Il est toujours extrêmement réjouissant et hallucinant de voir de jeunes musiciens débarquer en possédant déjà de très grandes qualités. Quand ce type de situation se produit, on peut aussi se dire que le talent n’attend pas toujours les années pour montrer le bout de son nez.

Incubus n’a jamais été un groupe agressif, ni dans sa musique ni dans son attitude. Il a par contre toujours aimé les belles mélodies, le groove et l’énergie communicative. Sur cet EP, le groupe démontrait de grandes qualités de composition ainsi qu’un sens inné du rythme et une limpidité musicale claire comme une nonne le jour du seigneur.
Si Incubus a été (un temps) affilié au mouvement néo metal, il faut reconnaître qu’il se distinguait des cadors du genre en jouant une musique moins lourde, moins disharmonique et plus aérée… voire légère (à ne pas prendre comme une critique).
Evidemment ce côté « Peace and Love » écartera le groupe des sphères métalliques mais réussira grâce à ses jolies chansons à percer dans bien des chapelles musicales. Apte à calmer un metalleux après quelques heures de growl forcené ou prompt à faire bouger un glammeur après trop de ballades sirupeuses, le groupe possédait l’arme qu’il fallait : de bonnes chansons.

Le groupe se vautrait avec une concupiscence absolument indécente dans le funk, le metal et un brin de surf music. Comme aurait pu le dire ce satané Mike Muir « du Funk avec des couilles » ou alors du « funk joué par des bourrachos ».
On retrouve çà et là, quelques petites traces métalliques, quelques petites dissonances et bien sûr quelques bons riffs accrocheurs qui sans verser dans la facilité, amenait un côté accrocheur qui faisait mouche à chaque fois.
Le groupe revendiquait une approche très éclectique autant dans l’attitude que dans les influences qui se faisaient sentir dans leur musique. Le groupe était antimachiste, assez porté sur des formes de spiritualité, affichant un look très coooool en entretenant une énergie et une « agressivité » en mode majeur.
Le groupe n’était cependant pas un possee de branques et savait faire parler la poudre quand il le fallait. Les prestations scéniques de l’époque démontraient une réelle envie de tout pêter et de faire bouger le public (ce qui sera d’autant plus triste quand on verra comment le groupe tournera par la suite).

On peut rapprocher la démarche des boys de celles des bons groupes de « funk metal » de la belle époque. Doués et culottés.
Le packaging annonçait de toute façon la couleur avec ce visage énigmatique, ce fameux « Chuck » qui accompagnera les pochettes d’album du groupe jusqu'à « Science ». Les rumeurs les plus farfelues ont circulé sur ce personnage : Ancien acteur, ancien prof de gym, un assemblage des visage des membres du groupe… bref du grand n’importe quoi mais un visage qui collait plutôt bien à Incubus.

Seulement six titres pour cet « Enjoy Incubus » mais du coup, pas de temps mort ni de faiblesses. « You will be a hot dancer » commençait par un petit riff funky très simple mais très groovy. Dès que la section rythmique rentrait dans l’arène, la musique prenait vie et Brandon Boyd avait une belle assise pour poser son chant.
D’ailleurs, tout au long de l’album, il est remarquable.
Très joli timbre et très bonne maîtrise technique, Boyd était certainement un des meilleurs qui ait vu le jour dans ce style de musique. Tout au long de l’album, on le sentait très à l’aise et sa voix envoûtante habillait la musique de la plus belle des façons.
Commencant peinard, le premier titre s’excitait un peu et finissait par vraiment coller à la description « tu seras hot mon fils ! ».
« Shaft » démarrait avec un petit interlude où on entendait « Santa » péter un câble d’une manière virulente.
Beaucoup plus électrique que le titre précédent, « Shaft » groovait vraiment et montrait l’originalité du combo, désirant faire parler la poudre mais tout en gardant un côté très funky. Les harmonies vocales étaient vraiment très réussies et l’ensemble sonnait vraiment super bien.
« Take me to you leader » entamait par une introduction avec des perçus (le chanteur assurait le tam-tam pendant les concerts) qui lançait un chant très haché, proche du hip hop. De grosses pêches lançaient un refrain bien senti avec encore une fois des harmonies vocales très réussies.
« Version » avec son intro à « la Blanche Neige qui se la donne dans la forêt » débutait fort bien grâce à un riff funky très fin qui s’effaçait plus tard au profit de guitares plus velues. La fin de la chanson décollait vraiment avec un groupe vraiment au taquet qui suivait le chanteur dans son envolée vocale.
« Azwethinkweiz » respirait la bonne humeur avec la ligne de chant sifflée au début du morceau. Restant dans une tonalité joyeuse, le guitariste s’offrait un petit solo très réussi pendant que le batteur et le bassiste envoyaient la sauce.
« Hilikus » comme le titre précédent balançait un groove diabolique et on réalisait qu’il devait être très difficile de ne pas danser à leurs concerts.
A ses débuts, le groupe jammait beaucoup sur du matos assez métallique (Megadeth, etc) même si le groupe avait des influences funky assez marquées.
Le groupe mélangeait donc ces deux styles avec grand talent un peu comme les Red Hot le faisaient quand ils avaient encore de la sève.
A cette époque, le « funk metal » avait quand même pas mal de plomb dans l’aile et le succès qu’avaient rencontré les grands représentants de la discipline commençait un peu à se casser la gueule.
Incubus avait vraiment l’état d’esprit « glisse » en grands amateurs de skate et de surf devant l’éternel qu’ils étaient.
En short, en bord de mer et en tongs, cet album groovy mais pêchu, tranquille mais pas trop, a séduit des personnes très différentes. Des métalleux bien sûr mais aussi des amateurs de surf music, de hardcore mélodique.
Même s’il n’était jamais vraiment violent, le groupe avait une énergie sur scène très métallique et communicative.
Evidemment, faut pas chercher ici du brutal. Par contre, si vous cherchez un bon skeud entraînant, comme peu de groupes en font vous êtes à la bonne adresse. Et puis un sourire musical avec de l’électrique en fond de tableau, ça fait plaisir, non ?

Pour finir quelques lyrics extraits de « You will be a hot dancer » parce qu’on sait tous que dans un metalleux sommeille un danseur qui ne s’ignore que par intermittence.

« So lose your head and go to pieces...
Don't you make fun of me...
don't you make fun of me!
I'm gonna be, gonna be,
I'm gonna be a hot dancer! »


Rédigé par : pamalach77 | 1996 | Nb de lectures : 1905