SEPULTURA - Roots (Roadrunner Records) - 19/08/2007 @ 11h04
Pendant longtemps, Sepultura sera le chouchou de la critique et d’une grande partie des fans de Métal. Leurs origines géographiques, le caractère original de leur musique, les personnalités charismatiques des musiciens et leurs prestations scéniques les amèneront à monter de plus en plus haut sur l’échelle du succès.

Avant la sortie de Roots, Sepultura possédait déjà une ribambelle de morceaux cultes et s’était frotté sur scène (et avec succès) aux plus grands groupes de la planète.

A ces débuts, Le groupe était soutenu par un public aux goûts musicaux brutaux.
Cette frange la plus extrême de leur public les lâchera dès « Chaos A.D » (certains avait déjà mis les voiles avec « Arise » car un peu trop mélodique (??!!)).
Pour ces gens-là, « Roots » ne représente en rien le Sepultura qu’ils aimaient jadis. L’influence Néo fera que beaucoup de fans de la Tribe détesteront l’album et ce malgré les très bons morceaux qu’il comporte.

Pourquoi cette haine envers « Roots » alors ?

Plusieurs éléments ont jeté le trouble dans l’esprit des aficionados des Brésiliens.

Avant tout le choix du producteur : Ross Robinsson.
A l’époque il n’y avait pas plus hype comme soundman. Très reconnaissable dans la façon qu’il avait de produire les groupes, l’« école » R. Robinsson est aussi rattachée à un style musical particulier: Le néo metal.

A la sortie de Roots, Max déclarera qu’il avait beaucoup aimé le travail qu’avait fait Ross Robinsson avec Korn sur leur premier album et que ce nouveau groupe l’avait assis.

Pour sa décharge, le pauvre Max ne pouvait savoir que Korn allait devenir aussi énorme et engendrer une mode musicale.

Quoi qu’il en soit « Roots » sonnera très néo dans sa prod’ et se verra malheureusement cimenté dans une époque. A partir de ce moment-là, Sepulura « suivra » plus qu’il ne « devancera ».

Le producteur n’explique cependant pas tout. Max et Andréas change l’accordage de leurs guitares et passent du Ré au Si. Comme si Robinsson ne suffisait pas, ils s’accordent comme Korn.

Les rythmiques Thrash passent à la trappe et les tempos rapides suivent dans la foulée.
On est également surpris de constater que les influences punk/hardcore des Brésiliens (pourtant si présentes dans le passé) partent faire un tour dans les oubliettes. Les riffs déjà assez dépouillés sur « Chaos AD » sont à présent véritablement réduits à leur expression la plus primaire.

Le chant de Max est moins guttural et beaucoup plus criard. Igor est moins impressionnant que d’habitude (d’un point de vue du jeu « métal »). Andréas est plus « Noise » que jamais et on se demande si Paulo JR n’est pas le Newsted brésilien tant on ne l’entend pas au mix.

Le groupe se voit traité de vendus, d’opportunistes. L’album est détesté par une partie du public de Sepultura.
On ne peut pas dire que tout ceux qui ont aimé « Beneath the Remains » détestent « Roots ». Mais si l’on aimait le côté Thrash de Sepultura c’est clair qu’avec « Roots » on était pas déçu du voyage.

Cependant, l’album n’a pas que des défauts. A mon goût il renferme même de très bons morceaux. James Hetfield déclarait d’ailleurs à l’époque que « Sepultura fait partie des meilleurs du genre et ils expérimentent comme nous ».

Le vieux James a raison. Sepultura a expérimenté et frappé là où on ne l’attendait pas.

Pour moi « Roots » n’est peut-être pas l’album de référence de Sepultura mais il reste une œuvre artistiquement très aboutie.
On ne peut pas dire que Sepultura a vendu son âme avec « Roots ». Contrairement à beaucoup de groupes, et n’en déplaise à King ou Hanneman, Sepultura avait sa propre identité, son propre langage et un bon background musical.
Désireux de faire entendre le Brésil au travers de leur métal, le combo décide de continuer le travail qu’ils avaient effectué sur « Chaos A.D ».

Plus mûrs et plus respectueux de leurs racines musicales brésiliennes, les quatre de Belo Horizonte décident de tout lâcher. Les percussions sont omniprésentes sur le disque et démontrent que Igor n’est pas seulement un très bon batteur de Métal mais aussi un bon percussionniste.
Max joue aussi pour la première fois du Berimbau en introduction de l’excellent « Attitude » et popularise cet instrument chez les métalleux, symbole de la capoeira et des favelas.

Le groupe développe ainsi sur ce disque sa facette « Braaaassssillll » en incorporant des instruments et des rythmes traditionnels à une musique qui demeure pourtant lourde et puissante.
Pour la petite anecdote sachez que l’Indien sur la pochette est en fait la reproduction d’un dessin qui était imprimé sur un billet de banque n’ayant plus cours au Brésil.

L’amalgame est parfois un peu laborieux. Ca sonne parfois comme s'ils avaient rajouté une partie de « batucada » au milieu d’un morceau de métal sans prendre le soin de faire le pont entre les deux styles. A d’autres moments, c’est une pure réussite.

Je ne suis pas tellement abonné au Mysticisme et pourtant je trouve que « Roots » renferme des moments magiques. Cet album fait voyager. Le côté très épuré et primitif de la musique font que certains passages deviennent hypnotiques et planants. Une sorte de psychédélisme passé à la sauce brutale amazonienne.

L’aspect culturel et si vivant du Brésil, les paroles simples mais profondes de Cavalera, les ambiances étranges et envoûtantes apportaient à cet album une couleur particulière.
D’ailleurs, malgré les hurlements bestiaux de Max de nombreuses personnes pas forcément issues du Métal ou du rock, s’intéressent au groupe.

Si Sepultura perdait ses fans les plus bourrus, il gagnait en « respectabilité ». D’abord dans le milieu métallique mondial puis dans le milieu musical « traditionnel ». Si vous avez connu l’époque vous vous en rappelez certainement.

Il y avait les débats à propos des choix de Sepultura dans le milieu métallique et puis il y avait tous ceux qui découvraient le combo. Ils voyaient en ce groupe des gros métalleux hurlants avec des cheveux sales mais avec un cerveau et une saveur particulière.

On assiste alors à l’impensable : Sepultura apparaît dans les émissions musicales de M6 (en pleine après-midi !!!!) et ils sont même invités au Talk Show ultra IN de l’époque : NPA.

Certains d’entre vous se rappellent certainement du premier passage de Sepultura à NPA. Sous les yeux de Mimie « Ange Gardien » Mathie, les Brésiliens terroriseront le public français en balançant un « Refuse/Resist » séditieux.
Des milliers de foyer français attablés devant leur dessert sont abasourdis par ce déferlement sonique.
Le lendemain, tolé général et des centaines de lettres d’insultes envahiront la boîte au lettre de Canal + : on ne peut rêver meilleure publicité quand on est un groupe de rock.

Quelques années plus tard, Canal + réinvitera Seplutura et lui accordera une émission entière. Malgré les questions débiles de Valérie Payet, c’est une réussite.

Le vieux Maxou atomisera le plateau en fin d’émission avec son légendaire « Um, Dois, Très, Quatrooooooo » avant d’enchaîner sur un « Roots Bloody Roots » de folie et d’être rejoint par le très « non-métal Carlinhos Brown » pour un « ratamahatta » très inspiré et sautillant.
Carton sur toute la ligne. Les interviews font apparaître nos métalleux comme des individus politiquement engagés et éloignés des clichés du genre. En outre ils ne se vendent en aucune manière et n’adoucissent pas leurs discours pour être plus consensuels.

Parlons un peu de l’album maintenant.

Pas la peine de mentionner le fantastique « Roots Bloody Roots ». Ouverture d’album absolument fracassante, la chanson devient illico l’hymne des Brésiliens. Si vous me dites que vous n’avez jamais hurlé « Roootsss Blooodyy Rooots » je ne vous croirais pas. Le clip est aussi très réussi. Visuel travaillé, capoeiristes dansant au coucher du soleil, percussionnistes, le groupe réussit un clip original et vivant.
« Attitude » est aussi une véritable tuerie. Les garçons se lâchent et réussissent une entrée digne des plus grands. L’intro au Berimbau est excellente et on était beaucoup au départ à croire que Max avait investi dans une talk box.

« Cut Throat » est bon mais en dessous des deux premiers. « Rattamahata » est rigolo mais manque un peu de pêche. Version live ça péte de tout les côtés mais en studio ça manque un peu de consistance et de la fureur auxquelles nous avait habitués Sepultura par le passé. Ce morceau aurait certainement été meilleur avec une prod plus « claire » et quelques gouttes de plus de « Capriniha » (A consommer avec modération bien sûr…).

« Breed Apart » est un morceau très réussi. Les percussions s’inscrivent super bien dans le morceau et donnent une couleur originale au riff principal, lui assez classique. « Straighate » possède une tonalité indus. Le bon travail d’Andréas sur les ambiances allié au groove d’Igor permettent une arrivée sur un riff de Max très lourd et inspiré.

Le très punk (ah, quand même…) « Spit » nous fait manger du sable (de la praia d’Ipanema bien sûr…) et on retrouve le Sepultura avec un épingle à nourrice accrochée au perfecto. Muito Bem !!


Syndrome du capoeiriste qui fait plein d’acrobaties avant que le « jeu » ne commence et qui s’épuise avant la bataille, Sepultura peine par la suite à maintenir le rythme de croisière.
En effet, malgré la présence du grand Patton « Lookaway » patauge. Silvera et Davis sont de la partie mais finalement on se demande qu’est-ce qu’ils viennent faire là. Dj Lethal du Biscuit Mou vient, lui, apporter sa science des platines et enfonce encore plus le morceau dans une sorte de sous indus de bas étage.

« Dusted » réveille un peu notre attention et débouche sur le sympathique « Born stubborn » qui fait agiter nos hanches de façon indécente.

« Jasco » est un instrumental d’Andréas qui démontre si besoin est que le barbu n’a pas perdu la main à la guitare classique.

« Istari » fut enregistré avec les Indiens de la tribu Xavantes en pleine forêt amazonienne. Intention intéressante et louable mais le morceau n’arrive pas à la cheville de « Kaiowas » moins ambitieux et paradoxalement plus « Roots ».

« Ambush » démarre bien mais le break de percussions au milieu apparaît pour la première fois comme vraiment dispensable. Mais heureusement surgit « Endangered Spécies » morceau très Heavy Metal dans les riffs et la structure. Les vieilles influences resurgissent et les lascars prouvent qu’ils n’ont pas non plus tout renié les heures où ils écoutaient Black Sab et Judas Priest. « Dictatorshit » ferme la marche. Peut-être désireux de terminer sur une note plus brutale, les garçons accélèrent le tempo. Mais hélas la mayo ne prend pas… au vu de l’album « Dictatorshit » apparaît incongru.

Il faut aussi noter l’excellentissime remix « Chaos B.C » sur la version digipack ainsi que la reprise de Black Sabbath « Symptom of the universe ». Ozzy déclarera à l’écoute de cette cover : « Elle est bonne mais on dirait que le chanteur n’a pas chié de plusieurs jours ». Toujours aussi métaphorique dans ses propos le Mad Man…

Le groupe développera aussi un nouveau visuel scénique avec beaucoup de symboles issus du tribalisme. C’est à cette époque que le groupe se comparera à une tribu et essayera de renvoyer une image de groupe soudé dans des valeurs plus primitives qu’urbaines (quand on voit comment ça a fini on se dit que finalement niveau valeurs il y avait des différences d’appréciation).

Au final on constate que l’album marque des pauses puis repart. De ce point de vuel-à on est loin de l’urgence des albums précédents. L’album avait besoin de plusieurs écoutes pour pouvoir en apprivoiser toutes les nuances.
Certains ne feront pas l’effort.
La musique ne leur donnait peut-être pas envie. Sepultura sera aussi desservi par la grosse publicité autour de « Roots ».

Néanmoins, Sepultura avec Max sera resté jusqu'au bout un groupe aventureux. Les albums se suivent mais ne se ressemble pas. Eternel débat autour de l’évolution musicale des groupes.
Inscrit dans la discographie complète, cet album n’apparaît pas comme une tache. A l’écoute de « Roots » j’ai l’impression que Sepultura DEVAIT faire cet album. Un peu comme si c’était vital aux boys de rendre un jour hommage à leur culture.
« Roots » sera le testament de ce que beaucoup appellent le « vrai » Sepultura. Pas mal comme final quand même.


Rédigé par : pamalach 77 | 1996 | Nb de lectures : 2557


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Commentaire
Thrashdeathblack
Membre enregistré
Posté le: 10/04/2008 à 09h58 - (25347)
J'avais déjà pas aimé Chaos AD...et là, à part "Roots, bloody roots" y a pas garnd chose de bon...

Neurosien
Membre enregistré
Posté le: 03/09/2008 à 20h32 - (26271)
Trés chiant comme album . Le style tribal néo métal ma déçu . Heuresement il y a un passé derrière eux . De 1985 à 1991 ils étaient vraiment enorme . La belle époque quoi !!
Du bon vieux Thrash metal et pour le 1ere album plus Black Trash .

chaosbc
Invité
Posté le: 26/12/2008 à 13h44 - (26402)
J'ai découvert le groupe avec Chaos A.D et ai découvert les autres albums après le choc...tous sonnaient différment (et c'était ça que je trouvais génial aussi !)et puis Roots est arrivé et encore plus différent. Cet album était et est encore absolument énorme. Il a mis la barre très haute et a montré la voie à Fear Factory, Slipknot et beaucoup d'autres (mais bon si on ne supporte que Maiden et Manowar je comprends qu'on adhère pas)

jazz Metal
Membre enregistré
Posté le: 21/05/2010 à 12h14 - (27016)
Dés les premières écoutes j'ai tout de suite adoré cet album, Le côté "on apporte un peu de notre patrimoine culturel" c'est quelque chose qui me plaît est que je respecte, quitte à voyager autant le faire autant le faire musicalement(voir metalliquement)mais le faire bien c'est autre chose.
J'ai découvert Sepultura lors la sorti de "Chaos A.D." . Et je n'avais aucune idée de ce Qu'était le Hardcore où le Néo (juste quelques nom).
Aujourd'hui, plus j'écoute "Roots" moins je l'apprécie et plus je préfère "Arise" et encore plus "Beneath The Remains".
Enfin de compte, mis à part les quelques touches "tribal", je trouve "Roots" très répétitif avec un réel manque d'inspiration. Même punition pour Soulfly.
Ca ne m'empêche pas de le réécouter de temps-en-temps



RBD
Membre enregistré
Posté le: 05/04/2012 à 20h36 - (27315)
Je serai plus élogieux. A l'époque j'avais apprécié que Sepultura mette un pied dans le Néo et puisé également son inspiration dans ses racines (foutues racines !). C'est un album bien lourd et toujours unique.
Si certains vieux fans avaient déserté, ils en ont gagné beaucoup plus encore avec cet album plus personnel et assez dans le vent du moment. Rien qu'en France, ça avait été un petit phénomène. Et ce succès rapide sur un seul disque n'est pas pour rien dans l'enflure céphalique foudroyante qui a amené Max vers la sortie...

Encore aujourd'hui je l'écoute avec plaisir même s'il y a en effet quelques moments plus faibles. Parce que "Roots" ne ressemble, en définitive, à rien d'autre.



GabinEastwood
Membre enregistré
Posté le: 08/08/2013 à 10h17 - (29697)
Un album encore aujourd'hui qui me laisse une impression mitigée.

Alors certes il y'a du monstrueux : Roots bloody roots bloody, Spit, Ratamahatta ou Attitude, mais hormis cela on a l'impression de beaucoup de remplissage.

D'autre part on sent un groupe un peu en fin de cycle qui masque le manque d'inspiration par des percussions nombreuses.

Encore maintenant j'ai du mal à écouter l'album en entier



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