PERTURBATOR - The Uncanny Valley (Blood) - 24/06/2016 @ 07h11
En ce printemps 2016 (si l’on peut appeler ça un printemps…), il aura été difficile d’échapper au « phénomène » PERTURBATOR. Tout le monde en parle, comme disait Ardisson. Au grand dam de certains metalleux trop puristes car PERTURBATOR ne fait pas de Metal mais une bonne partie de la scène et des médias Metal en parlent, nous ne dérogeons pas à la règle d’ailleurs. Pourquoi ? Difficile à expliquer. Les liens entre PERTURBATOR et le Metal sont à priori minces : tout au plus, le projet est signé chez le label finlandais Blood Music, et l’homme derrière le Perturbateur, le français James Kent, a été guitariste pour le groupe de Djent I THE OMNISCIENT. C’est maigre mais les liens entre le Metal et la scène « synthwave », puisque c’est de ceci dont il s’agit, existent même s’ils sont encore plus voyants chez le compatriote CARPENTER BRUT, qui se produit en Live avec des membres de HACRIDE et sera d’ailleurs à l’affiche du Motocultor cet été. CARPENTER BRUT et PERTURBATOR semblent ainsi (cocorico) être les porte-étendards de cette scène synthwave/retrowave, qui remet au goût du jour des oripeaux musicaux des 80’s et ceux des OST SF façon « Blade Runner » et JOHN CARPENTER en particulier, et dont le moyen-métrage « Kung Fury » a été une locomotive. Blood Music s’est d’ailleurs entiché du style, allant jusqu’à reprendre une partie du catalogue d’Aphasia Records dont… PERTURBATOR mais aussi DYNATRON, et il est également allé chercher par ailleurs les GOST et DAN TERMINUS. Tout ceci a donc fini par créer une émulation autour du genre, qui s’est répandue parmi les amateurs de Metal friands de musique rétro mais aussi ailleurs, les recommandations se multiplient entre nouveaux convertis et PERTURBATOR, au milieu de tout ça, est d’ores et déjà en train de pondre un album-référence du style.

Voici donc The Uncanny Valley, le 4ème album du projet de James Kent en 4 ans d’existence seulement. Et si les amateurs les plus éclairés avaient déjà pu déceler le potentiel de PERTURBATOR parmi Terror 404 (2012), I Am The Night (2012) ou notamment Dangerous Days (2014), tous réédités et remasterisés par Blood Music l’an dernier d’ailleurs, c’est bien The Uncanny Valley qui va révéler PERTURBATOR au grand jour. Le style pratiqué n’a donc bien évidemment rien de Metal, mais est tout de même extrême à sa façon. Excepté les quelques morceaux plus « soft » dont on parlera en temps voulu, PERTURBATOR n’a rien d’un combo d’Electro-pop qui va passer sur les ondes. L’ensemble est résolument dark, l’univers visuel sous-jacent est d’ailleurs là pour le prouver. Les synthés sont assez saturés, « incisifs » même, certains y voient même carrément un côté « Metal » avec en quelque sorte des « riffs de synthé » et même des « leads », les morceaux sont bien construits et on a pas non plus affaire à de l’ambient. Mais l’ambiance elle est donc bien noire, notons d’ailleurs que même s’il n’y a du chant et des paroles que sur 3 morceaux, The Uncanny Valley est plus ou moins un concept album qui prend place dans un Tokyo dystopique de 2112, où l’on évoquera une histoire d’androïdes. Un esprit Blade Runner, assurément, pour une musique résolument rétro-futuriste. Comme un album des années 2010 composé dans les années 80 et l’inverse à la fois, ou plutôt un album des années 2010 qui pose un futur musical tel qu’imaginé dans les années 80. PERTURBATOR, c’est LE rétro-futurisme et ce à pratiquement tous les niveaux. Le projet de James Kent a d’ailleurs pour lui un feeling et un enrobage futuriste que d’autres combos de synthwave n’ont pas, se contentant de sonorités strictement 80’s ou de rendre hommage à leur niveau à JOHN CARPENTER et consorts. Non, PERTURBATOR est allé plus loin, propose un univers musical particulièrement singulier, et sur cette base The Uncanny Valley est son manifeste.

The Uncanny Valley ne s’embarrasse pas d’intro et "Neo Tokyo" nous embarque à la dure et sans échauffement dans l’univers si particulier de PERTURBATOR, avec ses androïdes vénérant Satan à l’aide de croix en néons roses. Une BO d’un film d’anticipation bien dark qui n’existe pas (encore ?), on est en plein dedans. Les synthés attaquent sec, et l’on se fait vite embarquer par ces notes puissantes, ces passages plus fouillés et épiques, et bien sûr cette ambiance rétro telle que les plus grands metteurs en scène de SF des années 80 l’ont imaginée. Pas de chant certes, que de l’électro et des synthés certes, mais la musique de PERTURBATOR n’en est pas moins riche et entraînante. James Kent nous entraîne alors bien vite dans les bas-fonds de son Tokyo imaginé dans 96 ans (ou plutôt dans 126 ans à partir de 1986) avec les perles que sont l’excellent et accrocheur "Weapons for Children" et surtout le très dark "Death Squad", un des morceaux les plus remarquables du disque niveau ambiance. En 68 minutes, The Uncanny Valley a ensuite tout le loisir d’aligner des brûlots de synthwave à l’envi, comme "Disco Inferno" qui est un modèle de retrowave, et les très dynamiques "She Moves Like A Knife" et "Diabolus Ex Machina". Et outre ces sensations de pure synthwave, PERTURBATOR fait aussi vivre son The Uncanny Valley avec de vrais tubes, de vrais « singles » presque, avec des invités au chant. L’ambiance si sombre s’en retrouve bouleversée, apaisée, mais la cohérence reste de mise avec même des contrastes saisissants. Difficile de ne pas succomber aux superbes et envoûtants "Venger" et "Sentient", aux vocaux féminins magnifiques et parfaits et aux synthés à l’unisson (les intros respectives sont fantastiques), qui sont finalement les véritables hits de cet album, lui apportant une plus-value non négligeable alors que le fonds de commerce reste pourtant la pure synthwave instrumentale. Ajoutons à ceci le mystique et prenant "Souls At Zero" avec la contribution d’ASTRONOID, qui suivi du splendide morceau-titre clôt The Uncanny Valley en beauté. La classe, à tous les niveaux.

James Kent a été ambitieux, et aussi un peu gourmand d’ailleurs, sur 13 titres tout n’est pas indispensable, je pense à l’enchaînement "Assault"-"The Cult of 2112" qui n’apporte rien en dernière partie de disque et fait un peu remplissage, ou encore le trop atmosphérique "Femme Fatale" qui casse un peu le rythme de début d’album en faisant surtout office d’interlude-intro à cette perle qu’est "Venger". The Uncanny Valley passe donc tout près du chef-d’œuvre, PERTURBATOR est clairement à son apogée mais peut encore probablement faire un petit peu mieux et encore plus original, pour quelque chose qui serait parfait de A à Z. The Uncanny Valley n’en est pas moins un monstre de synthwave, quand il est classique il propose assurément les meilleures compos du genre ("Weapons for Children", "Death Squad") et quand il sort des sentiers battus et ose il nous offre de véritables bijoux ("Venger", "Sentient"). Cet album est surtout une grande réussite en termes d’ambiance singulière, qui fait tout simplement sa grande force avec un univers épatant et prenant, de l’œuvre d’un musicien inspiré. Vous l’aurez compris, s’il y a bien un album de synthwave à retenir et à découvrir, c’est celui-ci. PERTURBATOR m’a entiché du genre grâce à cet excellent album (avec son prédécesseur Dangerous Days qui faisait déjà le boulot, mais son successeur est plus abouti en tous points), et son côté futuriste travaillé, chiadé et assumé apporte clairement un plus au reste de la scène que je trouve parfois trop purement rétro. La France assure avec PERTURBATOR et CARPENTER BRUT, et le premier vient de signer un 4ème album qui mettra tout le monde d’accord et devrait l’asseoir sur le trône de la scène « electro dark synthwave rétro 80’s ». Amis metalleux, passez votre chemin si de toute façon les synthés CARPENTERiens et l’électro de manière générale ne vous parlent pas, mais sinon cette aventure futuriste dans un Tokyo robotisé, rose et sataniste vaut franchement le détour.




Rédigé par : ZeSnake | 16.5/20 | Nb de lectures : 11184




Auteur
Commentaire
Asmodan
IP:193.190.183.5
Invité
Posté le: 24/06/2016 à 08h13 - (120467)
C'est la nouvelle mode chez les metalleux ces groupes qui font de la musique de jeux vidéo ? Après l'autre groupe français focalisé sur les chats dont j'ai oublié le nom...

Chat
IP:81.194.28.5
Invité
Posté le: 24/06/2016 à 08h46 - (120468)
Le groupe au chat : Pryapisme

Perturbated
IP:195.171.36.105
Invité
Posté le: 24/06/2016 à 09h26 - (120469)
Comparer Pryapisme à Perturbator... je pense que tu as du oublier d'écouter les 2 groupes avant d'écrire Asmodan. Sinon excellent album que ce Uncanny Valley, même si en effet on peut penser qu'il peut encore faire mieux. Mais le bougre est quand même sacrément productif sans sacrifier globalement la qualité et ça c'est déjà une performance.

Père tue Rbator
IP:83.154.120.3
Invité
Posté le: 24/06/2016 à 10h26 - (120470)
Un des albums de l'année pour moi.

Youpimatin
Membre enregistré
Posté le: 24/06/2016 à 10h39 - (120471)
Pour les fans de cette scène, tapez "New Rétro Wave" sur Youtube, vous allez être aux anges : Power Glove, Lazerhawk, Megadrive, Carpenter Brut, etc....

Storm
IP:109.190.80.248
Invité
Posté le: 24/06/2016 à 10h54 - (120472)
Le revival synthwave 80's on en bouffe depuis la moitié des années 2000 avec notamment en France le collectif Valérie (College, Outrunners, Maethelvin...)

Et puis vint le film Drive, et ça a fait exploser le truc au grand jour, bien que Kavinsky soit loin d'être une des pointures du genre (mais avoir des amis ça aide). Aujourd'hui le courant ne faiblit pas, il y a vraiment des tonnes et des tonnes de projets dans ce style, tous interchangeables ou presque (suffit d'aller voir la chaine New Retro Wave comme le dit Youpimatin).

Donc quand j'écoute Perturbator, je n'ai vraiment aucune surprise, c'est ultra calibré, et ressemble a ce qui se fait depuis 10 ans. En un poil plus dark/vener peut être, et c'est pour ça que ça plait aux metalleux :D

Seb On Fire
Membre enregistré
Posté le: 24/06/2016 à 11h28 - (120473)
Ecoutez surtout les BO's et les albums e John Carpenter



dimmu77
Membre enregistré
Posté le: 24/06/2016 à 11h43 - (120474)
Un des albums de l'année, tuerie !!!

Et oui je confirme la chaine New Retro Wave que j'écoute depuis des années est excellente, je conseille pour les puristes des 80's de jeter une oreille sur Miami Nights 1984, FM-84 et Futurecop entre autres.

Bon je vous laisse je retourne faire de la route dans Gta Vice City en écoutant Flash FM :)



AnusFraicheur
Membre enregistré
Posté le: 24/06/2016 à 12h23 - (120475)
@SebOnFire : et Jan Hammer!

Azerty
IP:79.81.23.106
Invité
Posté le: 24/06/2016 à 12h56 - (120476)
Pochette de l'année !!! Euh euh

Nokturnus
Membre enregistré
Posté le: 24/06/2016 à 13h43 - (120477)
j'ai mis du temps à rentrer dans cet album comparé au précédent mais c'est vraiment du bon. Le jeu Hotline Miami et sa suite ont aussi servi a booster cette scène.



Youpimatin
Membre enregistré
Posté le: 24/06/2016 à 13h59 - (120478)
@Seb et Fresh trouduc : y a Harold Faltermeyer à ne pas négliger également ;-)

Moulinexxx
Membre enregistré
Posté le: 24/06/2016 à 14h24 - (120479)
@Nokturnus : oh oui oh oui Hotline Miami !!! <3

Concernant l'album, il est effectivement bien bon, mais comme dit dans l'article CARPENTER BRUT (que je préfère largement à Perturbator à titre personnel) se rapproche plus de l'esprit Metal, donc ça serait bien de le voir également apparaître dans les colonnes de VS...



AnusFraicheur
Membre enregistré
Posté le: 24/06/2016 à 16h47 - (120482)
@Youpimatin : Axel Foley approuve!

pamalach
Membre enregistré
Posté le: 30/08/2016 à 21h15 - (120516)
J'adore cet album moi aussi !

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