La période 1995-97 fut des plus fastes pour Paradise Lost. Auréolé du succès de "Draconian Times", le groupe enchaîne les tournées à succès et s’envolera même jusqu’au Japon pour promouvoir son petit protégé. Le point d’orgue de ces tournées restera sans doute sa participation aux prestigieux Monsters of Rock de Donington en compagnie de Kiss, Ozzy Osbourne, Sepultura… Quant à la presse métallique française, elle en a fait un de ses chouchous et se bat pour obtenir des interviews, friande qu’elle est des bons mots de Nick Holmes.
Le cap Draconian Times sera donc difficile à passer : le groupe est attendu au tournant. Cependant Paradise Lost ne compte pas se reposer sur ses lauriers en proposant un Draconian Times bis, et n’hésitera pas (consciemment ou non ?) à prendre de gros risques.
Tout d’abord à la production : Simon Effemy qui était sur DT n’est pas retenu pour ce nouvel album. Les Anglais lui préfèrent un certain Sank, connu pour son travail sur des remixes de Killing Joke (!).
L’artwork ensuite (même si ce n’est sans doute pas le point le plus essentiel) : plutôt qu’un visuel « iconographique », on a ici droit à une série de photographies noir et blanc de Susan Andrew.
Puis le look (un point encore mois essentiel que le précédent !) : Nick Holmes et Aeron Aedy se sont coupés les cheveux… Une tendance capillaire qui se propagera aux autres membres par la suite !
Enfin la musique : bien sûr on retrouve toujours les atmosphères sombres et mélancoliques, mais ce n’est plus dans un cadre purement « métallico-gothiquo-doomesque » qu’on connaissait alors. Les guitares par exemple se veulent plus épurées, moins solennelles. Le ton de l’album est plus soft, lorgnant même vers des contrées plus « pop ».
Niveau chant, c’est l’abandon définitif des vocaux hurlés. Nick Holmes… chante.
Attention cependant, n’allez pas croire que l’on est tombé dans de la musique d’ascenseur. Le son des guitares reste suffisamment musclé pour que l'album garde l’appellation « métal ».
Reste que les titres qui composent "One second" demeurent de qualité : l’éponyme « One Second » ou « Say Just Words » font toujours parties de la play list live du groupe. D’autres pépites garnissent cette galette : « This Cold Life » ou « Blood Of Another » pour ne citer que celles-là.

Mais l’accueil de l’opus par le public sera plus que mitigé : beaucoup de fans crient à la trahison. Ils ne reconnaissent plus « leur » Paradise Lost, l’évolution entre "Draconian Times" et son successeur étant beaucoup trop radicale pour eux. Et si ces derniers ont alors l’impression d’avaler des couleuvres, ce seront carrément des anacondas qu’ils devront ingurgiter à la publication de "Host" deux plus tard !

Signe de cette période délicate pour le groupe, ce concert donné au Bizarre Festival en Allemagne. Il s’agissait (si je ne me trompe pas) de la toute première prestation live de l’ère "One Second". Une prestation si catastrophique que Nick Holmes confiera plus tard que le split n’était pas si loin. Mais une fois la tempête passée, la carrière de "One Second" se déroulera sans trop d’encombres, rencontrant même un succès tout à fait honorable.

Au final, quel bilan tirer de ce "One Second" ? Sans doute qu’il demeure un album de rupture dans la discographie de PL. Rupture d’avec leur maison disque de l’époque : OS sera la dernière livraison pour Music For Nations avant de signer chez la major EMI. Mais surtout rupture musicale : sans pour autant défigurer le « son Paradise Lost » (tout le monde ne sera pas de mon avis…), les Bradfordiens montrent leur capacité à enrichir leur musique de sonorités nouvelles. La suite de leur discographie nous offrira en effet de nombreux exemples, et on peut penser que "One Second" fut en quelque sorte une Genèse à tout cela. Une période où le groupe a perdu pas mal de fans, mais en a gagné d’autres.


Rédigé par : Jean-Mi | 1997 | Nb de lectures : 1975