Votre voisine de palier se désespère… Son jeune garnement préfère passer ses journées à traîner au Café des Sports du coin plutôt que de plancher assidûment sur son CAP de charcutier…

Qu'à cela ne tienne, en bon co-locataire vous allez intercéder et offrir cet album au môme pour son anniversaire. Après deux ou trois écoutes l'effet sera immédiat, il reprendra goût à la viande suintante des carcasses bovines et au palpage exquis d'un bon gésier flasque de canard fraîchement dépecé.

Vous l'aurez compris ce n'est pas la semaine prochaine que LAST DAYS OF HUMANITY participera à un split avec EMPYRIUM, nos souriants équarrisseurs bataves sont davantage versés dans le Grind anatomique qui laisse de grosses tâches de graisse sanguinolente dans le lecteur CD.

Sorti de la galerie de photos - authentiques - proprement dégueulasses qui accompagnent le skeud (la couverture, entre autres, montre un cadavre sans visage baignant dans une piscine de sang, à la boîte crânienne béante dont le cerveau gît à quelques pas), la chose marquante à retenir de cet album est la clarté et la robustesse de la production. Assez inhabituelle pour du Grind Core, elle permet de mettre en relief les idées intéressantes déployées dans les rythmiques (les titres ne se ressemblent pas outrageusement) et de s'enfiler avec délectation toute la panoplie gutturale d'un chanteur fossilisé depuis des millénaires dans la fosse des Mariannes et récemment repêché…

Sans doute allégrement traficotée, mais juste comme il faut pour encore sonner "organique", sa voix vous replongera aux plus belles heures de vos after-party étudiantes, lorsque vous vous échiniez à déboucher à la ventouse des chiottes obstruées de vomi et autres matières fécales, indispensable couronnement d'une soirée réussie.

De paroles il n'y a pas, à l'exception de sympathiques petits samples, mais la voix omniprésente déverse remorques de glaires et guirlandes de viscères pouvant déclencher un dangereux phénomène d'accoutumance chez ceux qui ont les oreilles blindées et les boyaux bien accrochés. LAST DAYS OF HUMANITY s'imposent avec cet album solide et léché comme la Rolls Royce du Grind Core, un style où il n'est guère sérieux de se prendre au sérieux...

Un peu de barbarie ultime dans un monde d'agneaux bêlant les éloges du moindre groupe de tapettes à clous et de brebis à paillettes ! Comme dirait tout bon médecin-légiste après une autopsie dans les règles de l'art (ou dans les règles du lard, au choix…) : "Vous en reprendrez bien un peu ?"


Rédigé par : Uriel | 1999 | Nb de lectures : 3848