Si la sortie de "Chants de Bataille" en 2006 était une heureuse surprise fortement attendue, je n'espérais pas au coin du sapin une nouvelle offrande de Belenos aussi vite. Il paraissait normal de laisser le désormais projet solo gaulois poser son sac de jute tranquillement en terre bretonne. Il faut croire que le vent salin de l'Atlantique aura inspiré Loïc Cellier, au moins assez pour lui donner l'idée de ressortir de l'oubli la troisième démo de son projet-phare (breton).

Et oui, car "Chemins de Souffrance" n'est pas un concept album sur un déménagement difficile Beaurains-Iffendic et d'ailleurs ce n'est pas vraiment un album non plus. En réalité, la bête est composée de deux parties distinctes. Tout d'abord, vous trouverez les quatre titres de la troisième démo "Allégorie d'une Souffrance". Datant de 1998, les compos ont été pour l'occasion complètement réenregistrées. Je ne pourrai pas vous décrire l'étendue du dépoussiérage, ne disposant pas de l'objet d'origine. Si vous avez déjà dans votre disco "L'Ancien Temps", vous disposez désormais de l'ensemble des démos sorties par Belenos (et elles valent leur pesant de sesterces, les bougresses). Dans sa seconde partie, "Chemins de Souffrance" propose quatre nouvelles compositions, pour 26 minutes de recueillement. Enfin, plutôt trois compos, puisque "Noz-Veil" est une outro. Bien appréciable mais une outro tout de même.

L'avantage de cette double exposition temporelle est de pouvoir constater que Belenos n'a pas beaucoup changé depuis 1998. Les albums ont certes une coloration différente, mais je vous laisse vous reporter à ma précédente prose pour une description musicale qui convient encore cette fois. Belenos avance, porté par la bourrasque d'une colère divine, mais la qualité est toujours au rendez-vous et la fiabilité est de mise. Rabâchage ? Pas plus que d'autres groupes, et ça reste du très bon. Le résultat est toujours aussi bon, mais j'aurais bien aimé que Loïc Cellier prenne quelques risques cette fois. Toutefois, même si on commence à s'habituer aux colères du Gaulois et à l'architecture de ses compositions au fil des sorties, Belenos c'est bien et c'est ce qu'il faut retenir.

Néanmoins la petite chose qui me chagrinait vraiment sur "Chants de Bataille" est toujours présente. Loïc Cellier s'est sorti avec brio des parties de batterie rageuses, jusqu'à tutoyer la fougueuse batterie du précédent album. Mais le tout reste dans une production qui envoie mais très froide, sans cette accroche qui me manque singulièrement depuis "Errances Oniriques". Encore une fois la puissance est là mais la fragilité ne trouve plus que la voix claire pour s'exprimer et la colère, je trouve, perd en intensité sans un son un peu plus rugueux. Malgré ce grief que je vais désormais traîner à chaque future sortie, la surprise de cette fin d'année est bien bonne.

Le barbu qui se profile avec ses cadeaux n'est ni Saint Nicolas, ni la muse de Tino Rossi, mais un Loïc Cellier dont la forme artistique fait toujours plaisir à écouter. Espérons qu'après la fin de Sacral puis celle d'Adipocere, ce nouvel opus de Belenos n'annonce pas la fin d'un Northern Silence encore bien frétillant. Et pourtant désireux de couler comme un bloc de béton dans le port de Lorient, le label allemand s'échine à nous vendre ses satanées boîtes en métal. Puisqu'on te dit qu'on n'en veut pas de tes gadgets limités !! Par contre, ne vous privez pas d'investir dans cette sortie de Belenos. En plus, l'achat sera comptabilisé dans les exportations culturelles de la Bretagne…


Rédigé par : Prince de Lu | 07,5/10 | Nb de lectures : 15574