GUNS N' ROSES - Use Your Illusions I (Geffen) - 21/10/2007 @ 12h15
A cette époque il y a incontestablement deux leaders de la scène « Hard Rock » dans le monde. Metallica et Guns n’Roses.
Les Four Horsemen étaient clairement dans un style beaucoup plus métallique que les GNR qui, eux, étaient nettement plus rock n’roll.
En effet que cela soit dans la musique ou dans l’attitude, les Guns usaient et abusaient des clichés les plus éculés du binaire : provocations en tout genre, drogues, alcool, tribunaux, concerts annulés, séjour à l’ombre, chansons tour à tour sauvages et sirupeuses, look extravagant etc.

Avec ce double volume, GNR faisait découvrir le rock n’roll à des milliers d’adolescents (et adolescentes) à travers le monde. Nous sommes nombreux à avoir découvert l’univers du Hard Rock avec les Guns n’Roses. A cette époque, dans tous les collèges de France et de Navarre, les T-shirt frappés du sceau GNR fleurissaient comme des roses un matin de printemps (ou comme des revolvers un soir de révolution).

Difficile à cette époque de distinguer ceux qui aimaient vraiment le groupe et ceux qui ne faisait que coller à la « mode ». Près de quinze ans plus tard, on voit mieux. Pour certains le rock n’roll est toujours là et pour d’autres il est occupé à présent par d’autres musiques plus « sérieuses ». Quoi qu’il en soit, mettre un bon vieux « Double talkin’jive » dans un soirée de trentenaires fait toujours son petit effet.

« Use your Illusions I » donc.

Steven Tyler avait déclaré à l’époque que les « Uses » étaient trop longs, possédaient trop de messages et d’informations. Il ajoutait que le tout était lourd à digérer et qu’il aurait préféré un seul album qui l’aurait laissé sur le cul plutôt que deux moyens.

Slash et Axl ont toujours confirmé qu’ils ne regrettaient pas d’avoir sorti un double album car ils estimaient que toutes les chansons avaient leur place.

En fait je dirais que la vérité se trouve à mi-chemin entre ses deux déclarations.

Il faut se rappeler qu’à cette époque, les Guns étaient énormes et incontournables (on disait d’ailleurs « Le plus grand groupe de rock du monde…après les Stones »).

On attend forcément beaucoup d’un groupe qui jouit d’une telle popularité. Peut-être trop même. Malgré tout ce qu’ils pouvaient dire à l’époque, il devait y avoir une grosse pression sur les épaules des boys. De plus, les tensions entre musiciens ne devaient pas améliorer la phase de composition et d’enregistrement.

Premier élément déstabilisant : le renvoi de Steven Adler et l’arrivée de Matt Sorum.

Afin de faciliter l’arrivée de l’ex-The Cult (ou pour en convaincre la presse et les fans) Slash déclarera que Sorum était un batteur bien plus technique qu’Adler, beaucoup plus groovy, offrant de plus grandes possibilités musicales au groupe. Et par-dessus tout Sorum était « clean ».

Le mulâtre n’était pas tout à fait honnête car des années plus tard il déclarera que Sorum ne fut pas et ne devint jamais un Gunner. Il déclarera aussi que même si Steven était souvent à la rue, il était le batteur parfait pour les Guns.
Le comble étant qu’ils virèrent Adler pour ses problèmes de drogue alors que Slash et Duff étaient encore de gros gros fétards à cette époque.

Axl commençait à se la jouer de plus en plus rock star dictatoriale, Steven Adler venait de se faire virer, Izzy Stadlin’ songeait à se barrer et Duff et Slash se mettait la tête bien comme il faut (Slash confiera que pendant les sessions des Uses il pouvait, avec Duff, siffler jusqu'à 2 litres de Vodka en une après-midi).


Quoi qu’il en soit l’alchimie n’opère plus tout à fait et le départ d’Izzy stradlin’ achèvera d’effacer ce qui faisait des Guns un groupe particulier.

Même si lorsque Izzy Stradlin est parti, je connaissais le groupe depuis peu, j’ai trouvé que le groupe perdait quelque chose en le remplaçant par Gilby Clarke.

Beaucoup plus sage et moins mystérieux, le groupe perdit aussi un fabuleux compositeur et un personnage haut en couleur.

Allez, j’avoue que je suis fan de Stradlin’ parce que c’est un gars extraordinaire. On est dans la rubrique « Remember » alors je ne résiste pas à vous livrer un florilège de ses expressions les plus incongrues :

- (Interview pour la sortie de son second album solo) : « À l’époque je jouais dans un groupe qui s’appelait les Guns n’Roses (sans déconner…). On avait sorti un album double… ou triple je ne sais plus… en tout cas avec Duff… oui, tu sais Duff Mc Kagan était le bassiste des Guns n’ Roses (Merci pour le scoop Izzy) »

- (Interview pour la sortie des « Uses », le journaliste demandais alors à Izzy s’il pouvait donner des noms de chansons) : « Heu…( silence… cogitant intensément) merde je sais plus… « Perfect Crime »… (re-silence… re-cogitant intensément) « Could be mine »… et « Gurth » (???!!) »

- (Même interview que la précédente) « Maintenant je suis plus sain qu’avant… Je n’ai plus envie d’être défoncé en permanence… (Le journaliste précisera qu’à la fin de l’interview, soit une heure après, Izzy entamera son deuxième paquet de gitane et terminera la bouteille de cognac qu’il mettait dans son café.)

Comment rivaliser avec un mec pareil ?
Nombreux sont ceux qui ont fait une crise d’appendicite en apprenant le départ d’Izzy.

Après bien des parlementations, le groupe décide de sortir un double album. Evidemment il y a beaucoup de titres forts. Le problème est qu’il y a aussi pas mal de titres un peu tièdes (voire pas terrible) et on a l’impression que les garçons ont été un poil trop ambitieux en proposant autant de chansons.

On ne peut nier qu’un seul album avec tous les titres forts aurait pu être le digne successeur d’ « Appetite for destruction ». En fait le seul problème serait le choix des morceaux. En connaissant les deux volumes tels qu’ils sont sortis, j’ai beaucoup de mal à me faire un best of qui rentrerait sur un CD de 70 min. Si je devais le faire, j’exclurais des morceaux que j’adore. Peut-on dire alors que les morceaux « faiblards » ont donné du relief à l’ensemble?

En parlant de relief, on peut dire que le premier Use est pour le moins contrasté.

Dès le début GNR nous offre un titre très « classique » aux sonorités très habituelles où Axl fustige sa voisine de pallier : « Right Next Door To Hell ». Dès le départ le rouquin marteau se lance dans son exercice favori : déverser sa bile sur quelqu’un qui ne lui a pas plu.

Le départ de l’album est réussi mais ça se ramollit avec « Dust N’Bones ». Ca repart avec l’excellente reprise de Paul Mc Cartney « Live and Let die » où le groupe s’emballe comme il savait le faire à ses débuts.

On continue en beauté avec « Don’t cry » (La ballade ULTIME de GNR avec « Sweet Child o’ mine »).
« Don’t cry » ne souffre de l’aspect grandiloquent de « November Rain » (même si le clip commence à laisser apparaître le futur visuel des vidéos des Guns c'est-à-dire bien perché et un brin mégalomane pour pas dire vraiment craignos).

« Don’t cry » apparaît beaucoup plus comme une authentique et émouvante complainte de rockeur (on est loin du calamiteux Estranged).

On a tous connu ça. On a tous eu notre petit cœur en cuir brisé par une fille insaisissable et mystérieuse (pour l’anecdote Izzy était sorti avec la fille en question avant Axl. Les deux se sont fait plantés. Ravagés par le chagrin, ils ont écrit la chanson côte à côte en se retenant de pleurer : c’est beau l’amitié…)

On passe ensuite au furieux « Perfect Crime » et au très country et planant « You Ain’t The First ».

« Perfect crime » est véritablement le morceau le plus hard de l’album. Les paroles sont rageuses et la chanson est soutenue par un Slash possédé qui livre un solo véritablement diabolique.
« You ain’t The first » est l’œuvre d’Izzy. La chanson ressemble à s’y méprendre à un folk de hippies défoncés au LSD. Izzy laissait entrevoir sa facette country qu’il développera encore plus par la suite dans sa carrière solo.

En fait c’est un peu à partir de là que l’album commence à marquer une pause. Même si « Bad Obsession » est un bon morceau, GNR sonne un peu comme un groupe de variété bon marché.
Les guitares sonnent justes et la slide est excellente mais au final je trouve que ça patauge un peu.

« Back off Bitch » est une sorte de manifeste féministe qui aurait pu faire office de musique officielle dans un congrès de « Ellen Jamesienne ».
Axl nous prouve qu’il n’est pas un garçon rancunier et qu’il règle ses comptes avec classe et en privé (on constatera à des nombreuses reprises que la deuxième passion d’Axl, après passer son temps dans les tribunaux, est de laver son ligne sale en public.)

Même si la vulgarité a toujours été un fond de commerce chez GNR on a un peu l’impression que pour bien paraître macho et viril Axl en fait trop dans ce morceau. Néanmoins le bonhomme n’a jamais caché sa profonde colère envers la gente féminine. Du coup le caractère violent des paroles même s’il paraît un peu surfait et puéril ne doit pas être vide de sens pour Axl .

Rappelons que le lascar est quand même un mec qui a réussi à divorcer d’avec sa première femme en a peine deux jours.

Semblant sortir du diable Vauvert, jailli par la suite du fond des entrailles de Lucifer le sublime « Double Talkin Jive » qui envoie la patate avec à la clé un sublime solo très Espanisant d’Izzy Stradlin’.

On pense ensuite à « November Rain ». Aïe Aïe Aïe.
La chanson est longue et ambitieuse. Je dirais que la musique est très bonne mais elle est servie par un clip pour le moins « cliché ». Une véritable farce où Axl se la joue Elton John et où le côté mega policé version « Je t’aime et on se marie dans le désert avant que tu meures à cause d’un putain d’orage de novembre » fait des ravages. Bref se pose là tout le problème de GNR. Le groupe apparaît à certains moments rock n’roll et à d’autres mainstream au possible.

Le vieil Alice vient poser sa voix sur l’un des meilleurs titres de l’album, le très surprenant « The garden ». Le morceau est sombre et heavy. Le jeu en bottleneck de Slash apporte une touche très hypnotique à la chanson et au final la collaboration avec Vincent Fournier est une réussite.

« Garden of Eden » est rigolo mais il lui manque un petit quelque chose. Comme si les boys n’avaient pas donné tout ce qu’ils avaient dans le ventre. Pareil pour « Don’t damn me » qui malgré un riff sublime tourne rapidement en rond.
Le très funky et « Aerosmithesque » « Bad Apple » est réussi et on essaye d’oublier « Dead Horse », morceau qui semble avoir été composé à la dernière minutes sur un coin de table du Roxy.
L’ami des greffiers relate qu’il a composé cette chanson après avoir vu un cheval mort. On regrette que ce dernier n’ait été vu un ornithorynque ou un opossum : ça aurait certainement donné une couleur World à la musique de GNR.

On finit par « Coma ». Le morceau possède une ambiance assez oppressante et Axl semble vraiment dans son élément dans cet univers de cyclothymique suicidaire.

La musique s’adapte aux lyrics et se fait tour à tour très angoissante puis remplie de béatitude. Après plusieurs minutes, le groupe se débride totalement et joue un final d’anthologie certifié label « 100 % GNR inspiré ».

Le dernier couplet est certainement parmi les meilleurs (le meilleur à mon goût) qu’a écrit Axl. Il se livre totalement et on comprend un peu mieux pourquoi Axl est un type si paumé. Tiraillé entre une volonté d’aller de l’avant et perturbé par des problèmes psychologiques profondément enfouis, Axl apparaît dans ce titre comme il est certainement en réalité : un artiste dérangé, pas forcément très heureux et portant une croix trop lourde pour ses épaules.

Axl relatera la grande difficulté qu’il aura eu à écrire cette chanson. Il avouera s’être évanoui à plusieurs reprises en tentant de terminer « Coma ». Au final il arrivera à écrire le dernier couplet d’un seul coup déclarant que les lyrics avaient littéralement jailli de lui.
L’album se termine donc sur un très bon morceau à l’émotion particulièrement palpable.

Que dire de plus ? Pas le peine de préciser que les deux albums se sont vendus par wagons et que les différentes tournées (« Get in the ring Motherfucker Tour » ou « Skin n’bones Tour ») afficheront une affluence records.

Alors album culte ou pas ?
Est-ce qu’un album imparfait peut être culte ?

On connaît tous des albums absolument magiques qui n’ont pas eu le millième de l’exposition que les « Uses » ont eu.
Hélas le succès ne revient pas toujours à ceux qui le mérite.
Loin de moi cependant l’idée de dire que GNR est un mauvais groupe.

Il est évident que quand on hérite du sobriquet de « plus grand groupe de rock du monde » on ne peut que se casser la gueule à un moment ou un autre. Pour ma part, je ne peux pas vraiment pourrir cet album car je ne sais pas si j’aurais découvert l’univers du métal si je n’avais pas écouté les Guns. Je l’écoute encore d’ailleurs. Sartre disait que la musique était une machine à voyager dans le temps. Ca rappelle les bons et mauvais moments.

Est-ce que la musique de GNR reste bonne ? Pour moi, définitivement oui. Pour ceux qui les détestaient à l’époque, la réponse doit être non ^^

Chers amis, pour terminer cette Kro je ne peux que vous laisser avec les paroles de « Don’t Damn Me ». Même si le morceau n’est le meilleur de la disco des Guns, ce passage est révélateur des paradoxes inhérents au groupe. Comme les armes avec les fleurs, GNR restera jusqu’au bout ce groupe énigmatique qui révulse autant qu’il séduit, qui bastonne autant qu’il ronronne.

« Sometimes I wanna kill
Sometimes I wanna Die
Sometimes I Wanna destroy
Sometimes I wanna Cry
Sometimes I could get even
Sometimes I could Get up
Sometimes I could Give
Sometimes I never give a Fuck. »


Rédigé par : pamalach77 | 1991 | Nb de lectures : 5108


Auteur
Commentaire
nocturnus1977
Membre enregistré
Posté le: 10/01/2011 à 20h10 - (27078)
Excellent album, avec certains titres bien rentre dedans... toute ma jeunesse et mon initiation au metal après nirvana et avant pantera



RBD
Membre enregistré
Posté le: 29/03/2013 à 23h50 - (29111)
C'est très dangereux de prétendre chroniquer un disque pareil mais l'angle de présentation est pas mal. J'ai du mal avec le Glam' et les souvenirs de tout le foin qu'on faisait autour des G'n'R' mais on ne pouvait pas rester indifférent, à l'époque.
Et avec le recul il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas admettre que ce groupe avait du talent, même s'ils l'ont gâché autant par la mégalomanie que dans la défonce. Il n'est donc pas étonnant qu'au long de ces deux volumes, il y ait des pépites pour le fan et des faiblesses.


Floyderz
Membre enregistré
Posté le: 21/10/2014 à 12h41 - (31335)
Cet album a forgé une partie de mon existence. Sans déconner, jamais je ne serais objectif en parlant des Use your Illusion, en particuliers de celui ci. J'étais mais "UBER FAN". je tatais déjà du Maiden, de l'AC/DC, du scorpions et Metallica...mais GNR!! j'avais 14 ans, ça m'a parlé, c'est tout. Le groupe, la musique, Axl, les paroles... je sais pas, toujours est il que ça m'a permis de découvrir encore plus de groupes, de forger mes gouts musicaux. J'étais fan pour la première fois. Merde, ça compte autant que la première fois où on est amoureux non?
Encore aujourd'hui, quand je vois un des Use ou Appetite en rayon, je regrette de déjà les avoir! cela me prive du plaisir de les racheter!

hammerbattalion
Membre enregistré
Posté le: 21/10/2014 à 13h26 - (31337)
Floyderz@ çà compte encore plus que la première fois où tu es amoureux puisque u continues d'écouter le disque 23 ans après.. Marrant de regretter d'avoir déjà kekchose qu'on voit en rayon, çà m'arrive aussi :). Sympa le kom, la kro et album énôrme.



Jack
Membre enregistré
Posté le: 12/02/2016 à 15h13 - (31904)
Je crois que Floyderz est en fait mon double...
A ceci près que je j'ai toujours trouvé le UYI I nettement en dessous du II.

MAIS BORDEL RENDEZ MOI MES 14 ANS

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