DEVIN TOWNSEND – Ocean Machine– Biomech - 04/11/2007 @ 10h26
1997 : année faste et prolixe pour la scène Métal Extrême qui voit débouler, à quelques mois d’intervalles, une fort belle brochette d’albums destinés à devenir cultes. Pour ne citer que les plus connus : le tonitruant et inégalable Anthem to the Welkin At Dusk d’Emperor, le totalement décadent et loufoque La Masquerade Infernale d’Arcturus, le classique Enthrone Darkness Triumphant de Dimmu Borgir, le sauvagement mélodique Something Wild de Children Of Bodom, le classieux Angels Fall First de Nightwish… l’Europe du nord nous envoie son souffle glacé des plus inspirés, et nous, on en redemande…

Toujours au nord, mais, cette fois-ci, de l’autre côté de l’Atlantique, un jeune canadien est sur le point de créer sa petite révolution. Déjà, ses qualités vocales ne sont pas tombées dans l’oreille d’un sourd puisque Steve Vaï (rien que ça…), en 1993, lui a proposé de tenir le micro sur son troisième album Sex And Religion. Joli préambule qui présage déjà de la suite : le jeune garçon n’a que 19 ans et fait ses premières armes sur la tournée mondiale du virtuose de la six cordes… Plutôt pas mal comme première expérience de la scène…

Mais rapidement, le désir de créer le tenaille. En 1994, il rompt donc avec le maître pour voler de ses propres ailes. Dans la foulée, sous le nom évocateur de Strapping Young Lad, il pond un album qui, dès sa sortie, a l’effet d’un gros coup de pied asséné aux fesses ankylosées du Métal : le couillu Heavy as a Really Heavy Thing, dont le titre pragmatique résume assez fidèlement la volonté musicale, à savoir : faire du Trash bien lourd, bien dégoulinant, balancé aux oreilles de l’auditeur comme une formidable claque dans la tronche… Et ça marche!

Sous le même projet, City sort trois ans plus tard, en cette même année 1997, et la consécration n’est plus très loin : le nom de Devin Townsend a définitivement percé le cercle confidentiel de l’underground pour dépasser les frontières et titiller de nouvelles oreilles. Ce n’est cependant pas au travers de sa facette la plus brutale que Devin Townsend va s’imposer au monde… Claquemuré dans son studio personnel, le bourreau de travail, infatigable créateur, a fermé sa porte aux invités : normal, il est en contact direct avec Dieu. Ou plutôt avec Neptune, divinité de la flotte et de tout ce qui mouille, et le pauvre Devin est trempé jusqu’aux c..illes à force de prendre des notes… En trois mois de temps, sous l’emprise d’une inspiration jaillissante, il douche sur bande une musique dont la nature fondamentalement progressive le laisse sceptique quant au nom à attribuer à son nouveau projet. City était noir. City était industriel : une véritable usine à gaz broyant tout sur son passage. Cet opus surgi de nulle part possède une toute autre ambiance. Une espèce de teinte bleutée, de pureté limpide, liquide, fluctuante, comme les vagues d’une marée...

Ocean Machine sort donc en 1997.

Devin Townsend l’a intégralement composé, réalisé, produit. Il s’occupe de tenir les claviers, les guitares, et le chant. L’album est signé sur le tout jeune label Hevydevy Record que Devin, décidément en forme, vient d’inaugurer pour l’occasion. Si Heavy As A Really Heavy Thing et City avaient provoqué des séismes sur la scène Métal, Ocean Machine fait office de… raz-de-marée !

Coup de maître absolu du génie canadien : l’album récolte les éloges unanimes de la presse spécialisée sans pourtant atteindre, en France, des chiffres de ventes mirobolants (il faudra attendre Accelerated Evolution). Musique sophistiquée mais jamais prise de tête. Ambiances riches mais jamais pompeuses. Langage cohérent mais jamais redondant : le jeune Devin touche à un équilibre parfait, et Ocean Machine, porté par son concept puissant, à nos oreilles fébriles, prend la forme d’un magnifique voyage initiatique : il nous transporte loin, très loin sous le fond (« life »), il nous happe dans des abîmes de noires mélancolies agitées de brusques courants de rage (« Night ») avant de nous faire remonter vers la lactescence d’un soleil échoué sur une plage d’accalmie (« Sister », « 3am » « The Death Of Music »), pour finalement nous faire chavirer! à nouveau loin de la surface, dans des tourbillons d’idées qui nous ballottent sans fin jusqu’à l’extase des sens (« Regulator », « Greetings »)…

Que dire de plus ?
Que l’on se trouve face à un classique à ranger au panthéon ?
Que rares sont les musiques à dégager autant d’émotions ?
Que Devin, avec ce pur chef-d’œuvre, a lancé les bases d’un nouveau style qu’on pourrait appeler le « Dark-Cold-Atmospheric-Metal-Pop » ?
Que jamais le concept d’océan n’a été transcrit avec autant de justesse ? Que l’unité de l’album est tout bonnement renversante ?

Il y a assurément de tout cela, mais le mieux à faire, vraiment, au lieu de palabrer, et pour les malheureux naufragés d’entre vous qui, impardonnable lacune, ne connaitraient pas encore cette petite merveille, c’est de foncer sur le CD et de le boire jusqu’à plus soif sans en laisser une goutte : croyez-moi, avant d’être rassasié, il faudra laisser couler beaucoup, beaucoup d’eau… Quant à ceux de mon espèce qui ont déjà fait le grand saut, c’est en frissonnant qu’on y replonge…


Rédigé par : Goldenear | 1997 | Nb de lectures : 2365


Auteur
Commentaire
Yohm
Invité
Posté le: 16/04/2008 à 09h46 - (25453)
C'est aussi bien.
Si tu as pris ta claques, tu vas adorer voyager dans sa discographie.

Maintenant que t'as fini Ocean MAchine, attaques Infinity.

Tu va prendre une claque encore plus énorme.

Ysild
Invité
Posté le: 01/05/2008 à 14h49 - (25891)
Pour ma part je pense que cet album est un veritable chef d'oeuvre au meme titre que INFINITY et TERRIA .
C'est genial !!!

EXO 1000
Invité
Posté le: 14/08/2010 à 15h17 - (27039)
Excellent cet album, j'avais découvert Devin Townsend sur l'album de Steve vai SEX & RELIGION et sur la tournée à l'élysée Montmartre en automne 1993 et j'étais déja fan de son chant !


Jezz
Invité
Posté le: 02/11/2010 à 15h46 - (27062)
J'adore cet album. celui que je préfere dans la discographie de ce génie. "Regulator" et ses air lyrique a la Korn.
(Devin townsend est un très grand fan de korn et vice-versa, il etaient voisins de studio d'enregistrement pendeant l'enregistrement de city / life is peachy)
Bastard et son riff envoutant au possible.
The death of music, ou effectivement après une telle oeuvre la musique peut s'effondrer sur elle même.

Magique

RBD
Membre enregistré
Posté le: 25/03/2012 à 13h10 - (27245)
Il était son premier gros disque hors SYL, je crois. Ces titres lumineux, ces rythmes retenus, son inspiration limite atmosphérique, étonnamment apaisée après la fureur de "City" avaient récoltés un succès d'estime mille fois mérité, à défaut d'un grand succès public qui est venu plus tard.
En tout cas je pense que c'est mon préféré du père Devin, même si je n'ai pas tout écouté de lui et encore moins ces derniers temps.



6trouille
IP:88.162.147.74
Invité
Posté le: 29/09/2013 à 00h57 - (29900)
Un putain de disque qui perso m'a ouvert d'autres perspectives, et surtout qui a rafraichi une scène de plus en plus mal en point et se mordant la queue (aïe) à l'époque.
Brillant !
J'ai acheté ce disque sur les conseils dithyrambiques de Philippe Lageat dans HR Mag, et franchement je ne l'ai pas regretté. Coup de coeur IMMEDIAT !
Mon préféré de Devin, sans discussion possible.

SvartNjord
Membre enregistré
Posté le: 29/09/2013 à 11h09 - (29904)
Meme chose que tout le monde ici present, album essentiel, qui ma marque a vie et que j ecoute toujours de manieres regulieres.... magique tout simplement

GeneralMono
Membre enregistré
Posté le: 29/09/2013 à 11h27 - (29905)
Le plus grand, le plus beau disque de tous les temps, point barre.

forlorn
Membre enregistré
Posté le: 29/09/2013 à 11h50 - (29906)
Je suis loin d'avoir fait le tour de la disco plutôt touffue du Canadien. A vrai dire, je bloque toujours Ocean Machine, Infinity et Terria (je trouve Physicist en dessous).

Ocean Machine est indétrônable, ne serait ce que pour l'impact qu'il a eu à l'époque, y compris sur Devin Townsend lui-même. Un album exceptionnel.



Youpimatin
Membre enregistré
Posté le: 29/09/2013 à 14h37 - (29910)
Cet album et Terria constituent ces 2 chefs d'oeuvre.

Metatron
IP:83.145.126.134
Invité
Posté le: 30/09/2013 à 18h23 - (29917)
Je mets Terria un cran en dessous quand même.
Ocean Machine, c'est beau.
Death of music est un monument de dépouillement et d'émotions.

metalhead
IP:82.230.175.19
Invité
Posté le: 01/10/2013 à 17h19 - (29926)
Le meilleur album de Devin avec l'excellentissime Terria

lolo
IP:83.202.236.202
Invité
Posté le: 01/10/2013 à 21h11 - (29928)
C'est le seul album de Devin Townsend que j'apprécie (et pour le coup, j'adore), et pourtant c'est pas faute d'avoir essayé (et je ne parle pas de mp3 écoutés à la va-vite, bande de chenapans !).

Vous pouvez me lancer des pierres, maintenant :-p

Ivan Grozny
Membre enregistré
Posté le: 02/10/2013 à 11h51 - (29929)
Ocean Machine est le meilleur disque de Devin Townsend, album proche de la perfection.



pj666
Membre enregistré
Posté le: 14/10/2013 à 18h11 - (30001)
Pas mieux qu'Ivan !



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