LIMP BIZKIT - Three Dollar Bill Y'All (Interscope) - 08/02/2009 @ 10h57
On ne peut pas vraiment dire que Limp Bizkit est un groupe qui aura sillonné les Etats Unis avant de rencontrer le succès. Dès la sortie du premier album, « tout le monde » était au courant que le groupe existait. Ils ont rapidement eu une bonne promotion avec une exposition importante, ils avaient l’attitude et les fringues qu’il fallait.
Ils étaient là au bon moment en somme. De plus ils avaient l’appui des cadors du genre Korn et Deftones en tête.

Il est un peu difficile d’imaginer Limp Bizkit débarrassé de tous les clichés qui les ont pourtant rapidement caractérisés.
Ils avaient à l’époque une énergie communicative et débordante et ils n’avaient pas peur d’expérimenter les ambiances et les structures. A la différences de bien d’autres groupes de néo, sur « Three Dollar Bill y’all », les biscuits démontraient qu’ils avaient envie de brutaliser le Hip Hop.
Lorsque d’autres se laissaient aller à des formules éculées, les Limp’s n’avaient pas peur de s’aventurer sur des sentiers non balisés.
Petites touches jazzy, grooves bizarres et dissonances sympathiques parcouraient le disque sans jamais annihiler l’énergie « primaire » souhaitée.
Les musiciens étaient inspirés et savaient envoyer du gaz lorsqu’il le fallait.
Une bonne section rythmique, un guitariste inventif et un vrai DJ (pour une fois dis donc) permettaient à Durst d’avoir un champ d’expression important.
Alors que beaucoup de groupes ne commencent à se calmer qu’à partir du troisième voire du quatrième ou cinquième album, les bizkits n’auront vraiment la rage que sur cet album. Cela le rend donc particulier.
Evidement, les lascars ont profité de l’émergence de leurs « camarades » (car ils s’embrouilleront tous par presse interposée très rapidement) qui leur feront moult et moult publicité gratuitement.
Fred, avant d’être chanteur, était tatoueur (et encore avant cela « soldat » et même un peu « taulard ») et c’est alors qu’il devait écouter House Of Pain qu’il vit entrer Fieldy dans sa boutique de Jacksonville avec qui il sympathisa rapidement.
Il eut la pas trop mauvaise idée de lui passer une petite démo qui laissa le « chat » sur le cul. Il décida de faire écouter ça à ses potes et surtout son producteur de l’époque, Ross Robinson. Ce dernier craqua sur le style et proposa de les produire. Le succès était en marche.

Même si les trois « Leaders » du néo avaient des styles différents, Limp Bizkit semblait s’être un peu « inspiré » de leurs collègues.
West Borland avouait même « que lorsqu’il avait entendu Korn pour la première fois, il s’était dit que cela ressemblait un peu à ce qu’il faisait avec son groupe ».
Je ne doute pas de la sincérité du guitariste mais depuis que j’écoute du metal j’ai bien dû lire ce type de réponses un bon millions de fois : Le musicien qui dit que son groupe ressemble à un autre mais que c’est vraiment une coïncidence.
Cependant, Limp Bizkit n’était pas un clone de Korn et encore moins des Deftones. Ils étaient beaucoup plus Hip Hop dans l’esprit que les deux autres et avaient une énergie bien à eux.
Fred Durst était un MC étonnant, son flow était immédiatement reconnaissable et il hurlait comme un dingue. Une autre caractéristique du bonhomme était au niveau de ses lyrics.

Il n’était pas rare lorsqu’on traduisait les lyrics de certains groupes américains de s’apercevoir que c’était complètement débile.
Fred Durst a parfois été décrié pour ses lyrics.
Je me souviens que les mecs d’Enhancer disaient régulièrement que les paroles étaient vraiment débiles et qu’ils voulaient les traduire pour que tout le monde en France s’en aperçoivent (on m’a toujours dit à moi qu’avant de critiquer il fallait commencer à balayer devant sa porte).
En réalité, les lyrics étaient inspirés du rap avec une prise directe avec la réalité de la société américaine. On avait affaire à des suites de rimes séditieuses ayant plus une visée de décharge catharsis que d’envolées philosophiques.
D’ailleurs, le blondinet n’a jamais dit qu’il était un grand songwritter (si on excepte bien sûr les citations typiques de tout bon musicien-millionnaire-américain genre « Ma musique a sauvé des vies car des fans m’écrivent que mes paroles les ont aidés»).
Bref, l’ensemble était finalement assez cohérent et je dirais même plutôt honnête.
En effet, Durst ne traînait pas encore avec le gratin hollywoodien, il n’avait pas encore écrit « Nookie » et bien sûr n’avait pas de Sex tape sur le net. A cette époque il jouait « Faith » (du barbu Georges Michael) sur scène parfois complètement à poil avec un fun et une énergie communicative. Il est bien loin ce temps-là…

L’album ouvrait avec une intro sympathique évoquant un sermon religieux avant que ne déboulle le riff de « Pollution », premier morceau très énergique et sautillant.
D’entrée, le groove vous prenait aux tripes et on remarquait la qualité de la section rythmique. « Counterfeith » continuait avec un autre riff de qualité et un thème pour le moins classique évoquant l’hypocrisie.
« Stuck » était un très bon morceau. La basse et le riff évoquait le hip hop et plus particulièrement « Cypress Hills ».
« Nobody love’s me » malgré ses lyrics particulièrement patauds maintenait le rythme avec des couplets particulièrement groovy et sautillants.
« Sour » était dans une veine particulière par rapport au reste de l’album. Beaucoup moins rageuse et beaucoup plus hip hop dans l’esprit.
Le bât blessait lorsque surgissait le refrain très mélodique et un peu guimauve. Sans que les fans ne le sache à l’époque ce morceau représentait beaucoup plus l’avenir des Biscuits que « Leech » par exemple.
Cette dernière par contre était très rythmée et particulièrement jouissive notamment lorsque Durst semblait vomir tripes et boyaux lors d’un Beuarggll final particulièrement gras.
« Stalemate » débutait un peu comme « Sour » mais s’excitait davantage avec un pont bien bourru qui permettait de relancer la machine alors que le titre peinait à décoller. On pouvait s’apercevoir ici encore du bon travail des musiciens qui chacun à leur manière amenaient quelque chose à cet édifice musical étrange.
Gros gros son de basse pour « Clunk » qui démarrait comme du metal bien gras mais qui ne tardait pas à envoyer le groove avec ce diable de John Otto qui, même s’il jouait d’une façon un peu étrange, (ramassé sur lui-même et très court dans ses mouvements) avait des beats vraiment intéressants. La fin de la chanson était vraiment très bonne et permettait de servir de tremplin pour la chanson qui fera connaître le groupe même s’il s’agit d’une cover : « Faith ».
Même si le groupe malmenait le tube, on ne peut pas vraiment dire qu’ils faisaient preuve d’une grande inventivité dans la façon d’appréhender la cover.
Accélération du rythme, saturation, hurlements, 2/3 scratch et hop le tour était joué.
Au final, la sauce finissait par prendre et le plaisir qu’ils semblaient prendre à malmener George était communicatif.
« Stink Finger » (hommage aux Rolling Stones ?) continuait dans la lignée de ce que le groupe savait faire malgré le côté très Chino Moreno dans la façon de chanter de Durst (beaucoup d’inspirations, de hurlements et de larmoyades en tous genres).
« Indigoo Flow », même si elle était très courte, était vraiment bien sentie. Rendant hommage à ses « amis » de la nouvelle scène d’alors Durst rappait tranquillement sur fond d’accords mineurs de Borland.
« Everything » terminait l’album d’une façon un peu curieuse par rapport au reste de l’album. Très longue, et pour dire la vérité, très pénible à supporter à la fin, « Evrything » avait au moins le mérite de finir « à l’arrache » avec un peu de « Je m’en foutisme » et d’insouciance.

Malgré quelques facilités au niveau de l’écriture et quelques petits moments brouillons, l’énergie et le groove l’emportaient au final. Un album qui aura marqué son époque avant qu’une casquette NY rouge ne viennent lui servir de couvre-chef.

On se quitte avec un petit passage de « Stuck » que même les plus mauvais en anglais (dont je fais bien sûr partie) chantaient en anglais :

« All I wanted was a Pepsi, just one Pepsi
Far from suicidal
Still I get them tendencies
Bringing back them memories
That I really miss when I reminisce
Rocking back in the '80's live
My attitude to do or die
Once I was a maggot, now I'm just super fly »


Rédigé par : pamalach 77 | 1997 | Nb de lectures : 2176


Auteur
Commentaire
Scratch_the_surface
Membre enregistré
Posté le: 08/02/2009 à 11h10 - (26483)
Pour ceux qui écoutent aussi à coté du metal du bon rap old school (à petite dose bien sur ...) comme Cypress Hill, on sent nettement l'influence du groupe de LA sur ce CD..
A l'image de cette intro de stuck qui aurait pu figurer sur un album des Cypress.
Et Fred avait un putain de style vocal qu'il a perdu malheureusement apres pour nous pondre ces bouses et surtout SA bouse verte!!!
Tres bon album pour ma part mais si je ne cautionne pas le style de mise en avant commercial..



tyler-durden
Invité
Posté le: 08/02/2009 à 11h58 - (26485)
un album excellent malheureusement les bizkit après le 2ème album ne jouèrent plus que Faith en live ... alors qu'un petit Stuck ou pollution ca serais bien passé ! ils ont choisis la voie commercial comme beaucoup d'autres a espérer que pour le futur ils reviennent aux sources !?!

Scratch_the_surface
Membre enregistré
Posté le: 08/02/2009 à 12h03 - (26486)
@tyler-durden : le reve est toujours permis..en tout cas ca ne peut venir que de Wes coté frontman il est fini...

Clash
Invité
Posté le: 08/02/2009 à 15h28 - (26494)
Futur retour ! Plus personne ne veulent d'eux! Cet album est tout bonnement excellent à l'epoque je devais avoir à peine 15/16 ans etc'etait une baffe enorme pour moi...La suite on la connait bouse sur bouse, vrai fau depart et un Fred plus pitoyable qu'autre chose..Je ne veut surtout pas d'un comme back..
RIP L.B

hcldecalastie
Membre enregistré
Posté le: 08/02/2009 à 22h29 - (26502)
Ben bizarrement j'ai aimé les autres album jusqu'à celui avec la jaquette verte qui était juste à chier, bref cétémieuxavant

Vision Of Beuh
Membre enregistré
Posté le: 20/10/2009 à 12h15 - (26867)
Une pierre angulaire du neo metal, sortie bien avant que le phénomène n'explose. Unique, inégalable et inégalé, "Three Dollar Bill Y'All" sera probablement l'unique album de LB à rester dans les annales.



Gros ZiZi
IP:78.125.214.72
Invité
Posté le: 29/10/2013 à 00h37 - (30071)
Je deteste ce Groupe !!!

Ajouter un commentaire

Pseudo :
Enregistrement Connexion






Niveau de modération : Commentaires non modérés par l'administration du site

Ce commentaire est soumis à la lecture et à l'approbation des modérateurs. S'il ne suit pas les règles suivantes : Pas de pub, pas de lien web, pas d'annonces de concerts, il ne sera pas retenu. Plus d'infos

Proposez News | VS Story | F.A.Q. | Contact | Signaler un Bug | VS Recrute | Mentions Légales | VS-webzine.com

eXTReMe Tracker