appris à le jouer ce fameux rock n’roll… et avec grand talent. Quand vous avez en face de vous des mecs qui n’ont pas dévié d’un iota malgré les pressions et qui jouent avec une personnalité si particulière, ça pose une ambiance.
Pour faire simple, on savait que ça ne plaisantait pas avec les cinq kangourous.
Quand tant d’autres se prétendaient « les plus méchants » en pondant des ballades sirupeuses au possible, AC/DC ne se vantait pas de grand-chose mais parcourait le monde en affichant un nombre de concerts à l’année complètement hallucinant.
Et un seul mot d’ordre : Rock n’Roll.
Donc ça sonnait et on savait que les mecs étaient à bloc et donnaient tout ce qu’ils avaient dans le bide.

« Si je joue de la guitare assis, je m’endors. Je ne sais pas comment l’expliquer, mais à la différence des autres guitaristes, qui parcourent de la main le manche de leur guitare, j’ai l’impression que chez moi, c’est mon corps entier qui se pose sur le manche ! Les autres piquent une note avec un doigt. Moi, je saute de tout mon corps sur cette note ! »
Angus Young

Le groupe avait cette formidable énergie qui lui permettait de transcender ces titres.
La locomotive, c’était bien sûr Angus qui entraînait le reste de ses collègues avec lui. L’avantage c’était que les autres gars savaient aussi rester les pieds sur terre pour maintenir une rigueur indispensable à la rythmique du groupe.
En fait, si Angus pouvait faire le fou, c’était parce qu’il avait derrière lui une équipe très solide le soutenant et contrôlant ses rares dérapages incontrôlés. Ainsi, il pouvait donc bouger à la limite de tomber dans les choux en régalant le public de sa « Duck danse » et de ses solos frénétiques.
D’ailleurs, la crédibilité du groupe n’amènera jamais le public où les médias à critiquer Angus sur sa façon de bouger. On avait souvent vu des musiciens se faire décrier parce qu’ils en faisaient trop.
Angus n’a jamais vraiment eu ce problème, personne ne doutant qu’il n’était habité par ce qu’il jouait.
Fatalement, le côté Gimmick de la chose a pris le dessus. Il est évident qu’il a dû être crevé à de nombreuses reprises lors de ces interminables tournées et que certains soirs il a dû bouger pour la « forme ». Au vu des torrents de concerts effectués, on peut aisément dire qu’on lui passe ce genre de petits détails.

« Il faut beaucoup de pratique pour devenir un bon guitariste de rock n’roll. Ce n’est pas parce que c’est une musique moins technique que certaines qu’elle est facile à faire sonner. »
Lemmy « Motörhead »

« Thundrstruck » ouvrait donc le bal de la messe du binaire. Riff absolument imparable, interprétation irréprochable, IMPOSSIBLE de rester de marbre. Le public était au rendez-vous pour donner le change et les hits se succédaient. Un « Shoot to thrill » de derrière les fagots continuait à enchanter nos portugaises avant qu’un des très grand moment du live n’interviennent : « Back in black ».

« Vous savez il y a aussi des tempos célèbres. Je vais vous jouer quatre coups au charleston et je suis persuadé qu’avec le tempo il y aura un batteur dans la salle qui trouvera le nom du morceau.
- Tick…Tick…Tick…Tick…
- Beuargll !!! « Back in black » putain ! hurla illico un autochtone.

Terry Bozzio en master class à Toulouse.

Que dire finalement ? Moment magique tout simplement.

« Sin city », « Who made who », « Heatseeker », « Fire your guns », « Jailbreak » s’enchaînaient laissant la bonne parole se faire entendre à travers les amplis.
« The Jack » apparaissait comme une pause bien méritée avec son riff mythique et l’indispensable refrain repris par une foule en transe (Elle a la Chtouille nom d’une pipe !). Après un « Dirty deeds done dirt cheap » venimeux, le premier volet se terminait sur « Moneytalks » et sa volée de dollars estampillés Angus.

« Hells bells » ouvrait le bal du deuxième volet avec tout comme « Thunderstruck » une électricité palpable qui venait haranguer le public d’une bien belle manière.
« Are you ready ? » et « That’s the way I wanna rock n’roll » représentaient une petite pause avant l’enchaînement tout simplement incroyable qui suivait : 7 tueries se succédant à une cadence effrénée.
« High voltage » surgissant des âges passés donnait une bonne idée de la furie qui habitait les boys jadis. « You shook me all night long » groovait sa race et prouvait encore que la chanson est certainement parmi les meilleures que AC/DC ait jamais écrit.
Tout comme « Whole lotta rosie » qui était toujours aussi jouissive et entraînante.
« Let there be rock » nous offrait un petit cours de guitare avec ses impressionnants solos (quoi qu’un peu long sur la fin).
Pour moi, « Bonny » était un grand moment. Angus reprenait en solo un célèbre chant traditionnel écossais. La foule reprenait en chœur et chantaient avec ferveur les paroles originales.
J’ai appris, après coup, qu’une majorité des membres d’AC/DC était originaire de la région de Glasgow et que la chanson (originalement appelée « Fling Thing » ou encore « Loch Lomond ») a été rebaptisée en l’honneur de Bon Scott par les sidérurgistes.

Boum Boum Boum la suite était une terrible série d’uppercuts avec « Highway to hell », « TNT » et « For those about to rock » en apothéose finale. Comme l’a dit un jour Angus, c’est du rock joué par les prolos durs à la tâche.
C’est certainement une des composantes d’AC/DC : de la rigueur, un sens inné du double sens dans les lyrics et un côté nature… qui les servira autant que cela leur portera préjudice.

« Généralement, les journaux culturels nous méprisent. Pour les intellectuels, nous jouons une musique de sous-développés, de paysans. AC/DC n’est pas assez culturel, on ne peut pas prendre cette musique au sérieux. Pour eux c’est une musique de pauvre, une musique honteuse. Pour moi c’est un compliment : le blues étant aussi considéré comme la musique des pauvres. »
Angus Young dans les Inrrocks

« Le problème récurrent rencontré par AC/DC c’est d’être pris au sérieux au-delà du cercle des barbichus de provinces (…) Quand on était en sixième, on allait voir les barbiches naissantes en leur disant « Hey tu sais ce que ça veut dire « AC/DC » : attention crotte de chien. »
Pierre Siankowski dans le même numéro des Inrrocks

Bon, avec les Inrocks j’ai pris un exemple extrême.
« L’intellec rock » considérait AC/DC avec une certaine condescendance, essayant de convaincre (sans grande énergie) « l’aristocratie rock n’roll » qu’après tout, AC/DC était autre chose qu’un groupe de décérébrés, « digne » qu’on s’y attarde plus que quelques minutes.
Plus « in your face » que faussement cultivé (comme bien des crétins de l’intelligentsia rock), je pense pas qu’AC/DC pouvait (et puisse) parler aux pisses froid.
Etant moi-même un metalleux de province, j’ai connu les sales bastons dans les petits concerts avec des groupes inconnus reprenant « TNT » ou « Hells bells ».
Construit en Australie loin des références américaines ou européennes, AC/DC a toujours eu ce côté rural type « ouest sauvage ».
Pour moi le rock n’roll, c’est quand ça sent le souffre et quand ça pue des pieds. Ce n’est pas la théorie à la one again sur des textes fumeux de Lou Reed ou je ne sais quel usurpateur.
Si AC/DC a parlé et parle encore à des excités, c’est qu’il y a bien une raison. Cette raison, elle ne se comprend qu’en live et certainement pas en lisant des articles (particulièrement le mien d’ailleurs).
Pour terminer, rien de tel qu’une bonne petite litanie pour nous rappeler l’histoire du binaire :

« In the beginning
Back in nineteen fifty five
Man didn't know ' bout a rock 'n' roll show
And all that jive
The white man had the schmaltz
The black man had the blues
No one knew what they was gonna do
But Tschaivosky had the news, he said
let there be light
And there was light
Let there be sound
There was sound
Let there be drums
And there was drums
Let there be guitar
There was guitar
Let there be rock and roll »



Rédigé par : Pamalach77 | 1992 | Nb de lectures : 1713


Auteur
Commentaire
Spinout
Membre enregistré
Posté le: 03/05/2009 à 15h41 - (26711)
"Let There Be Rock"
Suberbe chronique d'un album d'un très grand groupe de live !



VS-papy
Membre enregistré
Posté le: 03/05/2009 à 17h39 - (26713)
Juste une toute petite précision. A la base l'album est bien un double sauf que cette première version en double album était (censé être) limitée.



Piet
Membre enregistré
Posté le: 03/05/2009 à 18h17 - (26714)

@ VS-papy: la première version limitée était un double digipack (double en hauteur pour les deux CD's).

Un excellent live tiré d'une bonne période du groupe. Un album live sous-estimé car il n'est jamais (ou très rarement) pris comme référence.



Cobra Commander
Membre enregistré
Posté le: 03/05/2009 à 18h30 - (26715)
LE live ultime du Rock'n'Roll!
A posséder absolument!!!



Jean-Mi
Membre enregistré
Posté le: 03/05/2009 à 19h11 - (26716)
A l'époque un pote m'avait filé une copie cassette de la version simple. J'ai acheté la version double-cd un peu plus tard. C'est avec cet album que tout a commencé pour moi ! Nostalgie, nostalgie... Vais aller me réécouter Thuderstruck tiens !

rafi
Membre enregistré
Posté le: 03/05/2009 à 22h08 - (26718)
très bel article merci

Jus de cadavre
Membre enregistré
Posté le: 04/05/2009 à 12h10 - (26719)
C'est grace à cet album que tout a commencé pour moi... Je lui doit tout à ce live, c'est de très loin le(s) disque que j'écoute le plus même encore aujourd'hui !
AC/DC c'est dieu tout puissant.

F.
Invité
Posté le: 04/05/2009 à 20h23 - (26721)
Une fois de plus : bravo à Pamalach77.
Super chronique pour un super live !!!

jazz Metal
Membre enregistré
Posté le: 25/04/2010 à 17h42 - (27000)
Moi aussi j'ai commencé à tailler mes canines sur cet album fabuleux. J'me suis procurer "If You Want Blood" bien plus tard en K7 (ouuuuh! va falloir qu'je l'renouvel). Et c'est vrai qu'les années Bon Scott sont d'une spontanéïté bien supérieur à celle des années Brian qui est un bon chanteur mais qui pour moi aura toujours du mal à - au moins - égaler (même si ce n'est pas le but recherché) le punch qu'avait Bon.



forlorn
Membre enregistré
Posté le: 04/04/2013 à 11h55 - (29154)
Ma découverte d'AC/DC remonte à la sortie de ce Live anthologique. A l'instar du Decade of Aggression de Slayer, ils représentent pour moi une telle perfection qu'à l'époque je n'ai même pas envisagé leurs disco respectives.

Hormis Dirty Deeds... et Back in Black écoutés chez des potes, j'ai longtemps fait l'impasse sur le reste de la disco d'AC/DC. Donc oui ce Live mérite tous les superlatifs possibles, une kro de qualité signée pamalach et accessoirement de figurer dans votre CDthèque.



GabinEastwood
Membre enregistré
Posté le: 08/08/2013 à 10h40 - (29706)
Comme Forlorn j'ai découvert le groupe avec ce live.

Un son magistral à la fois clair, précis et puissant.

Une setlist à pleurer et un groupe au sommet de son art.

Au panthéon des plus grands lives de l'histoire du rock et du metal



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