Mayhem, groupe culte pour les uns, imposture pour les autres. Que ce soit par sa musique, sa réputation ou son histoire le groupe aura fait couler beaucoup d'encre. Et tout ça avec un seul véritable album à son actif jusqu'alors, le vénéneux "De Mysteriis Dom Sathanas" qui n'aura pas volé son statut d'album culte. Les faits qui ont accompagné cette sortie tout le monde les connaît, ou presque. Entre les suicides et les meurtres le groupe s'est vite retrouvé en stand by, on le croyait mort et enterré. C'eut été presque logique vu le destin de certains de ses membres. C'est en 1995 que Mayhem renaîtra de ses cendres à l'initiative de Hellhammer qui ira rechercher le vocaliste d'origine Maniac, le bassiste Necrobutcher ainsi qu'un nouveau guitariste nommé Blasphemer. Après la mort de Dead et de Euronymous certains se sont demandés si le retour du groupe était bien légitime, et non pas motivé par l'opportunisme.

Il faut dire que les faits divers qui ont entouré le groupe ont grandement contribué à faire circuler le nom de Mayhem. C'est pourquoi tout ce petit monde s'est attelé à l'écriture de nouveaux morceaux qui auront la difficile tâche de succéder à leur première pépite noire. Hellhammer annonçait dans les quelques interviews accordées à l'époque que le nouveau matériel serait forcément différent, qu'il trouvait les anciens morceaux trop simples à jouer et que de toute façon "De Mysteriis Dom Sathanas" avait hérité de cette ambiance à cause de tout ce qui a entouré sa conception. D'après lui le groupe lui-même ne serait pas capable de recréer cette ambiance délétère. Le nouveau Mayhem serait donc plus complexe et plus travaillé, suffisant pour attiser quelques craintes.

C'est en 1997 que le groupe fera son vrai retour, sur scène. Le 21 juin à Bischofswerda pour être précis, jour choisi en raison du solstice d'été. D'ailleurs le groupe ayant assuré la première partie ce soir-là n'était autre que Marduk. Le concert avait été édité en VHS à l'époque, le son était abominable, accompagné d'une légion entière de pains mais l'intérêt de ce live était qu'il intronisait le nouveau guitariste et surtout présentait deux inédits. Et ces inédits n'étaient autre que "I'm Thy Labyrinth" et "Fall Of Seraphs" qui atterriront tout les deux sur "Wolf's Lair Abyss". La mauvaise qualité du son permettait quand même de se rendre compte de l'évolution du groupe. Une musique plus brutale, plus technique aussi surtout au niveau de la batterie mais toujours aussi noire, et agrémentée des vocaux hystériques de Maniac.

Alors que tout le monde attendait un album, c'est finalement sous forme d'EP que sortira ce matériel : 5 morceaux dont une intro pour être fixé sur la teneur du nouveau Mayhem. Suffisant pour faire comprendre qu'ils n'étaient pas morts, et que la rage était encore là. 4 vrais morceaux pour prouver que ce groupe n'était pas celui d'un seul album, et qu'il pouvait donner un successeur valable à son premier méfait. Hellhammer déclare à qui veut l'entendre que beaucoup de personnes le complimentent pour la brutalité de "De Mysteriis...", et que ces mêmes personnes passent complètement à coté de ce qui fait l'essence-même du groupe. Cette fameuse odeur de cadavre qu'on peut sentir à des kilomètres, et qui donne à leur musique ce petit côté "visite d'une morgue entre amis". Ce "Wolf's Lair Abyss" dégage cette fameuse odeur de souffre, malgré la plus grande complexité des morceaux le venin a pu être injecté directement dans la moelle.

Malgré ce que peuvent en dire les mauvaises langues, le logo "True Mayhem" qui orne la pochette n'a pas été usurpé ici. Cet EP a signé pour moi le grand retour du groupe, après quelques légitimes craintes quand au contenu de l'animal il a bien fallu que je m'incline devant ce monument certes court mais intense. Le groupe aura par la suite décidé de se détourner de cette voie pour nous pondre un "Grand Declaration Of War" assez déroutant mais tout aussi froid. Il ne nous reste plus qu'a attendre le petit nouveau qui signera le retour d'Attila au chant en espérant retrouver cette atmosphère festive dont ils ont le secret.


Rédigé par : Murderworks | 1997 | Nb de lectures : 2050