INFECTIOUS GROOVES - Groove Family Cyco (FFM) - 09/03/2008 @ 11h07
Bien, bien, bien.

J’ai toujours aimé converser avec les bassistes. C’est une catégorie de musiciens qui se la racontent quand même beaucoup moins que leurs autres collègues musiciens.
Le guitariste, le batteur et bien évidement le chanteur (le général en chef dans 90% des combos) ont bien souvent une approche moins humble que le bassiste véritable serviteur du son et du groove.
Il demeure bien évidement de très fortes personnalités et des musiciens de génie qui ont donné dans la quatre cordes. Lorsqu’à cette époque on parlait à un bassiste il finissait toujours par vous parler de Flea, de Cliff Burton et …de Robert Trujillo.
Est-ce que ce gars justifiait à lui seul l’écoute du skeud ? Oui.
Est-ce qu’il faut néanmoins en conclure que Trujillo était le seul musicien de grand talent officiant dans Infectious ? Non.
Et pour finir, est-ce qu’Infectious sortait avec « Groove… » un album absolument imparable qui allait ravir les métalleux bien velus ? Putain de oui.
Impossible de parler de cet album sans parler de Mike Muir. A cette époque le gros bodybuildé jouissait d’une image de punk intello, une sorte de grande gueule avec de la suite dans les idées n’hésitant pas à aller à contre-courant des schémas de pensées établis (quitte à terminer en dérapages pas toujours très contrôlés).
Plus punk que les punks, le gros décida un beau jour de monter Infectious Grooves, projet funk metal catapulté par l’excellent premier album « Sarsippius’Ark ».
Bien évidement des dents grinceront dans les rangs punk-hardcore mais le bandanné se défendra en disant qu’il n’en avait rien à foutre qu’on puisse l’accuser de faire une musique plus accessible, le punk étant justement synonyme de liberté de d’absence de limites (et paf dans la gueule).
Le blondinet n’avait pas sa langue dans sa poche et mettait régulièrement en boîte le système américain, l’hypocrisie latente, la censure et quelques groupes qu’il semblait apprécier très moyennement.
En tête de liste, Rage Against The Machine (« Un groupe quasi totalitaire » selon lui), les Beatles (« Détestables sur bien des points »), Green Days (« Des faux punks plus préoccupés par une jolie couleur verte dans leurs cheveux que par une quelconque rébellion » ), les Red Hot Chilli Peppers (« Avec Infectious on fait du funk avec des couilles pas du funk de pédales comme les RHCP ») j’en passe et des meilleures.
Bref en tant que VRP, Cyco Miko était très fort car même s’il était détesté par de nombreuses personnes, on ne pouvait ignorer son existence et les combos dans lesquels il officiait.

Le gars savait aussi s’entourer de musiciens pour le moins brillants que cela soit dans Suicidal ou dans Infectious. Bonne maîtrise technique, créativité et polyvalence étaient les qualificatifs qui pouvaient définir les lascars qui accompagnaient Cyco Miko.

Très souvent, un musicien s’inspire de plans de divers groupes pour construire son jeu. Quand on aimait ce type de musique, cet album était une véritable mine d’or de plans funk metal. Il y avait beaucoup de subtilités à tous les niveaux dans cet album et sans être à proprement parler « révolutionnaires » les plans joués étaient brillamment exécutés et ne tombaient jamais dans la facilité ou le parodique.
Ça a l’air de rien, mais ce n’est finalement pas si fréquent quand beaucoup de zicos se contentent de jouer sur les « gimmicks » d’un style sans réellement arriver à être créatif dans des univers différents.
C’est certainement cette capacité qui amènera des amateurs de groove vers Infectious rebutés par le côté plus punk et abrasif de Suicidal (au fur et à mesure des années, la frontière entre les deux groupes deviendra de plus en plus mince).
On découvrait sur cet album le jeune Brooks Wakerman (ancien Bad 4 Good) âgé seulement de 17 ans qui s’imposait déjà comme un tueur (pour ceux qui ne le connaissaient pas encore). Technique, groove, créativité et énergie étaient les mots qui pouvaient définir le jeu spectaculaire de l’adolescent. Donnez un bon batteur à Trujillo et il vous remuera les entrailles avec son jeu de barbare.
Selon IG la recette du groove semblait être une section rythmique infernale, des riffs plombés couplés à des cocottes tout en finesse et une voix haut perchée braillant des paroles vindicatives.
La prod’ est assez réussie et les instruments (notamment les guitares) possèdent ce son caractéristique des 90’s riche en effets de toute sorte mais suffisamment sobre pour ne pas faire has been quelques années plus tard.
Ne passons d’ailleurs pas sous silence l’excellent travail des deux six-cordistes Adam Siegel et Dean Pleasant qui donnèrent du caractère à la musique du combo en réitérant la très efficace recette des albums précédents : petit riff funky couplé à un riff bien gras.

Après un petit riff tout en finesse et une introduction de Wakerman saignante, « Violent and funky » introduisait une des plus fameuses ligne de basse que le Trujillo ait pondu. Une suite de notes jouée de façon hyper velue et rapide qui donnaient au morceau une puissance incroyable.
Un premier morceau percutant (servi par un clip au demeurant très réussi) qui précédait le fracassant « Boum boum boum », deuxième tuerie imparable, assaisonnée par de redoutables roulements de grosses caisses où Muir matraquait un refrain simplissime qui faisait très, très mal lors des concerts du combo à l’époque.
« Frustrated again » quittait ensuite les contrées du « funk couillu » pour aller mouiller vers des ports plus hardcore : tempo rapide couplé à des chœurs de barbares moustachus avec à la clé un duel de guitares solo où s’entrechoquaient phrasés country et wha- wha estampillée « cry baby ».
Riffs tout en harmoniques naturelles sont au rayon du titre suivant « Rules go out the windows », chanson sautillante très aérée qui permettait d’apprécier un riff funky très mélodique.
La chanson éponyme de l’album « Groove family Cyco » tapait bien avec sa lourdeur pachydermique et ses petites disharmonies interrompues par des « sessions slap » du père Trujillo rappelant les breaks fracassant du célèbre « Send me your money » de Suicidal (Adepte du slap, achète-toi des pouces).
« Do What I Tell ya » est une chanson qui était dédiée à Rage Against The Machine. Le titre rappelait le slogan « I won't do what they tell me » des enragés et marquait sur CD l’hostilité de Muir à l’égard des RATM. Le vice était poussé jusqu'au couplet de la chanson où la musique rappelait de façon assez manifeste le break qu’utilisait Rage dans « Killing in the name of ».
« Cousin Randy » et « Why » continuaient à marquer le tempo avant une dernière slave funky nommée « Made it ». Le titre commençait par des chœurs gospel suivi d’une introduction jazzy où Wakerman et Trujillo faisaient preuve, une fois encore, d’une grande versatilité. Un brin humoristique, le titre démarrait ensuite tout en puissance pour terminer tranquillou pellou sur le fameux refrain rythmé par des claquements de doigts où l’on pouvait imaginer sans peine le gang des mules se prendre pour une gentille petite chorale de quartier.

Nos sympathiques amis grooveurs nous avaient donc concocté un album aux petits oignons qui aura certainement marqué les plus ouverts d’entre nous. Quelques années plus tard la famille a pris du plomb dans l’aile mais les chansons demeurent et elles continuent à faire onduler quelques petits fessiers dodus.

On se quitte donc en musique avec la phrase d’ouverture du couplet de « Violent and Funky » où Miki Miko se lâchait avec une frénésie toute particulière.

« Sticks and stones may break some bones
But a 357 gonna blow your damn head off »



Rédigé par : pamalach 77 | 1994 | Nb de lectures : 2346


Auteur
Commentaire
paflechien33
Membre enregistré
Posté le: 10/09/2008 à 14h37 - (26287)
A écouter, ne serait-ce que pour se rendre compte à quel point 'talicaaaa sous-emploie cette merveille de bassiste qu'est Trujillo (et pour comprendre l'étendue du talent de ce chic type ...)

La fusion '90 dans toute sa splendeur ...
Perso. j'avoue préférer l'album "The plague that makes your booty move ... It's the infectious groove" à celui ci.

turlusiphon
IP:92.133.102.107
Invité
Posté le: 03/03/2013 à 19h16 - (29015)
@paflechien : également, je trouve que qui vient après l'excellent premier album est plus dispensable (ce qui en veut pas dire mauvais).

Amduscias
IP:77.201.241.246
Invité
Posté le: 04/03/2013 à 06h48 - (29020)
Album mortel MAIS un poil trop répétitif. Usé jusqu'à la corde à sa sortie, bien sûr, mais en effet je préfère The Plague, que je trouve plus versatile. Dès Violent & Funky, ce caractère répétitif est un peu frustrant. Le couplet, 4 fois le même break et qui revient en boucle dans le morceau, un peu lassant à force, on avait compris, et ce défaut se retrouve trop souvent dans l'album. Paradoxalement je l'ai écouté en boucle et ça reste un album que j'ai vraiment apprécié.

Leodinard
IP:2.3.39.212
Invité
Posté le: 04/03/2013 à 18h25 - (29023)
Très bon album, mais beaucoup moins varié que le premier

Youpimatin
Membre enregistré
Posté le: 04/03/2013 à 23h02 - (29025)
Mon préféré !! Des compos mortelles, une folie maîtrisée et surtout un son énorme



fedaykyn
IP:93.31.11.205
Invité
Posté le: 09/03/2013 à 11h26 - (29027)
Tout simplement mortel ! et en concert (même sans wackermann et trujillo) ça déboite sévère !

Trez
Membre enregistré
Posté le: 08/04/2013 à 11h30 - (29188)
Infectious GrooveS avec un S ;)



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