KORN - Korn (Sony) - 13/01/2008 @ 11h13
« Are you readyyyy ?? » Ces mots évoquent pour certains d’entre nous l’introduction fracassante d’un morceau fabuleux, véritable hymne du milieu des 90’s. Lourdeur pachydermique, groove malsain et inspiré « Blind » a durablement marqué les esprits à cette époque.

La première fois que j’ai lu quelque chose à propos de Korn, c’était sur un magasine de guitare. Un simple petit encart parlait de ce nouveau groupe étrange qui ne jouait aucun solo de gratte dans ses chansons. Je ne me souviens plus s'il s’agissait de Head ou de Munky, mais en tout cas la mini interview ressemblait à peu près à ça :
« Tout a déjà été dit dans les solos. Nous préférons créer des architectures rythmiques plutôt que de poser le traditionnel solo des familles. »

Le terme architecture rythmique m’avait intrigué et je me suis donc intéressé au groupe.

« Korn est costaud avec son accordage et ses chansons. Les Deftones sont aussi très bons mais cela ne sera pas suffisant pour engendrer une révolution musicale »
Andréas Kisser

Le père Andréas avait raison. De révolution il n’y aura pas. De la récupération, des paillettes et du « trop cool le néo metal » ça, par contre, on allait en bouffer.

J’entends déjà ceux qui vont hurler que Korn n’est pas et n’a jamais été un groupe de Métal. Il est vrai qu’à ses débuts le groupe se défendait d’en être un. Il se définissait d’ailleurs comme « le plus alternatif des groupes de métal ».

Bien que leur musique soit lourde, le groupe refuse d’être assimilé au monde des chevelus à bracelets cloutés et/ou en pantalon moule-burnes.

Leur musique, leur look, leurs lyrics, les influences hip-hop et la façon de chanter de Davis faisait apparaître une personnalité à part dans le paysage musical de l’époque. Bien sûr, certains détesteront cela et assimileront le groupe à une bande zozos à survêtements, poseurs à l’outrance et pas assez « métal » pour être honnête.

Malgré tout, et rapidement, un buzz se crée. Le bruit court qu’un nouveau groupe américain joue une musique lourde et disharmonique avec en guise de chanteur un psychotique qui hurle et pleure (??!!) sur des chansons complètement barrées. Intrigués par ses rumeurs alléchantes, on découvre « Faget » ou « Shoots and Ladders ».

Pour ceux que le côté bizarre ne rebute pas, la découverte à un goût particulièrement savoureux.

Le plus étrange c’est qu’à l’époque, on ne pouvait se douter que Korn deviendrait si énorme, engendrerait une mode musicale et vestimentaire en faisant troquer à de nombreux metalheads leurs paraboots contre des superstars ou des Van’s.
De plus, on ne pouvait imaginer que les gimmicks si originaux des premiers albums de Korn seraient pillés par des millions de groupes. Le style Korn a tellement été pompé qu’il a fini par écoeurer.

A l’époque du premier album, les interviews font apparaître les garçons (et particulièrement Davis) comme des individus un peu étranges.
Davis sera longtemps perçu comme un fou furieux et son « aura » de « psycho » donnera à Korn cette sève névrotique particulière qui donnera au groupe toute sa saveur. Les lyrics de Jonathan Davis sont aussi singuliers car le montrant comme une personne tour à tour fragile, vulnérable et en tout cas loin des clichés du métalleux viril, velu et invulnérable (qui visiblement lassait un peu à l’époque).

A la sortie du premier album personne ne crie cependant au génie.

Munky et Head avouent être très influencé par Mr Bungle et Davis dit adorer Manson (qui ne craignait pas autant à l’époque) et Ministry. On peut retrouver dans la musique les influences de ces derniers groupes ainsi qu’une bonne dose de « noise » bien sympathique. Il est donc évident que ce n’est pas le groupe le plus original du siècle mais les boys ont « quelque chose ».

On parle souvent de cet album comme étant un mix original entre le hip-hop et le métal. C’est pas faux ^^.

Korn explore les ambiances et l’essence du hip-hop « sombre ». On sent à de nombreux moments l’influence d’un Cypress Hill.
Davis n’est pourtant pas un MC conventionnel.
Son flow est parfois murmuré, assez imprévisible et posé de façon étrange.
En tant que Master of Ceremony, Chino Moreno ou Fred Durst ont un débit beaucoup plus « classique ».
Pourtant et contrairement aux deux autres, l’habitué des morgues n’imite pas vraiment les cadors du hip-hop dans sa façon de rapper.
Les performances de Davis (bien qu’il soit plutôt bon chanteur) ne sont pas techniques mais stylistiques.
Il pose à sa façon et ce qui frappe à l’époque, c’est le côté haché et tribal de son débit. Le trip épileptique dans le chant Davis marche à merveille. Le garçon fera fort en mélangent un chant très vulnérable (voire pleurnichard ou geignard) à des hurlements désespérés empreints d’une fureur et d’une colère qui semblent complètement incontrôlées.
Rapidement Davis devient le Saint Patron des cinglés.

Korn ne se limite pas à son chanteur loin s’en faut.
Le groupe emprunte certaines de ses rythmes au Funk et au hip-hop. Silvera est un sacré bon batteur qui mixe le métal au hip-hop en jouant des rythmes lourds mais aérés. Gar-Fieldy slappe d’une façon originale et fait des « bling bling bang bang » avec son pouce à longueur de morceau. La section rythmique est solide et conférera à Korn beaucoup de sa singularité.
Ibanez peut remercier les deux riffeurs de Korn pour les camions de Sept cordes qu’ils leur feront écouler. Bien que n’étant pas des Shred à proprement parler, les garçons ont le goût du riff bien lourd, des accords bien dissonants et du son bien gras.

Comme pour le Grunge on verra débarquer après Korn toute une myriade de musiciens pas toujours terribles (voire mauvais pour certains) et souvent très peu inspirés (voire de véritables déserts créatifs pour certains).
Il suffisait à l’époque d’aller voir certains de ces groupes en live pour s’apercevoir que les gars (ou les filles) étaient de véritables quiches incapables de tenir une scène et très en dessous des prestations musicales qu’ils délivraient sur disques.

Korn quant à eux ne s’en laissent pas conter et délivres des prestations scéniques très énergiques. Unis dans la connerie et la beuverie (comme on le voit dans la première vidéo du groupe « Who Then Now ? ») les Korn balanceront leur purée sans état d’âme.
Le 1er album reste donc sombre, malsain et inspiré.
Au-delà de la musique et du chant, le groupe n’oublie pas de jouer des chansons et avec « Divine », « Need to », « Clown » et « Shoots and Ladders », ils livrent bon nombre de brûlots savoureux.
L’album se termine sur l’inquiétant « Daddy », morceau morbide et lancinant, où Davis chante, hurle et pleure des paroles particulièrement dérangeantes relatant durement les réalités des enfances maltraitées. Ceux qui ont écouté cette chanson à l’époque s’en souvienne certainement.
Quoi qu’il en soit et malgré les mauvaises langues, Korn n’a jamais été un groupe de pop (blague particulièrement en vue à l’époque) et a donné à l’époque un bon coup de fouet salvateur à toute une génération qui gardera en mémoire les comptines déjantés du combo de Bakersfield.

« You've got this pretty boy feelin I'm a enslaved
to a world that never appreciated shit
You’ve got to suck my dick and fucking like it »


Rédigé par : pamalach 77 | 1994 | Nb de lectures : 2511


Auteur
Commentaire
Damien
Invité
Posté le: 25/11/2008 à 13h05 - (26354)
Korn: j'ai été fan entre 1997 et 2000, période de mes premiers pas dans le metal, période où j'écoutais en boucle Korn, Deftones, SOAD, RATM, Coal Chamber, Soulfly.
Aujourd'hui, que reste-t-il de cette époque collège/lycée ? Rien, ou presque. Le seul groupe que j'écoute encore, c'est SOAD. Tout le reste, je m'en suis lassé. Korn est désormais un groupe que je méprise, que je ne peux plus supporter.
Ce 1er album de Korn reste toutefois le seul qui soit tolérable dans leur discographie: original, sincère. Ceci dit, il a ses défauts et si Korn a donné tout ce qu'il avait dans les tripes, il a aussi démontré ses limites. Et honnêtement, il n'y a pas de titre mémorisable sur cet album. La suite, ce sera de pire en pire: Korn sortira bouses après bouses et n'en finira plus de s'enfoncer dans le ridicule. Finalement, avec beaucoup de recul, je me dis que Korn aurait mieux fait de tout arrêter après cet album au lieu de continuer. Pour cette raison, j'ai plus de respect pour Coal Chamber qui, au moins, a su s'arrêter à temps. Ce 1er album était-il un accident de parcours pour Korn ? J'en suis de plus en plus convaincu...
Korn: le groupe d'un seul album. Korn, c'est: un 1er disque original et sincère, tout juste passable, et c'est tout, par la suite, c'est le néant total, le vide intersidéral.

Blind
Membre enregistré
Posté le: 06/05/2010 à 14h01 - (27004)
@Damien: Je me demande bien pourquoi tu es si amer par rapport à ce groupe. Parce que même si tu t'en es lassé, ce que je peux comprendre, tu es quand même assez de mauvaise foi. Dire qu'il n'y a aucun titre mémorisable dans cet album, mouais... Surtout que je suis sûr que tu as laissé tomber le neo metal pour écouter du metal extrême, de la musique simple d'accès et mémorisable à la première écoute bien sûr!

RBD
Membre enregistré
Posté le: 06/11/2012 à 23h27 - (28350)
J'ai été fan des deux premiers albums de Korn. Je les écoute encore avec plaisir à l'occasion. J'y voyais une assez franche rupture stylistique à l'époque, même si je n'étais pas encore un vieux métalleux. Cela redonnait une touche de spontanéité, des sons un peu nouveaux, des thèmes vrais.

On peut contester d'autres albums de Korn, mais celui-ci au moins me semble vraiment un indéboulonnable classique. D'ailleurs, ce n'est pas pour rien si l'on s'est aussi tapé un flot de clones pendant quelques années après, sans parler des influences aussitôt sensibles chez d'autres groupes déjà établis.



YvesRaymond Cul
IP:78.125.214.72
Invité
Posté le: 29/10/2013 à 00h27 - (30070)
Je deteste pas se groupe ! Pourtant Limp Bizkit est compagnie je deteste !
Comme quoi un fans de Metal Extreme(Morbid Angel/Asphyx...) peut "ne pas detester" des truc plus doux !

kenlesurvivant
Membre enregistré
Posté le: 18/01/2019 à 05h41 - (31970)
Est-ce que le premier com n'avait pas un pseudo commençant par V, modo jusqu'en 2013 sur le sous forum jeu de SOM par hasard?

Perso j'étais trop jeune dans les 90's (merci pour la remise en contexte), faudrait que je creuse leur début de disco à l'occase

kenlesurvivant
Membre enregistré
Posté le: 18/01/2019 à 16h19 - (31971)
(non parce que si c'est bien lui on aurait aimé être au courant de ses emmerdes à temps et c'est con qu'on se soit définitivement quittés sur une engueulade sur cet album... RIP la pieuvre)

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