Les adeptes du groupe américain Agalloch en France doivent se compter (pour l'instant) sur les doigts d'un manchot. Il se trouve que j'en fais partie et je ne peux donc que me réjouir de la sortie de ce petit amuse-gueule qui fera paraître le temps moins long jusqu'au second album, dont l'enregistrement commence cet automne. En attendant ce mini nous replonge dans le Agalloch des débuts, avec un titre datant de 1998, pourtant jamais mis sur disque, auquel viennent s'adjoindre deux instrumentaux de la même époque. Suivent une reprise sauce mystique - mais fidèle dans la structure - de " Kneel to the Cross " du groupe de folk médiéval Sol Invictus, puis une autre pièce néo-classique pour finir, plus récente celle-là, servant de base à la récitation de textes du poète William Yeats. Certains trouveront qu'un seul morceau métal, ça fait un peu léger pour mettre la main au portefeuilles. Argument recevable, mais bon on est fan ou on ne l'est pas. D'autre part vu que l'ensemble du matériel est inédit et varié, ça change agréablement des minis-arnaques avec titres "remixés", lives inutiles ou démos qui ont pris des toiles d'araignée.

Le morceau titre, donc, est pour sa part dans la droite lignée du Agalloch de l'album "Pale Folklore", œuvre de qualité supérieure injustement méconnue. Un dark metal léger comme le souffle d'une brise hivernale, qui déploie un jeu mid-tempo à la fois âpre et soigné, marqué par une vénération palpable pour la nature et sa beauté dépouillée. Les passages à la guitare acoustique distillent une mélancolie très pure, qui vient parfois se greffer en soutien des parties métal. Là encore c'est un des traits caractéristiques du groupe, tout comme ce très bon chant moitié black, moitié susurré, qui donne l'impression que le vocaliste est perpétuellement en train de rendre l'âme. Pour une comparaison il faudrait se tourner vers le Primordial de "A Journey's End , même si Agalloch, moins agressif et moins puissant que le groupe irlandais, se prête davantage à l'abandon méditatif. Les 2 instrumentaux et la pièce finale, qui alternent guitare sèche, piano et synthés atmosphériques, sont tout aussi excellents et couvrent une durée assez conséquente pour permettre, en fermant les yeux, de s'offrir un voyage grisant à travers les forêts opaques et enneigées des Rocheuses américaines qui sont le refuge spirituel de ces artistes intègres et épris de leur terre. Pour un premier contact avec Agalloch je conseille en priorité l'album "Pale Folklore", mais si vous faites ce premier pas vous vous rendrez vite compte que ce mini CD est tout aussi indispensable.




Rédigé par : Uriel | 8/10 | Nb de lectures : 8416